Complètement Martel

L’Étincelle et le Feu de paille

On ne le dira jamais assez, tous les succès commencent par être rêvés. Et c'est dans la vie de tous les jours que doivent s'inscrire les efforts qui mènent à la reconnaissance. Retour sur la finale locale de Cégeps en spectacle, événement pour lequel j'étais membre du jury.

À une époque où tout est soumis au critère de la vitesse, pas facile de valoriser l'effort. L'importance accordée à ces quelques vedettes pop-corn qui se sont éclatées dans les dernières années sur la scène culturelle – mais dont plusieurs critiques n'ont fait qu'une bouchée – a trop souvent donné l'impression qu'il pouvait être facile de percer dans le métier. Mais pour percer le cuir, ça prend l'alêne, la corne aux doigts et l'expérience.

On nous a laissé croire qu'il suffisait d'un simple contact, d'un mot bien placé… Qu'il suffisait d'être l'élu d'un mécène aux multiples ficelles…

Évidemment, c'est peut-être possible. Comme il est possible de gagner à la loterie. Comme il est possible de trouver un exemplaire autographié par l'auteur de L'Insoutenable Légèreté de l'être sur un banc de la zone portuaire.

On peut y croire – on risque d'attendre longtemps avant de lire Kundera, mais tout de même. On a le droit d'attendre que la chance nous sourie. Que le Destin se mette de la partie.

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CONTRIBUTION VOLONTAIRE

Mais il y en a pour choisir de travailler. Et de travailler encore. Et c'est à ceux-là que je veux rendre hommage. Lors de la soirée de Cégeps en spectacle, nous avons vu des jeunes passionnés, qui ont de toute évidence consacré beaucoup d'efforts à leur pratique artistique, malgré les études, et malgré le travail, parfois. Et si aucun numéro n'était parfait, nous ne pouvons que souligner l'énergie avec laquelle chacun a performé. Je ne crois pas me tromper si j'affirme que tous les jurés se joignent à moi pour féliciter non seulement les vainqueurs, mais tous les participants, qui nous ont permis de passer une superbe soirée, parfois drôle, parfois touchante. Et bravo à ceux qui sont venus nous rencontrer dans le but ultime d'améliorer leur démarche. C'est une attitude qui est tout à votre honneur.

Après de longues et difficiles délibérations, nous avons arrêté notre choix sur de jeunes artistes en fonction de l'originalité de leur numéro, mais aussi en fonction d'une projection vers l'avenir. Ce qu'il faut lire entre les lignes, c'est que nous ne considérons pas pour autant que les autres participants sont moins des artistes. Certains artistes actuellement reconnus n'ont pas été primés lors de leur passage à des concours comme celui-là. Alors le mot d'ordre est: faites à votre tête. Un artiste ne doit pas se soumettre à la culture, il doit y contribuer, la créer.

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ROULEMENT DE TAMBOUR

Les quatre jongleurs de la joyeuse troupe des Mainsconnues a remporté la palme du côté du cégep de Chicoutimi.

Les gagnants pour le cégep de Chicoutimi sont: la troupe de jonglerie les Mainsconnues (première position), l'interprète Sarah Côté (deuxième position), le groupe Synchronus Machine (troisième position). Parmi les représentants du collège de Jonquière, ce sont l'auteure-compositrice-interprète Salomé Rioux-Leclerc (première position), l'interprète Evelyne Mongrain (deuxième position) et l'auteure-compositrice-interprète Marcie Gagnon (troisième position) qui ont été primées.

Premier numéro de la soirée, les quatre jongleurs de la troupe les Mainsconnues ont fait une entrée fracassante sur la scène de la salle François-Brassard. Leur numéro, colligeant des techniques de jonglerie diversifiées et étonnantes, avait une structure narrative respectant un crescendo réussi, passant du simple échange à certaines acrobaties qui ont franchement impressionné l'auditoire. L'attitude drolatique de leurs personnages, une mise en scène dépouillée, laissant toute la place à leur art, tous les ingrédients y étaient, à un bon dosage. Ils seront les fiers représentants du cégep de Chicoutimi lors de la finale régionale qui aura lieu à Sept-Îles.

Celle qui sera porte-étendard du collège de Jonquière, la jeune Salomé Rioux-Leclerc, a joué la carte de la simplicité. Elle s'est présentée sans tambour ni trompette, s'adressant à la foule sur quelques accords grattés avant d'introduire ses chansons. Son attitude a charmé le public autant que le jury, prouvant sans difficulté qu'il n'est pas nécessaire de beaucoup bouger pour envahir tout l'espace. Salomé semble déjà tout à fait à l'aise dans le rapport presque intime qu'elle crée entre la scène et la salle, et les deux chansons de son répertoire naissant – elle espère d'ailleurs consacrer beaucoup de temps à l'écriture dans les prochains mois – montrent déjà une maturité certaine.

Je ne peux que féliciter les gagnants. Je vous souhaite la meilleure des chances pour la suite des choses, puisque le talent est au rendez-vous.