Ce mois-ci, je me suis demandé si j’avais envie d’être chroniqueur. En avril, j’ai accepté de parler du suicide de notre fils à Tout le monde en parle, devant plus d’un million de personnes. Je suis amoché, frappé dans le plus profond de ce que j’ai, envahi par une tempête médiatique qui a entraîné beaucoup d’encouragements, de commentaires positifs, de compréhension, mais aussi beaucoup de haine, de messages violents. J’ai beau dire «ça fait même pas mal», des fois ça fait mal quand même.
Mais c’est injuste. L’important, ce ne sont pas les grands titres et les querelles qui font la manchette. Ce sont les petits messages. J’en ai reçu des centaines. Donc ce mois-ci, je ne serai pas chroniqueur. Je serai le correspondant d’Isabelle, qui m’a écrit le lundi 18 avril. Des mots qu’on ne lit pas dans les journaux, mais ce sont eux qui valent le plus cher. Merci Isabelle.
De: Isabelle
À: Alexandre Taillefer
Sujet: Vous n’êtes pas responsable du suicide de votre fils
Bonjour,
Votre passage à Tout le monde en parle hier m’a émue, mais surtout interpellée. Votre question «Pourquoi? » m’a semblé un cri du cœur. Je ne sais pas ce qu’a vécu votre fils, mais si cela peut vous aider, je peux vous dire ce qui se passait dans ma tête dans ces moments-là.
J’ai commencé ma dépression à peu près au même âge que lui. Je ressentais un mal de vivre incompréhensible. Je broyais du noir, au point de songer à la mort tous les jours, toutes les heures, voire chaque minute. Avant l’époque d’Internet, j’ai lu tous les romans d’horreur disponibles à la bibliothèque. J’ai découvert la mort sous toutes ses coutures, froidement étalée en toutes lettres. J’avais même étudié différentes méthodes, choisissant les plus expéditives. Me réveiller à l’hôpital constituait ma plus grande peur. Je ne voulais surtout pas rater mon coup.
En effet, je refusais de partager mes sentiments. J’avais honte de me sentir ainsi. Après tout, j’avais tout pour me sentir heureuse: une famille aimante, un petit ami, ma propre chambre. Première de classe, je ne fumais pas et ne consommais ni drogue ni alcool. Adolescente parfaite, n’importe quel parent aurait voulu m’avoir comme enfant. Je réussissais tout dans la vie. Demander de l’aide représentait un échec, et ça, c’était inacceptable.
On peut dire que ça ne tournait pas rond dans ma tête. Je pleurais tous les jours et m’endormais chaque nuit en espérant ne pas me réveiller le lendemain. Je me sentais tellement mal que la mort me semblait la seule issue. Mes parents étant préoccupés par l’achat d’un commerce, je me disais que de disparaître ne pouvait qu’être une libération pour eux. Pourtant, je les aimais et m’entendais plutôt bien avec eux, comme avec mes frères plus âgés. Je ne vivais de conflits d’aucune sorte. Je n’avais tout simplement aucune raison de me sentir ainsi. Je crois que c’est ce qui m’a sauvée, en fin de compte. Si j’avais vécu la moindre contrariété, je serais passée à l’acte. J’ai eu de la chance.
J’avais choisi de ne laisser aucune lettre. Pourtant, j’aime bien prendre la plume, mais dans ce cas-ci, je n’avais rien à mettre sur papier. Aucune cause extérieure ne semblait responsable de ce qui m’arrivait. Quant aux causes intérieures, je ne les comprenais pas moi-même, incapable donc de les exprimer. J’ai vécu ainsi près d’un an, à jouer mon rôle à la perfection. Personne ne s’en est rendu compte. Il ne le fallait surtout pas.
Je n’ai jamais consulté, puis j’ai pris conscience que je ne pouvais continuer ainsi. Je ne sais pas ce qui a été l’élément déclencheur. J’ai décidé de m’en tirer toute seule. Ça m’a pris trois ans après cette décision avant de sortir du tunnel. Au début de la vingtaine, je me suis demandé ce qui m’était arrivé. Je suis tombée sur un article qui expliquait que les suicidaires avaient un débalancement chimique au cerveau. Certains ne réagissent à aucun traitement et refusent toute aide. L’adolescence représente une période difficile pour plusieurs personnes: changements hormonaux, sociaux. Certains d’entre nous semblent moins bien armés que d’autres. Je ne comprenais toujours pas trop ce qui m’était arrivé, mais ça me rassurait de savoir qu’il y avait une composante chimique, indépendante de ma volonté.
Le message que j’aimerais vous laisser est que vous n’êtes absolument pas responsable de ce qui est arrivé. Personne ne l’est en fait. Votre fils avait sa personnalité propre, mais surtout une vision du monde temporairement déformée. Je peux vous assurer que cette vision nous paraît bien réelle.
Ne revenez pas en arrière sur une hypothétique chicane ou mésentente. Le problème est beaucoup plus profond. Si mes parents l’avaient appris, je me serais probablement enfuie au plus vite. Je n’aurais pas eu le courage de leur faire face. S’il vous en avait voulu, il vous aurait laissé une lettre pleine de fiel. Il arrive parfois qu’il n’y ait juste pas d’explication.
Je suis désolée pour votre perte et vous souhaite bon courage.
Isabelle
De: Alexandre Taillefer
À: Isabelle
Sujet: Vous n’êtes pas responsable du suicide de votre fils
Bonjour Isabelle,
Merci du fond du cœur pour votre témoignage très émouvant. Il m’a fait beaucoup de bien.
Ce mal terrible que l’on évite d’aborder est tellement triste. Ce vide se soigne s’il est diagnostiqué. Thomas a comme vous décidé de ne pas nous en parler. Nous nous doutions bien que tout n’allait pas, mais jamais au point de choisir le suicide. Tout lui était possible. Il était beau, intelligent, avait de la répartie, rêvait de science et d’ingénierie.
J’aimerais, si vous le permettez, en retirant toute référence qui pourrait vous identifier, publier ce témoignage important. J’ai tellement reçu de messages de parents qui cherchent aussi à comprendre, qui veulent de l’aide.
Sentez-vous bien à l’aise bien entendu, quelle qu’elle soit, je respecterai votre décision.
