Complètement Martel

Rendre vendeur Le vendeur

Je n’ai pas encore vu Le vendeur de Sébastien Pilote. Et j’ai honte.

Le film a non seulement été tourné ici dans la région, mais depuis plusieurs mois déjà, on le voit récolter des tonnes de prix prestigieux un peu partout dans le monde. Tsé quand pour une fois c’est par chez vous que ça se passe et que tu n’es même pas foutu de faire partie de la game.

Je ressens de la honte, mais pas personnellement. J’en ressens de façon citoyenne. J’habite à une heure de char de l’endroit où le tournage a eu lieu et à 45 minutes de la ville où réside le réalisateur du film, et le seul cinéma dans mon coin n’a même pas daigné mettre Le vendeur à son affiche, ne serait-ce qu’une petite semaine.

Le film aurait été poche, j’aurais compris, à la limite. Mais là, come on.

Que le dernier Twilight soit présenté, c’est normal. Les petites filles capotent là-dessus et, qu’on le veuille ou non, ça doit te faire rouler un cinéma pas à peu près. Même affaire avec les films de Noël.

Mais me semble que ce serait un minimum de nous dédommager collectivement (ça se peut, comme crime, abrutissement de l’humanité?) de la présentation d’un film de marde comme Jack and Jill (tsé le film qui a pas l’air drôle pantoute avec Adam Sandler) en compensant avec une production comme Le vendeur.

En tout cas, c’est ben le fun de voir à quel point les cinémas de la région sont solidaires… On se tient les coudes avec des Ty-Rap icitte au Lac.

Bref, comme je sais que Sébastien Pilote lit régulièrement cette chronique, je me permets de lui donner quelques pistes afin que son prochain film passe sur tous les écrans du Québec:

-Le 3D, c’est bien. Mais un humoriste en 3D, c’est le top. Idée de même: avec le pif que François Massicotte a, chaque fois qu’il se tournerait la tête, le monde aurait des sensations fortes.

-Faudrait que tu te prépares trois ou quatre affaires pas rapport qui feraient parler de toi dans les journaux un peu avant que ton prochain film sorte. En planifiant bien ça, une arrestation pour possession illégale de peyotl suivie d’une cure de désintox et de la publication d’un petit livre d’une trentaine de pages sur ton nouveau lien avec la foi pourrait te rapporter bien plus gros qu’un film génial. C’est comme ça qu’on se fait inviter à Tout le monde en parle. Et qui va à TLMEP a plus de chances d’aboutir à mon cinéma local.

-Pierre Lapointe pour ta soundtrack, c’est ben beau, mais Marie-Mai, ça rocke des culs.

-Refais Le vendeur, mais cette fois-ci, faudrait que ça se passe à Laval, pis au lieu d’un vendeur de chars, ça pourrait être un vampire qui devient fluorescent dans le noir.

-Même si ton film ne parle pas de ça pantoute, mets des affaires de hockey sur ton poster.

Tsé, je regarde mes suggestions et je me rends compte que le problème, ce ne sont pas les propriétaires de salles de cinéma. Le problème, c’est toi, Sébastien. C’est pas correct d’offrir quelque chose de différent.

/

CHRONIQUE INTERACTIVE. J’ai passé dernièrement quelques jours à Montréal et j’ai pris quelque chose comme 2000 taxis. Ben des discussions. Un gars m’a raconté que sa fille était née prématurément et qu’elle avait passé deux mois aux soins intensifs. «Il y avait toujours une rangée de 15 bébés dans des respirateurs et à chaque jour, il y en a un dans la gang qui mourait.» Assez turn-off avant d’aller prendre une bière, disons.

Un autre chauffeur m’a dit: «Tu l’écriras dans une de tes chroniques que la Ville de Montréal voudrait se débarrasser des taxis, mais s’ils font ça, ils vont doubler le chômage.»

Ben quin. Mais tsé, c’est pas en ploguant ça dans un journal du Saguenay que ça va changer quelque chose.

Faque si vous avez de quoi à proposer, la porte est ouverte. Écrivez-moi. Parce qu’ici, je prends pas de taxis.