Mon maire aussi
Complètement Martel

Mon maire aussi

 

Salut Marc!

Tout d'abord, je me permets de te tutoyer car vois-tu, on s'est déjà brièvement parlé l'an dernier au cocktail d'ouverture d'une plomberie. Oui, oui. C'est que dans une ancienne vie, alors que je n'étais pas encore rédacteur en chef du VOIR Saguenay/Alma, je ne pouvais pas cracher sur les entrées d'argent, et quand tu es à la pige, on ne te file pas nécessairement les contrats les plus tripants qui soient. D'ailleurs, je t'avais trouvé très gentil de t'être présenté à cette ouverture. Tsé, tu es quand même le maire d'Alma et tu aurais pu prétexter avoir bien d'autres choses à faire. Donc, un kudos pour toi, Marc.

Je prends le temps de t'écrire car je suis un peu déçu et je tenais à t'en faire part. Aussi, c'est une belle occasion pour moi de me servir pour la toute première fois de la fameuse phrase "Ce sont mes taxes", car depuis quelques jours, je possède une propriété dans ta ville.

Pendant sept ans, j'ai habité sur le territoire de Chicoutimi, et quand j'ai décidé l'an passé de revenir rester à Alma, les bonnes raisons étaient nombreuses. Bien entendu, il y avait la famille, mais aussi le fait que c'est une ville que je trouve tout simplement tripante. Le monde est ben d'adon, le centre-ville grouille le soir et on a un maire qui est relax. Je peux te dire qu'après toutes ces années passées à Saguenay, ça fait du bien.

Ça peut sembler bizarre, mais quand je tombe sur le conseil municipal à la télé communautaire, je le regarde. Je trouve ça le fun de te voir animer les séances. Tu as toujours des commentaires à propos des projets et c'est constructif. Aussi, j'admire le fait que le conseil s'intéresse à la culture. C'est vraiment tout en votre honneur. Je tenais à ce que toi et les conseillers le sachiez.

Maintenant, après ces quelques louanges, j'en suis à la partie "Ce sont mes taxes". Ce n'est pas un cas de "baguettes en l'air" avec des gros yeux à la Jean-Luc Mongrain, mais plutôt une histoire de cour tristounet.

C'est que ma lecture d'un article du journal en fin de semaine a fait une petite ombre sur la belle journée ensoleillée de samedi. Pas le genre d'ombre qui te permet de prendre un petit break de la chaleur étouffante du soleil, mais une ombre sentimentale. (Eh oui. Je suis poète à mes heures et, j'en conviens, assez poche, merci.)

Je ne passerai pas par quatre chemins: je trouve ça ennuyeux que la maison qui abritait l'épicerie de la vieille Jeanne ait été démolie. C'est dommage parce que, on ne se le cachera pas, un des gros points faibles d'Alma, c'est qu'à part le quartier Riverbend, on n'a pas grand-chose à offrir en matière de patrimoine.

Quand j'ai su que l'argument de poids qui justifiait la démolition de cette maison historique était que sa survie nécessitait de trop importantes rénovations, je t'avoue que j'ai sursauté. Est-ce qu'on peut s'entendre que 100 000$, c'est pas cher demandé pour conserver un bâtiment qui témoigne de notre histoire? Si ça avait été une question de millions de dollars, j'aurais compris, mais là, 100 000$, en 2011, c'est pas tant que ça. Pis on n'est peut-être pas la ville la plus riche au Québec, mais on ne fait pas pitié non plus…

Je le sais que le monde sont ben chialeux quand il s'agit de leurs taxes, mais pour ma part, j'aurais préféré que "mes taxes" servent à restaurer au lieu de détruire. Et au fait, ça doit coûter un bras une démolition, non? Une pépine, des trailers pis le staff, me semble que c'est pas donné…

En tout cas, j'espère juste que le terrain ne servira pas à bâtir une grosse tour de 1000 étages qui donnera à notre centre-ville un caractère phallique. Si jamais une telle idée vous était proposée au conseil municipal, vous irez faire un tour sur la Racine à Chicoutimi avant de prendre une décision. C'est juste mon opinion, mais moi, je trouve ça laitte.

Enfin, je te dis ça comme ça, mais avant qu'il soit trop tard, faudrait jeter un coup d'oil à quelques bâtiments à Riverbend. Genre, avant que ça coûte trop cher. J'ai eu vent que vous donniez des subventions à des proprios pour qu'ils conservent les maisons patrimoniales, mais là où j'étais locataire durant la dernière année, disons que le patrimoine commençait pas mal à faire dur.

On peut s'en jaser si ça te tente. Viens faire un tour chez moi si le cour t'en dit. Je t'offre une bière et j'ai même un gros barbecue. Et c'est pas pour me vanter, mais je m'en sors pas trop mal avec les steaks. Fais-moi signe.