Merci, merci, merci
De: Isabelle
À: Alexandre Taillefer
Sujet: Vous n’êtes pas responsable du suicide de votre fils
Bonjour Alexandre,
Je suis heureuse que mon témoignage vous ait fait du bien. Je l’espérais. Comme je vous l’ai mentionné, j’ai vraiment ressenti votre entrevue comme un appel du cœur. Pour une fois, je ne pouvais pas rester muette. Vous pouvez utiliser mon texte si ça peut aider d’autres parents.
Il y a quelques années, il en aurait été autrement. Je ne sais même pas si j’aurais réagi, tant c’était profondément enfoui en moi. Pendant près d’une décennie, mon conjoint m’a pressée d’écrire notre histoire (nous avons une façon différente d’expérimenter la vie, si je puis dire…). J’ai abordé la rédaction comme une autobiographie. J’ai bien sûr sauté ce passage, mais j’ai rapidement frappé un mur. Je tournais en rond et finalement, j’ai craché le morceau en quelques lignes. Subitement, tout coulait de source. J’ai pris conscience à quel point cet épisode avait façonné ma vie d’une manière tout à fait positive! En effet, la démarche utilisée pour m’en sortir a transformé ma vision du monde et ma façon de l’aborder. Écrire m’aura aussi servi de thérapie. Même si je pense toujours à cette époque avec émotion, parce que je me rappelle bien la douleur que je ressentais, maintenant, je perçois cette dépression de façon plus sereine. Cela m’aura bien pris 30 ans, mais au moins me voilà prête pour le partager.
Toutes mes pensées vont vers vous et votre famille.
Isabelle
Merci Isabelle…
Merci Alexandre…
de témoigner.
Merci
Je pense qu’il faut tellement de force pour pouvoir partager ainsi sa peine, son désarroi. Je vous ai trouvé d’une grande générosité de la faire à TLMP, mais j’avais de la tristesse pour votre famille et je me demandais comment vous pouviez surmonter cette tragédie sans qu’elle ne vous emporte à votre tour dans des abysses inconnues. Et voilà que cette Isabelle vient de fournir une réponse à cette tragédie, cela vient panser quelque peu vos cœurs meurtris. Quand j’ai lu ce texte j’ai dit OUF !! Ça ne guérit pas tout, mais j’espère que cela va vous permettre ainsi qu’à votre famille de continuer votre route comme vous l’aviez entreprise avant cette journée fatidique et je vous souhaite de retrouver votre joie de vivre, de continuer dans le bonheur vos projets indispensables pour votre bien-être et conséquemment…pour le nôtre.
C’est un échange très touchant et plein d’humanité. Cela fait du bien. Merci d’avoir partagé ces écrits. Bonne journée
Bonjour M. Taillefer ,
Je suis tellement contente qu’Isabelle par ce si touchant partage vous ait fait du bien.
Je vous souhaite tout le courage possible et je compatis de tout cœur avec votre famille.
Sonia
Je suis très touchée en vous lisant.
Je vous souhaite à vous deux, M.Alexandre et Mme Isabelle tout le courage
qu’il vous faudra pour continuer votre route.
Merci, ce témoignage m’a fait comprendre mieux ce qui peut se passer dans la tête de quelqu’un qui pense au suicide. En fait, j’ai toujours voulu comprendre ce qui avait poussé mon frère à s’enlever la vie à l’âge de 18 ans, il y a de cela presque 30 ans. J’ai toujours voulu trouver des raisons ou des excuses sur ce qui l’avait poussé à l’acte. Ma famille est marqué à jamais de ce drame. Avec le temps, j’ai compris bien des choses et surtout que mes parents n’ont pas eu l’aide qu’ils auraient dû avoir. Pour ma part, j’ai trouvé mon adolescence très difficile et je regrette de ne pas avoir pu en parler avec mes parents. J’avais 12 ans et cette perte est toujours immense dans ma vie et je n’ose imaginer pour mes parents, maintenant que j’ai moi-même 3 enfants. Monsieur Taillefer, parler avec vos proches, ne vivez pas ce deuil seul…ensemble vous serez plus forts. Toutes mes sympathies à vous et à toute votre famille. Xxx
Tout simplement : J’AIME !!!!
Merci pour ce partage.
Merci à vous deux pour votre générosité. Je suis certaine que vos messages respectifs sauront aider à trouver des réponses, leur à leur mal de vivre.
Bon courage à vous deux pour la suite des choses .
Quel histoire ! Je ne pouvais pas arrêter de la lire! Pourtant je ne suis même pas un gars qui aime parler trop des émotions ! Mais ce que Isabelle dit est une vérité qu’elle a vécu !
Monsieur Taillefer arrêté de chercher le coupable ! Thomas n’à pas choisi la date de sa naissance ni la date de sa mort! Vous et moi non plus!
Nos esprits n’appartiennent pas à nos corps! Vivez en paix SVP !
Vous êtes un bon esprit et vous êtes surtout pas coupable de rien ! On vous aiment beaucoup et Thomas aussi !
Merci à vous deux, Alexandre, Isabelle… Ça donne le sentiment que notre humanité progresse, à petits pas, certes, dans les grandes comme dans les petites difficultés que la vie nous présente. Il faudrait réécouter et relire vos témoignages quant tout va de travers et qu’on a l’impressions de glisser vers le bas dans on ne sait quel gouffre. C’est de la belle lumière, ça, et je vous en suis reconnaissant.
C’est tellement beau de voir des humains, humains, j’en ai la larme à l’oeil. Si tout le monde s’entendait comme ça, tout serait beau! Le jugement des autres, quand tu n’es
pas passé par là, et qui sont négatifs, on laisse de côté, c’est vrai que c’est facile à dire, surtout à écrire sur les réseaux sociaux, ça ne prend pas grand courage mais ça fait mal pareil, les gens ne s’en aperçoivent pas. Isabelle tu es courageuse d’écrire ces beaux mots, je ne sais comment tu t’en est sortie, ce n’est pas mes affaires, mais je peux concevoir comment tu as pû vivre ces moments difficiles, je m’en fais une image, mais je sais que ce n’est pas comme de le vivre, j’en suis bien consciente. Pour que M. Taillefer ait mis en évidence ton message, c’est que cela l’a touché réellement. Il a besoin de réels encouragements ainsi que sa famille il ne faut pas l’oublier, nos enfants sont ce qu’il y a de plus cher au monde!
