<p>Une fesse d’agneau suait son gras sur le charcoal tandis que je trempais la lèvre dans une coupe de rouge bien sec. La grillade sentait la moutarde et les herbes, et je n’étais pas loin de cette extase qui précède les meilleurs repas. Un de ces instants qui vous obligent à penser «ça y est, je suis condamné au bonheur». Ça m’arrive à l’occasion. Je vous le souhaite aussi.<br /><br />C’est alors qu’est venue s’ajouter à tout ça une belle rencontre, de celles qui sont fortuites, comme je les aime. C’est Sébastien Harvey, directeur du centre Espace Virtuel, qui débarquait dans la cour alors qu’il allait rendre visite à mon voisin. Quelques jours avant de recommencer le boulot, il m’a fait la fleur de me parler des artistes dont le travail sera présenté en début de saison – d’abord Virginie Laganière, puis Pierre Durette, <a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/archive/2009/08/03/pierre-durette-un-vase-communicant.aspx" target="_blank">dont j’ai déjà parlé un peu sur le blogue Pop culture Saguenay</a>. <br /><br />Bonne nouvelle pour le centre d’artistes Espace Virtuel, il profitera d’une grosse équipe cette année alors que quatre personnes, dont trois seront employées à temps plein grâce au programme de subvention salariale. Une bonne chose, c’est certain.<br /><br />En même temps, cette question de la subvention salariale me turlupine depuis longtemps. Je sais que plusieurs organismes en profitent, pas seulement dans le milieu de la culture. Or, il me semble qu’il devrait s’agir d’une mesure d’urgence, pas d’une habitude. Certains organismes comptent presque exclusivement là-dessus pour embaucher… <br /><br />Je ne dis pas que le programme de subvention devrait être aboli. Je n’ai pas l’étoffe d’un animateur de Radio X – et ce n’est pas qu’une question de vocabulaire. (Ça y est, je vais me faire traiter de gauchiste en ondes…) La subvention salariale, c’est excellent pour les p’tits jeunes, qui se font une expérience remarquable grâce à ce programme. Une poignée d’entre eux réussiront ensuite à se trouver un emploi intéressant dans leur domaine. Le problème, ce n’est pas l’outil, c’est la façon dont certains l’utilisent.<br /><br />Par exemple, je ne comprends pas qu’un organisme hyper subventionné n’embauche depuis des années qu’au seul moyen de cette subvention. Je pense entre autres au centre d’art contemporain Séquence, qui se trouve parmi les plus subventionnés au Québec – le Conseil des arts et des lettres du Québec lui a octroyé 100 000 $ pour son fonctionnement en 2008, soit la huitième subvention en importance offerte à un centre d’artistes québécois (la moyenne des sommes offertes pour le fonctionnement des centres était de 80 000 $). Étrange, tout de même, que l’admissibilité au programme de subvention salariale soit un préalable pour y travailler.<br /><br />Je ne fais pas là de grande révélation. Dans le milieu, c’est un secret de polichinelle. Mais personne ne bougonne assez fort pour que ça change, on dirait bien. <br /><br />D’autres organismes dans les secteurs culturel et communautaire, sont accros à cette béquille. Et il n’est pas facile de se débarrasser d’une telle dépendance: on peut boiter longtemps si on arrive à s’en débarrasser.<br /><br /><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/Janine.jpg"><img src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_saguenay/Janine.jpg" title="Tous droits réservés: Janine Fortin" alt="Tous droits réservés: Janine Fortin" align="left" border="0" height="351" hspace="9" width="275" /></a>Je le répète: je ne dénonce pas la subvention. Mais je déplore que des employeurs aient systématisé ce recours. Pourtant, l’un des critères pour l’admissibilité à cette aide gouvernementale est justement que l’employeur doit pouvoir fournir un emploi DURABLE au subventionné… C’est vrai qu’aujourd’hui, ce mot n’a plus aucun sens. On l’aura trop galvaudé pour parler d’économie et de développement «durable»…<br /><br /><b>Des œuvres dans Pop culture</b><br /><br />Quand je