Mars affûte ses armes et s'exerce en te les plantant dans la chair. Le dieu de la guerre reprend du gallon dans ton esprit alors que tu te bats contre ce froid avec lequel tu pensais en avoir fini.
Tu ne parles pas des 45 degrés sous zéro qui te donnent froid dans le dos. Ils ne seront bientôt qu'un vague souvenir. Si un redoux ramollit la croûte. Si le soleil te convoque en duel, question de te planter ses aiguillons dans la peau à son tour.
D'ici là, il y a cette chanson de Daniel Bélanger, plaquée sur l'instant, comme si le temps était enseveli sous ses vers… "Il fait froid. On gèle. Y'a pas qu'l'hiver qui est cruel."
Tu as froid dans le dos. Parce qu'entendre Champagne se faire péter le bouchon, c'est faire face à l'indicible. C'est avoir les nausées sans connaître l'ivresse. C'est à vomir de rire, d'un rire jaune, forcé par des hoquets incompréhensibles. Ça te fout les jetons.
Quand on sabre le champagne…
Première étape, il y a cette extraordinaire sortie éjaculatoire de la mousse qui éclabousse dans tous les sens et qui en met partout. Mais ce moment ne dure pas.
Deuxième étape, on en verse autant qu'on peut, faisant d'admirables cols blancs dans les verres des convives. Ça dure un temps.
Enfin, longtemps par la suite, des milliers de petites bulles s'étiolent doucement, presque inaperçues.
C'est ça le plus gros problème. Quand Champagne a tripé des bulles, tout le monde en a parlé – donnant une sérieuse jambette à l'image de la région. Ça, c'était la première étape.
Deuxième étape – nous y sommes encore -, les médias reviennent sur la question, cherchant à faire mousser le col, question de ne pas oublier.
Ce qui est inquiétant, ce sont les milliers de bulles qui continueront de faire des ravages dans la tête des gens, lorsque les médias se seront tus et que la douleur et l'exclusion redeviendront sourdes.
Tu ne sais pas dans quel monde parallèle tu vivais. Il faut dire que le milieu de la culture est en général plutôt ouvert à la différence. Quand un con se prend pour Dieu parce qu'il a un micro entre les mains, qu'il dénigre les homosexuels comme s'il s'agissait d'un concept abstrait, tu as juste envie de pleurer. Sur la misère humaine. Peut-être aussi de crier.
Parce que quand cet esprit infect crache autant de purulentes ignominies, il s'attaque à tes collègues. À tes amis. À ta famille. À des gens que tu voudrais serrer contre ton coeur.
Tout ça n'a rien à voir avec des élections. Parce qu'une campagne électorale ne dure pas. Et malgré la suspension de Champagne par Corus, mardi dernier, ses paroles continueront leur ravage bien après le vote.
On cessera de faire mousser le col. Mais les bulles continueront de surgir.
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DERAPAGES
Tout ça te mène à une réflexion touchant à un tout autre domaine.
C'est étrange. Si de tels propos avaient été soutenus sur un blogue par n'importe quel écervelé assis dans l'anonymat de son salon, les médias auraient sauté sur l'occasion pour salir la réputation de ce médium. Il faut dire que certains médias s'appliquent à faire mauvaise presse aux blogues et aux nouvelles technologies, se gargarisant de chaque dérapage comme s'il s'agissait d'un grand cru.
Or, c'est dans un studio de radio que Champagne a laissé les traces de son dérapage, encouragé depuis des années à faire de tels shows de boucane. On a eu droit aux tribulations de Jeff Fillion jusqu'à plus soif, il n'y a pas si longtemps – Fillion étant originaire de Chicoutimi-Nord, notre image en a aussi été égratignée.
Malgré tout ça, on ne remet pas en question la place de la radio parmi les médias, seulement des individus qui abusent.
Quand tu entends des journalistes et des chroniqueurs déprécier l'univers des blogues et d'Internet, tu ne peux que mettre ça sur le dos de la peur. Peut-être agissent-ils défensivement, craignant de perdre leur chasse gardée dans le paysage médiatique. Parce que le blogue est un outil profondément démocratique, une prise virtuelle sur le réel.
Seuls ceux qui reconnaîtront cet état de fait survivront dans le paysage médiatique des prochaines années.
Oui, il y a des dérapages. Mais n'est-ce pas le lot de toute démocratie? Le plus important, il te semble, c'est de prendre conscience, peu à peu, de tout ce que la technologie peut offrir, particulièrement pour la région.
