Ballon d’essai

Plongée en tunnel

Mes proches sont tous des initiés. Ne restait plus que moi à joindre le club de "tunnelistes" enthousiastes qui m'entourent. Plus de cassage d'oreilles avec cette expérience "sensass": aussitôt les feuilles changées de couleur, je me suis rendue au simulateur de chute libre intérieur à Laval pour mon baptême de l'air en tunnel… À la fine pointe de la technologie, SkyVenture Montréal est le 16e tunnel à soufflerie verticale recirculatoire au monde et le seul au pays.

Nous on est dans le vent

Soir de semaine. Pluie incessante. Trafic monstre. On arrive à Centropolis une minute avant l'heure. Signature du formulaire de responsabilité, et on monte au deuxième étage de l'impressionnant complexe SkyVenture Montréal. Dans le tube cylindrique haut de 45 pieds, j'observe des parachutistes freeflyers: ils enchaînent les formations (chute assis, debout, tête en bas) à une vitesse folle.

Pas si vite, ces acrobates aériens cumulent des centaines d'heures de vol, voire plus. En bonne novice, je me dirige plutôt vers la salle de cours où l'instructeur David-Étienne m'enseigne les règles de sécurité, la position de vol et les signes de mains employés, petite vidéo à l'appui. Un siège spécialement conçu permet même de pratiquer la position de stabilité en chute libre: à plat ventre, le corps arqué, bassin devant, jambes à la largeur des hanches, les mains à la hauteur des yeux.

Au compteur de la cabine de contrôle: j'ai droit à six minutes. David-Étienne propose de les diviser en deux envolées d'une minute (correspondant à la portion chute libre d'un saut en parachute), suivies de deux envolées de deux minutes (format club!). Bijoux retirés, j'enfile la combinaison de vol, des bouchons dans les oreilles, des lunettes et un casque – le langage des signes prend désormais le dessus!

En plus de mon compagnon (qui cumule 10 minutes dans le tunnel!), deux autres personnes (un instructeur et sa compagne) participent à notre bloc d'envolées. Ma bouche est sèche et un soupçon de nervosité monte bien malgré moi. Vient mon tour. Les poings sur la poitrine, je me laisse tomber dans la colonne d'air jusqu'à la position sur le ventre. Pendant cette première minute, je vole à la hauteur de la taille de mon instructeur qui corrige ma position. On lève le menton, on décolle les doigts, on plie davantage les genoux – un vrai expert du mime! Plus vite que je ne l'avais prévu, il me dirige vers la sortie: j'agrippe le cadre et je pousse mes jambes vers l'interstice. Cri de joie. La sensation ne ressemble à rien que je connaisse: plutôt que de se sentir agressé par le vent (qui va à une vitesse d'environ 175 km/h), on ressent plutôt une sensation de flottement, comparable à celle de la plongée sous-marine, m'a-t-on dit. Me voilà aussi atteinte de la maladie! Je veux recommencer.

Mon tour revient. David-Étienne me rappelle de sourire – idéal pour la respiration par le nez – et je me retrouve à l'horizontale, face au vent. En constante interaction avec le contrôleur des moteurs, David-Étienne me fait me déplacer dans le tunnel, il m'incite à tourner les deux mains de façon à tourner vers la gauche, puis la droite. La lumière bleue clignote, mes secondes sont écoulées. Entre mes envolées, je m'émerveille devant l'agilité des autres tunnelistes. Les oiseaux chantent.

Tourbillon renversé

Mes deux dernières envolées? Mémorables! Avec mon consentement, David-Étienne m'a fait voler avec lui jusqu'au sommet du tube, nous faisant tournoyer sur nous-mêmes rapidement, comme dans un tourbillon renversé. Époustouflant. Il m'a aussi appris à monter et à descendre, mais aussi à avancer et reculer. Le corps: toute une machine à conduire dans le vent, avec sa multitude de pitons et de bras! À quelques reprises, l'instructeur a dû me rappeler de relaxer et de ne pas trop réfléchir, ses mimiques clownesques aidant. Je me cogne aux parois du tube à quelques reprises, mon corps balance comme une feuille morte… Il me rappelle de regarder loin devant, sans tourner la tête.

C'est déjà fini. Je remets ma combinaison et fais un retour sur mes vols avec mon maître. Je quitte en ayant l'impression qu'il est possible d'évoluer joyeusement dans ce sport. En six minutes, j'ai déjà appris quelques manouvres… Puis admirer le couple danser dans l'air m'a convaincue de pousser l'expérience plus loin. Peut-être un jour, je sauterai du haut d'un avion. En attendant, pourquoi ne pas apprivoiser le vent dans le tunnel?

Album-souvenirs /

-Vestiges d'envolées: mon visage est marqué par les lunettes de plastique et je trouve un gros noud dans cette mèche rebelle qui s'était enfuie de mon casque.

-Le numéro que nous réservait David-Étienne à la fin du cycle de minutes: poses, mimiques et décollages éclair qui empruntent à nos superhéros en collants. Époustouflante, cette manouvre où il chute tête en bas pour s'arrêter net à quelques pouces de la grille!

-Un bécot en plein vol: les tunnelistes qui volaient en couple se sont permis de s'embrasser entre deux acrobaties. Charmant!

Adresse /
SkyVenture Montréal: 2700, avenue du Cosmodôme, Laval, 514 524-4000, www.skyventuremontreal.com