Ce jeudi débute la 16e édition du plus cool des festivals de cinéma de Montréal, et j’ai nommé Fantasia! Comme me le faisait remarquer un confrère friand de films de genre à la conférence de presse très courue du festival, on ne retrouve aucun long métrage québécois dans la programmation. M’enfin si, il y en a un, mais il date de… 1989!
De fait, le 2 août, l’équipe de Fantasia présentera en première mondiale la version restaurée par Éléphant du film culte d’Yves Simoneau Dans le ventre du dragon (1989), mettant en vedette l’irrésistible tandem formé de Michel Côté et Rémy Girard, de même qu’un épatant jeune premier fraîchement sorti de l’École de théâtre de Saint-Hyacinthe, David La Haye.
Si je vous demandais de me citer spontanément des films de genre québécois, que me répondriez-vous? Sans doute que Les yeux rouges et Pouvoir intime de Simoneau vous viendraient à l’esprit. Peut-être évoqueriez-vous le réalisme magique des films d’André Forcier (Kalamazoo, Une histoire inventée, Le vent du Wyoming, Coteau rouge). Et quoi encore? Saints-Martyrs-des-Damnés de Robin Aubert, Grande Ourse de Patrice Sauvé, La loi du cochon, Cadavres d’Érik Canuel. Et aussi Sur le seuil et 5150, rue des Ormes d’Éric Tessier, Les sept jours du talion de Podz – décidément, que ferait-on sans le romancier Patrick Senécal?
Je vous l’accorde, ce ne sont pas tous des chefs-d’œuvre impérissables… Et pourtant, quiconque fréquente Fantasia, SPASM et Vitesse Lumière, où l’on présente chaque année des dizaines de courts métrages de genre made in Québec, sait que ce n’est pas le talent ni l’imagination qui manquent chez nous. Pour vous en convaincre, allez faire un tour au Fantastique week-end (3 et 4 août) ou à When Concordia Meets Fantasia (9 août) que propose Fantasia.
Des noms? En voilà quelques-uns: Carnior, Patrick Boivin, le tandem Dead Cat Films (Caroline Labrèche et Steeve Léonard), dont la rafraîchissante comédie romantique Sans dessein n’a malheureusement pas pu bénéficier d’une distribution en salle, le trio Roadkill Superstar (Anouk Whissel, Yoann-Karl Whissel et François Simard), dont le populaire court métrage Le Bagman ne deviendra peut-être jamais un long. «Nous avons eu plusieurs refus de la part de la SODEC et de Téléfilm Canada. Notre projet n’est pas moralement acceptable et trop trash… ou on n’est peut-être juste pas encore habitué à ce genre de cinéma ici», écrivait en 2008 RKSS dans une lettre annonçant la soirée Bagman présentée par SPASM.
Ne me dites pas que l’horreur, le fantastique et le surnaturel ne sont pas inscrits dans notre ADN: nos ancêtres ne se délectaient-ils pas des contes de la chasse-galerie d’Honoré Beaugrand? En 2003, à quelques jours de la sortie de l’adaptation de son roman Sur le seuil, lorsque j’avais demandé à Patrick Senécal s’il croyait que le public d’ici était prêt à embrasser le film d’horreur 100% québécois, celui-ci m’avait répondu: «Pourquoi pas? Les Québécois sont bien prêts à aller voir des films américains du genre!»
Si le film de genre n’était pas prisé des cinéphiles québécois, croyez-vous que le distingué FNC offrirait l’audacieuse section Temps ø? Sorti le 11 juillet dernier, le drame policier Omertà de Luc Dionne, nettement inférieur à la série culte, a rapidement dépassé le demi-million. Si la tendance se maintient, Omertà sera le plus grand succès de l’année.
