Culture Club

Putsch publicitaire

Je ne sais trop comment l’expliquer. J’ai comme un malaise qui m’habite quand je vois les publicités de Loto-Québec. Vous savez, celles avec Anthony Kavanagh au piano. C’est inévitable, chaque fois, mon corps se crispe, mes yeux saignent (presque) et j’ai tout sauf envie de courir m’acheter un Québec 49. Mais ça, c’est mon opinion (je sais que je ne suis pas seule, puisque mon homologue du Nouvelliste, Éric Langevin, a récemment décerné un de ses prix citron hebdomadaires à cette campagne publicitaire qui me laisse perplexe).

Et ce n’est qu’un seul exemple parmi tant d’autres. Ne me lancez pas sur le cas de cette pauvre dame de Bain Magique dont le mari -probablement control freak– refuse qu’elle rénove sa salle de bain parce que «c’est trop cher» ou sur l’éditeur Claude Charron qui emprunte les traits d’Albert Einstein pour nous souhaiter «bonne semaine»… C’est comme ça, il y a toujours des pubs qui nous tombent sur le système. Pour vous, c’est peut-être celles qui, par souci d’économie, nous offrent une traduction cheapette de la version anglophone. Il y a quelque part des gens en manque cruel de sens artistique qui autorisent n’importe quoi, et il faut impérativement organiser un putsch pour destituer les responsables de cette invasion de mauvaises réclames sur nos écrans.

Si l’œil humain est condamné à être exposé à des centaines (ou est-ce plutôt des milliers? des tonnes?) de publicités chaque jour, j’exige que leur processus de création s’inscrive dans une démarche artistique en bonne et due forme. La créativité s’exprime partout, de la composition d’une symphonie à la dernière coupe de cheveux de Lady Gaga, d’une installation en arts visuels au style vestimentaire parfaitement calculé du hipster, d’un essai littéraire au design d’une carte de métro parisienne par Philippe Starck, d’une œuvre cinématographique à la dernière verrine de tartare de mahi-mahi d’un chef passionné.

Dieu merci, il y a des boîtes de pub qui font preuve d’une créativité débordante, et c’est ce que le Festival des Lions de Cannes, rassemblement international où sont remises les plus prestigieuses récompenses publicitaires, célèbre depuis 1954. Tout en peaufinant mon coup d’État, c’est dans un soupir de soulagement que j’irai voir les meilleurs films publicitaires au monde lors de la projection annuelle organisée par Egzakt le mardi 31 janvier à 19h30 à la Maison de la culture de Trois-Rivières. On me confirme qu’aucune publicité de Québec 49 n’est dans le lot.