Je.
Voilà, c'est fait. Et ce n'était pas plus souffrant. Je prends la parole pour la première fois véritablement. Tout un événement. Ils en ont parlé à la radio, même à la télé. Il faut croire que ça manquait.
"Derrière les lèvres, il y a les dents." Il me semble que c'est Félix Leclerc qui a écrit cette phrase, probablement dans son Calepin d'un flâneur. Je ne sais plus. Des lèvres et des dents. Pour sourire, pour embrasser… et pour mordre.
"La langue et la dent sont deux bonnes amies qui habitent dans la même maison, tout en se détestant." Cette fois, c'est un proverbe haïtien rapporté par Dany Laferrière dans Pays sans chapeau. Toujours ce contraste entre le doux et le roide qui excite l'imagination.
C'est peut-être tout ce qui manque à la vie culturelle régionale pour qu'elle se démarque vraiment. Plusieurs fois depuis mes débuts à ce journal, des gens m'ont interpellé à ce sujet. Vous aviez raison d'être perplexes. Un journal qui s'appelle Voir, qui se veut un hebdo culturel ancré dans la région, et qui ne présente aucun véritable point de vue régional, c'était un peu inconséquent, peut-être.
C'est bien d'encourager les artistes de la région, de promouvoir leur travail, et le Voir continuera de le faire. Mais ça ne signifie pas qu'il faille tout louanger, accepter n'importe quoi. Il faut parfois savoir étouffer un peu l'encensoir, se regarder dans le blanc des yeux… Critiquer.
Pas question pour moi de tirer dans tous les sens. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas une grande gueule, ni un démolisseur. Pas d'attaque ad hominem, je ne jouerai pas de la hache simplement pour alimenter le débat. Je suis plutôt un adepte du bistouri: délicatement et avec précision, on conserve ce qui est bon, on retranche ce qui l'est moins.
Qu'en pensent les artistes? Ils sauront nous le dire. Pourtant, j'ai la conviction que les vrais artistes ont besoin d'un regard critique pour avancer. Il faut savoir se remettre en question, douter, pour assurer nos bases et continuer de construire sur du solide.
Pas question de me présenter comme un dieu délateur. On s'entend, mon point de vue en vaut un autre. C'est pourquoi, doctes et lucides lecteurs, vous aurez aussi votre tribune. Car vous pourrez répondre à mes propos, qu'ils soient trop faiblards pour certains, trop mordants pour d'autres… Parmi vos commentaires, certains trouveront même un espace dans la publication papier du Voir. Vous aussi, vous avez une voix à faire entendre. Pour le bien de la région.
Maintenant, que critiquer? Un spectacle, peut-être. Une exposition. Quelque décision de nos élus ayant des répercussions sur la vie culturelle régionale. La vie elle-même, à Saguenay, à Alma. Ce qui fait notre fierté, à tort ou à raison. Dire ce qui va. Dire ce qui ne va pas.
Le Saguenay-Lac-Saint-Jean est l'un des derniers bastions d'une identité proprement régionale. Il serait triste qu'elle s'atrophie, que nos artistes cessent de se renouveler, que les amateurs de culture se blasent et se mettent à préférer ce qui se fait ailleurs. Il faut savoir se réinventer, et pour cela, se questionner. L'appel est lancé: soyez critiques et exigeants, ne vous contentez pas de peu! Sourcillez, si vous n'êtes pas satisfaits. Faites-le savoir. C'est aussi ça, la vie culturelle.
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BLOGUE À PART
En plus de cette toute nouvelle chronique, un outil convivial et fort pratique est mis à notre disposition, dans le but avoué d'être toujours plus près de vous. Un blogue tout frais, intitulé Saguenay/Alma à perte de vue. Cette plate-forme me permettra, au gré des jours et des rencontres fascinantes que j'ai la chance de faire, de partager avec vous ces expériences, qu'elles me bouleversent ou me laissent froid. Une scène plutôt coquine où j'effeuillerai les jupons fous de notre région. En retour, j'attends de vous commentaires et suggestions. Un autre moyen efficace de nous réapproprier notre culture, et de belle façon.