Merci Isabelle de nous avoir si bien fait comprendre ce mal de vivre avec votre façon d’écrire bien réaliste sur cet état d’être inexplicable pour l’être humain qui le vit et pour ceux qui le chérissent. Dans ce cas-ci malheureusement, un magnifique jeune garçon, bien entouré et adoré de sa famille. Alexandre : j’ai une pensée si douce pour la maman de Thomas aujourd’hui … si nous pouvions, collectivement, vous apporter quelque réconfort que ce soit… Bon courage à vous 3 et merci pour ce partage si généreux que vous avez fait malgré votre immense douleur de vie. Avec tout notre respect Alexandre.
Très touchant la lettre de madame Isabelle et votre réponse! Mes sympathies à vous et votre famille.
La vie est belle ,très touchante cette correspondance entre vous deux . Merci de partager cette superbe lettre d Isabelle
Respect M. Taillefert.
Merci, car je suis un papa aussi. Merci, car, malgré tout le brouhaha de cette vie folle, il m’arrive de penser à l’avenir de mes filles et je dois l’avouer, il m’arrive aussi de me demander si cela arrivait un jour à l’une d’entre elle, serais-je là? Pourrais-je l’aider? M’en parlerait-elle ou même est-ce que je serais en mesure de voir sa détresse?
Beaucoup de personne autour de moi son partie de la même façon. Un sortie cruelle et incompréhensible qui laisse ceux qui restent en arrière, sans réponses parfois.
Merci Isabelle pour me faire voir aussi l’autre aspect du miroir qu’on tente parfois d’oublier ou de ne pas regarder..
Alain
Bonjour M. Taillefer,
Je ne vous ai pas vu à tout le monde en parle car je n’ai pas de service de câble. Une amie a partagé cette page avec moi.
J’ai moi aussi perdu mon fils par le suicide il y a à peine 9 mois, en août 2015. Il avait 27 ans et bien qu’il avait fait une tentative en 2009, il semblait s’en sortir. Il avait un bon boulot qu’il aimait et plein d’amis. Ça a été un choc.
Je vous remercie d’avoir publié la lettre d’Isabelle et je remercie Isabelle de vous avoir permis de le faire. Elle a bien décrit ce que nous avions observé de notre fils. Étant moi=même dépressive, j’avais observé les signes chez mon fils mais comme il n’habitait plus chez nous, nous ne pouvions pas garder l’œil sur lui.
Pour moi, comme je suis croyante et j’ai trouvé la paix dans les écritures saintes. Le Seigneur me soutient tous les jours. Il m’a donné la force d’être le pilier sur lequel la famille s’est appuyé. Je ne sais pas comment font les non-croyants pour s’en sortir car seule, c’est certain que je ne serais pas en paix comme je le suis.
Je prie pour vous et les vôtres, que le Seigneur vous donne la force de continuer et vous soutienne tous les jours avec l’espoir de revoir votre fils au Paradis.
Que la paix du Seigneur soit avec vous.
Tout simplement Wow !! Bravo isabelle d’avoir trouvé les mots justes et d’être authentique. et merci Alexandre pour ce beau partage ! Je ferai de même sur mon compte Facebook.
moi aussi j’étais comme Isabelle, je m`en suis sorti avec des pensées positives et beaucoup de chance
Quel beau et courageux témoignage même si le sujet est douloureux! Je crois vraiment qu’il arrive, que malgré qu’ils savent qu’ils sont aimés, des personnes croient que le suicide est leur seule solution. Ils n’ont pas conscience de l’énormité de la douleur qu’ils laisseront derrière eux. Ils sont emprisonnés dans leur mal-être et des problèmes qu’ils croient insurmontables. Le témoignage d’Isabelle l’explique bien. Mes sympathies accompagnent les personnes qui continuent à vivre avec ce grand vide, cette grande douleur qui les habiteront pour le reste de leur vie. Quant à ceux qui se permettent de juger les survivants et une situation qu’ils ne connaissent pas, qu’ils n’ont jamais vécue et je l’espère pour eux, ne vivront jamais, réfléchissez svp avant de jeter votre fiel sur les gens qui doivent vivre ces situations. Ils n’ont pas demandé à vivre un tel drame et auraient été jusqu’à donner leur vie pour sauver l’être aimé qui n’est plus là. Courage à vous qui êtes touchés si cruellement. Appuyez vous sur les gens qui vous aiment et sur toute la sympathie qui vous entoure, ce sont les meilleurs refuges qu’on peut avoir.
Touché en plein cœur de vos témoignages , j’en ai les larmes aux yeux de votre générosité humaines de partage et qui nous aide à comprendre un peu pour pouvoir tendre la main autour de nous Merci !!!
Bonjour Isabelle et Alexandre!
Je viens simplement pour vous dire que de lire vos messages m’ont motivé pour en écrire un avec mon coeur. Ce n’est pas sur le sujet du suicide mais c’est sur un sujet personnel et je sens que je dois le faire, que c’est « la chose à faire » .
Cela n’est pas facile de trouver les mots et j’espère ne pas me trompé.
Merci pour vos partage inspirants et je vous souhaite une belle suite à votre vie
Vrai. Très touchant ! Soyons solidaires et positifs.
Le suicide d’un proche nous brise à bien des égard. J’ai perdu mon père à 15 ans et je m’en suis remis à force de travail sur moi. J’arrive à 60 ans et jamais je ne me suiciderai quoi en soit le mal que je pourrais ressentir. Je ne veux pas que mes proches vivent cette peine immense.
Vous guérirez à grand coup d’amour et de pardon.
Je vous aime Isabelle et Alexandre.
Ne cherchez plus à comprendre, pardonner. Surtout, pardonnez-vous.
Un échange rempli de profonde humanité. Que ça fait du bien !
Quoi dire de plus que merci d’avoir pris le temps de partager cet envoi.
Toutes mes pensées de courage et de force vont vers vous Monsieur Taillefer ainsi que votre famille.
