Si jamais vous faites partie des lecteurs et lectrices assidus de cette chronique, vous allez me trouver tannant avec ça, mais j’ai travaillé pendant cinq ans dans une bibliothèque. Ce qui signifie que durant toutes ces années, j’ai mené inconsciemment une espèce d’étude à propos des comportements sociaux. Genre.
J’aimerais tenir un autre discours, mais malheureusement, il y a un fait qui est indéniable: nous sommes généralement une belle gang de colons. Désolé.
Tsé quand on se fait bombarder de messages nous sensibilisant à l’importance du vaccin contre la grippe, il y a vraiment une raison valable derrière ça. Outre le fait qu’il y a sûrement des lobbys souterrains qui ont un intérêt financier à ce que même les morts se fassent vacciner, il y a une atroce vérité qui motive nos dirigeants à faire mousser ces campagnes de vaccination: nous sommes généralement une belle gang de colons. Re-désolé.
Vous n’avez qu’à aller faire un tour dans un endroit public pour observer les agissements de tout un chacun pendant ne serait-ce que 10 minutes. Et même, question de rendre ce petit jeu encore plus déprimant, faites-vous imprimer une grille des règles de salubrité en cas d’épidémie afin de pouvoir répertorier toutes les actions encourageant une propagation virale quelconque. Vous allez capoter.
Par exemple, il y a quelques années à peine, on nous apprenait que la fameuse règle de politesse voulant qu’on devait se mettre la main devant la bouche avant de tousser n’était pas 2.0. C’est maintenant l’intérieur du coude qui est la norme. Et quand on y pense, ça a ben du sens. Maintenant, peut-être un jour faudra-t-il s’autotousser dans la gueule afin d’être 100% prudent, mais pourquoi ne pas profiter de la méthode du coude pendant que c’est d’actualité, et de surcroît, pas trop heavy à accomplir?
Bien entendu, lors de vos observations des comportements du grand public, ne soyez pas trop surpris de remarquer qu’un inquiétant pourcentage de gens tousse sans même prendre la moindre précaution. Je les appelle chaleureusement les tousseurs freestyle.
Aussi, on ne peut ignorer ceux qui se mouchent à l’indienne, et est-il possible d’oublier les manuels? C’est vrai qu’il n’y a rien de mieux et de plus salubre qu’un dessus de main pour s’essuyer la morve qui nous coule du nez, sinon la fameuse mitaine, accessoire de choix du moucheur manuel.
Évidemment, tout ça c’est dégueulasse, mais ça se passe là, à l’instant même, probablement derrière vous, à quelques centimètres. Et si vous êtes le seul être humain dans les environs, ne criez pas victoire si vite. Il est très probable que le journal que vous lisez présentement ou la souris d’ordinateur qui fait défiler ce texte sous vos yeux ait précédemment servi à Monsieur-X-qui-a-la-gastro-et-ne-voit-pas-l’utilité-de-se-laver-les-mains. Eh oui. Avouez que votre main qui sert présentement d’accoudoir à votre tête vous écœure curieusement tout d’un coup.
C’est quand même hallucinant, car si nous n’étions pas si colons que ça en matière de salubrité, incidemment, les campagnes de vaccination massives seraient beaucoup moins indispensables. D’ailleurs, j’ai souvenir d’un bizarre avec qui je travaillais dans un club vidéo à l’époque. Le gars avait un toupet à la Albator et se lavait les mains de façon compulsive depuis trois ans. Bon, c’était limite malsain son affaire, mais pendant les trois années qui avaient précédé, le gars n’avait absolument rien chopé.
Une chose est certaine, faudrait remercier la vie pour sa grippe du poulet et celle du cochon, qui étaient moins pires que ce que les scientifiques avaient prévu. Car croyez-moi, la plus grande menace est constamment autour de vous. Nous sommes maintenant sept milliards de paires de mains.
Ça coupe l’appétit.