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QUELQUES RENDEZ-VOUS
À la Voix maltée, le 20 mai, le groupe eXtério fera une performance live qui méritera peut-être votre attention. |
La section Pop Culture continuera aussi de jouer son rôle, lançant des invitations à quelques événements se déroulant d'une extrémité à l'autre du Royaume. Cette semaine, il y en a pour tous les goûts. Le Côté-Cour accueille Marie-Thérèse Fortin, qui rend hommage à Barbara, les 19 et 20 mai. Celle qui connaît bien la scène troque le jeu pour le chant avec émotion. Aussi, le 20 mai aura lieu le Gala reconnaissance 2006 des Voix de La Baie. Sous la présidence d'honneur de Serge Simard, le gala dirigé par Hélène McLean, qui aura lieu au Théâtre du Palais municipal, rendra hommage aux familles de La Baie qui, par leur passion, ont aidé à faire connaître et aimer la musique. Enfin, à la Voix maltée, toujours le 20 mai, le groupe eXtério fera une performance live qui méritera peut-être votre attention. J'attends vos commentaires…
C’est qu’on y fait mention d’évènements culturels parfois pas trop médiatisés et c’est un peu ce que je recherche quand je vais dans cette région. Les petites formations artistiques n’ont pas toujours la chance d’être mis bien en évidence pour attirer des grosses foules mais avec Voir c’est ce qui est très interressant car on peut faire de très belle sortie. Les très gros évènements comme la fabuleuse histoire d’un royaume qui est très médiatisé n’a pas besoin d’avoir une aussi grande couverture par voir car elle bénéficie d’une très grande popularité depuis plus de 18 ans et les billets se vendent comme des petits pains chauds.
J’aime bien aussi quand ce sont des membres qui font la promotion d’activités ou de groupe qu’ils connaissent et qui veuleut promouvoir car ce sont des critiques un peu moins critiques et un peu plus engagés qui donnent un autre son de cloche de certains évènements.
Artistes de chez-nous. Vous qui avez le choix de transposer le monde à travers vos créations, mais à partir de notre coin de pays, je vous admire et je vous dis merci pour ce choix du « Fjord Saguenéen » et du « Lac Jeannois », comme environnement pour vous exprimer et diffuser.
Comme la démarche artistique comprend une phase d’auto évaluation, mais aussi d’évaluation, je me réjouis de cette section « pop culture » dans le VOIR du Saguenay. Des lèvres, une langue, mais aussi des dents, comme l’exprime en image dans son article monsieur Caron, auront saveur miel ou « venin », pour le menu que nous dégusterons de la vie culturelle du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Je signe donc, non pas le refus global, mais bien l’acceptation globale, pour cette opportunité d’interpeller et d’interagir sur la culture régionale du Royaume des bleuets.
Monsieur Caron, je souhaite également que la parole citoyenne et artistique n’ait pas de pudeur à répondre « miel ou venin » à vos propos. Vous souhaiter disséquer, mais vous vous exposerez aussi au regard « chirurgiens » de ceux et celles qui prendront connaissance de vos propos.
Vive la démocratisation de l’art et de la prise de parole!
Le journal VOIR est plus vivant que jamais. Toujours à l’écoute de ses lecteurs par ses nombreuses plate-formes de discussion qu’il offre : blogue, radar films, réactions aux nombreux articles dans toutes les sphères de la culture. Ça ne me surprend pas que pour le Saguenay, la direction réaménage, toujours pour le mieux, sa section Pop Culture avec un nouveau collaborateur de la scène culturelle. C’est ce qu’on appelle un journal en constante évolution.
Comme un tape dans le dos n’est jamais qu’à quelques centimètres d’un coup de pied au cul, c’est avec un brin d’impatience que j’attends de lire votre chronique chirurgicale hebdomadaire. Aussi, il est de bon conseil de dire à celui qui avance sur le chemin de la vie: tu dois avoir tes propres opinions!