Je sentais tellement de chagrin et d’incompréhension de la part de M Taillefer lors de tout le monde en parle , je sentais combien le questionnement devait être intolérable pour lui et ses proches que votre lettre Isabelle m’a fait du bien en même temps . J’avais peine à chasser l’image de cet homme brisé , je me mettais à sa place
Et ça me bouleversait . On y pense veut veut pas ça arrive beaucoup trop autour de nous. Merci d’avoir confié une partie de votre vie si intime . Xx
Quel beau message de cette fille! Ça me fait également penser au fait que des parents perdent un enfant dans un terrible accident qui n’était pas prévu du tout! Chez nous, c’est mon petit frère, le dernier de trois enfants, que nous avons perdu alors qu’il n’avait que six ans, frappé de plein fouet par une auto alors qu’il avait traversé la rue pour aller chercher le ballon!!! À six ans, il avait regardé des 2 côtés pour traverser, mais au retour avec le ballon, il n’a regardé que d’un côté, mais pas de l’autre, et l’automobiliste lui, ne l’a pas vu du tout car il regardait les maisons (juste d’un côté) et vlan!!! C’en était fait de mon p’tit frère! Ce n’était pas la faute de personne, juste un banal accident d’un enfant qui se jette devant une auto sans crier gare! J’ai eu de très bons parents, que tout le monde aimait, et qui ne méritaient pas de perdre leur seul petit garçon! On ne comprend pas toujours pourquoi les choses arrivent, mais de l’autre côté, nous aurons toutes nos réponses, en temps et lieu! Bon courage M. Taillefer, et pensez seulement que vous avez fait de votre mieux! Continuez votre vie de votre mieux… Vous aurez réponses à vos questions un jour… Mais pas tout de suite!
« Demander de l’aide représentait un échec, et ça, c’était inacceptable. » La thérapie est parfois le plus cadeau que l’on peut offrir ou s’offrir, ce n’est d’aucune façon un échec, s’est une partie de la solution. Je vous remercie d’avoir partager cette correspondance. En parler pour mieux comprendre.
J’ai été travailleuse sociale pendant 15 ans auprès d’adolescents et jeunes adultes. J’aimerais ajouter au témoignage d’Isabelle que ‘ne pas se sentir bien dans sa peau et remettre sa vie en question’ font partie de la transition vers l’âge adulte, sans nécessairement conduire au suicide. Ce qui est très imprévisible et incontrôlable, même pour les parents les plus attentifs et aimants, est l’impulsivité des jeunes: le passage à l’acte est soudain, commandé par l’impulsion du moment et l’accessibilité du moyen, d’où l’absence de message et autres signes précurseurs. À cet âge, le développement du cerveau n’est pas suffisant pour prévoir les impacts, tel le traumatisme causé à la famille. Espérant ces quelques mots utiles, recevez mes sincères sympathies en ces moments très éprouvants.
Je ne veux pas en rajouter. Isabelle et Alexandre écrivent si bien. J’ai eu 65 ans récemment, toute ma vie j’ai traîné cette peur et cette envie de disparaître…Je suis une personne souriante, on me dit généreuse, je communique bien…Mais cette peur qui me tiraille depuis l’adolescence m’a fait raté tellement de chances, surtout celle de vivre une vie épanouie…Merci à vous deux
Je vous comprends tellement!
Un seul mot: WOW!
SP
Merci pour ces touchants témoignages et surtout d’en avoir ouvertement parlé. Après avoir cotoyé la mort de près à cause du cancer de mon fils, en tant que parents on se demande toujours où s’est situé notre faiblesse pour finalement en arriver à la conclusion qu’il n’y en a pas. Merci Isabelle et Merci Alexandre
Mon père s’est suicidé il y a une vingtaine d’années et il avait déjà fait auparavant deux tentatives. Malheureusement, les spécialistes qu’il consultait n’ont pas réussi à remédier à temps à son mal. Avant de nous quitter, il nous a écrit une lettre dans laquelle il tentait d’expliquer les raisons de son geste. Aucune violence. Aucune haine. Juste de désespoir. Beaucoup. Beaucoup trop de désespoir.
Personnellement, cette lettre ne m’a pas permis de réellement tout bien comprendre.
Durant mes recherches, celles ayant précédé son départ, j’ai cru comprendre que la dépression est due, du moins en partie, à un débalancement chimique du cerveau, et que ce débalancement affecte les perceptions de la personne. Je me suis alors demandé comment je pourrais vraiment comprendre les gestes et les choix de quelqu’un dont les perceptions diffèrent tant des miennes. C’est à ce moment que j’ai décidé de tenter d’accepter sans chercher à tout comprendre, car selon moi, la seule personne qui pouvait confirmer mes hypothèses était celle qui était partie avec les réponses.
Quelques jours après sa deuxième tentative, je me suis retrouvé seul avec lui dans sa chambre d’hôpital. Après une longue réflexion, je lui ai demandé « Lorsque tu poses un geste comme celui-ci, est-ce à cause de quelque chose que j’ai dit, à cause de quelque chose que je n’ai pas dit, à cause de quelque chose que j’ai fait, à quelque chose que je n’ai pas fait ou à cause de ce qu’une autre personne aurait dit/pas dit, fait/pas fait? ». Il m’a regardé aussi profondément que tendrement et m’a demandé « Ne connais-tu pas la réponse? ». Je lui ai répondu « Je crois la connaître mais j’ai besoin de l’entendre de ta bouche ». Mon père m’a alors répondu « La réponse est non, à toutes tes questions. Quand les idées noires recommencent à m’agresser, la douleur est si intense et insoutenable que je suis prêt à payer du prix de ma vie pour la faire cesser. Je ne veux pas mourir et je ne veux surtout pas vous faire du mal, mais la souffrance est trop grande ». Au cours des semaines qui ont suivi, je me suis fait un cadeau en redéfinissant le verbe « Concéder ». Même si le dictionnaire définit ce verbe comme le fait d’accorder comme une faveur, d’exprimer à quelqu’un le fait qu’il a raison et qu’on a tort, il se définit dorénavant pour moi comme le fait d’aimer au point d’accepter sans chercher à tout comprendre, à tout savoir.
