Dessine-moi une maison d'édition
Complètement Martel

Dessine-moi une maison d’édition

 

Est-ce qu'il existe un projet d'entreprise plus casse-gueule que celui d'ouvrir une nouvelle maison d'édition? Probablement. Toutefois, ça figure pas mal en haut de la liste.

C'est que de notre point de vue de simples lecteurs, le monde de l'édition nous a toujours paru peace. Une sortie de livre fait rarement l'objet d'un grand battage médiatique à coups de panneaux publicitaires et d'interminables tournées de shows télévisés. Même quand Patrick Senécal lance un nouveau thriller, on ne le voit jamais en page frontispice du 7 Jours avec une citation du genre: "C'est mon gars qui m'inspire mes histoires." Remarquez qu'étant donné la teneur de ses romans, c'est peut-être mieux comme ça.

Bref, le fabuleux monde de l'édition nous semble souvent au-dessus de toute considération capitaliste, mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un type d'entreprise. Certes, c'est un marché qui se distingue énormément des autres milieux entrepreneuriaux, mais il reste que si tu ne fais pas une cenne, ça finit que tu mets la clé dans la porte.

Comme dans tout bon marché qui se respecte, le monde de l'édition comprend ses colosses, et autour d'eux, de petites maisons font ce qu'elles peuvent pour tirer leur épingle du jeu. Elles sont plusieurs à prendre leur envol, le temps d'un fol espoir, pour soudainement s'écrouler, et ce, malgré la dévotion et la passion de leurs instigateurs. Un groupe poche des années 80 dirait: "Life is life."

Or, il y a maintenant cinq ans, Simon Philippe Turcot et Mylène Bouchard ont fait le choix de s'investir dans le projet olé olé d'une maison d'édition. Et puis, tant qu'à faire dans le compliqué, les deux amoureux ont haussé le niveau de difficulté en établissant ladite maison ici, dans la région.

Vingt-cinq parutions plus tard, La Peuplade est toujours aussi vivante qu'à ses débuts. On peut même dire d'elle qu'elle fait désormais partie de la grande course de l'édition. En offrant aux lecteurs des ouvres triées sur le volet, La Peuplade a déjà une identité éditoriale bien à elle. De plus, comme chaque livre est illustré par des artistes visuels de talent, les bouquins ont une signature visuelle à faire baver d'envie bien des éditeurs.

N'allez pas croire que j'encense La Peuplade par chauvinisme. Pour être bien franc avec vous, je ne fais tellement pas partie de l'école "je trouve ça bon parce que ça vient de chez nous". Non, si j'éprouve de l'admiration pour La Peuplade, c'est en raison de la gamme d'émotions que la jeune maison m'a fait vivre à travers ses ouvres. Que ce soit la poésie de l'ancien boss Jean-François Caron où l'insaisissable lyrisme de Laurance Ouellet Tremblay dans Était une bête, c'est chaque fois de l'émerveillement que j'ai ressenti.

Je me rappellerai toujours mon premier contact avec La Peuplade. C'était à l'occasion du Salon du livre. Je devais faire une critique du Désordre des beaux jours de Simon Philippe Turcot. La prose de l'auteur était si singulière que j'avais dévoré ce roman d'une seule traite. L'imagerie du récit m'avait suivi pendant quelques semaines, et encore aujourd'hui, c'est un étrange sentiment de réconfort que j'éprouve lorsque j'y repense. Je ne niaisais pas quand j'écrivais à l'époque que Le désordre des beaux jours est un "Petit Prince pour les grands qui rêvent d'exil et de liberté".

Depuis cinq ans, La Peuplade nous fait lire. C'est pourquoi je vous invite tous à prendre quelques minutes de votre temps pour faire lire à leur tour Mylène et Simon Philippe. Juste un petit courriel.

Juste pour leur dire merci.

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BOURSE OBJECTIF SCÈNE. C'était ma première fois. Non seulement la première fois que j'assistais à la Bourse Objectif Scène, mais ma première fois en tant que membre d'un jury.

En toute honnêteté, j'éprouvais une certaine inquiétude quant à la durée du spectacle. Sept performances de 15 minutes, ça peut ne pas être long avant que ça devienne long. Mais non.

Tout d'abord parce que les participants présentaient tous quelque chose d'intéressant, mais aussi parce que le spectacle était rodé au quart de tour. Enfin, disons-le, l'animatrice de la soirée, Mélanie Patry, a fait une sacrée belle job. Bonne idée d'interviewer les artistes entre les numéros.

Je serais de mauvaise foi si je vous disais que j'ai littéralement tripé sur toutes les performances, mais mis à part une prestation qui m'a paru sur le pilote automatique (sans compter les textes ultra convenus), j'ai quand même apprécié chaque numéro.

Un gros bravo aux gagnants de cette édition, Phano et ses Associés, et un gros merde aux autres participants pour l'année prochaine. On n'a pas fini de parler de vous.