Culture Club

Petite chronique féminine pleine de virilité

[L’usage du genre féminin dans cette chronique n’a pour but que d’alléger le texte et peut aussi, à votre discrétion, s’appliquer à la gent masculine. Mais ça risque de faire bizarre.]

Confession: je suis toujours mal à l’aise quand mon chum m’ouvre la portière de la voiture ou qu’il veut m’aider à porter mes paquets. Je suis déchirée entre l’idée de trouver ça cute et l’envie de lui dire sèchement «heille, chu capable», de peur d’avoir l’air faible si je le laisse faire ses trucs de gentleman. Je dois avouer que le «chu capable» revient plus souvent qu’à son tour. Une fille a droit à sa virilité! Chu capable de monter ce gros meuble sans ton aide dans l’escalier. Chu capable d’utiliser du plâtre de Paris pour réparer les trous que j’ai faits dans le mur de l’escalier. Chu capable de poser un gros cadre pour cacher le mur de l’escalier qui avait l’air d’une œuvre de Gaudí en plâtre de Paris.

Depuis que j’ai trois ans et que mon développement psychomoteur me permet de m’habiller toute seule comme une grande, on dirait que j’ai fait de l’indépendance mon cheval de bataille: c’est tellement précieux d’être autonome, libre et émancipée. Surtout pour une fille. Toutes les Simone de Beauvoir de ce monde vous le diront. Et toutes les mères monoparentales aussi!

Encore au 21e siècle, malgré des progrès importants dans la lutte pour l’égalité hommes-femmes, il subsiste des écarts entre les sexes du point de vue de la participation à la population active, des taux d’emploi, des revenus, de la représentativité dans les lieux de pouvoir…

Bien sûr, le fait de savoir se servir d’un tournevis à ratchet ou de pouvoir faire un changement d’huile toute seule n’a rien à voir avec l’état de la condition féminine (ou si peu!). Mais la Journée internationale de la femme, qui a lieu cette semaine, est une belle occasion de se rappeler qu’il reste du travail à faire.

Attention, ce n’est pas l’heure d’appeler ces messieurs à la barre pour faire leur procès. C’est simplement un beau prétexte pour apprécier nos acquis. Et pour profiter de la culture au féminin, tant qu’à y être! Justement, dans le cadre de la Journée internationale de la femme, Ciné-Campus projette le film L’industrie du ruban rose de Léa Pool, le CorridArt présente l’exposition collective Femme en trois dimensions, réalisée par trois filles, et le Centre des femmes L’Héritage organise une journée thématique sur l’histoire des femmes…

Allez-y entre filles, ou avec votre homme, mais surtout, ouvrez votre portière toute seule!