Mon nom est Personne
Des fois, j'ai la curieuse impression que les gens ne sont pas conscients du fait que tout le monde peut aller sur les internets. C'est-à-dire que lorsque vous commentez un truc sur le Web et que vous le signez de votre nom, il se pourrait que quelqu'un d'autre ait la présence d'esprit de faire le lien entre votre commentaire et votre nom.
En fait, c'est généralement pour ça qu'on vous demande votre nom lorsque vous voulez laisser un commentaire sur le Web. On aime ça savoir qui pense quoi.
Évidemment, si vous faites partie des "ceuzes" qui bénéficient d'un pseudonyme, par exemple Dr_Zoune69, vous êtes soit un rusé qui se doute que ses opinions ne feront pas l'unanimité, soit doté d'une personnalité fantaisiste. D'ailleurs, si Dr_Zoune69 est votre pseudonyme, je serais ravi de connaître vos opinions à propos de tout et de rien. Je dis ça comme ça.
Mais bon… Pour être franc avec vous, mes chroniques seraient bien moins longues à écrire si je les signais en tant que Tetris_80. Je ne prendrais pas le temps de peser le pour et le contre de ce que j'y avance et je laisserais mon cour parler sans censure. J'affirmerais que telle affaire c'est juste de la marde, que tel gars est un trou du cul, et les nuances prendraient vite le bord.
Or, j'ai remarqué dernièrement que de nombreuses personnes se sont donné cet heureux privilège de l'anonymat tout en ne s'affranchissant pas de leur identité. En d'autres mots, ils ont endossé publiquement le rôle de traiteurs de trou du cul. À la limite, tout ça aurait pu demeurer du domaine de l'anecdotique, mais certains ont même poussé l'audace jusqu'à tenir des propos ouvertement meurtriers. Rien de moins.
Je serais de mauvaise foi si je vous disais que l'affaire Guy Turcotte ne m'a pas ébranlé. Que ce soit le père ou tout simplement l'humain en moi, cette histoire d'infanticide m'a totalement attristé. Comme c'est probablement le cas pour plusieurs d'entre vous, le verdict final m'a complètement désarmé. Cependant, l'histoire était tellement terrible que la fin ne pouvait être que désolante. Tels sont trop souvent les grands scénarios tragiques de la vie.
Évidemment, les pensées qui m'ont hanté dans les jours entourant le dénouement du procès n'avaient pas ce détachement. Pour dire vrai, j'ai pensé tout bas des choses qui étaient tout autant basses. Parfois, il suffit d'un seul monstre pour alimenter les forces obscures qui sommeillent sournoisement en nous.
C'est malheureusement ce qu'on peut constater à la lecture de certains commentaires publiés dans un groupe Facebook intitulé Contre le verdict du procès de Guy Turcotte, auquel plus de 20 000 personnes ont adhéré. Ici, soyons réalistes, une majorité de ces individus n'avaient pour but que de manifester leur désaccord quant au verdict. C'est un droit.
Néanmoins, on pouvait y lire des souhaits de vindicte et même des gens exprimant sans équivoque leur désir de retrouver Turcotte dans le but de le tuer. J'ai aussi souvenir d'avoir lu un commentaire invitant la population à retrouver les membres du jury afin de leur donner une bonne leçon… Tout ça, en joignant à ces propos leur propre nom.
Dans de telles situations explosives, on ne se surprend pas de voir à quel point le jugement peut subitement devenir malléable. Tout à coup, l'action de tuer prend des airs de noblesse si elle est portée vers un autre tueur. Et qu'arriverait-il si un de ces vengeurs démasqués passait à l'action? La soif de la vengeance en serait-elle étanchée? Bien sûr que non. On en viendrait à des sophismes extrêmes comme celui de justifier ensuite la mort des jurés en les accusant de complicité et c'est ainsi que la spirale de la violence continuerait sournoisement son chemin.
Certes, le verdict final du procès de Guy Turcotte est bouleversant. Vous avez le droit de penser que nous avons un système judiciaire de marde. Vous avez le droit de souhaiter tout le mal du monde à Turcotte. Jusqu'à ce que les administrateurs du groupe Facebook Contre le verdict… aient la judicieuse idée d'interdire les commentaires haineux, vous aviez -relativement – le droit d'exprimer votre soif de vengeance.
Par contre, vous avez aussi le droit de ne pas nourrir cette haine. Je le sais, ce n'est pas la plus facile des options. Mais est-ce qu'un personnage ayant commis un acte aussi cauchemardesque mérite que nous lui consacrions autant d'énergie? Et enfin, Guy Turcotte ne souffre-t-il pas déjà de la pire sentence qui soit?
Car après tout, il demeurera toujours Guy Turcotte.
Ce n’est pas la première fois que je lis un texte qui parle de ces personnes qui se cachent derrière un pseudo, pour exercer une forme de cyberterrorisme.
Dès la première semaine d’ecriture sur mon blogue de Voir, un individu sous un pseudo m’a fait des menaces en me traitant de dépravé sans envergure, de raciste et xénophobe et bien entendu j’ai fait des pieds et des mains pour essayer de le confondre, hélas sans succès.
À mon avis, même si tout ça fait partie de la culture du web, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un geste relativement illégal et tout à fait immoral. Mais tant que le piratage de courriel à la ville de Montréal sera plus important, ce n’est pas demain la veille que nous, honnêtes gens, pourront réussir à avoir réparation sur les dommages incommensurables qu’un ti-coune peut causer en nous insultant dans le plusse pire des français. Jadis les duels étaient mortels, mais la formule de provocation et de rendez-vous avait au moins de la classe…