Ça m’aura pris beaucoup de temps mais j’ai tranquillement recommencé à sourire, et même à rire. En plus de ma famille et de mes amis, ce qui m’aura aidé le plus est fort probablement la musique. Celle où la mélodie et les paroles expriment une partie de ce que j’ai vécu MAIS avec une lumière apaisante, un espoir réconfortant ou un but à atteindre :
• Don McLean – Vincent
• Eric Clapton – Tears In Heaven
• George Martin & Sean Connery – Friends And Lovers/In My Life
• Josh Groban – To Where You Are
• Céline Dion – La mémoire d’Abraham
• Kansas – Dust In The Wind
• Straight No Chaser – Fix You
• Garth Brooks – The Dance
• Marie-Denise Pelletier – La lettre
• Eva Cassidy – Over The Rainbow
• Straight No Chaser & Barry Manilow – One Voice
• Lynden David Hall – All You Need Is Love
• Rent Original Broadway Cast – Seasons of Love
Plus le temps avance, plus je réalise que je sais très peu. Toutefois, je suis maintenant convaincu que lorsqu’on lui en donne la chance, le temps peut nous aider à apprivoiser l’absence. On n’oublie jamais mais l’absence est moins douloureuse et les souvenirs heureux sont à nouveau les bienvenus.
Je vous souhaite d’être suffisamment généreux envers vous même pour accepter l’amour de ceux qui vous entourent. Dans mon cas, c’est à partir de ce moment que la cicatrice laissée par le départ a commencé à guérir, du moins, un peu
En espérant qu’un jour ce cancer de l’âme ne soit plus un sujet tabou dans notre société
Bonjour André,
Ton message m’a beaucoup touché et cela m’a permis de comprendre un peu plus ce que sont les maladies mentales…!
Moi, j’ai vécu le suicide de mon frère, il y a de ça 23 ans et même si on comprend, qu’on pardonne, on oubliera jamais!
Cette année, il aurait eu 60 ans en juillet mais le temps s’est arrêté lorsqu’il avait 38 ans…!
Merci pour ton témoignage!
Je viens de lire votre commentaire qui m’a fait beaucoup de bien. Mon mari s’est suicidé il y a 3 semaines et la douleur est encore immense. Ma fille et moi sommes inconsolables face au geste qu’il a posé. C’est encore l’incompréhension totale. Mais de vous lire, me permet d’espérer qu’un jour, avec tout l’amour que nous recevons de toute part, nous pourrons recommencer à sourire. Merci.
Quel magnifique témoignage que vous nous offrez, tous les deux! Vous redonnez espoir à ceux qui souffrent en silence en leur ouvrant une porte sur le dialogue, première étape pour se sortir du gouffre qu’est la dépression. En vous lisant, on sent et on comprend que l’on peut s’en sortir. Par ce message, vous nous montrer les deux côtés de la médaille, celle qui a souffert et celui qui souffre du départ d’un être cher. Mais en même temps, vous donner une lueur d’espoir à ceux qui en ont besoin. Merci Isabelle et merci Alexandre!
Quel beau témoignage émouvant certes mais tellement réconfortant. Bravo à Isabelle qui a répondu à votre cri du coeur lancé à TLMEP. Je ne comprends pas les personnes qui vous écrit des messages blessants, désobligeants et tout à fait gratuit. C’est déjà tellement difficile de vivre ces moments. Les personnes qui vous ont écrit ce genre de choses n’ont aucune compassion et ont peu d’intelligence intérieure. Merci à Isabelle d’avoir partagé cela avec vous et vous de l’avoir publié. Bonne chance. En parlant de ce drame à TLMEP, vous aurez aidé et aiderez un grand nombre de personnes.
Un seul mot … Merci.
Vos échanges m’interpellent tellement car mon beau-fils s’est enlevé la vie le 31 mars. Il avait 17 ans, aimé et bourré de talents et premier dans tous les domaines! Il vivait avec nous depuis 3 ans et demi suite au décès de sa mère aussi par suicide. Il a toujours catégoriquement refusé toute aide… Il n’a pas laissé aucun message, mais il jouait de la guitare et écrivait des paroles de chansons… Une tout particulièrement décrit tellement son desarroi que personne ne voyait à l’extérieur de la maison sauf nous ses parents. Il était à la fin de son adolescence, nous croyions que ses activités créatives et ses futurs projets viendraient à bout de son desarroi. Nous acceptions que son épanouissement se ferait sur le tard, mais pas en prenant cette finalité. Des questions, nous en avons, mais savons qu’elles resteront sans réponses. Aujourd’hui, c’est de vivre son quotidien sans lui qui est difficile pour la famille… Mille mercis pour vos échanges.
Je suis absolument sidérée par votre témoignage. Nous avons perdu notre fils le 8 octobre dernier et les similitudes entre les deux gamins sont bouleversantes. Même âge, aimé, talentueux, la guitare… il refusait également de se faire aider. Il disait qu’il voulait se gérer seul et que si jamais il glissait, il me le dirait. Je ne l’ai pas vu venir, je ne pensais pas qu’il allait si mal. Ils sont si jeunes pour éprouver un désarroi tel qu’ils en viennent à ne plus savoir comment vivre. Oui, il n’y a rien de plus difficile qu’apprendre à vivre sans eux. Mes pensées vous accompagnent.
Merci à vous deux. Vous êtes un magnifique exemple de ce qu’est vivre en société: partager à d’autres l’expérience vécue, même si elle est pénible, pour que le meilleur arrive à l’ensemble de l’entourage pour ne pas dire société. Je vous souhaite le meilleur et la suite de votre vie soit douce avec vous. Je me permets de vous dire que je vous aime.
Cher Isabelle,
Je ne peux retenir mes larmes en vous lisant, car je vis absolument la même histoire en ce moment par l’intermédiaire de ma fille. Première de classe, une petite fille qui était si heureuse il n’y pas si longtemps, mais depuis près d’un an tout a basculé. Je suis chanceuse car elle a choisi de m’en parler il y a quelques semaines….. Merci de votre témoignage et merci à monsieur Taillefer d’avoir partagé avec nous, vous m’aider à mieux comprendre et trouver comment sauver ma fille.
Je suis enseignant au secondaire. Ce que les jeunes peuvent nous raconter parfois, à nous les profs que les parents ne savent pas! Ils vivent des drames, ressentent des pensées sombres, se sentent incompris. C’est toujours la surprise pour certains parents quand on leur annonce que leur enfant a des pensées suicidaires.
L’éducation, la mise en place aussi d’une bonne formation de ceux qui les côtoient, le financement des ressources pour les accompagner. Un enfant passer près de 35 heures par semaine à l’école. C’est un de ses deux milieux de vie important, c’est souvent là que sa vie sociale se déploie ou non.
Merci M. Taillefer et Mme Isabelle de votre témoignage.
