Le mercredi 3 juillet, on célébrait le 130e anniversaire du grand écrivain tchèque de langue allemande Franz Kafka. Né à Prague en 1883 au sein d’une famille juive, Kafka ne publia de son vivant que quelques courts récits, dont La métamorphose. Bien qu’il ait demandé à son ami et exécuteur testamentaire Max Brod de détruire ses manuscrits, ce dernier fit publier à titre posthume ses grands romans, L’Amérique, Le procès et Le château, de même que son Journal intime et les Lettres à Milena. Cependant, une partie de l’œuvre de Kafka, décédé le 3 juin 1924, fut détruite par les Nazis avant le début de la Seconde Guerre mondiale.
Le procès, drame d’Orson Welles (1962)
Dans cette ambitieuse et brillante adaptation du plus célèbre des romans de Kafka, Anthony Perkins interprète Joseph K., homme sans histoire qu’on arrête un bon matin sans qu’on lui révèle pourquoi. Commence pour lui une vertigineuse descente dans le labyrinthique univers de la justice. Une œuvre qui traduit puissamment le sentiment d’oppression et de paranoïa produit par un régime totalitaire. Orson Welles, Romy Scheider et Jeanne Moreau y font de brèves mais marquantes apparitions.
La métamorphose, téléfilm de Jean-Daniel Verhaeghe (1983)
Porté par la voix enveloppante de Sami Frey, qui incarne Gregor Samsa, malheureux fonctionnaire transformé en cancrelat, cette adaptation filmée en caméra subjective illustre sobrement l’atmosphère cauchemardesque de la nouvelle de Kafka qui y dénonce l’inhumaine et écrasante bureaucratie.
Kafka, drame de Steven Soderbergh (1991)
Prague, 1919. Employé d’une compagnie d’assurances le jour, écrivain la nuit, Kafka (Jeremy Irons, intense) enquête sur la mort mystérieuse par noyade de son meilleur ami. Ses recherches le mèneront vers des anarchistes luttant contre un groupe se livrant à d’étranges expériences. Riche de cadrages et d’éclairages rappelant à la fois l’expressionnisme allemand et The Third Man de Carol Reed, ce drame aux accents lynchiens, qui s’inspire très librement de la vie de Kafka, amalgame ingénieusement les motifs récurrents de ses romans.
Le château, téléfilm de Michael Haneke (1997)
Dix ans avant d’incarner un agent secret enquêtant sur la vie d’un couple d’intellectuels dans La vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck, Ulrich Mühe s’est glissé dans la peau de K, arpenteur engagé pour travailler dans un château, où règnent des bureaucrates déshumanisés, dont il n’arrive pas à s’approcher. Dans une auberge, il rencontre Frieda (Susanne Lothar), qui prétend être la maîtresse de Klamm, fonctionnaire qu’il tente désespérément de joindre. Qui de mieux que le génial cinéaste autrichien, à qui l’on doit notamment l’angoissant Funny Games, pour rendre compte de l’absurdité d’une société que critiquait Kafka?
L’homme qui attendait, court métrage de Theodore Ushev (2006)
Un homme passe son existence devant une porte sans oser l’ouvrir. La voix chaude de Pierre Lebeau et la musique hypnotique d’Arvo Pärt bercent cette suite hallucinée de tableaux en rouge et noir, dont la texture rappelle la linogravure, qui s’inspire d’un récit que raconte un prêtre au personnage principal du Procès.