Il était minuit et il faisait encore chaud.
Je fumais, assis sur une chaise de plage, tout en contemplant les étoiles. Je pensais à toutes ces galaxies et me demandais combien de cons il pouvait y avoir dans l’univers. Je méditais à propos des jeunes cons (j’en suis un à mes heures), des vieux cons, des pauvres cons, des cons sympathiques, des cons machiavéliques, bref de la connerie ambiante.
Parce que soyons francs, la connerie est propre à l’humanité. À la différence de toutes les autres espèces vivantes qui sont principalement motivées par leur instinct, nous avons la chance de faire des choix. Un dictionnaire appellerait ça l’intelligence. On ne naît pas ou on ne devient pas con par la force des choses. À un moment ou l’autre de notre existence, on décide tout simplement de l’être ou non.
Maintenant, pourquoi discourir sur la connerie quand nous ne sommes qu’à quelques heures du Jour de la Terre?
Et bien, c’est justement ça.
Pourquoi aurions-nous besoin du Jour de la Terre si la connerie n’existait pas?
Nous sommes en 2012 et principalement au cours des dernières décennies, la science a effectué un gigantesque bond en avant. Non seulement nous connaissons désormais l’origine de maladies qui jusqu’ici nous échappaient, mais nous sommes désormais conscients des conséquences de nos actions sur la santé de notre planète.
Et que faisons-nous? Le strict minimum, me répondront les plus optimistes d’entre vous.
Alors que pouvons-nous faire? Rien, vous répondrai-je.
Rien de plus du moins. Car, en tant que citoyens, j’ai souvent l’impression que nous faisons (en grande partie) tout ce qui est en notre pouvoir. On récupère, on jette nos botches dans des récipients prévus à cet usage, on se fait envoyer chier quand on informe un bonhomme qui arrose sa cour des dangers du gaspillage de l’eau et on aimerait tous ça conduire un char hybride.
C’est justement là que la connerie entre en jeu.
On sait depuis de nombreuses années comment consommer proprement, mais pour ça, on vous demande de sortir le gros cash. Bien entendu, mes pourfendeurs se presseront immédiatement d’évoquer les crédits d’impôt, mais entre vous et moi, pensez-vous que Johnny-qui-travaille-au-salaire-minimum-à-temps-plein-chez-IGA en a quelque chose à foutre? Le jour où Johnny fera le choix de s’acheter un char neuf, il ne pensera pas aux impôts de l’an prochain.
Même chose pour l’énergie solaire. Si ce n’était que de moi, le toit de ma maison serait un immense panneau solaire. Même que ma maison au complet serait un panneau solaire. La vôtre aussi j’imagine. Et pourtant.
C’est d’ailleurs pourquoi je me joindrai aux festivités du Jour de la Terre. Je ne le ferai pas pour convaincre le monsieur avec une grosse bédaine qui laisse tourner son char toute la journée. Je veux faire entendre ma voix et celle de tous les autres citoyens responsables auprès de nos dirigeants.
Il est temps de leur faire savoir que notre société est prête à faire des vrais choix. Nous sommes à un carrefour important de l’histoire: demeurons-nous des cons ou investissons-nous dans l’intelligence?
Il est temps de rendre accessible la préservation de l’environnement à toutes les classes économiques. L’écoresponsabilité ne doit plus être l’apanage des bobos chics. Certes, il y a un prix à payer en tant que collectivité, mais à quoi ça sert d’être riches si on crève tous?
Il ne faut surtout pas oublier que la Terre n’a pas besoin de nous. La pollution ne la fera pas exploser. Elle finira seulement par s’écœurer et nous éliminera comme un vulgaire corps étranger.
Il faut que l’humanité cesse d’être un cancer.
J’ai envie de voir grandir mon kid. Je veux connaître un tas d’autres joies et de peines.
Et tout ça, même au risque de finir un jour par devenir un vieux con.