Tiens, une petite métaphore pour ma chronique de février. J’en ai lu une dernièrement sur l’immigration dans Le Devoir qui utilisait le poisson. C’est Christian Rioux qui nous a pondu ça. Ça sentait plutôt fort… J’ai choisi de parler du même sujet en restant aussi dans le monde animal.
Regardez la situation du Québec comme vous le voulez. La démographie est notre enjeu numéro un. Les baby-boomers quittent massivement le marché du travail et l’arrivée d’une nouvelle population active ne remplace qu’une infime partie des mises à la retraite. Le déclin du bassin des travailleurs ne fait que commencer malgré les quelque 50 000 immigrants que l’on accueille chaque année. Ça ne prend pas une Jojo Savard pour prévoir que nous aurons de plus en plus de misère à nous acquitter de nos obligations envers nos pensionnés, que ce soit pour payer leurs retraites ou leurs soins de santé. Au net, c’est plutôt 35 000 immigrants, parce que près de 15 000 quittent le Québec pour s’établir dans une autre province, majoritairement en Ontario depuis le ralentissement de l’économie de l’Alberta. Le maintien de notre population active en nécessiterait trois fois plus.
Une étude préparée par Cirano il y a environ deux ans s’inquiétait de l’impact économique de l’immigration. Il serait moins bénéfique que prévu. Si l’on regarde le taux de chômage au Québec, difficile de nier cette situation. Avec un taux de chômage de 6,2%, le nombre de personnes qui se cherchent un emploi n’a jamais été aussi bas depuis les 25 dernières années. Mais le taux de chômage des immigrants, lui, dépasse le 16%. Deux poids, deux mesures? Qu’est-ce qui explique cette situation?
Aux premières loges, les ordres professionnels qui s’obstinent à rendre la vie extrêmement difficile à ceux qui ont obtenu une éducation à l’étranger. Cette situation doit être corrigée. Le protectionnisme passéiste pratiqué par ces «syndicats» est clairement au détriment du bien commun. Le gouvernement se doit d’agir et d’imposer un programme accéléré de reconnaissance et de mise à niveau des compétences d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et formée à fort prix par d’autres pays. Vous n’avez pas idée du nombre d’ingénieurs, de biologistes, de professeurs et d’économistes qui travaillent chez Téo à 15 piastres de l’heure.
Ensuite, il faut bien l’admettre, on semble avoir un petit dédain pour la laine importée. On a le stéréotype rapide. Et quand on tente un examen de conscience à cet égard, comme l’a fait Rima Elkouri dans La Presse dans une série de trois articles parus en janvier, c’est pas long que nos petits Saint-Jean-Baptiste citent le «fake news» ou invoquent le risque terroriste.
L’immigration a toujours fait partie de l’histoire de l’Amérique du Nord, et le Québec ne fait heureusement pas exception. Par exemple, en 1820, les Irlandais représentaient plus de 20% de la population du Québec. J’aime relater que le petit Taillefer a plus de sang irlandais que de sang français et que ma fille, qui a l’air tricotée ici, a plus du tiers de son sang qui provient du Liban. Nier l’héritage extraordinaire que nous a apporté l’immigration, tant d’un point de vue culturel qu’économique, et la pourfendre en faisant la promotion du nationalisme identitaire, c’est non seulement ignorer l’histoire, mais c’est surtout se tirer dans le pied.
Aussi contre-intuitif que ça puisse paraître, si nous voulons offrir une chance au français de se développer et de grandir au Québec, nous n’avons d’autres choix que d’ouvrir encore plus grand la porte aux immigrants. En s’assurant de ne pas laisser qu’au hasard l’adhésion à nos valeurs et à notre langue commune. L’intégration doit aussi se faire de façon active. L’objectif de créer une Charte des valeurs du Québec avait ça de bon en ce sens qu’elle aurait pu permettre d’établir un consensus autour de nos valeurs communes. C’est le dérapage lié à la promotion de valeurs identitaires et les objectifs à tendances discriminantes qui ont miné son développement et suscité tant de dégoût. L’intégration ne se fait pas en criant ciseau. Elle se déroule sur 10 ans, 20 ans, 30 ans. Elle prend la forme d’amitiés développées à l’école, au travail, d’histoires d’amour qui entraînent un magnifique métissage.
Je me doute bien que de nombreux tenants d’une immigration restreinte rêvent d’un Québec aux Québécois et voient dans l’arrivée des immigrants davantage de Néo-Québécois qui voteront majoritairement non lors du prochain référendum finement planifié en 2022 ou à tout autre moment qui paraîtra gagnant. On s’éloigne tranquillement, disent-ils, de la terre promise par le 50%+1. Veut-on vraiment d’un pays qui serait gagné par une majorité «pure laine», mais refusé massivement par les «ethnies et l’argent»? La souveraineté se ferait ainsi peut-être démocratiquement selon la formule mathématique, mais serait-elle souhaitable si elle oppose si farouchement deux groupes? J’ai le goût de vous parler de ma fierté d’être Montréalais, d’être Québécois, et que si l’indépendance se fait un jour, c’est parce que nous aurons convaincu les clientèles moins naturelles de son bien-fondé.