J’ai 70 ans et ce n’est que vers la cinquantaine que je me suis mis à partager sur cette détresse qui m’a habité au cour des 25 premières années de ma vie.
Grand Merci à toi Alexandre et toi Isabelle, vous contribuez à resserrer les mailles d’un filet de sécurité dont toutes les personnes en détresse ont besoin. Les graines que vous semez sont porteuses d’espoir.
Il est certain que votre histoire a touché tout le Québec, tellement difficile à comprendre et tellement douloureux… je vous assure que ce sentiment nous l’avons tous ressenti lors de votre témoignage.
Un gros MERCI de ce partage, MERCI à Isabelle et MERCI à vous Alexandre… j’espère sincèrement que vous pourrez ainsi aider quelqu’un d’autre et qui sait, permettre d’éviter un drame.
MERCI !!!
Quelle générosité d’une part comme de l’autre, merci pour votre humanité. Même si présentement je ne vis pas de détresse, sachez a quel point vous me faites du bien. Dans ce monde pas toujours facile a vivre, vous nous rappelez, l’essentiel de l’être humain. Merci
Ça fait du bien de vous lire….. Merci de partager, encore et encore, malgré votre douleur!
Il y a 7 mois, j’osais qualifier ma vie de vivre « cul par-dessus tête » depuis un bon moment, trop longtemps. Bien qu’en comparaison avec votre rythme à vous « d’avant », c’était plutôt tranquille de mon côté. Je ne suis pas une personnalité publique et pourtant, les nombreux commentaires haineux et destructeurs que j’ai pu lire à votre égard m’ont fait mal à moi aussi, comme s’ils m’étaient adressés personnellement. Il y a 7 mois, j’ai perdu l’un des deux hommes de ma vie, mon fils, quelques semaines avant son 17e anniversaire. Il n’a rien laissé. Nous avons déjeuner ensemble, discuté de la semaine à venir, puis il a pris le bus pour l’école, en me souhaitant comme à son habitude un « bonne journée Maman, je t’aime ». Voilà! Tout comme Félix, il n’avait pas prévu ce matin-là que sa journée se terminerait de cette façon. Comme tous les ados, mon fils avait ses hauts et ses bas, et je n’y ai vu que du feu. Tout comme votre fils, il s’appliquait à ne laisser paraître que ce que j’appelais « son côté givré ». Mais ce n’était en fait qu’une partie de lui-même. Nos enfants ne voulaient pas mourir. Seulement, ils ne savaient plus comment vivre.
Bien que nos deux vies n’étaient pas comparables, elles ont tout de même basculé. À l’instant où nous les avons perdus, une partie de nous-même s’est envolée avec eux, sans que l’on puisse y faire quoi que ce soit. Départager le mal de l’ados d’un mal de vivre tient du miracle. Et que vous soyez une célébrité pleine de ressources et de moyens n’y change rien. Vous êtes un père qui vivez la même destruction de l’âme, tout comme moi, et tant d’autres.
Non, vous ne pouviez pas savoir à quel point le « côté non givré » du mini-wheat souffrait en silence. Nous aurons beau réécrire l’histoire, revenir sur les derniers moments, les dernières phrases pour tenter d’y trouver un sens, un coupable qui allégerait notre culpabilité, notre sentiment d’avoir profondément « échoué » dans notre rôle de parent. Pourtant, comme Isabelle l’a si bien décrit, parfois, il n’y a pas de vrai pourquoi, ni de vraie réponse. Il n’y a plus que nous, et de ce que nous allons faire de ce nouveau rôle qu’on nous a attribué, celui de faire partie de ceux qui restent.
C’est un réconfort de recevoir un tel témoignage venant d’une personne qui peut expliquer le « presqu’inexplicable ». C’est merveilleux pour les parents qui ont vécu un tel drame.
Juste de l’intelligence et de l’humanité. Vous lire (vous deux) me rappelle les beaux côtés de nous, les humains.
Isabelle…..Isabelle, je crois que vous venez peut-être de sauver une vie…
SM, je l’espère. Si vous saviez à quelle point elle peut être belle! J’ai vécu plusieurs vies en une et me voilà repartie vers une nouvelle aventure. Quand je regarde derrière, je ne peux que constater à quel point cela valait la peine. J’ai rencontré l’homme de ma vie dans l’année qui a suivi ma décision de m’en sortir et nous partageons une belle folie depuis plus de 31 ans. Remplacez chaque pensée négative par une pensée positive. Rêvez, rêvez encore, exprimez-les, puis prenez les actions pour les atteindre. Vous serez surpris des résultats. Puis, ne faites pas comme moi, parlez-en autour de vous. Vous êtes exceptionnel. Vous constaterez à quel point on vous aime. Bon courage!!
Après cette année difficile que j’appelle la démolition, vient la reconstruction. Avec votre intelligence et votre sensibilité vous saurez en faire quelque chose qui vous aura grandi, vous et votre famille. Ce ‘est pas un échec, c’est peut-être tout simplement la vie qui est parfois trop lourde pour de frêles épaules… Courage Alexandre! Merci Isabelle pour ce beau message qui va en aider plusieurs.
Merci beaucoup..Ce fut un baume positif et profond que de vous lire…
Quel touchant témoignage….
Merci de partager avec nous votre expérience de la dépression, du suicide, de la fragilité de la vie.
Isabelle, vous avez tellement à apporter à tous ces humains qui souffrent en leur coeur et leur tête. Vous êtes un phare dans le brouillard! J’appuie votre conjoint qui vous encourage à écrire. Je suis certaine que beaucoup de jeunes seraient touchés de vous entendre ou de vous lire…
Monsieur Taillefer et sa famille, j’ai été très touchée par votre témoignage à Tout le monde en parle. Quel courage d’en parler ainsi devant tant de gens! Vous avez dit que c’est votre plus grand échec… Moi je suis certaine que vous saurez en faire sortir beaucoup de positif. Vous êtes un homme déterminé et créatif. Laissez passer le temps, c’est votre meilleur allié. Votre coeur saura vous mener pour aider d’autres jeunes qui vivent sensiblement la même chose que votre fils a vécu. Vous retrouverez une partie de votre fils en chacun de ces jeunes que vous aiderez. Votre fils n’a sûrement pas voulu que vous soyez malheureux de son départ…. Tout ce qu’il voulait c’est de faire cesser son mal de vivre. Courage à vous et votre famille. Mes pensées vous accompagnent. Namasté
Merci Isabelle ,,,ca ma fais du bien de vous lire ,,,,xoxoxoxoxo Ma belle Claudel cest suicide il y a de cela 20 mois ,,,et il marrive encore de me sentir coupable ,,,jai bien aimer votre partage ,,,continuer de le donner ,,,ca ma fais le plus grand bien de vous lire , merci de tout coeur
Bonjour M. Taillefer,
Je n’ai pas lu les nombreux commentaires, j’ai plus ou moins l’énergie de replonger dans le drame qu’est le suicide. Mais J’ai lu assez pour me permettre un témoignage.
