C’est une histoire qu’on m’a racontée il y a quelques mois alors que j’avais un verre ou deux (je tendrais plus vers la seconde option) dans le nez. Le genre d’histoire que tu aurais payé pour y être.
Ça se passait lors de la dernière Nuit de la culture, au Centre des arts et de la culture de Saguenay. Semble-t-il qu’une activité de body painting était au programme et bon, le nom le dit, faut parfois enlever quelques vêtements pour avoir de la surface sur laquelle peindre. L’esprit était à la fête et malgré certains éléments de nudité, on était encore bien loin d’une orgie romaine. Or, une conseillère municipale, reconnue pour sa flamboyance, serait passée par là et aurait ordonné la fin de l’activité de body painting. Mythe ou réalité, on raconte que la dame aurait conclu son intervention par «C’est pas vrai qu’il va y avoir des pénis dans mon établissement!».
Maintenant, je me permettrais de douter de la véracité de cette histoire si elle s’était déroulée dans n’importe quelle ville du monde, mais fouillez-moi pourquoi, je trouve que ça fitte pas mal avec le mood de la politique municipale à Saguenay.
Évidemment, aucun document ne pourra confirmer ou infirmer cet insolite épisode, mais c’est quand même drôle qu’un an plus tard, la Nuit de la culture soit concentrée dans un seul et même endroit. Ce n’est sûrement qu’un hasard, mais bon, je trouve ça le fun pour la conseillère qui fut outrée l’an dernier.
Parce qu’au lieu d’avoir à surveiller un gros party dans toutes les agglomérations, là, en plaçant tout le monde dans le même spot, on est certain de ne pas perdre le contrôle. Pas de débordements.
Donc, parents et enfants, soyez sans crainte, la prochaine édition de la Nuit de la culture sera sans pénis.
C’est bon d’être encadré.
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UN BON BOUCHER. Je ne connaissais même pas son nom. Lui non plus n’avait aucune idée de comment je pouvais m’appeler. En fait, avec lui, j’étais «monsieur» et quand il m’interpellait ainsi, ce n’était pas un coup de vieux que ça me donnait mais juste un feeling que j’étais respectable.
Chaque fois que j’allais m’acheter du steak, du fromage ou du creton et qu’il travaillait, je me laissais aller à des calculs de probabilités, laissant passer une ou deux personnes avant moi dans la file, afin d’être servi par lui. J’aimais ma relation de client avec ce gars-là. Un autre commis à la boucherie m’aurait donné le même steak, mais pas avec la même noblesse. Parce que oui, couper un steak, le peser, l’emballer et vous le donner de l’autre côté du comptoir, ça peut se faire avec noblesse.
Et puis hop, je grillais une cigarette chez ma belle-mère en attendant que mon kid amorce son nouveau show intitulé Défier les lois de l’équilibre et avancer au gré du hasard quand Lise m’a appris tout bêtement que «mon» boucher était mort.
Un bête accident de voiture. Le gars n’avait que 18 ans.
Fait chier parce que chaque fois qu’il me servait, j’avais envie de le remercier pour l’importance sincère qu’il accordait aux gens.
C’est con comme des fois acheter du steak haché ça peut remuer quelqu’un.
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À TOI, FUTUR MILLIONNAIRE. Salut à toi, futur millionnaire! Toi qui as ta pochette personnalisée de Loto-Québec, que tu sois un homme ou une femme, que tu sois du type veston-cravate ou pantalons jogging, j’ai quelques questions, et peut-être pourras-tu me répondre.
Suis-je un être d’une impatience crasse ou est-ce seulement normal que je ne comprenne pas pourquoi je dois attendre 10 minutes derrière toi pendant que tu fais vérifier tes 400 billets de 6/49, que tu t’en fais sortir 400 autres, que tu chiales après la caissière que d’habitude on ne fait pas ça comme ça et que tu fais annuler les 400 billets pour t’en faire ressortir 400 autres?
Aussi, peux-tu me dire si c’est une convention de futur millionnaire de toujours afficher une face de bœuf quand tu as fini ta transaction? Est-ce parce que tu sens dans ton dos les couteaux dans les yeux de mes compagnons temporaires de file d’attente?
Ne va surtout pas penser que j’éprouve de la haine à ton encontre. Au contraire. Tout ce que je te souhaite, c’est de remporter le gros lot. Comme ça, tu n’auras plus à t’acquitter de cette tâche visiblement laborieuse qu’implique la gestion de tous ces billets. Ainsi, quand je serai dans la file d’attente, avec un sac de lait dans la main et mon kid dans les bras, je te verrai dans le petit moniteur de Loto-Québec, tu auras cet air triomphant avec ton gros chèque dans les mains et moi, je serai plus riche de 10 minutes.
Bonjour, je trouve comique cet épisode d’indignation de la conseillère. Ça me rapelle toujours la difficulté que j’ai de me faire exposer, en fait, je n’ai jamais pu exposer de moi-même parce que le monde a de la misère avec mon langage visuel (intégrer illustration aux discipline classiques). Je ne suis pas picturale comme tous les artistes qui sortent de l’université et pourtant, j’en viens. Et en plus, je peux faire des choses qui semblent vulgaires ou bizarres, dont de la nudité crue. Pourtant, le laid ou le bizarre fait partie de la vie et malheureusement, au Saguenay, c’est la fermeture totale envers mes oeuvres. J’ai réussi toutefois à participer à des symposium au CNE. L’an passé, je crois avoir réussi à faire sourciller cette même conseillère car je faisais une oeuvre qui était contre Diffusion Saguenay et le Maire Tremblay et ce, en même temps de célébrer le 50ème anniversaire du Mont-Jacob. Tout ce qu’elle a pu dire c’est quelque chose comme «C’est l’fun de pouvoir avoir des gens qui ont une opinion». Ça me désole de voir qu’il y a des gens dans le domaine de la culture qui sont fermés comme ça.