Cette année, le festival image+nation célèbre ses 25 ans… sans tambour ni trompette, ni strass ni paillettes, mais avec la volonté de partager différentes histoires LGBT en provenance du monde entier en toute convivialité.
«On est un festival de cinéma et tout le monde est le bienvenu chez nous. Pour notre quart de siècle, on a quitté les grandes salles pour aller dans les plus petites, comme celles du Cinéma du Parc et du Cinéma Beaubien, afin d’essayer de se rapprocher du monde. Depuis l’été passé, on essaie d’avoir une présence plus constante pendant l’année. On veut être plus là: we’re here, we’re queer!» lance dans un grand éclat de rire Charlie Boudreau, directrice générale du festival.
Bien qu’elle évolue au sein d’image+nation depuis 1993, Charlie Boudreau était de la partie dès les débuts du festival: «Une chose qui n’a pas changé au cours des années, c’est que les histoires sont toujours importantes à raconter. Un festival comme le nôtre est né d’un besoin de raconter nos histoires, de nous voir à l’écran. Ce qui n’a pas tellement changé non plus, c’est que je ne vois pas vraiment d’histoires gaies particulièrement fulgurantes dans le cinéma mainstream. C’est encore à nous de le faire.»
Brokeback Mountain d’Ang Lee, c’était pourtant un grand film et une magnifique histoire d’amour: «Ce film, c’est un accident dans le cinéma mainstream. Malheureusement, on n’a pas voulu nous le donner, de même qu’on nous a refusé Milk de Gus Van Sant. Ça, c’est le mainstream qui ne veut pas ghettoïser les films gais chez les gais. Ils sont pourtant contents d’avoir notre argent… Pour moi, c’était la plus grande insulte au monde gai. Milk, c’est notre histoire, il y a quelqu’un qui est mort pour nous!»
Évoquant les films expérimentaux et les productions fauchées des premières années, Charlie Boudreau se réjouit de l’essor du cinéma LGBT: «Depuis une dizaine d’années, il y a beaucoup plus d’histoires provenant de différentes cultures. Le film est un véhicule sociopolitique très fort et c’est crucial de faire connaître les histoires LGBT de partout sur la planète.»
À plusieurs reprises durant l’entretien téléphonique, les mots «important» et «excellent» reviennent dès qu’il est question de la programmation où l’on retrouve, étonnamment, Bullhead de Michael R. Roskam. «J’adore ce film et Matthias Schoenaerts: oh my God! Pour moi, c’est un film sur la masculinité, l’homoérotisme tout en subtilité. Un autre must du festival, c’est Beauty d’Oliver Hermanus. Il faut aussi voir Pariah de Dee Rees, qui a complètement passé sous le radar à Montréal malgré son grand succès dans le monde. Je suggère également le documentaire Call Me Kuchu de Katherine Fairfax Wright et Malika Zouhali-Worrall, d’autant plus qu’ils veulent passer la loi ”Kill the gays“ en Ouganda.»
Avec enthousiasme, elle mentionne aussi Bye Bye Blondie de Virginie Despentes, avec Emmanuelle Béart, Head On d’Ana Kokkinos (1998), Myra Breckinridge de Michael Sarne (1970), avec Raquel Welch, d’après le roman de Gore Vidal, Yossi d’Eytan Fox, suite de Yossi and Jagger, et Les invisibles de Sébastien Lifshitz. Elle recommande aussi chaleureusement Keep the Lights on d’Ira Sachs et Une dernière chance de Paul Émile d’Entremont, en ouverture du festival, et Joshua Tree, 1951: A Portrait of James Dean de Matthew Mishory, film de clôture.
Avant de raccrocher, Charlie Boudreau confie: «Je déteste l’expression LGBT. Personne ne sait ce que c’est! Avant, on s’appelait queer, mais on a dû changer d’appellation parce qu’au Québec, ça ne marchait pas vraiment. Queer, ça définit bien le festival, car c’est beaucoup plus large que toutes ces petites boîtes.»
Du 22 novembre au 2 décembre
Coup de cœur: Le Cinéma du Parc accueillera l’auteur et psychanalyste Maxime Olivier Moutier (La gestion des produits) le vendredi 23 novembre, à 18h. N’allez pas croire qu’il y sera pour tripoter la psyché des cinéphiles, mais plutôt pour commenter Groundhog Day, sympathique film de Harold Ramis où Bill Murray incarne un présentateur de météo forcé de revivre quotidiennement le même jour. La soirée est organisée par l’Association des psychothérapeutes psychanalytiques du Québec.
Haut-le-cœur: Daniel Cudmore et Charlie Bewley, incarnant respectivement Felix et Demetri dans le dernier chapitre de Twilight, ont trouvé une excellente façon de faire parler d’eux. De fait, tous deux se plaisent à répéter qu’il y aurait de nouveaux volets de la franchise impliquant leurs personnages. Pis encore, la romancière Stephenie Meyer affirme avoir plusieurs idées d’intrigues, tandis que Robert Pattinson et Taylor Lautner ont dit qu’ils pourraient bien reprendre leurs rôles. Ne m’approchez pas, j’ai envie de mordre…