Un peu de tout, mais surtout du rien
Commençons par le surtout du rien.
Ici, je fais référence au cas de Maxime Roberge.
Pour la petite histoire, Roberge est un animateur radiophonique qui a réalisé le rêve de bien des auteurs: le gars s'est fait remarquer grâce à sa plume. Toutefois, le dévoilement de son talent littéraire s'est déroulé de façon plutôt douloureuse. Il aura suffi de quelques secondes pour que deux de ses élans lyriques sur Twitter le mènent jusqu'aux fins fonds d'une spirale médiatique sans précédent. Son éloge plutôt particulier de la chanteuse Cour de pirate, où il la qualifiait notamment de pelote mais sans le premier "e", l'aura transporté jusqu'à son congédiement par son employeur de l'époque, Astral Media.
On a alors spéculé avec un certain sadisme quant au futur de l'animateur. À vrai dire, on aurait été peu surpris d'apprendre que Roberge s'était évadé dans une forêt lointaine afin de vivre en ermite tout en concoctant un plan diabolique qui provoquerait un jour ou l'autre la chute de Twitter. Roberge aurait pu aussi se cantonner dans le silence absolu en recommençant sa vie en tant que moine trappiste.
Or, une fois de plus, la réalité a dépassé la fiction en empruntant la voie d'accotement.
Il y a quelques jours, le directeur général du FM 98 annonçait avec bonheur le retour de Roberge derrière le micro. D'ailleurs, j'insiste sur la notion de bonheur, car non seulement j'imagine que Roberge éprouve un certain soulagement, mais les dirigeants du FM 98 se sont offert un magnifique coup de publicité, et ce, aux grands dépens d'un de leurs plus féroces compétiteurs.
Sans vouloir faire le procès de l'animateur, il reste que si ce n'était de son utilisation idiote de Twitter, Roberge ne serait qu'une voix de plus parmi une tonne de présentateurs de radios commerciales aux propos suintant à outrance les lieux communs.
Ça peut sembler ironique, mais passer des heures devant un micro sans jamais soulever de vagues relève pratiquement des arts martiaux. Tel un ninja, l'animateur FM fait discrètement son chemin à travers des ballades sirupeuses, du faux rock sucré et des medleys des années 80 en agissant toujours discrètement, mais efficacement.
C'est justement ça qui est un peu dommage pour Roberge. Pour ma part, ça sera bien long avant que j'en vienne à oublier ses propos. J'ai la mémoire longue. Chaque fois que je l'entendrai, que ce soit chez la coiffeuse où dans la salle d'attente d'un docteur, je m'en souviendrai. Il aura beau tenter de se glisser dans mon esprit avec sa voix FM tout en présentant le prochain succès de Lynda Lemay, il ne pourra jamais anéantir cette drôle d'impression que j'ai de lui.
Même le meilleur des ninjas est visible aux yeux de tous lorsqu'il porte un costume jaune fluo.
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J'AIME QUAND MÊME LA RADIO. Je n'ai jamais autant écouté la radio que depuis que je conduis. Blâmons mon lecteur de cassettes. Outre les tribunes téléphoniques de Radio-Canada, que je trouve fascinantes, je ne peux vous cacher le plaisir immense que j'ai à syntoniser le 92,5. On ne sait jamais sur quoi on va tomber, mais la découverte est toujours au rendez-vous.
Prochaine étape, je colle un sticker de CKAJ sur la fenêtre arrière de mon char.
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QUIPROQUO ET MEA CULPA. La semaine passée, j'avais le bonheur d'avoir en entrevue la jeune chanteuse Marcie. Une bonne partie de notre discussion a tourné autour du changement de cap professionnel plutôt insolite que la chanteuse a effectué. Pour être franc, j'étais énormément surpris de discuter avec quelqu'un qui avait eu le courage de quitter ses études en médecine pour s'adonner au chant.
Cependant, il se trouve que Marcie n'a jamais été inscrite en médecine. En fait, ce sont les études internationales qu'elle a quittées.
Ce qui est particulièrement troublant, c'est que peu après que Marcie m'ait informé de ce malentendu à la suite de la publication de l'article, j'ai réécouté l'entrevue en question. Pendant plusieurs minutes, nous parlons de ce changement de cap et nos propos à tous les deux ont du sens. Mon étonnement fait habilement écho à sa nouvelle carrière en chanson et ceux de Marcie reflètent les impressions d'une personne qui se lance avec courage dans le grand vide.
Enfin, après plusieurs écoutes de l'extrait où elle prononce "études internationales", bien que je sache dorénavant que c'est ce qu'elle dit, c'est "médecine internationale" que j'entends. Un peu comme les espèces d'hallucinations auditives.
Gilles Latulippe ne pourra jamais faire mieux dans une de ses pièces de théâtre d'été.
Excusez-là.