suis tombé sur les œuvres de Janine Fortin, cette semaine, j’avais déjà choisi le titre de ma chronique. J’ai trouvé que la coïncidence était particulièrement amusante, alors j’ai proposé à l’artiste de publier l’une de ses œuvres avec mon texte. <br /><br />Ça faisait un bout de temps que je cherchais un moyen de me réinventer, quelque chose de stimulant qui pourrait me servir de contrainte d’écriture. J’aime beaucoup l’idée de profiter de cet espace pour diffuser des œuvres. J’invite donc les artistes à me faire parvenir leur dossier visuel (environ une quinzaine d’œuvres pour moins de 3 Mo) par courriel ([email protected]) avec leurs coordonnées (téléphone, courriel et site Internet). Les participants devront être originaires de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean ou y vivre actuellement. Bien sûr, avant la publication de chaque œuvre, je contacterai l’artiste. Et évidemment, les créateurs ne seront pas associés à mes propos…<br /><br /><b>Janine Fortin</b><br /><br />Originaire de Jonquière, Janine Fortin est actuellement inscrite à la maîtrise en arts à l’Université du Québec à Chicoutimi. Sa recherche traite du rapport entre le corps et le son – elle fait d’ailleurs partie de la formation de musique actuelle La Preuve par l’absurde, fondée par Carol Dallaire et Denis Bouchard. Le groupe jouera en octobre prochain dans le cadre du festival Art nomade. De plus, Janine Fortin collabore à la pièce Dragage, qu’on pourra voir lors de l’Entre-deux ManiganSes, les 11 et 12 septembre prochain.</p>
Le 4 juin dernier, je faisais parvenir à Lyne L’Italien, Carl Gaudreault, membres du C.A. du Conseil régionale de la culture (CRC) Saguenay-Lac-Saint-Jean (SLSJ), à Joël Martel du VOIR SLSJ et probablement à vous monsieur Caron, une longue lettre portant sur l’utilisation des programmes d’employabilités (PE) en milieu culturel et communautaire. Je pensais que ça resterait lettre morte.
Je me disais que le sujet était trop pointu pour intéresser le lecteur du VOIR et que c’était trop confrontant pour le milieu des arts et de la culture. Dénoncer une situation sans proposer des alternatives, pouvait attirer certaines flèches. Il peut devenir très délicat d’interpeller les organismes qui bénéficient des « PE », pour des postes clés, si d’un autre côté, le financement au fonctionnement est insuffisant, pour la majorité des organismes. Monsieur Caron, vous ne faites pas la chasse aux sorcières en traitant de ce sujet qui concerne celui des subventions salariales (SS), mais pourquoi ne parler que de Galerie Séquence ? Les organismes sont nombreux à offrir des postes d’agent (e) de développement, d’adjoint (e) administrative ou d’agent(e) à la direction, à partir du programme « SS ». La majorité des organismes reçoivent des subventions soit pour leur fonctionnement ou par projets. L’idée n’est pas de dire qu’un organisme a assez de subventions au fonctionnement, comparativement à un autre qui en a moins, pour justifier qu’il peut bénéficier ou pas de la « SS ». Il faut dénoncer le fait que le roulement de personnel fragilise le fonctionnement des organises et que la solution d’utiliser les « PE », n’est pas une solution souhaitable à moyen et long terme, pour le développement des arts et de la culture.
J’ai eu accès au programme de « SS »et ce à plus d’une reprise, depuis que je suis sur le marché de l’emploi ( plus de 25 ans). C’était souvent la seule porte d’entrée pour obtenir un poste intéressant dans le milieu culturel ou communautaire. Mais après la fin du contrat, le poste ne devenait pas permanent, comme cela aurait du être, selon les exigences d’Emploi Québec. Je me suis donc retrouvé en situation de chômage plus d’une fois, avec des prestations coupées, pour avoir été trop souvent en chômage. J’étais aux yeux du gouvernement fédéral, une chômeuse fréquente, mais comment faire autrement dans ce type de manège qui entretien malheureusement la précarité et la porte tournante d’une partie du personnel des organismes sans but lucratif?
