Ballon d’essai

Le Sud sur Laurier Est

Le tapis en bandoulière, la serviette et la bouteille d'eau dans le baluchon, j'échoue au studio de yoga Bikram bien parée, aussi bien de corps (huit verres d'eau ingurgités!) que d'esprit: lectures préalables sur la technique qui demande d'enchaîner 26 postures dans un local chauffé à 42 degrés Celsius! Non pas rassurée mais fouine, je n'ai pas boudé mon plaisir. "En tant que débutante, votre défi sera de rester dans la salle de classe pendant les 90 minutes du cours." Rien que ça? Et que ça chauffe! mais j'ai bien l'intention d'essayer de donner de mon eau à chaque étape!

Transpirer un bon coup…

Franchir la porte du Bikram Yoga Plateau, c'est pénétrer dans un environnement atypique en plein cour de l'hiver: des yogis aux corps toniques sont affublés de simples maillots de bain, le corps détrempé, la peau rougie, le visage paisible. Avant de m'enfoncer dans la jungle, je remplis un formulaire de déresponsabilisation et me hâte d'entrer dans la salle pour que mon corps s'adapte à la chaleur et à l'humidité (40 %). Le chignon bien haut, le camisole et le short pour seuls vêtements, j'installe mon tapis au fond de la salle, de sorte à pouvoir observer les postures des autres – tel que suggéré par la prof Anni. J'observe la trentaine de personnes qui m'entourent: elles ont déjà amorcé leur méditation, s'étirent, respirent à fond. Le climat tropical ne me semble pas insupportable jusqu'à ce que… je bouge!

Le cours commence avec deux intenses exercices de respiration. Pour les 26 postures qui suivent – une moitié debout, une moitié assis -, chacune sera exécutée deux fois. Anni entame alors un monologue qui durera tout le cours, presque sans interruption, et ce, en français comme en anglais. Avec le débit d'une commissaire d'encan, elle décrit les postures, la position du corps, nous demande de respirer par le nez (toujours), de garder les yeux ouverts (toujours), de pousser plus loin "même si ça fait mal"… Sans réfléchir, je lui obéis au doigt et à l'oil – "le front doit toucher le genou!" -, je m'efforce de prendre les postures et reste concentrée. J'anticipe le moment où, à l'instar de quelques voisins, je m'interromprai pour m'allonger sur le tapis, prise de nausées ou d'étourdissements, mais il ne vient jamais. On entame la deuxième partie du cours qui fait baisser la fréquence cardiaque, qui cible les muscles du dos, les abdominaux… La sueur ruisselle partout sur mon corps. Surtout, ne pas éponger la sueur: elle permet de garder le corps à la bonne température. La chaleur m'incommode, mais curieusement, je me sens légère. Le cours se termine déjà. Un dernier exercice de respiration pour évacuer ce qui reste de toxines et on peut relaxer en position Savasana. Le "namasté" prononcé en guise de salut, plusieurs se précipitent déjà vers les vestiaires. Petit choc thermique au sortir du local et je m'engouffre dans la nuit après une douche délectable.

Puis deux!

Un deuxième cours allait me permettre de compléter ma prospection. Cette fois, c'est Michael Johnston, directeur du centre, qui le donne. La jambe tatouée, le cheveu long, l'ex-athlète de rugby est tombé dans la marmite du Bikram il y a cinq ans pour soigner des maux de dos et des troubles du sommeil. Une autre dynamique s'installe sous sa gouverne… Moins bavard qu'Anni, il livre sa performance avec beaucoup de précision et de rigueur: corrigeant les étudiants, les encourageant à rester présents, éveillés, intentionnés. Connaissant un peu mieux mes limites, je pousse un peu plus loin dans la flexibilité et l'endurance. J'aime l'allure et l'élan des postures de Dhanurasana et du triangle, et peine plus particulièrement dans celles du "toe stand" et du lapin. À mi-parcours, les nausées me prennent, mais je persiste (peut-être est-ce la faim qui me tenaille?). Je termine le cours dans un état de plénitude, bien que vannée. La soirée étant jeune, mon énergie revient pourtant devant un bon repas.

Dans les jours qui suivent, une idée m'obsède: recommencer. Est-ce la chaleur combinée à l'exaltation ressentie à réaliser ces postures dynamiques qui font mordre autant de yogis? Dans mon cas: la sensation d'avoir étiré plus profondément et longuement tous les muscles de mon corps. Pour l'indisciplinée du stretching que je suis, un luxe!

Album souvenir /

– À l'issue du cours, le professeur félicite par leur prénom les participants qui ont réussi l'exploit de traverser un premier cours de yoga Bikram. Applaudissements chaleureux.

– L'ambiance qui règne avant et à la fin des cours alors que les yogis gravitent autour de la réception. Accolades, discussions à voix basse, pauses-détente… On s'assied par terre ou dans la salle d'attente pour tempérer son corps et croquer une belle pomme rouge fraîche, offerte par le centre.

– Les classes de yoga Bikram étant chères, le centre propose à ceux qui n'en ont pas les moyens d'offrir quatre heures de bénévolat par semaine (réception, entretien, nettoyage) contre un accès illimité aux cours. J'aime!

Adresses /

Bikram Yoga Plateau: 435, avenue Laurier Est, 514 303-6013

Studio Walker: 721, avenue Walker, 514 989-7642; West Island: 18, place Triad, local 203, 514 428-9595, www.bikramyogamtl.com