Ballon d’essai

Une chambre, occupation double

Un vendredi soir pas comme les autres… Au lieu de rentrer à la maison avec Chéri pour ouvrir une bouteille de rouge et nous délecter d'un repas récupéré dans un bon resto, nous avons joué le jeu du "Madame", "Monsieur". Gens d'affaires en transit? Collègues en congrès? Amoureux en voyage? Plutôt touristes d'un soir dans notre propre ville, nous nous présentons à l'accueil de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec (ITHQ) pour découvrir tout le savoir-faire de l'établissement de formation et apprécier les récentes rénovations de son hôtel quatre étoiles.

Chambre # 819

La réservation au Restaurant de l'Institut: au septième coup de l'horloge. Après avoir garé la voiture dans le stationnement souterrain, on récupère la carte de notre chambre auprès de l'aimable étudiante réceptionniste. Huitième étage. La largeur des corridors surprend: environnement d'apprentissage en entretien ménager oblige. Nous prenons le temps de défaire nos bagages et d'explorer notre chambre "haut de gamme": décoration léchée, planchers de bois franc, vue imprenable sur le centre-ville.

Construit en 1975 puis rénové en 1994, l'Hôtel de l'Institut a été modernisé le printemps dernier avec un souci environnemental. On a voulu complexifier les 40 chambres (et 2 suites) auparavant identiques pour actualiser l'apprentissage des pratiques hôtelières. Cela se traduit notamment par une diversité des surfaces à entretenir: du granit, du bois, de la céramique… Les unités ont aussi reçu une cure de rajeunissement sur le plan du mobilier (meubles québécois, matelas recyclables), de la déco, etc. Jusque dans la salle de bain avec sa grande douche vitrée, ses serviettes de coton de bambou et ses produits d'accueil écologiques.

On se refait une beauté (Monsieur aussi) et on rejoint le hall d'entrée en direction du Restaurant. Dans une ambiance feutrée, le maître d'hôtel nous accompagne jusqu'à notre table. Chic.

Gants blancs

La voix chevrotante, une jeune femme avec la cocarde "élève" nous souhaite la bienvenue, nous remet les menus et récite nerveusement le menu du soir. Elle ralentit la cadence dans quelques descriptions de plats et finit dans un souffle. Je l'interroge sur les mets que je peux choisir en fonction de mon allergie alimentaire. Elle fait alors appel à son professeur à quelques pas de là qui l'observe d'un oil bienveillant et vient à son secours. Des élèves du programme maître d'hôtel sont en évaluation ce soir.

Les tables sont principalement occupées par des couples venus profiter de la cuisine et du service raffinés, mais aussi du cadre intimiste de la salle aux larges fenêtres donnant sur Saint-Denis. Un amuse-bouche vient nous ouvrir l'appétit pendant que nous faisons nos choix. Chéri s'offre la totale: le menu Autour du terroir quatre services avec l'accord vins. J'opte plutôt pour des propositions à la carte: tarte fine aux champignons et risotto aux fruits de mer.

On s'engage alors à prendre notre temps. Un vrai luxe dans un resto du centre-ville! Promesses de se délecter de chaque bouchée. Le risotto et son émulsion de vanille remporte la palme de mon côté de la table; Chéri découvre pour sa part avec bonheur son amour pour les ris de veau (sauce au cacao). Desserts gourmands, cafés allongés (dans les deux sens du terme) et on remercie nos hôtes de leurs délicatesses.

Nous profiterons une dernière fois de la vue de notre chambre sur Montréal de nuit avant de nous mettre au lit – au confort suprême! Étonnant comme le bourdonnement de la ville gronde jusqu'à nous. Rumeur tout de même rassurante.

Petit-déjeuner à la carte dans la lumineuse salle le lendemain. Quotidien francophone à la chambre mais aussi en salle pour les lecteurs inconditionnels du samedi! En vrais vacanciers, nous étirerons les dernières heures de la matinée au huitième. La trame sonore dans la station iPod, les cafés Nespresso, l'accès Internet sans fil, l'éclairage d'appoint pour la lecture, le coin causeuse, le bureau. Petit nid, pour soi, jusqu'à midi…

Album souvenir /

– Dans le plaisir que j'ai à jouer de la fourchette dans les plats de mon vis-à-vis, j'ai commis l'irréparable: une tache ingrate sur la nappe blanche. Le maître d'hôtel viendra tenter de la faire disparaître avec un linge humide un peu plus tard – on l'avait repérée! – pour finalement ajouter un tissu sur la nappe et couvrir ma honte.

– Vous allez aux toilettes? On aura changé votre serviette de table en faisant attention de ne pas y toucher avec les doigts. Et on se précipitera (avec grâce) pour tirer et pousser votre chaise à chaque soubresaut. Et cela sans compter la chorégraphie des cloches d'argent et le bal des ustensiles. C'est presque trop! Mais on a affaire ici à un service haut de gamme qui permettra aux étudiants de viser aussi haut que l'Europea (comme le fera un élève en stage cette année!).

– Pouvoir être témoin de l'interaction entre le professeur et l'élève: d'un charme indescriptible. On sourit devant les yeux allumés, les maladresses, mais surtout l'aplomb extraordinaire et la perspective d'un avenir radieux.

Adresse /

L'Hôtel de l'Institut: 3535, rue Saint-Denis, Montréal, 514 282-5120

Le Restaurant de l'Institut: 514 282-5161

ithq.qc.ca/hotel