Complètement Martel

Je me iPod touch, 1re partie

<p>Quand je l’ai vu, je jure que j’ai entendu chanter des anges. Un projecteur s’est allumé soudainement pour l’éclairer et jeter le monde entier dans une atmosphère de clair-obscur. Cependant que je me retrouvais fébrile et désemparé devant la chose, les joues en feu, au bord de l’apoplexie. Afflux de sang au cortex: ça y est, j’achète.</p>
<p>Clarifions vite les choses, avant qu’on ne m’accole toutes sortes d’épithètes disgracieuses et imméritées. Je ne suis pas un consommateur qui tend à assouvir toutes ses compulsions. Pour moi, le désir est aussi savoureux que la satisfaction – sinon plus, dans bien des cas (c’est comme d’attendre le prochain album de Pierre Lapointe pour finalement se dire: «C’est ça? J’imagine que je vais m’y faire, comme la dernière fois…»)</p>
<p>En fait, le moindre achat me demande d’être mûri longuement, pesé et soupesé, si bien que je passe plutôt pour cheap que dépensier. Z’en parlerez à ma mie, qui doit user de tous les arguments pour me convaincre du plus petit excès. </p>
<p>Il ne faudrait donc pas croire que c’est sous le coup de l’émotion que j’ai acquis mon nouveau iPod touch. J’y pensais depuis longtemps, en fait. Je me suis d’ailleurs informé à gauche et à droite (j’ai des amis de toutes les allégeances politiques) et j’ai fini par me dire que ça en valait peut-être le «coût». </p>
<p>Alors je me suis retrouvé face à face avec l’animal; nous nous sommes envisagés, jaugés, caressés… Et je l’ai adopté. Oui, bon. Pour les anges, on repassera. J’ai fini par me rendre compte que c’était un air prémâché d’une radio rock matante. Mais comme le disait Montaigne, «<em>une forte imagination produit l’événement. Je suis de ceux qui ressentent fortement les effets de l’imagination</em>».<br /> <br /><strong>EN MAIN</strong><br /> <br />Soyons critiques. C’est un bien bel objet que le iPod touch, comme à peu près tout ce que fait Apple. Grâce à la simplicité de son écran tactile, à l’aspect épuré de ses lignes minimalistes, on devient rapidement expert en manipulation dudit appareil. Mon fils d’un an et demi a rapidement compris comment faire défiler les photos, voire les agrandir. C’est vous dire que c’est à la portée de tous. Il suffit de toucher et on va droit au but, en un tournemain. La vie serait bien plus simple si elle était une application du touch.</p>
<p>Mais au-delà des premières caresses, fouillons un peu. <br /> <br /><strong>LIRE</strong><br /> <br /><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/iPod%20touch%20014.jpg"></a><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/iPod%20touch%20014.jpg"><img style="WIDTH:304px;HEIGHT:458px;" height="458" hspace="9" src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/iPod%20touch%20014.jpg" width="304" align="right" border="0" alt="" /></a>Ayant fait récemment <a class="" href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/archive/2009/02/25/l-avenir-du-livre.aspx" target="_blank">une chronique sur le livre électronique</a>, l’une de mes premières expérimentations aura été de «feuilleter» un bouquin virtuel. Pour y arriver, il faut d’abord télécharger l’application (heureusement gratuite) <em>Stanza</em>. Contre toute attente, l’expérience est plutôt concluante. On ne perd jamais sa page, ça tient mieux en main que certains livres, et on peut augmenter la taille de la police, changer sa couleur et celle du fond d’écran, ou diminuer l’intensité de la lumière émise par le moniteur LCD, tout ça pour se ménager les yeux. Rien à voir sans doute avec les livrels, mais vu les autres caractéristiques de l’appareil, ça reste intéressant. </p>
<p>Lire couché, par contre, n’est pas une sinécure, surtout pour le néophyte. En effet, le touch étant sensible à sa position verticale ou horizontale, on se bat avec l’appareil pour réussir à mettre la page dans le bon sens… Jusqu’à ce qu’on découvre qu’une fonction de Stanza permet de bloquer la disposition du livre. On peut ainsi s’adonner à son plaisir coupable sur l’oreiller, au prix peut-être d’avoir un œil qui louche d’ici quelques années. De plus, comme la lumière vient de l’écran, pas de lampe qui dérange sa compagne. On lira donc Ainsi parlait Zarathoustra tout en sentant le corps chaud de son amoureuse contre son dos. C’est ce qu’on appelle un avantage collatéral. Et le rétroéclairage est idéal pour ceux qui ont tendance à s’endormir avant la fin de leur chapitre.</p>
<p>Il y a un os, toutefois, et tout un. C’est de ne pas pouvoir écrire dans les marges, et de ne pas avoir les numéros de page pour retourner à des passages particulièrement jubilatoires après sa lecture. Au mieux, on sort de l’application pour utiliser le carnet de notes intégré au iPod, qui permet – grâce à Dieu – de s’envoyer toutes les infos transcrites par courriel. Laborieux. Sans doute est-il préférable, donc, de lire sur votre touch quelque fiction pas trop casse-tête plutôt qu’une dérape de Nietzsche…<br /> <br /><strong>ÉCRIRE</strong><br /> <br />Si vous êtes du genre à taper à un seul doigt sur les touches de votre vieux portable, l’adaptation ne sera pas trop ardue en passant à l’écran de votre iPod touch. Toutefois, ceux qui maîtrisent le clavier à pleines mains verront leur vitesse grandement diminuée sur le petit appareil (le QWERTY au complet est réduit à 3 x 5 cm). De plus, gare aux ongles longs, mesdames: il faut savoir viser.</p>
<p>S’il y a une chose qui me pue au nez par-dessus tout, c’est quand une machine se pense plus intelligente que moi. Et c’est trop souvent le cas du touch, qui a cette manie de toujours corriger ce qu’on écrit sans comprendre les intentions qui se cachent derrière les mots. Par exemple, une correspondante à qui j’écrivais que j’aime bien faire du hiking au Parc national des Monts-Valin m’aura sans doute trouvé un peu maboul lorsqu’elle aura lu que «<em>j’aime bien faire du Viking au Parc national des Monts-Valin</em>». J’ai déjà démembré un grille-pain pour moins que ça.<br /> <br />À suivre la semaine prochaine: écouter, visionner, surfer et jouer avec le iPod touch. Tout sur cet objet qu’on caresse et qui n’est pas un dildo.<br /></p>