<p>«<em>Heureusement qu’on a réussi à lui fermer les yeux une fois pour toutes.</em> […] <em>Elle est tellement coriace et réfractaire à tout. (silence) Croyez-vous que les vers eux en viendront à bout?</em>»</p>
<p>Ainsi se terminait la première participation d’<strong>Hélène Pednault</strong> à la revue féministe <em>La Vie en rose</em>, en mars 1982. Une courte nouvelle intitulée <em>Médisances</em>, qui dénonçait le regard porté sur les féministes au Québec. (Lisez le texte au bas de ce billet. Source: <a class="" href="http://bibnum2.bnquebec.ca/bna/vierose/" target="_blank">Bibliothèque et archives nationales du Québec</a>.)</p>
<p>L’objet de mon papier, c’est d’abord une femme qui rendait l’âme le 1er décembre, laissant derrière elle les traces de plusieurs luttes. Une Jonquiéroise d’origine qui domptait sa colère. Qui aurait pu venir de n’importe où ailleurs. Qui se serait battue avec la même fougue. Sans doute. On peut le croire. </p>
<p>Que reste-t-il aujourd’hui des luttes féministes? La révolte légitime des suffragettes, les récriminations de celles qui refusaient de se taire devant la violence, les excès, les abus. Que reste-t-il, une fois acquis les droits de parole et de vote, et cette chimérique liberté – que du reste on n’atteint jamais véritablement… </p>
<p>Recousues les dentelles naguère brûlées. Des strings remontés jusque sous les aisselles. Des fillettes séductrices. Des bebelles à guirlande, grimées en agrès filiformes, prêtes à hameçonner, fendant l’air glacé des revues. </p>
<p>Que les femmes aient renoncé à imiter l’homme pour réapprivoiser un peu leur féminité n’est pas une mauvaise chose. À condition qu’elles l’aient fait pour elles-mêmes. Mais est-ce le cas? Suffit de fureter avec quelques X sur le Web pour se rendre compte que beaucoup sont encore soumises à des atrocités innommables. Femmes objets de désir, objets de plaisir. Qu’on prend à souhait, qu’on retourne, qu’on malmène et qu’on abandonne.</p>
<p>Mais jeunette se ferme la gueule. Jeunette apprend à sourire. À faire jouir son chum. À se barbouiller selon les dernières tendances. Bravo, jeunette. </p>
<p>Est-ce que le féminisme mourra avec les baby-boomeuses libérées?</p>
<p><em>****(Modification Jeudi 18h33: Si ces propos vous choquent parce que vous êtes vous-même féministe, je vous invite à visiter le site </em><a href="http://www.jesuisfeministe.com/"><em>www.jesuisfeministe.com</em></a><em>, une initiative qui a vu le jour le 30 octobre dernier et qui donne aux jeunes féministes la possibilité de faire entendre leur voix)</em></p>
<p><strong>BEAUTÉ MÉCANIQUE</strong><br /> <br /><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/EGGagnon.jpg"><img title="Émilie Gilbert-Gagnon. Crédit: Jean-François Caron" style="WIDTH:381px;HEIGHT:246px;" height="246" alt="Émilie Gilbert-Gagnon. Crédit: Jean-François Caron" hspace="10" src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/EGGagnon.jpg" width="381" align="right" border="0" /></a>Dimanche dernier, je me suis laissé convaincre d’aller faire un tour au Petit Théâtre de l’UQAC, où était présenté <em>Beauté mécanique</em>, un spectacle multidisciplinaire mis en scène par <strong>Émilie Gilbert-Gagnon</strong>. Juste avant la représentation, celle qui termine sa maîtrise à l’UQAC était particulièrement radieuse. Il n’est pas anodin de remplir cette salle grâce au bouche à oreille. </p>
<p>Avec son audacieuse proposition, la jeune femme de théâtre mettait en scène l’univers déjanté de l’album <em>Beauté mécanique</em>, de <strong>Plywood ¾</strong> (<strong>Dany Placard</strong> et compagnie). Une étrange tragédie musicale où un homme, blasé de son épouse qui picole autant qu’elle rage, se fabrique une créature sur mesure, une marionnette grandeur nature, qui cristallisera le malheur de leur ménage dans ses reflets métalliques. </p>
<p>Ce que j’en ai retenu? Tellement de couples et de familles se transforment en «cellules de tu-seuls», comme le disait Michel Tremblay. D’anciens amoureux se perdent, chacun dans l’ivresse qu’il aura choisie. Et pourtant, peu importe la béquille qu’on préfère, on accepte une vie de boiteux. </p>
<p>Un homme peut choisir par facilité de se retourner vers une «femme-objet», une virtuelle, une laquée. Toutefois, même s’il arrive à la manipuler à sa convenance, il ne trouvera pas son bonheur. </p>
<p>Surtout, je retiens le souvenir d’un sacré beau moment de théâtre, complet, rythmé et enlevant. Pas parfait. Mais juste assez bien fait pour qu’on espère que Placard ait eu la chance d’assister à cet hommage. Et qu’on souhaite que Manigan<u>S</u>es se soit penché sur cette production. Vivement qu’on diffuse plus largement ce bijou. Même si la manipulation de cette beauté mécanique n’était pas toujours aussi souple qu’il aurait été souhaitable. La proposition mérite qu’on lui donne une chance de se parfaire, et surtout, de s’offrir encore, séduisante et chasseresse, à qui voudra bien d’elle.</p>
