<p>Il fait encore froid. Pourtant, le soleil est aveuglant sur une neige qui refuse de fondre. Je suis glacé rien qu’à l’idée de sortir de la maison. Et je me prends à rêver d’un peu plus de tiédeur. De gadoue, de frissons, de verres fumés, de terrasses et d’ivresse. De bras nus aussi. De veste entrouverte. Et bientôt de cuisses blanches…</p>
<p>On voudrait bien que ça sente le printemps, alors on l’invoque à tous vents. Comme si son retour pouvait changer quelque chose. </p>
<p>Non, cette chronique ne fera pas le printemps. Comme le plus souvent, elle n’aura pour effet que de rassembler quelques mots qui prouveront mon impuissance.</p>
<p>J’aimerais bien changer le monde chaque semaine, tiens. Quand je me lève le mardi matin (jour de tombée de ma chronique), j’ai l’esprit qui s’égare, comme un chien fou qui fouille la neige du museau. Je ne suis pas encore sorti de la gaine douillette de mon lit, le nez dans la chaleur de nos oreillers écrasés où nos cheveux s’entremêlent, que déjà le travail est entamé: je me fouette en silence, l’air égaré, en fixant le néant qui a survécu à mon sommeil. </p>
<p>C’est parce que je ne regarde pas vraiment devant moi, je plonge par en dedans. Pour voir comment mes désirs pourront se gonfler sous la caresse des quelques faits culturels qui ont fait la manchette au cours des derniers jours.</p>
<p>J’aimerais bien changer le monde à chaque chronique. Alors chaque fois je suis déçu. Parce que je ne réussis pas à trouver mieux. Et parce que malgré tout le pouvoir qu’on accorde aux mots, le monde semble immuable. </p>
<p>Ce n’est pas ma chronique qui fera le printemps. Mais il marchera bientôt sur Saguenay, avec ses grosses bottes d’enfant qui se traîne les pieds. On l’entend venir avec une irrépressible excitation. C’est comme de voir un fils qui rentre de l’école, qu’on a hâte de serrer dans ses bras, qu’on a envie de voir jouer, qui fait chaque fois notre bonheur.</p>
<p>Les signes ne mentent pas. Ce doit être écrit dans le ciel. Avec cette encre nébuleuse que savent lire les poètes et les artistes.<br /> <br /><strong>CROISER NOTRE REGARD</strong><br /> <br />Dans peu de temps, nous serons des centaines à courir d’une salle à l’autre pour visionner les films présentés dans le cadre de Regard sur le court métrage au Saguenay. À trouver auprès des autres festivaliers cette chaleur qui nous fait défaut quand on ne voit encore que les franges de l’hiver en regardant l’horizon… </p>
<p>Parce qu’au-delà des 160 films qui seront projetés au cours des 20 programmes compétitifs ou spéciaux du festival, Regard est reconnu pour son ambiance, et pour ses activités qui favorisent les rencontres. Parmi celles-ci, l’écran de neige, où on présentera entre autres un Kino Kabaret pour souligner le 10e anniversaire du mouvement international Kino. Et le cabaret de l’Hôtel Chicoutimi, étirant les nuits de ces festivaliers qui voudront bien se laisser porter par les rythmes de DJ triés sur le tas, mais aussi par la formation The National Parcs, invitée à se commettre le 12 mars… À cela s’ajoutent les forums et ateliers, et toutes ces rencontres fortuites, imprévisibles, qui font un véritable succès d’un tel événement. </p>
<p>Peut-être nous croiserons-nous entre deux projections. Dites-moi bonjour.<br /> <br /><strong>VOLTIGES JAZZ</strong><br /> <br />Alors qu’on en aura eu plein la vue avec Regard, on pourra s’en mettre ensuite plein les oreilles. Comme le veut la tradition, une hirondelle viendra faire ses loopings impressionnants à Saguenay, exécutant ses voltiges jazz (dites ça à voix haute, pour voir) avec cette finesse grisante qui a fait sa renommée. C’est le Festival Jazz & Blues de Saguenay qui, comme chaque année, titillera un printemps chargé de promesses. </p>
<p>Parmi les 24 artistes invités, on pourra entendre entre autres Harry Manx, Bïa, Emilie-Claire Barlow, Papagroove, Jim Zeller et Carl Tremblay… Investissant les scènes de Saguenay, mais aussi les salles à manger de plusieurs restaurants partenaires, le Festival Jazz & Blues a un pouvoir certain sur la vie du centre-ville. Il est un électrochoc, le faisant revivre, lui insufflant une énergie qui alimente ses artères, préparant les semaines à venir. </p>
<p>Enfin, c’est vrai, le printemps sera là, et il chantera le jazz.<br /> <br /><strong>SE RETROUVER</strong><br /> <br />Non, une chronique ne change pas le monde. Elle est un texte parfois trompeur, le plus souvent spécieux, qui ne sait rien faire, sinon peut-être divertir. Elle ne fait pas le printemps non plus, mais elle peut témoigner de ce qui nous fait aimer cette saison. Du parfum caractéristique de la terre qui mollit en s’imbibant de l’eau de fonte jusqu’aux activités qui nous permettent de sortir enfin de la maison. </p>
<p>Pour se retrouver. <br /></p>
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<p><br />Regard sur le court métrage au Saguenay<br />Du 11 au 15 mars<br />Programmation disponible sur <a href="http://www.caravane.tv/">www.caravane.tv</a><br /> <br />Festival Jazz & Blues de Saguenay<br />Du 24 au 29 mars<br />Programmation disponible sur <a href="http://www.jazzetblues.com/">www.jazzetblues.com</a></p>
Une chronique ne fait pas le printemps
Jean-François Caron