Cinémaniaque

Je vous écris de Paris

Pourquoi vous écris-je de si loin? Eh bien, j’ai décidé de prendre quelques jours de congé chez nos cousins, histoire de me remettre des entrevues que j’ai enchaînées ces derniers jours au 15e Rendez-vous d’Unifrance, organisme faisant la promotion du cinéma français à l’étranger, lequel se déroulait dans la Ville lumière – dans le quartier de l’Opéra, comme quoi il n’y a rien de trop beau pour la classe ouvrière. Pour les journalistes de la presse étrangère, j’en suis, c’est l’occasion parfaite pour s’entretenir avec les artistes et les artisans du cinéma hexagonal. D’ailleurs, vous avez peut-être déjà remarqué la mention «Les frais du voyage à Paris ont été payés par Unifrance» sous certaines entrevues parues dans ces pages.

Outre la chance de s’entretenir avec ces acteurs, scénaristes et réalisateurs, les journalistes de la presse étrangère ont ainsi un avant-goût des films qui prendront l’affiche dans les prochains mois dans leurs pays respectifs. Qui donc était au rendez-vous cette année? En tout cas, pas Dany Boon, ni Catherine Deneuve, ni Gérard Depardieu (les trois jouant dans Astérix et Obélix: au service de Sa Majesté de Laurent Tirard), ni Kad Merad (Superstar de Xavier Giannoli), ni Catherine Frot (Les saveurs du palais de Christian Vincent, Bowling de Marie-Castille Mention-Schaar et Associés contre le crime de Pascal Thomas). Serait-ce que ces vedettes craignaient qu’on ne leur demande ce qu’elles pensaient de la sortie de Vincent Maraval, fondateur de Wild Bunch, boîte qui a produit le film de Tirard, à propos des acteurs surpayés? Rappelons que le quatrième volet des aventures d’Astérix, qui a coûté 61,2 millions d’euros, a fait 3,8 millions d’entrées.

La pauvre Catherine Frot serait sans doute accourue vers le Grand Hôtel si elle avait entendu les propos que Pascal Thomas tenait à son endroit. Jamais je n’avais entendu un réalisateur casser du sucre sur le dos de son actrice: «Dans Les saveurs du palais, on croirait qu’elle ne sait même pas faire cuire un œuf, alors qu’elle incarne une grande cuisinière!» À la fin de l’entretien, je lui ai lancé: «Si je comprends bien, Catherine Frot ne jouera pas dans votre prochain film…» «Qui?» a-t-il répondu avant d’ajouter qu’elle n’était plus qu’une actrice du passé.

N’allez pas croire que cela se déroule toujours ainsi. Au contraire, les entrevues se font généralement dans la convivialité. Et ce, malgré la fatigue des interlocuteurs – les uns luttant contre le décalage horaire, les autres répondant avec le même enthousiasme aux questions 1000 fois entendues –, les retards et les conflits d’horaire que gère l’équipe d’Unifrance qui ne semble jamais dormir durant ces quatre jours.

L’un des sujets discutés au cours du séjour fut bien sûr la crise du cinéma français. Eh bien, si j’en juge à la réaction des artistes, il n’y a pas de quoi écrire à sa mère. Sourire en coin, Costa-Gavras (Le capital) résume ainsi ladite crise: «À mon avis, c’est un moment avantageux pour un producteur qui a fait une grosse faute de production et qui décide de se rattraper. N’oublions pas que le cinéma français est diversifié et que chaque année, 40 nouveaux réalisateurs tournent leur premier film. C’est aussi le seul pays au monde où 50% des spectateurs voient des films français et 50%, des films américains et étrangers; donc, le cinéma français est sain!»

Coup de cœur: Du 24 janvier au 18 avril, la Cinémathèque québécoise et Vidéographe présenteront un événement pour les amateurs de cinéma d’animation à ne manquer sous aucun prétexte, 5 sur 5 animations. Programme regroupant cinq rétrospectives et classes de maître, 5 sur 5 animations permettra de découvrir la démarche artistique de cinq cinéastes au parcours singulier: Steven Woloshen, Marie-Josée Saint-Pierre, Pierre Hébert, Dominic-Étienne Simard et  Félix Dufour-Laperrière. C’est Marie-Josée Saint-Pierre, lauréate d’un Jutra en 2007 pour son superbe McLaren’s Negatives, qui donnera le coup d’envoi à l’événement le 24 janvier, à 18h30, à la salle Fernand-Seguin, en offrant une classe de maître. La rétrospective de ses œuvres aura lieu le 31 janvier, à 18h30, à la salle Claude-Jutra. cinematheque.qc.ca

Haut-le-cœur: Lors de la première édition des prix Écrans canadiens, la Bobine d’or Cinéplex, prix récompensant le film canadien le plus populaire de l’année, sera remise à Resident Evil: Retribution de Paul W.S. Anderson, lequel a récolté 5,4 M$. Quouaaah? C’est un film canadien, ça? Quouaaah? Il a aussi reçu trois nominations (montage, effets visuels et conception de costumes)? Quouaaah? Resident Evil: Apocalypse et Resident Evil: Afterlife ont déjà reçu ce prix? Ben coudon, j’ai quasiment envie de rester à Paris… Si ça vous chante, le film est offert en DVD.