J’ai démarré une entreprise de services artistiques (TooKom), pour constater que les «SS » était un « concurrent indirect ». Si un organisme ne peut pas assurer de postes permanents, entre autre pour le développement de projets et pour la recherche et les demandes de financement, est-ce qu’il fera appel à mes services, s’il n’a pas à débourser d’argent, en pouvant bénéficier des « PE », dont les subventions salariales ? J’en doute fortement…
Et pensez-vous que le gouvernement augmentera ses subventions, en voyant que les organismes peuvent profiter de ressources humaines gratuites ? D’un ministère à l’autre, on se fait compétition à ce niveau ou du moins, il y a incohérence entre le discours et les actions. Les « PE » sont peut-être souhaitables pour les personnes qui ont besoins de ce type d’initiative pour leur parcours d’insertion à l’emploi, mais pas pour servir le « cheap labor » et la précarité d’emploi dans les organismes à but non lucratif (OSBL).
Le gouvernement au niveau de son discours et des ses plans d’action, veut améliorer les conditions de travail des artistes et des travailleurs culturels, mais les « PE » utilisés à outrance, qui permettent indirectement de consolider des emplois clés ou pour compenser un manque à gagner, ne vont pas dans ce sens.
Est-ce que le Conseil régional de la culture (CRC) qui entre autre, représente le milieu culturel au plan politique, a une opinion et des recommandations à faire à ce sujet ? À moins de faire erreur, je crois que le CRC reçoit un financement substantiel de la part d’Emploi Québec, pour offrir une programmation annuelle de formation spécialisée à son réseau. Délicat peut-être pour le CRC, de confronter ce ministère au niveau des programmes d’employabilités offerts presque automatiquement, de six mois en six mois, aux OSBL qu’il représente. D’autant plus que le CRC dans sa forme de gestion démocratique, est représenté par des artistes, mais aussi par des représentants d’OSBL qui pour certains, profitent des programmes d’employabilités. Pas évident de mordre la main qui nourrit et encore moins de faire de la politique sans y perdre quelques plumes. J’ai payé cher pour le savoir.
Je vous lève bien haut mon chapeau monsieur Caron, d’avoir osé aborder ce sujet délicat des programmes d’employabilité. Les dés sont jetés et je souhaite grandement que beaucoup de commentaires à ce sujet se fassent sur votre blogue VOIR, de la part du milieu culturel et de leurs représentants.
Carole Girard
Le 4 juin dernier, je faisais parvenir à Lyne L’Italien, Carl Gaudreault, membres du C.A. du Conseil régionale de la culture (CRC) Saguenay-Lac-Saint-Jean (SLSJ), à Joël Martel du VOIR SLSJ et probablement à vous monsieur Caron, une longue lettre portant sur l’utilisation des programmes d’employabilités (PE) en milieu culturel et communautaire. Je pensais que ça resterait lettre morte.
Je me disais que le sujet était trop pointu pour intéresser le lecteur du VOIR et que c’était trop confrontant pour le milieu des arts et de la culture. Dénoncer une situation sans proposer des alternatives, pouvait attirer certaines flèches. Il peut devenir très délicat d’interpeller les organismes qui bénéficient des « PE », pour des postes clés, si d’un autre côté, le financement au fonctionnement est insuffisant, pour la majorité des organismes. Monsieur Caron, vous ne faites pas la chasse aux sorcières en traitant de ce sujet qui concerne celui des subventions salariales (SS), mais pourquoi ne parler que de Galerie Séquence ? Les organismes sont nombreux à offrir des postes d’agent (e) de développement, d’adjoint (e) administrative ou d’agent(e) à la direction, à partir du programme « SS ». La majorité des organismes reçoivent des subventions soit pour leur fonctionnement ou par projets. L’idée n’est pas de dire qu’un organisme a assez de subventions au fonctionnement, comparativement à un autre qui en a moins, pour justifier qu’il peut bénéficier ou pas de la « SS ». Il faut dénoncer le fait que le roulement de personnel fragilise le fonctionnement des organises et que la solution d’utiliser les « PE », n’est pas une solution souhaitable à moyen et long terme, pour le développement des arts et de la culture.
