Culture Club

J’aurais voulu être un artiiiiiiiiiste

Ben voyons donc! Il devait être pas mal stone le businessman qui chantait ça. N’importe quel artiste qui tente de vivre de son art lui dirait: c’est loin d’être toujours rose.

Prenons le musicien émergent, par exemple. Peu importe son talent, ses parents le voient comme un mouton noir et auraient donc voulu qu’il fasse des études en admin à l’UQTR, comme tout le monde. Ses amis, ceux qui étudient en admin, le voient comme un hippie qui n’a jamais (et n’aura probablement jamais) une cenne. Ses voisins de palier le voient comme un pollueur sonore, surtout lorsqu’il répète la nuit dans son appart aux murs en carton. Son institution financière le voit comme un acheteur compulsif chez Archambault et tente de lui faire comprendre que les cordes de guitare ne représentent pas un investissement rentable. Pis sa blonde, elle le voit juste pas, parce qu’il se lève tard et passe ses soirées dans les bars miteux à jouer devant deux ou trois ivrognes.

Les douchebags le voient comme un poète homosexuel qui se tient au Zénob et qui «s’habille bizarre». Les hipsters le voient juste comme la saveur du mois et s’en désintéresseront dès que sa page Facebook comptera plus que 30 fans. Les vrais businessmen, ceux qui n’ont jamais voulu être un artiste, le voient comme un looser, parce qu’ils savent bien que la scène musicale émergente, c’est pas avec ça que tu vas manger au Poivre Noir.

Bref, être un artiste n’est sûrement pas aussi facile que ce que s’imaginait le gars de Starmania. Une chance que le milieu culturel mauricien le sait et offre aux musiciens de la relève ce qu’il y a de plus précieux: une tribune. Dans la région, les artistes de la relève peuvent compter sur plusieurs initiatives pour se retrouver sous les feux de la rampe, un follow spot en plein visage.

Déjà 15 ans que le Gambrinus organise ses Mardis de la relève, où 27 groupes de la scène émergente se produisent avec l’espoir de remporter des heures d’enregistrement en studio, suivies de radiodiffusions, contrats et couverture médiatique. Même chose du côté du Broadway Pub, qui entame la quatrième édition du concours Microsonic, où 16 groupes s’affrontent pour gagner plus de 10 000$ en prix.

Il y a aussi Culture Mauricie, les Diffuseurs de la Mauricie et le Forum Jeunesse Mauricie qui permettent à dix artistes de la relève de se produire sur trois grandes scènes de la région dans le cadre de la 2e édition de la tournée Jouer dans le trafic.

Des événements d’envergure qui donnent sans aucun doute un bon coup de pouce aux artistes émergents ainsi qu’au développement de la culture en Mauricie, mais qui, sans le vouloir, font peut-être baisser les demandes d’admission en admin…