Cinémaniaque

Cap sur Cannes!

Au moment d’écrire cette chronique, le 66e Festival de Cannes n’a pas encore débuté. Hormis les bulletins de circulation du grand boulevard Carnot en chantier jusqu’en octobre – tout devait être prêt avant le festival, mais les intempéries en ont voulu autrement – et les troupeaux de journalistes se promenant badge au cou, trop heureux de se retrouver sur la Croisette, pour la dixième fois en ce qui me concerne, j’ai trop peu à partager avec vous pour l’instant.

Lorsque paraîtra cette chronique, sans doute ne restera-t-il plus grand-chose de ce dôme de 42 mètres sur 35 mètres sous 12 mètres de plafond construit à la demande de la Warner afin d’être le théâtre du party d’ouverture de Gatsby le magnifique (voir critique dans nos pages) sur l’emprise du parking Laubeuf. Construit en quelques jours par des dizaines d’ouvriers, ce dôme éphémère est encore plus grand que le vaisseau spatial qu’avaient fait ériger Luc Besson et Bruce Willis pour le party du Cinquième élément.

Trêve de bling-bling, parlons un peu cinéma si vous le voulez bien. Au cours des prochains jours, plus de 4300 journalistes s’enfermeront dans des salles obscures – ça tombe bien puisqu’on annonce de la pluie pour les premiers jours du festival – afin de découvrir les nouvelles œuvres des frères Coen, d’Ozon, de Desplechin, de Gray, de Farhadi, de Jarmusch, de Kechiche, de Denis, de Coppola. Parlant de Coppola, la fille et non le père, celle-ci se trouvera à affronter avec The Bling Ring, dans la section Un certain regard, Sarah préfère la course, premier long métrage de Chloé Robichaud, dont il s’agit de la quatrième présence à Cannes.

«C’est tellement bizarre de me retrouver en compétition avec Sofia Coppola, racontait la jeune réalisatrice à une semaine de son départ. Je pense que j’avais 14 ans lorsque j’ai vu Lost in Translation, un film qui m’a vraiment marquée. J’ai vu tous ses films, je parlais tout le temps de Sofia Coppola et ça fait beaucoup rire mes parents que je me retrouve en compétition contre elle, eux qui m’ont tant entendue dire que je voudrais avoir une carrière comme la sienne. J’ai aussi beaucoup d’admiration pour Claire Denis.»

«Ce que je trouve incroyable pour Sarah préfère la course, c’est qu’Agnès Varda (présidente du jury de la Caméra d’or) va voir le film. Je n’arrête pas de me le répéter: pour moi, c’est énorme! confiait Sophie Desmarais qui incarne le rôle-titre. Je me sens full groupie à l’idée que Claire Denis puisse voir le film et qu’elle me trouve bonne. Ce serait incroyable. Je suis une cinéphile et Cannes, c’est un festival de cinéphiles, un festival de réalisateurs, malgré sa dimension people, qui ne m’intéresse tellement pas. De savoir que je vais voir des films en première, peut-être des grands, peut-être des moins grands, je trouve ça extraordinaire.»

Celle qui a notamment accompagné à Locarno Curling de Denis Côté, où elle jouait une gothique préposée dans un salon de bowling, accompagnera également à la Semaine de la critique Le démantèlement, deuxième long métrage de Sébastien Pilote (Le vendeur), où elle interprète la fille de Gabriel Arcand et la sœur de Lucie Laurier.

«On vise tous Cannes, c’est bon pour la couverture médiatique, avouait Sébastien Pilote à la recherche d’un nœud papillon. T’as l’impression, d’une certaine manière, d’entrer dans l’histoire en pensant à tous ces cinéastes qui ont été sélectionnés dans les différentes sections. C’est toujours impressionnant. Évidemment, il existe d’autres tremplins pour lancer un film: Locarno, Karlovy Vary, Sundance, Venise, Berlin… J’étais très content d’être choisi par le comité de la Semaine de la critique parce que tu sens que ton film a été apprécié et défendu. On s’entend que ce n’est pas la Sélection officielle ni la Compétition, mais ça me va tout à fait.»

Retrouvez plus de propos de Sébastien Pilote, Sophie Desmarais et Chloé Robichaud sur voir.ca. Suivez-y aussi mes aventures cannoises quotidiennement. À bientôt!