Je suis la très fière maman de 2 belles grandes filles de 12 et 13 ans. Leur papa a DÉCIDÉ de quitter ce monde alors qu’elles n’avaient que 3 ans et 20 mois… Notre belle histoire d’amour a duré 5 ans …!!! Jamais je ne prétendrai comprendre le suicide d’un enfant. Danny était mon mari et le père de mes filles.
Vous savez maintenant trop bien que nous sommes tellement impuissants devant la détresse de l’autre ! Vous, en tant que papa, n’avez pas détecter les signes d’alarme de votre fils. Mais Y EN AVAIT-IL ?? Et même s’il y en avait eu, comment pouvez-vous être certain que vous auriez su faire toute la différence ?
Moi, je n’ai eu aucun signe clair (et personne d’autre d’ailleurs) de la détresse de mon mari. Mais même si j’avais vu venir les coups ??? La détresse s’installe insidieusement. Elle envahit lentement le cœur et l’esprit.
Et vous devez vous demander : « Quel a été mon rôle dans son cheminement? » Eh bien je vous dirais que moi, je me suis remise en question, mais j’ai eu une chance que vous n’avez pas eue. J’avais 2 belles filles qui ne méritaient pas d’avoir une maman toute croche. Elles ne méritaient pas que leur papa lance la serviette…
J’ai eu comme seul réflexe de m’outiller le plus possible pour faire cheminer mes filles au meilleur de mes capacités. J’ai par contre dû apprendre et accepter que le suicide de on mari était SON CHOIX. Il avait plusieurs portes à ouvrir pour laisser entrer le soleil, mais IL A CHOISI de ne pas tâter les poignées.
Comme parent, j’ose à peine imaginer votre douleur, mais encore plus votre culpabilité. Mais même les meilleurs parents du monde doivent faire face à cette épreuve. Et pourquoi ???? Ils sont LES MEILLEURS !!!! Nah…. Ils croient être les meilleurs ! Et comme parent aimant, on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour voir nos enfants s’épanouir et être heureux. SAUF qu’on n’a pas encore de « scan » pour voir si « le meilleur de nous » est suffisant pour nos enfants. Et encore plus, il faut se rappeler qu’en tant qu’être humain, nous sommes tous UNIQUES. Donc, ce qui est essentiel pour vous peut être ridicule pour moi. J’ai beau vouloir le meilleur à mes filles, elles ont une personnalité très distincte de la mienne. Pour bien des parents, les vôtres, les miens, ces différences n’ont pas eu trop d’impact. Mais si nous mettions au monde un enfant avec une personnalité totalement opposée à ce que nous sommes …????
M. Taillefer, oubliez tous les reproches et les blâmes que vous auriez pu vous infliger. Le suicide est un drame qui demeure sans réponse. En tant que maman de 2 belles grandes ados, je suis consciente que les statistiques me font peur. J’ai sacrifié ma santé pour m’outiller et outiller mes filles pour qu’elles soient à l’aise avec le suicide de leur papa. Je ne cesse de leur répéter que le suicide n’est pas une option et nous avons une relation vraiment franche et ouverte. Mais malgré tout, je ne me crois pas à l’abri.
Je pourrais écrire un livre pour vous convaincre que vous n’avez rien à vous reprocher face à la décision de votre fils, mais je sais que votre souffrance est grande.
Enfin, j’espère que mon témoignage saura « mettre quelques couches de crème » sur votre plaie encore trop vive.
Pour finir, et pour vous flatter un brin (!!!!), je ne sais rien de votre parcours d’entrepreneur. Mais j’aime vraiment entendre vos interventions comme « Dragon » !!!! Des fois, j’aimerais avoir la fibre entrepreneure pour avoir la chance de vous côtoyer, même si ce n’était que l’instant d’une présentation !
Je vous dis, de mon statut de personne très ordinaire, que vous avez le droit de souffrir du choix de votre fils, mais que vous ne pouvez pas mettre sur vos épaules l’issue de ses choix.
Très humblement,
une personne tellement trop ordinaire,
Sandra Hardy
XXX
Bonjour M. Taillefer,
Le jour que vous avez décidé de parler à « Tout le monde en parle », vous avez commencez la guérison de la souffrance qui laisse un suicide dans une famille. Il faut en parler, il faut en parler…malheureusement, il n’y a pas de support pour les gens qui vivent des situations comme cela. Il y a pour ceux qui vont à la guerre et vivent un traumatisme mais il n’y a pas pour ceux qui vivent des traumatismes dû à un suicide dans la famille. Pour y réfléchir, si on parlerais un peu plus avec les familles qui ont vécus des situations de suicide et que les gens soient au courant de la souffrance que cela represente pour ces familles, peut-être il serais une façon de dire aux jeunes et au moins jeunes de chercher de l’aide et éviter le suicide.
Merci à vous deux de nous partager votre histoire.
Bon courage pour la suite.
Merci Isabelle! C’est ce que j’aime des réseaux sociaux, quand on s’en sert positivement, on peut s’encourager et partager notre vécu!!
M. Taillefer,
Je veux vous dire que j’ai toujours trouvé, chaque fois que je vous ai vu à la télé, un homme intelligent, pausé, sensible et respectueux, je suis certaine que vous étiez ce père pour votre fils. Nos enfants font leurs propres choix et nous les avons élevés pour qu’ils soient autonomes et capable de prendre des décisions, malheureusement on ne souhaite pas ce choix mais c’était pour lui le meilleur!!! Je ne pense pas que vous auriez pu changer quelque chose mais il est parti avec tout l’amour que vous aviez pour lui, sans oublier celle de maman et de sa soeur!
