Complètement Martel

Denis Coderre a accepté votre demande d’amitié

Salut Denis,

Tout d’abord, si je me permets de te tutoyer, c’est parce qu’on est quand même amis Facebook.

D’ailleurs, pour être franc avec toi, j’ai aucun souvenir du comment on est devenus des amis. Tu sais, je ne bois pas souvent, mais dans ces moments-là, il arrive parfois que le lendemain, je me rends compte que je suis désormais Nathalie Petrowski sur Twitter. Par exemple, en me levant samedi passé, tu aurais dû me voir la face quand je me suis aperçu que la dernière chose à laquelle mon iPhone avait servi la veille, ça avait été de m’inscrire au fil Twitter de Justin Trudeau…

Tsé, il y en a qui se réveillent dans le lit d’un étranger, mais moi, je me surprends à m’être fait des amis de brosse virtuels. Maintenant, je ne te dis pas que tu es un de ceux-là, mais reste que ça se pourrait quand même. Je ne voudrais pas que tu le prennes mal en tout cas.

Tu l’as certainement deviné, la raison pour laquelle je t’écris aujourd’hui n’a vraiment rien de politique.

Vois-tu, ça concerne plus notre relation amicale. En un mot, il y a quelques semaines de cela, je célébrais mes 32 ans. C’est pas que je suis du genre à faire des statistiques à propos du nombre de personnes qui prennent le temps de me souhaiter bonne fête sur mon wall mais, au risque de paraître vantard, je te dirais qu’au moment où j’ai pété le 100, ça m’a un tout petit peu flatté l’ego. Je me suis senti comme une superstar. Et puis, je vivais secrètement une immense tragédie à ce moment-là, donc ça a vraiment signifié quelque chose pour moi.

Aussi, je vais t’avouer que lorsque tu m’as souhaité bonne fête sur mon mur, ça m’a fait un petit quelque chose. Même que, je me la suis pétée une fois ou deux avec ça dans les jours qui ont suivi. Genre que lorsque je le disais, je faisais semblant de trouver ça banal, mais au fond, je m’auto-impressionnais littéralement.

Or, il y a quelques jours, j’ai rejoué cette carte magique avec un de mes bons chums qui travaille à Radio-Canada et comme si c’était l’évidence même, il m’a aussitôt répondu, avec ironie, que c’était sûrement toi qui m’avais souhaité bonne fête. Laisse-moi te dire Denis que j’ai dû sortir mes meilleurs talents de comédien afin de bluffer que je le savais pis que je le disais pour rire… Tsé quand le doute t’envahit.

Je le sais que les grosses stars de musique et de cinéma engagent des twitteux et des facebookeux, mais quand je lis tes statuts, je ne peux pas croire qu’il s’agit de quelqu’un d’autre que toi. Sauf que là, pendant quelques jours, j’ai tenté quotidiennement de souhaiter bonne fête à tous mes amis Facebook et force est d’admettre que c’est pas super évident. Faut avoir une certaine rigueur et ben de la discipline.

Voilà donc que vendredi passé, je parlais de ça à mon chum Héro et au moment où j’ai employé l’expression «engager un nègre» (en littérature, on dit ça de quelqu’un qui prête secrètement sa plume à une personne reconnue), mon chum Edgar, un chic type originaire du Burkina Faso, s’est joint à la conversation et je le suspecte d’avoir entendu mes propos hors contexte. Te dire le malaise qui m’a habité… Et là, tu sais comment ça s’est terminé. Le lendemain, je me réveillais et découvrais que j’étais inscrit au Twitter de Justin Trudeau.

/

Maintenant, dis-moi, Denis: c’est-tu toi qui souhaites bonne fête à tes amis Facebook? Sois sûr que dans la négative, je ne t’en voudrai pas. Je comprendrai. Je veux juste savoir.

Naturellement, si tu me disais que oui, je douterais encore si c’était par écrit. J’exagère mais faudrait presque que tu me fasses une vidéo pour que je sois certain.

Écoute, on fait un deal: réponds-moi ben franchement et après ça, je m’engagerai à aimer tous tes statuts. Même ceux qui parlent de hockey.

Pis je te souhaiterai bonne fête.