Peut contenir des traces d'ironie
Complètement Martel

Peut contenir des traces d’ironie

 

J'étais là sur le balcon à griller une cigarette avec mon ancien coloc Héro. C'était le soir de Pâques et il faisait beau. Le genre de soir où tu fumes avec ta froque dézippée.

Comme d'habitude, Héro et moi, on parlait d'un tas de trucs semi-débiles et soudainement, de fil en aiguille, la discussion a dérivé vers mon boulot de chroniqueur. C'est qu'il y a des semaines où tu sais tellement de quoi tu vas parler et il y en a d'autres où chaque jour qui passe te rapproche fatidiquement d'une date de tombée aux allures funestes de vortex nébuleux menant tout droit vers le néant.

Or, je serai honnête avec vous, ce dimanche-là, j'étais à fond dans la deuxième option. Et pourtant, je vivais depuis quelque temps dans l'illusion que je traiterais de politique dans la dernière semaine d'avril: élections obligent. Mais à quoi bon?

Si je pars de l'idée que vous êtes présentement en train de lire cette chronique, je présume, comme je vous estime énormément, que vous êtes assez intelligent pour vous faire par vous-même une idée de l'échiquier politique. Et puis, si vous comptiez sur moi afin de faire votre choix lors du prochain scrutin, sans vouloir vous insulter, vous êtes plutôt mal barré. Pour la petite histoire, je vous rappellerai que j'ai déjà écrit que Jean Tremblay est pas si pire que ça…

Donc voilà, voici la seule chronique de toutes les chroniques du Canada qui ne traitera pas de politique cette semaine.

Je ne vous dirai pas que je ne voterai pas pour le Parti conservateur. Je ne vous expliquerai pas pourquoi non plus. Ainsi, j'éviterai de tomber dans un registre ultra-émotif où je devrais confesser que finalement, on peut s'ennuyer de Jean Chrétien. Que c'était beaucoup mieux d'avoir un premier ministre se faisant identifier comme un "inconnu" par des journalistes étrangers plutôt que d'avoir un produit dérivé de Bush – plus cheap mais avec le même bon goût de chiotte – à la tête du Canada.

En ne vous parlant pas de politique, je me garderai de faire la morale à ceux et celles qui ne se rendront pas aux urnes. Ça fait mon affaire parce que je ne trippe pas trop à traiter le monde de gros mots. Aussi, ça me rendrait un peu mal à l'aise d'avoir à péter la balloune des cyniques qui sont arrivés à la conclusion que de ne pas aller voter, c'était le nec plus ultra en matière de protestation ou d'activisme politique. Ça me permettra de ne pas avoir à répéter que quand tu ne votes pas, tu votes quand même en quelque sorte. Dans les faits, c'est plutôt une bonne tape dans le dos que tu donnes aux groupes d'électeurs majoritaires, mais c'est une tape qui leur fait du bien en mautadit.

Plus j'y pense et plus je trouve ça cool de ne pas parler de politique, car à la fin, je ne vous aurais pas appris grand-chose en affirmant que la montée du NPD dans les sondages ressemble pas mal à la bulle Internet à cette époque déjà si lointaine du Web 1.0. Je serais peut-être même allé jusqu'à comparer le NPD à un plan cul à plusieurs. Genre: en théorie, le monde est ben willing, mais quand c'est le temps d'enlever leurs culottes pis de sauter dans le feu de l'action, le spectre de Louise-Andrée Saulnier leur revient en tête avec son célèbre adage comme quoi il est souvent préférable qu'un fantasme demeure un doux rêve.

Par contre, il y a peut-être juste une petite chose qui me déçoit. En parlant de politique, j'aurais pu vous raconter l'histoire d'une collaboratrice du VOIR Saguenay/Alma, Marielle Couture, qui se présente comme candidate pour le Parti rhinocéros. J'aurais aimé en surprendre plus d'un en vous racontant qu'au moment d'aller prêter serment, elle a été accueillie avec respect par le directeur des élections, qui l'a considérée au même titre qu'un candidat de parti traditionnel. Ça aurait été l'occasion rêvée de vous émouvoir en écrivant quelque chose comme: ce sont de petites histoires comme ça qui me font encore croire en la démocratie.

Aussi, j'aurais pu en profiter pour suggérer une nouvelle loi qui imposerait désormais à tous les partis de faire produire leur campagne télévisée par la compagnie qui est responsable des pubs du NPD.

Maintenant, avouez que, tout comme moi, ça fait vraiment votre affaire de ne pas vous taper une autre chronique à propos de la politique. Anyway, les élections, c'est plate. Pis dans le fond, qu'est-ce que ça change dans nos vies mis à part notre avenir, nos projets, nos rêves, le monde dans lequel nos enfants vont vivre, nos valeurs, l'environnement, notre santé ou l'éducation?

Cela dit, passons aux choses sérieuses. Avez-vous hâte au mariage de Kate et William?