Il est en effet de toute manière entendu que nous devons avoir une opinion sur à peu près tout parce que ça permet de pouvoir discuter de tout et de rien, de donner son avis, de se prononcer, de montrer que l’on s’intéresse à toutes sortes de choses et que l’on a son mot à dire. L’opinion a une valeur, elle permet de s’exprimer! Seulement, s’agit-il d’avoir une opinion pour être capable de parler pour ne rien dire ? Il ne vaudrait pas mieux se taire parfois?
Je suis certain que non, car même si votre opinion n’est pas celle d’un franc-tireur, elle provoquera certainement des remous et à l’occasion, si vous osez, la controverse. Bonne chance pour votre chronique, et au plaisir de vous lire!
Selon moi, les véritables artistes savent eux-mêmes se remettre en question. Le critique, ce regard extérieur parfois délibérément indélicat et nuisible, parfois flatteur et profondément encourageant, se veut donc très accessoire au travail de l’artiste. Peut-on trouver un appui solide dans le jugement d’autrui et réussir à la fois à se forger une carrière productive et durable ? Ou doit-on aller jusqu’au bout de son art, envers et contre tous, parce que l’on se doit avant tout fidélité à soi-même ? Il n’est pas donné à tout le monde, public et critiques confondus, de comprendre, de saisir l’essence de ce qui se joue sur la scène artistique. Comment peut-on alors espérer que notre oeuvre soit appréciée de tous ? Le public demeure le meilleur critique qui soit pour apprécier ou condamner une oeuvre, car le plus souvent, il accepte de se laisser porter et cueille sans chichis le message qui plane. Si l’on est incapable de mettre toutes ses belles connaissances de côté le temps de goûter vraiment le travail d’un artiste, l’on perd de vue l’essentiel, c’est-à-dire que chaque oeuvre mérite à priori d’être appréciée en toute innocence, toutes comparaisons mises à part. Tandis que messieurs et mesdames les critiques, ensevelis trop souvent sous leur infinie connaissance des choses, n’ont plus cette candeur, cet abandon qui fait dire WOW sans retenue et qui ne cherche même pas à justifier la fascination par quelque explication logique que ce soit. La masturbation intellectuelle, voilà ce qui tue l’Art avec un grand A.
On dit que la vérité choque. Un bonne critique se doit également de le faire.
Il n’est que trop facile de simplement dire «J’ai aimé», «J’ai détesté». Il est beaucoup plus difficile de bien exprimer, de bien expliquer le comment du pourquoi ne nos appréciations. En fait, c’est à ce point précis que se situe la frontière entre une critique constructive et une critique destructive.
JE me pose une question: s’il n’arrivait pas que, quelques fois, l’on se mette en rogne envers monsieur Caron ou envers ses prises de positions, notre journal VOIR serait-il aussi intéressant? Vous arrêteriez-vous devant son petit kiosque chaque Jeudi afin d’en retirer un exemplaire? Non… Et vous le savez aussi bien que moi.
On ne peut pas plaire à tout le monde. Il est clair qu’une critique (qu’elle soit négative ou positive) d’un événement X, ne fera pas le bonheur de tout le monde. En fait, ce qui me fait montrer les dents est peut-être, justement, ce qui fait sourire mon voisin. Il faut savoir tenir son opinion, avoir sa prise de position (ce n’est que trop important!), mais il faut également savoir accepter celle des autres sans broncher.
Le terme «critique» se présente de lui-même: critiquer, poser un jugement réfléchie… Ce n’est pas détruire… anéantir.
Si un journaliste croit être dans la mesure de critiquer, c’est nécessairement qu’il connaît son boulot, qu’il a quelque chose à dire. Naturellement, ça ne fait pas toujours l’affaire de l’artiste, mais on apprend de nos erreur, pas vrai? Et si un événement n’est jamais négativement critiqué, il ne sera jamais amélioré! C’est donc leur rendre service que de leur dire ce que, JE, nous n’avons pas aimé. :)
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est possible d’écrire un commentaire à toutes critiques. En fait, j’ai l’impression que chaque commentaire (négatif ou positif) provoque un petit pincement de satisfaction au coeur. Satisfaction de se savoir lu peut-être…
Et si ce n’est pas ça, alors je n’ai rien compris.