Cinémaniaque

La liste du vendredi: cinq films sur la Révolution française

Ce dimanche 14 juillet, date de la prise de la Bastille, les Français célèbrent leur Fête nationale. Bon nombre de grands cinéastes ont raconté la Révolution française, en voici cinq qui ont eu «de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace».

Marat/Sade, drame de Peter Brook (1967)

Interné à l’hôpital psychiatrique de Charenton, le marquis de Sade (Patrick Magee) veut recréer sur scène l’assassinat de Marat (Ian Richardson), tenu responsable des massacres de septembre, par Charlotte Corday (Glenda Jackson), héroïne exaltée de la Révolution, mais se bute bientôt aux nombreuses difficultés de travailler avec des patients gravement malades. Adaptation de la pièce de Peter Weiss, La persécution et l’assassinat de Jean-Paul Marat représentés par le groupe théâtral de l’hospice de Charenton sous la direction de Monsieur de Sade, ce chef-d’œuvre de Peter Brook nous plonge dans le chaos le plus total et le plus troublant. Certainement l’une des plus originales réflexions sur la Révolution française.

Danton, d’Andrej Wajda (1982)

Gérard Depardieu domine une prestigieuse distribution dans ce fascinant drame historique relatant la rivalité entre Danton (Depardieu) et Robespierre (Wojciech Pszoniak) en plein cœur du régime de la Terreur. Bénéficiant d’une reconstitution d’époque époustouflante, cette vivante leçon d’histoire ne donne certes pas dans l’image d’Épinal pas plus qu’elle ne verse dans le didactisme. Notez que le metteur en scène Patrice Chéreau s’y démarque dans le rôle de Camille Desmoulins, qui accompagnera son ami Danton sur l’échafaud.

L’Autrichienne, drame de Pierre Granier-Deferre (1989)

Prisonnière à la Conciergerie, l’ex-reine de France Marie-Antoinette (la chanteuse Ute Lemper, nuancée) se remémore avec tristesse les fastes de la cour et affronte avec dignité ses accusateurs lors de son procès perdu d’avance. À des lieues du Marie Antoinette bonbon de Sofia Coppola, Pierre Granier-Deferre signe un portrait sobre et prenant de la veuve Capet  à quelques jours de son exécution en octobre 1793. Patrick Chesnais et Daniel Mesguish y incarnent respectivement le président Herman et l’accusateur public Fouquier-Tinville du Tribunal révolutionnaire.  

L’Anglaise et le duc, d’Éric Rohmer (2001)

De 1790 à 1793, l’aristocrate britannique Grace Elliott (exquise Lucy Russell) et le duc d’Orléans (Jean-Claude Dreyfus, truculent), son ex-amant et cousin de Louis XVI, débattent des idées royalistes de la première et de l’esprit révolutionnaire du second. Cette surprenante page d’histoire que propose Éric Rohmer prend la forme d’un élégant huis clos aux dialogues gracieux tourné en partie dans des décors numériques. Un point de vue rare et méconnu sur la Révolution.

Les adieux à la reine, drame historique de Benoît Jacquot (2012)

Adaptation fidèle du roman de Chantal Thomas, Les adieux à la reine n’a rien d’un film historique rigide, poussiéreux et didactique. De fait, cette fascinante incursion dans les somptueux appartements de Marie-Antoinette (Diane Kruger, détachée et vulnérable) et les sombres recoins humides du château de Versailles qu’offre Benoît Jacquot nous fait vivre la Révolution française à la manière d’un reportage grâce à une caméra mobile et inquisitrice traquant sans merci la jeune lectrice de la reine (Léa Seydoux, exaltée). Au milieu de l’agitation et du désarroi, se dessine la silhouette de l’inaccessible Gabrielle de Polignac que campe avec superbe Virginie Ledoyen.