Au Festival international du film de Karlovy Vary, Martin Villeneuve, qui a galéré pour obtenir du financement pour Mars et Avril, confiait ceci: «Je ne dis pas que tous les films doivent être de la science-fiction ou fantaisistes, mais il faut en faire plus au Québec parce que c’est une autre façon de s’exprimer. Si quelqu’un m’avait dit tout ce que j’allais traverser pour m’y rendre pendant ces sept années, j’aurais probablement mis mes énergies sur autre chose.»
À force de se montrer frileuses face au genre – si vous connaissiez le combat de Fantasia afin d’être convenablement soutenu financièrement – , les institutions ne sont-elles pas en train d’en menacer la survie et de brimer l’imaginaire de nos créateurs?
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Envie d’une pinte de bon sang? Ça tombe bien puisque du 23 au 28 juillet se tiendra le 16e Festival du film de Juste pour rire. Y seront notamment présentés Sur la piste du Marsupilami d’Alain Chabat, Le Skylab de Julie Delpy et La fée de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy. Des projections en plein air de Singin’ in the Rain de Stanley Donen et Gene Kelly, The Artist de Michel Hazanavicius et The Muppets de James Bobin sont également au programme. Et bien sûr, il y aura aussi des courts! Renseignements: hahaha.com/film.
Bonjour Manon Dumais,
C’est avec regret que j’ai constaté qu’une erreur s’était glissée dans votre chronique Et si on se donnait un genre?
C’est qu’il n’y a pas qu’un seul long métrage québécois présenté à Fantasia en cette 16e édition. Le festival, en plus de nous offrir Dans le ventre du dragon (1989), nous présente aussi cette année le premier long métrage de Steve Kerr, tout chaud, terminé il y a quelques mois à peine. Le thriller psychologique, aux accents fantastiques, Columbarium. Et d’ailleurs, vous le constaterez en regardant le film, Kerr ne s’est pas gêné pour lui en donner tout un genre à son premier long!
N’est-ce pas ironique justement que votre article faisait état du fait qu’il s’en produit peu de film de genre au Québec, tout en omettant le seul nouveau présenté à Fantasia cette année?! N’est-ce pas aussi en quelque sorte insolite, pourrait-on dire dans le contexte, que vous parliez de Patrick Senécal, alors que sur le site de Fantasia, un rapprochement est fait entre l’univers sombre du dit auteur fantastique et l’histoire aux accents mystiques de Columbarium.
Bon alors, pour vous faire pardonner, est-ce que c’est David Boutin, ou encore Steve Kerr, que l’on va voir sur la couverture jeudi prochain?! Vous savez, la première c’est le dimanche 5 août, le timing serait bon.
Merci!
Un cinémaniaque,
Carl D’Amours
Bonjour Monsieur D’Amours,
Merci de me ramener si poliment à l’ordre. J’ignore comment ai-je pu faire une telle erreur puisque j’ai assisté à la conférence de presse de Fantasia et je ne compte pas le nombre de fois où j’ai feuilleté le programme et consulté le site. Cela dit, deux films québécois, c’est encore bien peu, non?
Pour votre info, je viens tout juste de demander à l’équipe du festival de m’envoyer une copie du film afin d’en faire la critique dans l’édition du 2 août. Votre idée de mettre David Boutin en couverture me plaît beaucoup, malheureusement, la place est déjà prise. Peut-être pourrons-nous le faire lorsque le film prendra l’affiche… en espérant qu’il soit à la hauteur de nos attentes.
Cordialement,
Manon Dumais
Ho ! Ho ! Manon Dumais qui essaie de nous donner l’illusion qu’elle remercie Monsieur D’amours de la ramener à l’ordre. Alors qu’à la phrase suivante elle nous sort encore une fois son gros égo de critique cinématographique et sa petite plume bien acide en ajoutant une information qu’elle posséde sur la prochaine page couverture ! Sans oublier de mentionner son souhait que le film de Davis Boutin soit à la hauteur …Triste et pathétique …
Bonjour Monsieur Barrette,
Ne vouliez-vous pas dire « pitoyable » plutôt que « pathétique »?
Cordialement,
Manon Dumais