Cinémaniaque

Tant de films, si peu de temps

Mardi dernier, le Festival des films du monde, qui vous offre le monde, ne l’oubliez pas, dévoilait sa programmation, laquelle semble miser, une fois de plus, sur la quantité plutôt que sur la qualité. Ainsi du 23 août au 3 septembre, pas moins de 432 films, parmi lesquels 212 longs métrages, dont 110 premières mondiales et internationales, en provenance de 80 pays prendront d’assaut les écrans du Cinéma Impérial, du Théâtre Maisonneuve, du Quartier Latin et du Cinéma ONF. Méchant programme, non?

Mouais… C’est sûr que l’idée de retrouver Gabriel Arcand dans l’univers de Claude Gagnon, dont la production sino-canadienne Karakara figure en Compétition mondiale, m’est plutôt agréable. Tout autant que d’y découvrir The Last Sentence, nouveau film du Suédois Jan Troell, réalisateur du magnifique Everlasting Moments, ou encore Comme un homme, de Safy Nebbou (L’empreinte), où Charles Berling incarne un père qui devient le complice de son fils (Émile Berling) lorsque celui-ci kidnappe sa prof d’anglais.

Je sais bien que le cinéma chinois, que Serge Losique apprécie particulièrement, sera à l’honneur de cette 36e édition, mais était-ce une raison de choisir en guise de film d’ouverture Million Dollar Crocodile de Lisheng Lin? Vous me direz qu’on ne juge pas un film à sa bande-annonce, mais je ne suis certainement pas la seule à craindre le pire… D’ailleurs, pourquoi ne pas avoir réservé cet honneur au film de Claude Gagnon? Souhaitons que cette histoire d’amitié entre un gamin et un crocodile long de 11 mètres soit festive et rassembleuse. Le film sera précédé du court métrage d’animation de Martine Chartrand, Macpherson, qui relate l’amitié entre Félix Leclerc et celui qui lui inspira une chanson sur la drave, l’ingénieur-chimiste Frank Randolph Macpherson.

Drôle d’idée aussi d’offrir à la soirée de clôture la comédie romantique Un bonheur n’arrive jamais seul de James Huth (Brice de Nice), lequel a reçu des critiques plutôt mitigées lors de sa sortie en France en juin dernier. Espérons que la délicieuse Sophie Marceau et le craquant Gad Elmaleh viendront égayer le tapis rouge.

Hors concours, les choses semblent se corser quelque peu. De fait, on y remarque la présence de Merzak Allouache – d’accord, Chouchou n’était certainement pas un chef-d’œuvre! – avec Le repenti, sélectionné à la dernière Quinzaine des réalisateurs, où il s’attache au destin d’un jeune jihadiste (Nabil Asli). Pour sa part, Hans-Christian Schmid (Requiem) a signé Home for the Weekend mettant en vedette l’excellente actrice Corinna Harfouch (Le parfum).

Plus un objet de curiosité qu’un film à voir à tout prix, le collectif 7 Days in Havana s’est aussi taillé une place Hors concours; Benicio Del Toro, Elia Suleiman et Gaspar Noé sont parmi les signataires du film. Vanessa Paradis et Samuel Le Bihan accompagneront-ils Cornouaille d’Anne Le Ny? On peut toujours rêver… En plus de donner une leçon de cinéma, le réalisateur émérite Volker Schlöndorff (Le tambour) présentera son dernier-né: le téléfilm La mer à l’aube.

Enfin, cette 36e édition sera aussi l’occasion de découvrir la version restaurée par Éléphant de Léolo du regretté Jean-Claude Lauzon, de même que de saluer les meilleurs films québécois de l’an dernier, tels Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau, Le vendeur de Sébastien Pilote et Nuit #1 d’Anne Émond, et de voir à la belle étoile Le violon rouge de François Girard. Renseignements: ffm-montreal.org.

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Le 2 août dernier, le documentariste Magnus Isacsson est décédé des suites d’un cancer. Cinéaste engagé s’il en était, durant 22 ans il a contribué à changer le monde en se penchant sur bon nombre d’enjeux politiques et sociaux. Ainsi dans Uranium (1990), Isacsson traitait de l’extraction de l’uranium au Canada, tandis qu’il a suivi la lutte des Cris contre le projet Grande-Baleine dans Tension (1996). En 2008, il coréalisait avec Martin Duckworth La bataille de Rabaska sur le combat de citoyens contre un projet de terminal méthanier. Son dernier film, Ma vie réelle, où il s’intéresse au sort des jeunes en difficulté de Montréal-Nord, prendra l’affiche cet automne. Rendez-lui hommage en visionnant ses œuvres sur onf.ca.

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Du 9 août au 30 novembre, le Centre Phi propose aux skaters cinéphiles la série Skate or Die. Au programme ce jeudi, This Ain’t California de l’Allemand Marten Persiel où l’on suit trois adeptes du skateboard des années 70 jusqu’à aujourd’hui, en passant par la chute du mur de Berlin. Immortalisés par Catherine Hardwicke en 2005, les vrais Lords of Downtown prennent la parole dans Bones Brigade: An Autobiography de Stacy Peralta, qui sera présenté le 25 août. Enfin, parmi les courts métrages qui seront projetés le 13 septembre, mentionnons Rouli-roulant, un documentaire de Claude Jutra datant de 1966. Renseignements: phi-centre.com.