«Je n’bois pas, je n’fume pas et je recycle», affirme le personnage principal du film 50/50, ahuri d’apprendre qu’il a un cancer. (D’ailleurs, je vous recommande fortement cette œuvre magnifique de Jonathan Levine, qui, soit dit en passant, n’a absolument rien à voir avec le reste de ma chronique. Poursuivons.)
C’est vrai. Le recyclage, c’est tellement feel-good! Quand le jeudi des poubelles arrive et que nous poussons dans la ruelle, mon gros péché d’orgueil et moi-même, notre bac bleu qui ne ferme presque plus d’avoir trop récupéré, on se sent tellement invincibles. Approchez, approchez, mesdames et messieurs! Venez voir ce gros 360 litres de fierté citoyenne qui me donne l’impression d’atteindre le paroxysme de l’honorabilité. On dirait que mes voisins vont m’estimer tellement plus. Comme si le fait de laver l’inlavable (je parle du pot de beurre de pinottes) me lavait aussi de tous mes péchés de consommation. Comme si ça compensait les fois où mon chat fait caca sur leur terrain (sachez que ça fait un très bon compost: on a tous de grandes préoccupations écologiques dans la famille, y compris Charles Leston).
Peut-être que c’est ce même sentiment de super-citoyen que ressentiront les participants du projet « Artisans en la matière » de Culture Centre-du-Québec. On parle ici d’une initiative culturelle d’envergure en développement durable, destinée aux artisans professionnels ainsi qu’à la relève en métiers d’art, qui permettra de valoriser la réduction, la récupération et le réemploi de matières résiduelles dans un processus de création. Les œuvres écologiques réalisées sous le thème «Matières à réflexion» circuleront sur le territoire centricois en prenant comme tribune les activités culturelles de l’été 2012.
Bref, on fait du neuf avec du vieux. Du beau avec du laid. Un projet estimé à plus de 50 000$ qui favorisera un maillage innovateur entre les milieux de la culture, de l’éducation, de l’environnement, des affaires et de l’industrie. Puis ce sera excellent pour le karma des entreprises et industries du Centre-du-Québec, qui seront invitées à participer à « Artisans en la matière » en offrant un soutien financier ou des matières résiduelles ou recyclables à des fins de création.
Quel dommage que mon bac bleu ne soit pas admissible… Me semble que mon pot de beurre d’arachide aurait tellement eu fière allure recyclé en œuvre d’art!
J’ai bien aimé ta chronique, qui met l’accent sur le fait qu’on ne priorise pas les 3RV (réduire, réemployer, recycler et valoriser) dans le bon ordre lorsque notre bac bleu déborde par surconsommation.
Cependant, j’aimerais y apporter deux précisions:
1- les selles de chat peuvent donner la toxoplasmose aux femmes enceintes et aux personnes ayant un système immunitaire affaibli; ce n’est peut-être pas la meilleure forme de compost
2- il faut faire attention de ne pas confondre développement durable (DD) et environnement. Dans ta chronique, tu sembles équivaloir les 3RV et l’écologie au DD. Je te dirais que les 3RV, l’écologie et les matières résiduelles font partie de l’environnement. Le mariage entre les arts et l’environnement (3RV, écologie, matières résiduelles) est effectivement une forme de DD, car il regroupe deux des trois domaines du DD, dans ce cas-ci la société et l’environnement (le troisième domaine est l’économie).