Complètement Martel

Une nouvelle institution

Une poignée de vidéastes saguenéens revenaient avec de bien bonnes nouvelles de leur escapade dans la capitale nationale, en début de semaine. Ils s’y étaient rendus pour participer à la 17e édition du festival de courts métrages Vidéaste recherché-e, qui se tient chaque année entre les murs de la coopérative artistique Méduse. Ce concours national propose trois volets aux réalisateurs de la relève, soit le documentaire, la fiction et les images nouvelles.

Selon les responsables, cette année, il y avait une forte représentation du Saguenay-Lac-Saint-Jean parmi les participants. Ceux qui suivent les nouvelles quotidiennes sur notre nouvelle version de www.voir.ca le savent déjà: parmi tous les films présentés – environ 150 ouvres -, trois créations de chez nous se sont démarquées lors des compétitions.

David Guillemette, pour le film Boyle, a reçu le prix du jury dans la catégorie Fiction, raflant du même coup une bourse de 1000 $. Cette courte fiction avait d’ailleurs été sélectionnée aussi au Festival du cinéma international de l’Abitibi-Témiscamingue, et sera projetée dans un autre festival francophone à Munich en février 2008.

Dans la même compétition, le film réalisé par Jean-Marc Roy, Philippe Arsenault et Matthieu Dumont (qu’on connaît comme membre du duo Geneviève et Matthieu), intitulé Étoile filante, s’est attiré quant à lui une mention spéciale du jury. Il avait d’ailleurs eu un traitement semblable au 4e festival du DocuMenteur de l’Abitibi-Témiscamingue. Enfin, on a attribué un prix du public au film This Year for Christmas, dont nous avons déjà parlé dans ces pages et qui n’en est pas à ses premiers honneurs. Cette récompense était aussi assortie d’une enveloppe de 1000 $ pour ses réalisateurs, Ken Allaire et Martin Girard. Le jury lui a également accordé une mention spéciale.

Questionnée quant à la forte participation de notre région au festival, Geneviève Desmeules, directrice administrative de la Bande Vidéo – organisme qui coordonne le festival depuis le tout début – suggérait que c’était en partie lié au développement et à la promotion faite par le biais d’enseignants de niveaux collégial et universitaire de toutes les régions. Or, une variable lui manquait peut-être.

Peu de régions peuvent se vanter de donner autant de place au court métrage. Avec entre autres le Festival Regard sur le court métrage, qui valorise avec ardeur le film court, et des initiatives comme le festival De l’âme à l’écran, qui recueille des participants dans les quatre cégeps du Royaume, la région est devenue un véritable vivier pour jeunes réalisateurs.

Toutefois, ce qui est le plus remarquable, cette fois, c’est que TOUS les participants de la région qui ont reçu des prix ou des mentions spéciales pour leur ouvre présentée à Vidéaste recherché-e ont déjà fait partie – ou sont encore membres – du mouvement de création sous contrainte 3REG. Ça parle tout seul.

C’est une situation qui prouve hors de tout doute l’importance du mouvement auprès des jeunes artistes. Ils peuvent profiter de cette tribune pour mettre à l’épreuve leur talent, expérimenter différentes avenues qui contribuent au développement de leur démarche artistique. Ça ne signifie pas que toutes les ouvres présentées sont nécessairement pertinentes, voire intéressantes – il y a parfois matière à cauchemar. Tous ceux qui passent par 3REG ne deviennent pas des artistes accomplis. Toutefois, en imposant un rythme rigoureux à ses membres – qui doivent obligatoirement remettre des ouvres toutes les deux semaines -, le mouvement démystifie le fait d’exposer une création au jugement d’autrui, permettant aux jeunes talents d’acquérir une certaine confiance en leurs moyens, réduisant peu à peu la peur du refus ou de la critique.

3REG Création soufflera bientôt ses cinq bougies. Ils étaient 11, dès le début, à croire à la pertinence de la création sous contrainte dans l’apprentissage des artistes, ainsi qu’à l’importance de l’expérimentation et de son partage entre pairs. Dix d’entre eux reprendront du service pour une soirée spéciale qui aura lieu le 11 décembre prochain, à l’Opéra – cabaret urbain. Les membres actuels présenteront aussi leurs ouvres créées pour l’occasion.

Le mouvement a beaucoup évolué depuis ses débuts. Si son volet vidéo acquiert déjà une certaine crédibilité, c’est sans doute qu’il s’agit du plus ancien, auquel se sont greffés, avec le temps, des volets sonore, littéraire et, tout récemment, visuel. Pour moi, il est écrit dans le ciel que des artistes ouvrant dans ces autres volets finiront aussi par se démarquer, promouvant 3REG Création au rang d’institution culturelle, plus inébranlable que jamais.