La semaine passée, je croyais publier une chronique parmi tant d’autres. Dans mon for intérieur, j’avais ce feeling qu’elle était très bonne, mais s’il y a une chose que le métier de chroniqueur m’a bien apprise, c’est que les gens ne sont pas dans ta tête quand ils te lisent. Voilà pourquoi il arrive certaines fois que je mettrais ma main au feu que j’ai écrit un texte épique et qu’au final, pas un chat ne m’en reparle.
Or, le contraire est tout ce qu’il y a de plus merveilleux. Tu écris un texte sur le harcèlement et la violence psychologique chez les jeunes, te dis que c’est pas pire, le publies sans trop t’emballer et, dans les jours qui suivent, tu le vois se propager sur des tas de murs Facebook, et surtout, de nombreuses personnes te racontent leur histoire. Ça peut sembler un lieu commun d’écrire ça, mais d’avoir un tel contact avec les lecteurs, c’est la plus belle paye au monde.
Faut comprendre aussi que je suis un écrivain raté, donc quand je constate qu’un de mes textes a touché des gens en plein cœur, je me sens comme un ex-fumeur qui prendrait une petite puff juste pour revivre les premiers vertiges de la cigarette.
Évidemment, avoir eu la chance de lire autant de témoignages fut une expérience très émouvante, mais du même coup, toutes ces histoires m’ont énormément remué.
Par exemple, une lectrice me confiait que lors de sa petite enfance, sa situation familiale et sociale avait suscité la jalousie de ses camarades de classe. Une vraie campagne de marde s’en était suivie, et la solution qui avait semblé la plus appropriée avait été de changer la victime d’école.
Un peu comme si un voleur se faisait surprendre par la police alors qu’il s’introduit dans votre maison, et qu’au lieu de le punir, on lui donnait votre résidence, et qu’on vous ordonnait de trouver refuge ailleurs.
En d’autres mots: on va te dépouiller, comme ça, tu pourras pus rien te faire voler, man.
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Cette désolante histoire qu’une lectrice m’a racontée date d’il y a 40 ans. J’aimerais ça vous dire qu’on n’agit plus de la sorte de nos jours, mais je vous mentirais. Disons que le dossier n’a pas trop avancé…
Ironiquement, pour ce qui est des harceleurs, le «plaisir» a plus que doublé au cours des dernières années. Dans le temps, si tu gagnais le jackpot d’être la tête de Turc, tu te faisais chier toute la journée à l’école, mais après ça, même si la douleur te grugeait les tripes, tu pouvais au moins rêver d’avoir la paix jusqu’au prochain son de cloche. Maintenant, la torture peut durer 24 heures sur 24 si tes bourreaux sont des pleins de marde. Les réseaux sociaux, c’est pas juste un piton «J’aime», ça peut aussi devenir une belle grosse tape dans le dos quand tu regardes en bas de la falaise.
Je dis ça comme ça, et en étant pleinement conscient du risque de me faire traiter de mauvais Richard Martineau, mais quand est-ce que ça va devenir un crime de pousser quelqu’un à boutte et de lui faire commettre l’irréparable? Parce que ça arrive.
C’est plate, mais y a pas juste l’amour qui est plus fort que la police. L’imbécillité aussi.
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SCHRÖDINGER DU DIMANCHE – Depuis longtemps, je tripe sur la théorie des univers parallèles.
En gros, au moment où vous me lisez, peut-être que dans une autre réalité, une réplique de vous est en train d’écrire son discours de victoire en tant que premier ministre. Et dans cette même réalité parallèle, peut-être que je suis en train de fouiller les poubelles d’un McDo dans l’espoir de trouver un vieux cheeseburger encore comestible. Et qui sait, peut-être que Stéphane Ouellet est chroniqueur pour Voir Saguenay/Alma. Tout est possible… Si tel est le cas, la correctrice en est certainement à son 20e burn-out.
Il m’arrive parfois d’imaginer une réalité où, par exemple, Kurt Cobain aurait pris une trop grosse dose d’héroïne le 5 avril 1994 et aurait perdu conscience avant de pouvoir retourner son arme contre lui. Quelqu’un l’aurait retrouvé avant qu’il se réveille et, finalement, le chanteur de Nirvana aurait repris sa vie en main et aurait continué son bonhomme de chemin. Il aurait aujourd’hui 44 ans.
On est dans la grosse spéculation, mais je suis quand même certain que ça nous aurait empêchés d’avoir à endurer des groupes poches comme Nickelback.
Fait chier. J’aurais aimé ça entendre les autres tounes de Cobain. Celles de Dédé aussi. Je suis convaincu qu’elles auraient été écœurantes.
Faudrait demander au chat de Schrödinger s’il en sait quelque chose. Et si, dans une autre réalité X, le but d’Alain Côté était bon.
C’est drôle mais j’aurais tendance à parler de réalités parrallèles, un peu comme celle du maire Tremblay… Ouais, Nickelback c’est du recyclage de cowboys et nous aurions gagné beaucoup à connaître la suite de Nirvana si Courtney…(désolé, je ne peux me permettre de faire face à des poursuites,,) Joël, le net est un univers parallèle où heureusement nous trouvons une tribune pour nos états d’âmes et si nous pouvons niaiseusement aider des jeunes aux prises avec de la violence à l’école avec des petits commentaires anodins; pour une fois que le parralèle sert le réel!