M, Taillefer, vous avez de l’argent et du pouvoir, je suis certaine que cette épreuve servira à vous faire grandir et aussi servira à aider des causes qui ont bien besoin d’hommes de votre trempe!!
Ce que vous vivez m’attriste beaucoup, je vous souhaite du courage et beaucoup d’amour pour vous et votre famille!! Je prie pour vous!
Suzanne
Merci à vous, Isabelle et vous, M. Taillefer.
Vous lire me fait grand bien. Mon fils unique s’est suicidé le 5 avril 2011 à l’âge de 26 ans. Artiste souffleur de verre, il n’a su trouver SA place dans notre société en quête de performance.
Sans laisser de message, même après 5 ans, son absence est inexplicable. Une chance que je suis bien entourée et qu’on m’a informé des services offerts gratuitement par le centre de prévention du suicide.
En terminant, je vous envois plein d’énergie pausitive. À vous M. Taillefer et votre famille. Je sais que votre coeur est brisé et irréparable. Je sais aussi que votre coeur ne croira pas mes prochains mots. On me disait « tu vas voir. Avec le temps, ça va faire moin mal ». Je n’en croyais pas à un mot . À quelque part,je ne voulais pas. De peur d’oublier mon beau Jean-François. Mais ils avaient raison… Après 5 ans, il y a des jours où le tsunami revient et f’est probablement ainsi pour le reste de mes jours. Mais il y en a d’autres où j’accepte petit à petit le bonheur autour de moi. Ma vie est ainsi faite maintenant.
Merci d’avoir parlé publiquement.
Bon courage et une minute à la fois.
Nancy Roy
*** Si vous êtes endeuillés par suicide, êtes inquiets pour vous ou un proche, téléphonez; 1-866-APPELLE 1-866-277-3553. C’est GRATUIT. Ouvert 24h / 24, 7 jours /7
Quel bel échange! Deux récits touchant, elle a su vous ouvrir son cœur afin de vous soulager un peu et de vous rassurer dans certaines de vos plus grandes peurs. A vous deux, Isabelle et Alexandre, bravo!
Je suis aussi profondément troublé et touché par vos deux histoires viis deux combats. Bravo Isabelle, pour ce magnifique texte, pour votre résilience et votre courag. Surtout merci de cette empathie spontanée témoigné à un étranger, Alexandre pour alléger sa tourmente et lui apporter un peu de réconfort. Bravo et surtout merci à vous M. Taillefer d’avoir malgré la peine et le désarroi partager ce moment difficile avec nous. J’ai aussi bien ressentie votre grande peine à Tout le monde en parle et je me suis demandé comment vous y arriviez. DD savoir que certaines personnes vous blâme ou vous agresse me semble totalement inacceptable mais compréhensible. J’ai mon lot de moments difficiles avec moi même et maintenant avec ma plus jeune qui de toute évidence de bat avec les même démons que moi dans le passé et je prends conscience d’une chose… Une chose triste mais fondamentale… Nous sommes humains, pleins de controverse et de peurs. Et cette peur nous paralyse, nous fait juger ou douter. Il est plus facile trop souvent de blâmer l’autre, de trouver un coupable pour expliquer ses gestes sans ledemain possible. Je vous souhaite M. Taillefer a vous et à votre famille de rester unis et aimant les uns avec les autres. Chérissez les souvenirs heureux pour apaiser vos cœurs tristes et trouver un peu de paix et sérénité pour la suite.
Tina S.
Merci à vous deux pour votre grande générosité ! Vous méritez l’apaisement et la sérénité.
Pensez-vous qu’un volet éducatif de sensibilisation, prévention et aide pourrait aider les jeunes de notre société…
Moi, je crois que si.
À M.Taillefer, moi je vous admire, ces triste ce que vous vivez.
Moi j’ai 70 ans ,je vis des choses difficiles dans ma tête je me dit je mourrais je serais bien,des fois je souhaités d’être malade ça pas de bons sens .
Même à cet àge, j’ai toujours été fragile, Ce que Isabelle vous a écrit mè fait du bien, elle a raison qu’on à peur d’être jugée. Bon courage M Taillefer, merci à Isabelle pour son témoignage.
Merci, vos commentaires me touchent profondément.
Je pense moi-même à mon histoire. J’avais une famille merveilleuse, Ecole privée, j’étais studieuse et malgré tout cela j’ai fait une tentative de suicide. Il y a 24 ans. Maintenant que j’ai des enfants, je pense à mes parents et à quel point ils ont dû souffrir. Mais ils n’y sont pour rien. Non ils ne sont pas parfaits, mais ils m’aimaient, étaient présents, m’encourageaient , me donnaient sécurité. Bref tout çe qu’un enfant a besoin. Çe mal de vivre était tout simplement en moi. Des années plus tard, j’ai fait une dépression, 20 ans. Aujourd’hui je comprend que je suis fait ainsi. Je m’en sort avec de l’aide, du temps et de l’acceptation de la maladie et espère être une bonne mère à mon tour. Merci de parler.
Je trouve très formateur d’avoir de tel commentaire provenant de celles et de ceux qui ont vécu une situation proche du suicide. Pour ma part dans ma famille j’ai vécu le suicide d’un de mes frères (à 34 ans), d’une nièce de 16 ans ainsi qu’un neveux à 30 ans.
Un livre sur lequel je suis tombé m’a aidé à mieux comprendre de ce quoi peut se passer dans la vie de ces gens suicidaires, c’est celui de Lyne Langlois, Ma vie est une série de BIP.
Monsieur Taillefer et Madame Isabelle, je vous trouve courageux d’avoir traversé vos épreuves avec résilience et généreux de l’avoir partagé. Bonne route.
Superbe temoignage!
Tres touchant, et effectivement, comme parents c’est difficile de surmonter ces epreuves.
Je me suis toujours dit, que il y a et aura toujours des personnes qui voudront salir les gens eprouves par quoi que ce soit!
Moi j’ai une phrase qui fait parti de moi,
Nous sommes qui pour juger les autres???
Bonne journee!
Wow, beau partage. Merci à vous deux. Je ne l’si pas vécu de près, mais j’aurais pu ! Je suis certaine que ceci pourra éveiller des cons ience ou encore permettre â des gens l’ayant vécu de se pardonner… Enfin….
Quel beau témoignage réconfortant pour ceux qui survivent a un tel drame. Merci pour le partage.
juste merci,merci,merci