Fuck Facebook / Consultation populaire
Disparaître. Juste ça. Se résigner à le faire. Tirer la plogue. Abandonner. C’est un peu comme mourir, tout d’un coup, de façon consciente.
Ça faisait plusieurs jours qu’il annonçait à tout son réseau qu’il était sur le point de disparaître. Voilà, c’est fait. Mon collègue Joël Martel a résilié son adhésion au club pas très sélect de Facebook.
Il aurait pu le faire pour des raisons idéologiques. D’ailleurs, le 31 mai dernier, Céline Galipeau annonçait pendant Le Téléjournal de fin de soirée que Facebook perdait «des milliers d’amis». Des dizaines de milliers d’utilisateurs du plus grand réseau virtuel au monde (qui regroupe plus de 400 millions de personnes à travers le monde, dont près de trois millions au Québec) auraient décidé de supprimer leur profil en raison de la violation de la vie privée par Facebook.
Dans le reportage présenté sur les ondes de Radio-Canada, la commissaire à la protection de la vie privée, Jennifer Stoddart, ne se montrait d’ailleurs pas satisfaite des changements apportés récemment avec la simplification des paramètres de sécurité du réseau. Des modifications trop timides, dénoncent aussi certaines voix discordantes dans le chour des convertis.
Martel ne s’est toutefois pas lancé dans une croisade sanguinaire contre l’armée de pions du fondateur, Mark Zuckerberg. Ce qui l’intéresse? La simple expérience d’être déconnecté pendant tout un mois. Jauger l’importance qu’a prise le réseau dans sa vie, ce qu’il lui apporte vraiment, mais ce qu’il lui enlève aussi.
Juste ça. Disparaître aux yeux de tous. Ne plus s’abreuver à la fontaine de Facebook. Ne plus perdre son temps dans ses dédales.
Et que faire de tout ce temps, maintenant?
Cette histoire m’a fait penser à l’expérience d’un de mes jeunes cousins. Il était particulièrement bon à Guitar Hero parce qu’il y consacrait le plus clair de son temps libre. Un jour, sa Xbox a surchauffé – il paraît que ça arrive – et il a fallu l’envoyer chez un réparateur. Pour toutes sortes de raisons – là n’est pas le propos – ça a taponné.
Je vous le donne en mille: le jeune en a profité pour trouver une vraie guitare électrique et un petit ampli. Et en un mois de temps libre, il maîtrisait l’instrument, assez pour en faire rougir plus d’un.
Maintenant que Martel s’est libéré de sa dépendance à Facebook, que fera-t-il de son propre temps libre? À part écrire ce roman qu'il intitulera La grosse femme d’à côté est enceinte 2, vous voulez dire?
Le type est assez imprévisible pour qu’on ne puisse pas se prononcer de façon sûre. Pour l’instant, il a ouvert un blogue à propos de son expérience, intitulé Sans statut, hébergé par BANGBANG. Il a aussi commencé une série de podcasts humoristiques, d’amusantes vidéos qui plairont sans aucun doute à ceux qui ont suivi avec attention les projets Inside Regard.
J’avoue avoir été séduit par l’aventure. Pas que ce soit particulièrement innovant. D’autres ont tenté l’expérience auparavant. Et c’est du Martel: un humour généralement absurde, avec un petit côté expérimental, broche à foin mais pas tant que ça, qui semble toutefois avoir gagné en nuances.
Ce qui me renverse, c’est la simplicité avec laquelle Martel réussit à mettre en scène ce qui est au cour même de Facebook. Tous les jours sur le réseau, les utilisateurs se servent de leur statut pour médiatiser des non-événements: le souper qu’on se prépare, les fleurs plantées, une chicane chez les voisins, le chat qui fait une fugue, etc.
Or, Martel se libère du réseau pour écrire un blogue qui justement médiatise le non-événement de sa défection. La prémisse du projet n’est-elle pas déjà savoureuse? Aussi, pendant tout un mois, il traitera de l’expérience d’une absence – la sienne, en l’occurrence, sur Facebook, mais aussi celle de tous ses amis du réseau qui ne seront plus, à toute heure du jour et de la nuit, prêts à le nourrir de leur quotidien.
Parler de rien pendant un mois, difficile? C’est pourtant ce qu’à peu près tout le monde fait sur Facebook.
Pour en évaluer toute la pertinence, il faut absolument visionner le deuxième épisode de sa série de podcasts, immortalisant la suppression de son compte Facebook. Non-événement s’il en est, c’est la pissante vacuité étirée dans tous les sens… Du grand Martel.
Les podcasts de Martel
Épisode 1
Épisode 2
Épisode 3
Consultation populaire
Les paris sont ouverts. Une nouvelle salle ou la rénovation de l’auditorium Dufour? Pour savoir où aller voter, si par mégarde vous avez perdu le carton envoyé aux citoyens pendant la semaine – vérifiez sur Facebook, peut-être qu’il a été mangé par le chien d’un voisin -, visitez le site de la Ville: www.ville.saguenay.qc.ca. Dans la section Consultation populaire 2010, choisissez l’onglet au titre bancal: Trouver votre endroit de vote.
Vous pouvez aussi tirer quelques informations de ce site – entre autres l’analyse comparative des deux projets de salles commandée par la Ville. Vous pouvez dénicher d’autres infos sur le site www.nouvellesalle.com qui, comme son adresse l’indique, est consacré au projet de construction neuve.
Allez-y avec votre cour, en votre âme et conscience. On se reparle des résultats la semaine prochaine.
Je me questionne quotidiennement concernant ma présence active sur FB. Est-ce que je pourrais mieux utiliser mon temps? Sûrement. Le but n’est pas d’être « active » en dehors de FB dans mon cas. Mon besoin actuel, est d’être en lien, même virtuel, en étant sans statut de travailleuse et souvent seule à la maison. Avec FB, je me sens moins isolée, en réseau, même si je sais bien que c’est souvent bien superficiel et au goût du jour. Je me tape même des commentaires sur ce que les amis FB mange ou sur le récit de leur sorties. Je ne juge pas, même les propos qui sont reliés à des préoccupations bien quotidiennes. Je partage moi-même mes joies de grand-maman, de maman et bien quotidiennes aussi. Je sais bien que mon quotidien n’intéresse pas les 165 « amis » FB que j’ai inscrits à mon profil. Mais quand les personnes qui sont signifiantes pour moi, me lancent un petit coup de pouce FB ou m’écrivent un commentaire, même si celui-ci me confronte, alors je me dis que je ne suis pas complètement « out » et que mes neurones fonctionnent et que je peux encore intéresser assez pour avoir une réponse.
Je suis active sur FB, car j’ai du temps, mais du temps aussi pour tout de même prendre soin des miens et pour aller voir ailleurs si j’y suis quand j’en ai soupé de FB et de mon quotidien.
Pourquoi j’écris encore sur FB quand je reçois parfois des propos si méprisants ou si condescendants? Je suis un être humain isolé qui avec les nouveaux moyens de communications, tente de se convaincre qu’elle n’est peut-être pas si isolée que ça;)