J’ai eu accès au programme de « SS »et ce à plus d’une reprise, depuis que je suis sur le marché de l’emploi ( plus de 25 ans). C’était souvent la seule porte d’entrée pour obtenir un poste intéressant dans le milieu culturel ou communautaire. Mais après la fin du contrat, le poste ne devenait pas permanent, comme cela aurait du être, selon les exigences d’Emploi Québec. Je me suis donc retrouvé en situation de chômage plus d’une fois, avec des prestations coupées, pour avoir été trop souvent en chômage. J’étais aux yeux du gouvernement fédéral, une chômeuse fréquente, mais comment faire autrement dans ce type de manège qui entretien malheureusement la précarité et la porte tournante d’une partie du personnel des organismes sans but lucratif?
J’ai démarré une entreprise de services artistiques (TooKom), pour constater que les «SS » était un « concurrent indirect ». Si un organisme ne peut pas assurer de postes permanents, entre autre pour le développement de projets et pour la recherche et les demandes de financement, est-ce qu’il fera appel à mes services, s’il n’a pas à débourser d’argent, en pouvant bénéficier des « PE », dont les subventions salariales ? J’en doute fortement…
Et pensez-vous que le gouvernement augmentera ses subventions, en voyant que les organismes peuvent profiter de ressources humaines gratuites ? D’un ministère à l’autre, on se fait compétition à ce niveau ou du moins, il y a incohérence entre le discours et les actions. Les « PE » sont peut-être souhaitables pour les personnes qui ont besoins de ce type d’initiative pour leur parcours d’insertion à l’emploi, mais pas pour servir le « cheap labor » et la précarité d’emploi dans les organismes à but non lucratif (OSBL).
Le gouvernement au niveau de son discours et des ses plans d’action, veut améliorer les conditions de travail des artistes et des travailleurs culturels, mais les « PE » utilisés à outrance, qui permettent indirectement de consolider des emplois clés ou pour compenser un manque à gagner, ne vont pas dans ce sens.
Est-ce que le Conseil régional de la culture (CRC) qui entre autre, représente le milieu culturel au plan politique, a une opinion et des recommandations à faire à ce sujet ? À moins de faire erreur, je crois que le CRC reçoit un financement substantiel de la part d’Emploi Québec, pour offrir une programmation annuelle de formation spécialisée à son réseau. Délicat peut-être pour le CRC, de confronter ce ministère au niveau des programmes d’employabilités offerts presque automatiquement, de six mois en six mois, aux OSBL qu’il représente. D’autant plus que le CRC dans sa forme de gestion démocratique, est représenté par des artistes, mais aussi par des représentants d’OSBL qui pour certains, profitent des programmes d’employabilités. Pas évident de mordre la main qui nourrit et encore moins de faire de la politique sans y perdre quelques plumes. J’ai payé cher pour le savoir.
Je vous lève bien haut mon chapeau monsieur Caron, d’avoir osé aborder ce sujet délicat des programmes d’employabilité. Les dés sont jetés et je souhaite grandement que beaucoup de commentaires à ce sujet se fassent sur votre blogue VOIR, de la part du milieu culturel et de leurs représentants.
Carole Girard
J'ai eu droit à toutes sortes de réactions après ma dernière chronique , où je remettais en question