La liste du vendredi: Cinq films pour se souvenir de Bernadette Lafont

Le 25 juillet, la gouailleuse égérie de la Nouvelle Vague Bernadette Lafont est décédée à l’âge de 74 ans. Née dans le midi le 26 octobre 1938, cette fougueuse brunette à la voix reconnaissable entre toutes se voit offrir son premier rôle par nul autre que François Truffaut dans le court métrage Les mistons en 1957. L’année suivante, elle tourne sous la direction de Claude Chabrol, dont elle deviendra l’une des actrices fétiches, dans Le beau Serge. En 1969, elle devient La fiancée du pirate de Nelly Kaplan. Suivent en 1972 Une belle fille comme moi de Truffaut puis en 1973, La maman et la putain, film culte de Jean Eustache. En 1986, elle rafle le César du Meilleur second rôle pour sa prestation auprès de Charlotte Gainsbourg dans L’effrontée de Claude Miller. Vient en 2003 le César d’honneur pour saluer l’ensemble de la carrière de cette actrice qui n’a jamais rien perdu de sa verve ni de sa fantaisie. On l’a d’ailleurs vue en 2013 dans Paulette de Jérôme Enrico (sorti mardi dernier en DVD) où elle campe avec panache une pâtissière se recyclant dans la vente de marijuana afin de subvenir à ses besoins. En novembre prochain, les cinéphiles français pourront la voir dans son dernier film, la comédie Attila Marcel de Sylvain Chomet (Les triplettes de Belleville).

Le beau Serge, drame de Claude Chabrol (1957)

Atteint de la tuberculose, François (Jean-Claude Brialy) est de retour dans son village natal. À peine arrivé, découvre-t-il que son ami Serge (Gérard Blain, compagnon de Bernadette Lafont à la ville) a sombré dans l’alcoolisme après la mort de son fils trisomique qu’il a eu avec Yvonne (Michèle Méritz), de nouveau enceinte. Au cours de son séjour, où il compte sauver Serge, François a une liaison avec l’intrigante Marie (Lafont), sœur d’Yvonne. Dans ce drame sobre et prenant, la jeune Lafont y apparaît dans toute sa sensualité et son charme singulier.

Une belle fille comme moi, comédie de François Truffaut (1972)

Alors qu’il rédige une thèse sur la criminalité féminine, un sociologue naïf (André Dussolier dans son premier rôle au grand écran) tombe sous l’emprise de Camille Bliss (Bernadette Lafont), jeune femme soupçonnée d’avoir tué plusieurs de ses amants. Aux côtés de Philippe Léotard et de Charles Denner, la pétulante actrice livre l’une de ses plus truculentes interprétations.

La maman et la putain, drame de mœurs de Jean Eustache (1973)

Intellectuel vivant aux crochets de Marie (Bernadette Lafont), sa maîtresse, Alexandre (Jean-Pierre Léaud) rencontre dans un café Veronika (Françoise Lebrun), une infirmière, avec qui il entame une liaison. Le ménage à trois fonctionne jusqu’à ce que les deux femmes demandent à leur amant de choisir l’une d’elles. Dans ce film bavard où l’on disserte avec désinvolture d’amour et de sexualité, Bernadette Lafont fait montre d’une gravité et d’une force de caractère étonnantes.

L’effrontée de Claude Miller (1986)

N’ayant que faire de l’admiration de sa petite voisine Lulu (Julie Glenn), Charlotte (Charlotte Gainsbourg), jeune fille de 13 ans ayant grandi trop vite, voue un culte à Clara (Clotilde Baudon), pianiste prodige de son âge. En Léone (Bernadette Lafont), qui tient la maison en l’absence de son père, elle trouve une confidente avec qui elle aura toutefois quelques échanges orageux. Solaire, chaleureuse, à l’image de ce film campé durant les vacances d’été, la comédienne s’y avère la partenaire parfaite pour tenir tête à la prometteuse débutante Gainsbourg.

Prête-moi ta main, comédie romantique d’Éric Lartigau (2006)

Célibataire endurci de 43 ans, Luis Costa (Alain Chabat) voit sa paisible vie chamboulée lorsque sa mère (Bernadette Lafont) et ses soeurs lui annoncent qu’elles en ont plus qu’assez de le materner.  Venant d’apprendre qu’Emma (Charlotte Gainsbourg), la soeur d’un collègue, est à la recherche d’un emploi, Luis, forcé de prendre épouse, lui propose donc d’incarner l’heureuse élue. Le contrat sera très lucratif, au grand dam du fils à maman. En matriarche pittoresque, l’impériale et impayable actrice s’impose sans effort dans cette pétillante comédie où elle renoue avec Gainsbourg 20 ans après L’effrontée.