1. Le météore de François Delisle
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Un quadragénaire purgeant une peine de prison (François Delisle, voix de François Papineau) reçoit chaque semaine la visite de sa mère (Jacqueline Courtemanche, voix d’Andrée Lachapelle), pendant que sa femme (Noémie Godin-Vigneau, voix de Dominique Leduc) tente de refaire sa vie. De tous ses films, Le météore de François Delisle (2 fois une femme, Le bonheur c’est une chanson triste) s’avère certainement son œuvre la plus radicale, la plus déstabilisante et la plus hypnotique. Doublement hypnotique même. De fait, le lyrisme envoûtant des images et la beauté de la réflexion sur la vie, la mort et le passage du temps (livrée par un casting vocal impeccable) sont tels que l’on souhaiterait pouvoir dissocier la bande-son de l’image afin d’en savourer pleinement chaque détail, chaque mot, chaque nuance. Rappelant, par son rythme onirique et par sa plastique soignée, La jetée de Marker et les collaborations de Duras et Nuytten (India Song, Son nom de Venise dans Calcutta désert), Le météore illustre sans l’ombre d’un doute que François Delisle est en pleine possession de ses moyens.
2. Le démantèlement de Sébastien Pilote
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Bien que Le démantèlement ne soit que le deuxième long métrage de Sébastien Pilote, force est d’admettre que celui-ci a non seulement un don pour la mise en scène, mais qu’il s’avère aussi doué pour signer de bouleversants portraits de pères. Rappelons le père chômeur (André Bouchard) du court métrage Dust Bowl Ha! Ha! et ce beau parleur qu’interprétait Gilbert Sicotte dans Le vendeur. Le qualifiant de père à l’excès, le Gaby qu’a créé le réalisateur d’Alma en s’inspirant du Roi Lear de Shakespeare (la fille cadette, Sophie Desmarais, incarne d’ailleurs Cordelia) et du Père Goriot de Balzac marquera l’imaginaire tant par l’ampleur du sacrifice auquel il se plie – il vendra ses troupeaux de moutons et sa terre afin d’aider sa fille aînée en instance de divorce (Lucie Laurier) – que par la puissance de son interprète, Gabriel Arcand. Bénéficiant de la superbe et lumineuse photographie de Michel La Veaux, Le démantèlement évoque par son souffle lyrique, la majesté de ses paysages et la solitude de son personnage un western contemplatif que n’aurait pas renié Clint Eastwood.
3. Diego Star de Frédérick Pelletier
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Prix du jury de la section Focus au dernier FNC, Diego Star de Frédérick Pelletier raconte la fragile relation qui se développera entre Traoré (Issaka Sawadogo, imposant et noble), mécanicien africain sur un cargo russe ayant dû faire escale à Lévis, et Fanny (Chloé Bourgeois, d’une justesse et d’une retenue remarquables), jeune mère de famille monoparentale qui l’hébergera afin de boucler ses fins de mois. Drame social déchirant tourné avec une sobriété exemplaire et un sens de l’image indéniable, Diego Star n’est pas sans rappeler l’univers des frères Dardenne par sa fine réflexion sur l’injustice avec laquelle sont aux prises les petites gens. Alors que le générique de cette coproduction avec la Belgique défile, on se surprend à peine à y trouver le nom de la monteuse des Dardenne, Marie-Hélène Dozo. Tourné en plein hiver, à Lévis et au chantier de la Davie, Diego Star offre des images d’une beauté à la fois hypnotique et hostile, s’inscrivant ainsi parfaitement dans la lignée des plus beaux films québécois illustrant notre territoire sous la neige.
4. Vic + Flo ont vu un ours de Denis Côté
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Ours d’argent à Berlin, Vic + Flo ont vu un ours de Denis Côté flirte avec le drame naturaliste, le film de vengeance, le film de genre, le surnaturel, le conte et le romantisme. Si l’on y retrouve la présence rassurante de Pierrette Robitaille, dans le rôle de Vic, sexagénaire voulant refaire sa vie avec sa compagne rencontrée en prison, Flo (Romane Bohringer, fougueuse), avec l’aide d’un bienveillant agent d’approbation (Marc-André Grondin, d’un bel aplomb), cet hybride campé en forêt risque d’ébranler plus d’un spectateur… De fait, la menace ne tarde pas à planer dans cette œuvre à la finale percutante où l’on ressent l’influence du cinéma états-unien naturaliste des années 1970. Ainsi, lors de certaines scènes où l’atmosphère se fait de plus en plus tendue, des images de Badlands de Malick, de Straw Dogs de Peckinpah ou de Deliverance de Boorman reviennent à l’esprit. Tandis que l’impayable Marie Brassard mord à belles dents dans le rôle de la méchante, Pierrette Robitaille surprend par son jeu nuancé et sa sensualité. Qui plus est, Denis Côté et le directeur photo Ian Lagarde ont su capter sa beauté et la profondeur de son regard comme personne ne l’avait fait jusqu’à maintenant. Et en 35mm, svp!
5. Gabrielle de Louise Archambault
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Alors que la chorale dont elle fait partie prépare fébrilement un concert, Gabrielle (charismatique et irrésistible Gabrielle Marion-Rivard) s’éprend de l’un des solistes, Martin (bluffant Alexandre Landry, dont la performance rappelle celle de Leonardo DiCaprio dans What’s Eating Gilbert Grape de Lasse Hallström). À l’instar de Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau, Gabrielle de Louise Archambault a provoqué les coups de foudre partout où il est passé. Si ce déferlement d’amour pour ce feel good movie par excellence est en partie dû à Gabrielle Marion-Rivard, jeune femme atteinte du syndrome de Williams admirablement dirigée par Félixe Ross, il y a fort à parier que le regard tendre dénué de jugement que la réalisatrice pose sur son héroïne y est aussi pour beaucoup. Sans oublier ces classiques de Robert Charlebois auxquels François Lafontaine a brillamment redonné un second souffle. Même s’il s’agit d’un film de fiction, Louise Archambault a opté pour une facture documentaire. Grâce au travail attentionné et sensible du directeur photo Mathieu Laverdière et au montage judicieux de Richard Comeau, la cinéaste a su capter et préserver les moments de grâce et de vérité qui traversent Gabrielle.
Hé, la Manon, tu aurais pu aller jusqu’à 6: le nouveau Morin « Les quatre soldats », lui?