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VOIR 3REG
Dès cette semaine, nous présentons, sur le blogue Saguenay/Alma: À perte de vue, une nouveauté qui permettra à des artistes d'ici de jouir d'une diffusion nationale. Lors de chaque soirée du mouvement de création sous contrainte, un artisan de la vie culturelle régionale sera invité à nous faire part de son coup de coeur de la soirée. Le vendredi suivant chacun des événements réguliers du collectif de création, nous diffuserons l'oeuvre choisie sur notre blogue. De cette façon, nous verrons qu'Internet offre des possibilités qui vont bien au-delà de l'obscène diffusion de bagarres d'adolescents en crise de testostérone et d'autres dérapages fortement médiatisés.
Ce vendredi, découvrez le coup de coeur de Sébastien Maltais, fer de lance de l'impro musicale dans la région.
Champagne a essayé de suivre les traces de Jeff Fillion pour augmenter ses auditeurs mais cette fois-ci, le propriétaire de la station a vite réagi en le suspendant. Il faut dire que ce n’est pas payant de se faire poursuivre pour des propos désobligeants tenus par ses animateurs. Il y a aussi le maire Gendron qui profitait de sa tribune à la télé pour marteler certaines personnes. Est-ce devenu un fantasme de dire tout ce qui nous passe par la tête quand on est animateur?
Des bulles nous éclaboussent et pas seulement celles d’un « Champagne » derrière un micro. Qui n’a pas entendu, un jour ou l’autre dans son entourage, que les « B.S. » sont des profiteurs du système, les femmes féministes, des frustrées, les fonctionnaires, des pousses-crayon, les militants, des tournes en rond, les immigrés, des voleurs d’emplois, les hommes, des agresseurs en puissance?
Il y a aussi des prêts à penser qui empoisonnent à petites doses, mais sans faire grincer des dents, parce qu’ils interpellent notre orgueil, comme cette phrase qui dit : « Quand tu veux, tu peux. » Est-ce à dire que les personnes exclues du marché du travail ne veulent pas assez ? Un Champagne, un Fillion, etc., peuvent prendre la voie de sortie et nous passerons à un autre appel. Mais que faire d’un(e) ami(e) ou d’un membre de la famille qui dit, avec des mots au goût de miel, mais à l’effet venin : « Tu es homosexuel, mais je t’aime « QUAND MÊME » et je t’accepte MALGRÉ ÇA » ? Que faire d’un agent d’emploi qui dit: « Je vais te placer dans ma banque d’animateux », parce l’artiste n’a pas de case dans son système informatique? J’entends : « Les gais, j’ai pas de problème avec ça, j’ai un ami qui en est un. » Ce n’est pas « Champagne » que je voudrais sabrer, mais ce discours de « collectionneur» d’humains marginalisés, qui veut nous prouver son ouverture à l’autre.
« Il y a des mots qui amusent et ceux qui abusent, comme autant de morsures », dit la chanson de Francine Raymond. Une blague « intellectuelle », même si elle porte le non-respect des différences en sous-texte, fait bidonner l’assemblée sans grande culpabilité. Il y a des mots morsures, comme des tendresses qui blessent. L’attaque est parfois dissimulée dans un gant de velours. Le discours dominant qui divise sournoisement fini par nous atteindre. Je crains la majorité silencieuse qui ne dit mots, mais qui consent et le «politically correct» qui n’emploi pas les mots morsures, mais qui n’en pense pas moins.
Ce qu’il y a de plus consternant dans toute cette histoire, c’est que la station de radio, dans un certain sens, doit presque être heureuse de la tournure des évènements parce que la situation a beaucoup attirer l’attention sur ses ondes. Tout ce que Corus a fait c’est de suspendre l’imbécile qui va reprendre ses fonctions dans pas trop long et en plus les cotes d’écoute seront plus nombreuse juste pour entendre qu’elle niaiserie il prononcera encore.
Mais d’où nous viens donc cette attirance à écouter les gens négatifs et les médias qui dramatise la moindre des nouvelles ?
Voilà, enfin le ballon, pour ne par dire, la grosse baloune est pétée! Pouf! Disparue, comme par magie! Que voulez-vous, c’est la mode de hurler, de beugler, et d’insulter n’importe qui, pour n’importe quoi! Le pire, c’est que cela fonctionne. On peut s’interroger, sur le phénomène? Il faut croire, que les gens préfèrent entendre déblatérer, des imbéciles heureux, question de canaliser les pulsions intestines? Et, c’est ainsi dans chaque région! Dans la Mauricie, nous avons notre (doc) Mailloux, qui ne cesse, de se ridiculiser. Et le pire dans cette histoire, ce sont les malades, qui font une pétition, et peut-être bien une marche symbolique en sa faveur? Allez donc y comprendre, quelque chose? Moi, pas du tout!