<p>On peut dire qu’il en a, du front. Et avant même qu’il ne prenne la parole, il était déjà bouillant de cette fièvre qui le suit depuis sa jeunesse. Pour une vétille, cette fois. Il se maudissait d’avoir fait attendre les gens venus à sa rencontre à cause d’un projecteur récalcitrant qui refusait de coopérer pour le bon déroulement de sa conférence. </p>
<p>C’était le 20 mars, au Centre national d’exposition. Plusieurs têtes blanches, pas que la sienne. Et une poignée de jeunes gens impressionnés. Malgré l’âge, l’expérience, et la reconnaissance qu’on lui accorde, Armand Vaillancourt est d’une simplicité remarquable. Il refuse net d’être lui-même un monument, de se positionner comme une statue, sur son socle jouquée. Sans doute est-ce pour cette raison qu’il donnait la parole à qui la voulait bien, invitant au micro les gens de la salle dans une anarchie qui aurait pu surprendre ceux qui ne connaissaient pas le personnage. C’était sans doute pour lui le meilleur moyen de se déboulonner du piédestal où l’on installe si rapidement ceux qu’on admire.</p>
<p>Effacé dans la pénombre de la pièce assombrie pour la projection de ses diapositives, il replaçait à l’occasion sa tignasse blanche sans calmer son discours. Ses 79 ans n’enlevaient rien à sa verve et à son charisme. En réécoutant l’enregistrement de ces précieux moments – presque deux heures d’une prestation parfois proche d’un one man show –, il me revient les mêmes irrépressibles sourires. </p>
<p>Comment faire le survol d’une vie d’engagement, d’une existence consacrée à dénoncer les injustices? Vaillancourt aura déjà fait un tri serré parmi les moments les plus marquants de son expérience, relatant au passage ses rencontres avec quelques grands, dont Bono (U2), Michel Chartrand, Raymond Lévesque. Celui qui m’aura le plus ému, ce sera bien sûr Félix Leclerc. Sur l’image projetée, les cheveux en bataille, le poète laissait Vaillancourt tracer le contour de ses avant-bras et de ses mains en signe de soutien aux peuples opprimés.</p>
<p>Puisqu’il faut bien faire le bilan d’une telle rencontre, ne serait-ce que pour mieux s’en souvenir, citons Armand Vaillacourt à propos des sujets de l’heure.<br /> <br /><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/vaillancourt.jpg"><img style="WIDTH:284px;HEIGHT:206px;" height="259" hspace="8" src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/vaillancourt.jpg" width="284" align="right" border="0" alt="" /></a>LA GUERRE<br /> <br />Alors que la guerre aux talibans fait la manchette, que les soldats canadiens sont la risée de nos voisins du Sud, et que plus que jamais les Québécois sont divisés quant à la participation de nos soldats en Afghanistan, Vaillancourt demeure très nuancé dans ses propos: «Les guerres ne sont pas toujours nobles. Les guerres de libération, oui, elles le sont. Mais les guerres de capitalisme, d’impérialisme, et les dictatures, non.» <br /> <br />QUÉBEC LIBRE!<br /> <br />Avec des œuvres intitulées Je me souviens (Toronto) et Québec libre! (San Francisco), les convictions politiques de Vaillancourt quant à l’accession éventuelle du Québec au rang de pays n’ont jamais été secrètes. «Il n’y a pas de mal à être fédéraliste. Ni à être indépendantiste. Mais moi je pense que le pays devra se faire. Et on ne va pas quémander notre liberté.»<br /> <br />ART PUBLIC<br /> <br />La veuve de Jordi Bonet aurait récemment remercié Vaillancourt d’avoir pris la défense de la murale du Grand Théâtre de Québec, où le muraliste avait écrit la célèbre (et controversée) phrase du poète Claude Péloquin «Vous êtes pas écœurés de mourir bande de caves? C’est assez!» Devant cette reconnaissance, il aurait simplement répondu: «Quand une œuvre est publique, c’est au public de la défendre. Ça ne vous appartient plus, ça appartient au public.» Sa voix valait n’importe laquelle de celles qui s’élevaient contre la censure.<br /> <br />POLITIQUE AMÉRICAINE<br /> <br />Celui qui a profité de sa jeunesse pour voyager, traversant «10 000 milles, pas des kilomètres, des milles, à travers les États-Unis et le Canada», a souvent profité de ses vagabondages pour rencontrer des opprimés, prendre la parole à leurs côtés. Il a entre autres embrassé la cause de la libération des Noirs à plusieurs reprises. «Ils en ont bavé un coup!» lancera-t-il, comme s’il devait encore convaincre quelqu’un. Aussi, sans s’emballer, il voit d’un bon œil l’élection d’un premier président américain de couleur. «Barack Obama, c’est fantastique qu’il soit là en ce moment. Mais il ramasse toute la merde de la famille Bush, et de Reagan, et de toute cette gang qui a passé là avant lui…»<br /> <br />LIBERTÉ<br /> <br />Alors que son travail porte depuis toujours un discours pour l’affranchissement des peuples opprimés, la question de la liberté affleure toujours dans les paroles de Vaillancourt. «Je comprends l’oppression d’un peuple, mais moi, quand ça ne marche pas quelque part, je casse tout. Je ne me suis jamais laissé intimider par le pouvoir. C’est sûr que je n’ai jamais de contrat avec eux autres. Mais c’est le prix à payer pour la liberté.» Une liberté qui lui aura coûté cher, sans doute.<br /> <br />En près de deux heures, Vaillancourt aura pris position sur à peu près tous les sujets chauds. Sans chercher chamaille, sans détour, et sans compromis, il aura dit ce qu’il avait à dire. </p>
<p>En l’entendant, je repensais à tous ces artistes qui se vantent d’être engagés après avoir été porte-parole pendant trois semaines d’un organisme obscur pour la protection de la rivière Gadoue-Sainte-Bouette, comme par hasard au moment du lancement de leur album, ou juste avant la première de leur film. </p>
<p>De quoi me foutre les blues… </p>
Les fronts d’Armand Vaillancourt
Jean-François Caron
Quand je suis passé au CNE hier après-midi, deux groupes scolaires faisaient la visite de l'exposition
Petit rappel des expositions qui peuvent être visitées au CNE actuellement: Bruno Santerre ( D ans la