Pour être bien franc avec vous, j’étais pas mal sceptique par rapport au mouvement Occupons Saguenay. J’en ai même parlé dans une chronique précédente. En fait, ce qui me gossait là-dedans, et ce qui me gosse encore, c’est le fait que tout part d’Occupy Wall Street.
Genre: Occupy Wall Street a développé un système de signes pour faciliter les débats pendant les assemblées générales, donc on va s’en servir ici aussi. OWS a eu l’idée d’une espèce de mégaphone humain, donc ça pourrait être utile ici aussi. OWS a baptisé son lieu d’occupation, donc on va le faire ici aussi. OWS a proposé ci pis OWS a inventé tel truc pis bla bla bla ici aussi.
Je suis tannant avec ça, mais la notion de révolution en franchises coupe mon fun. Que voulez-vous, je suis de même.
Là, n’allez pas penser que j’éprouve du dédain pour n’importe quelle idée provenant d’ailleurs. Oh non. C’est juste que me semble que si on suit l’esprit du mouvement Occupy, les idées devraient venir d’un peu partout et se répandre un peu partout. Qui sait, peut-être que ça finira par prendre cette tournure-là, mais pour l’instant, j’ai comme le feeling que la «franchise» de Wall Street est un siège social où l’on concocte les menus.
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Or, à mon grand bonheur, je constate qu’Occupons Saguenay amorce tranquillement mais sûrement sa seconde phase. C’est-à-dire que la «franchise» s’affranchit graduellement d’OWS.
On commence à déterminer les préoccupations de ses participants et les défis sociaux propres à la région.
Pour ceux et celles qui ne sont pas familiers avec de telles activités militantes, ça peut sembler futile, mais au contraire, c’est un immense pas. On est bien loin des débiles qui pitchaient des briques dans des vitrines pendant des manifestations parce qu’ils étaient en crisse contre le système.
C’est ben beau être indigné, mais identifier ce qui nous indigne, c’est une tout autre chose. C’est comme ça qu’on finit par trouver des solutions. C’est aussi la meilleure arme pour contrer le cynisme ambiant. J’en suis la preuve.
Maintenant, reste à savoir si MC Gilles a été lui aussi contaminé par cet enthousiasme lors de sa couverture de l’inauguration du parc de la Solidarité par Occupons Saguenay.
J’ose espérer qu’il s’est senti comme moi lorsque, adolescent, j’avais loué Kids de Larry Clarke en pensant que ça allait être une espèce de Watatatow shitteux américain. C’est toujours un feeling le fun de penser qu’on tient quelque chose de rigolo pour enfin s’apercevoir que ça fesse.
C’est ce qu’on verra jeudi soir à Infoman, sur les ondes de Radio-Canada…
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Il y a quelques jours, je discutais avec deux personnes impliquées à fond dans Occupons Saguenay. Visiblement enthousiastes, elles me racontaient que les rassemblements qui ont lieu chaque samedi, depuis déjà quelques semaines, remportent toujours autant de succès.
Certains viennent y faire un tour pour ne jamais revenir tandis que d’autres s’ajoutent et désirent y rester fidèles, voir même s’impliquer. De plus, il semble qu’on y voie davantage de représentants de diverses générations. On ne parle plus d’une balloune propre aux jeunes trentenaires tannés de perdre leur temps sur Facebook.
D’ailleurs, ce qui m’a le plus frappé lors de ma discussion avec les deux activistes d’Occupons Saguenay, c’est lorsqu’on m’a dit: «Certaines personnes qui viennent aux rassemblements nous disent en toute honnêteté que ce n’est qu’une excuse pour briser l’isolement, pour jaser et partager avec d’autres personnes comment elles se sentent. Elles n’ont pas l’intention de changer quoi que ce soit. Elles participent car ça leur fait du bien.»
Ben voilà. C’est pas la plus belle révolution, ça, en 2011? Connaître ses voisins.
C’est déjà un bon début.