<p><strong>ÉLECTIONS<br /></strong> <br />Dans un tout autre ordre d’idées – quoique… Ça sent le gouvernement majoritaire aux élections provinciales. Et je ne mettrais pas ma main au feu sur la personne qui se retrouvera à la tête du Parlement. Peut-être la première femme à jouer ce rôle?</p>
<p>Contrairement à mes habitudes, j’ai dû aller voter par anticipation, le 30 novembre. Lorsque j’ai tracé mon X, un nombre record d’électeurs étaient déjà passés, dixit le type qui m’a accueilli à l’entrée. Et le directeur général des élections annonçait mardi que le taux de participation était déjà de 10,95 %, près de 1 % de plus que pour les précédentes élections. (voyez le <a class="" href="http://www.monvote.qc.ca/fr/messages/taux_participation_bva.asp" target="_blank">détail du taux de participation par région</a> au vote par anticipation)</p>
<p>Pour voter avec une semaine d’avance, il ne faut avoir absolument aucun doute quant à son choix. Et alors que la population semble blasée au possible, une telle participation pourrait être soutenue par la colère… Ajoutez ce qui semble admis par à peu près tous les analystes politiques, soit qu’un fort taux de participation défavorise le Parti libéral…</p>
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<p><u><strong>Médisances</strong></u><br /></p>
<p><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/pednault1.bmp"></a></p>
<p><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/pednault1petit.jpg"><img src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/pednault1petit.jpg" border="0" alt="" /></a><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/pednault2.bmp"></a></p>
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<p><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/pednault2petit.jpg"><img src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/pednault2petit.jpg" border="0" alt="" /></a></p>
<p>Lisez aussi un <a class="" href="http://www.voir.ca/blogs/tristan_malavoy-racine/archive/2008/12/02/h-233-l-232-ne-pedneault-1952-2008.aspx" target="_blank">billet de Tristan Malavoy Racine</a> traitant du décès d'Hélène Pednault.</p>
La femme-objet, Beauté mécanique, élections
Jean-François Caron
Oui, l’Internet, c’est la porno. Oui, l’hypersexualisation, c’est un fléau. Mais c’est vraiment de la généralisation abusive de dire que « jeunette se ferme la gueule » et qu’elle « apprend à faire jouir son chum. » C’est un peu insultant, non? On est pas toutes sur le modèle magazine Glamour… mais c’est sûr qu’on les voit un peu plus celles-là, elles sont plus « flamboyantes ».
Des jeunes femmes inspirantes qui ont quelque chose à dire, y’en a partout.
Des jeunes féministes qui poursuivent les luttes, y’en a moins, mais ça existe: http://www.jesuisfeministe.com
@ Marianne Prairie
Insultant? Ce le serait sans doute si vous parliez à un macho de la pire espèce. Or, je crois pouvoir revendiquer le titre de « meilleur ami des féministes ». De ma naissance à aujourd’hui, les femmes ont toujours joué un rôle primordial dans ma vie (croyez m’en sur parole), si bien que je suis, si cela est possible, plus féministe moi-même que plusieurs femmes – pour ne pas dire la plus grande majorité des femmes qui m’entourent. Plusieurs n’ont même aucune idée des luttes de leurs consoeurs plus âgées. Et c’est désolant.
Vous trouvez sincèrement que je verse dans la généralisation? Peut-être cela vient-il du fait que j’ai enseigné au secondaire, et que j’ai étiré longtemps mes études universitaires. Ce qui m’aura fait côtoyer de drôles de jeunettes. Mais vu votre précieuse participation au projet http://www.jesuisfeministe.com (une initiative qui me rassure énormément, merci de me l’avoir fait connaître), vous serez sans doute en mesure de me renseigner: la femme d’aujourd’hui est-elle généralement féministe, voire libérée? Pour ma part, je crois que ce serait aussi une généralisation indue. Car autrement, votre projet n’aurait pas eu d’utilité.
Tout ceci dit, j’espère que vous aurez compris, comme les autres femmes qui se seront risquées à lire ma chronique malgré son titre rébarbatif, que c’est la déception qui m’aura fait écrire de la sorte. Et que de tout coeur j’encourage les jeunes femmes non seulement à prendre la parole, mais à s’imposer.
Les luttes ne sont pas terminées. Ceux (ou CELLES) qui colporteraient le discours contraire chercheraient à vous endormir, mesdames.
Généralement, quand l’année se brise au récif de décembre, il me vient un désir fou d’en finir avec elle