L’immigration est aujourd’hui un phénomène essentiellement montréalais. Environ 75% des immigrants s’installent dans la métropole. C’est la moitié plus que son poids démographique. Avec comme conséquence que Montréal représentera dans les prochaines années l’essentiel de la croissance économique québécoise et que son poids démographique ne cessera de croître. Les autres villes doivent réaliser cette situation et développer leurs propres stratégies pour freiner cette tendance, au risque de connaître des pénuries de main-d’œuvre chroniques qui freineront leur développement. Avec un taux de chômage à 4,4%, la ville de Québec devrait installer un kiosque à l’aéroport Montréal-Trudeau pour faire une promotion active de ses grandes qualités, de ses nombreuses opportunités et de son ouverture.
L’immigration est essentielle à notre survie tant culturelle qu’économique. À nous de jouer les bergers adéquatement en continuant à croire et à encourager le multiculturalisme, mais en redoublant d’efforts afin de nous assurer que les immigrants qui choisissent de venir ici et ceux qu’on accueille pour des raisons humanitaires adhèrent à nos valeurs. Appelons ça le beau risque. Parce que si on choisit de se refermer sur nous pour protéger le pure laine, on n’en aura bientôt plus assez pour se tricoter une tuque. Espérons que bientôt, pour tricoter serré, il faudra ajouter un peu de laine de mérinos ou de laine du Cachemire. En plus d’améliorer le produit, ça permet de se tenir au chaud.
[N.D.L.R. Cette chronique, parue dans le magazine Voir du mois de février a été rédigée le 23 janvier, donc avant la fusillade dans une mosquée de Québec.]
BRAVO
Très bonne analyse de la situation au Québec.
J’espère sincèrement que les mentalités vont changer envers les immigrants de confession musulmane et que cette vague de prise de conscience générale va se poursuivre………
Bonne journée Monsieur Taillefer.
Une vague finit toujours s’amoindrir et disparaître ou se transformer. Il ne faut pas qu’espérer mais travailler ensemble pour la rétention.
Aussi, les derniers évènements ont été la cible de reprise politique de toute part. La population doit boire les paroles d’un discourt non senti du PM Trudeau pendant les cérémonies funéraires malgré la vente d’armes à l’Arabie Saoudite. Et on essaie de nous faire la morale en nous disant de différencier les musulmans « tranquilles » des extrémistes… Quelle farce!
La proposition d’un Québec ouvrant grand ses portes est séductrice. Cependant je crois que même si les « régions » doivent s’impliquer, la responsabilité de la métropole reste immense. Montréal doit aider les régions au lieu de les regarder de haut en attendant un éveil soudain. La balle est aussi dans le camp du prochain gouvernement pour tendre la main aux plus petites villes. Pourquoi ne pas essayer l’implantation de Téo à la grandeur du Québec? Ce n’est qu’un exemple parmis tant d’autres. Il existe plusieurs jeunes fleurons québécois qui pourrait faire rayonner le Québec EN ENTIER. Si les gens d’affaires comme vous refusent de s’adonner à cette tâche, permettez-moi de doutez de votre sincérité.
M. Rousseau, Si je comprends bien votre argument, c’est une farce de différencier les musulmans tranquilles des extrémistes. Donc, selon vous, 1,5 milliards de musulmans sur la terre sont des extrémistes. Faire de telles généralisations, Monsieur, c’est tomber dans le racisme. N’avez vous rien retenu de ce qui est arrivé à Québec dimanche dernier?
M. Rousseau: Parfois, il faut un peu plus que de la volonté. Il faut de l’argent, du temps et aussi prendre le risque que ça peut ne pas fonctionner.
M. Dionne: Je ne pense pas que M. Rousseau ait écrit une telle chose…
Monsieur Taillefer gagne à être lu, que de lucidité dans ses propos !
Excellente analyse. J’ajouterais aussi la laine des Andes et celle des pays nordiques. Une société française, mais aussi latine, et une nordicité incarnée.
Au Québec, les biologistes ne sont pas encadrés par un Ordre professionnel. Il n’y a pas de restrictions professionnelles pour obtenir un emploi en biologie. Les diplômes étrangers sont évalués par le ministère de l’Immigration du Québec. Tous les biologistes peuvent devenir membre de l’Association des biologistes du Québec et nous offrons un service d’information sur les emplois offerts à chaque semaine. Nous souhaitons que tous les biologistes trouvent un emploi dans leur domaine !
Bravo.
Très bon texte. Les Québécois sont ouverts, accueillants, curieux, je suis toujours surprise de voir que ça s’arrête pour quelques uns à la porte du bureau. A-t-on peur d’avoir peur ? A-t-on accumulé des frustrations à force de sa faire « manger la laine sur le dos » ? En tout cas c’est plus ou moins important de se psychanalyser, maintenant c’est plutôt de trouver des façons pratiques que ça change, autant que possible rapidement et dans la bonne humeur. On est dans la transition des Boomers vers les générations suivantes, la pénurie de main d’oeuvre que ça va entraîner va probablement faire la moitié du travail…
les Québecois sont accueillants , oui tant qu’il y a du travail ou que l’on est touriste, je suis arrivé en 1990 avec ma conjointe et 3 enfants et je me suis fait souvent dire que j’étais un « hostie d’importé qui venait voler les jobs et les blondes de Québecois« c’était courant dans la construction et la foresterie, la peur de perdre son travail à cause d’un immigrant. Je suis pour une immigration contrôlée mais quand on nous reçoit en nous reconnaissant qu’un secondaire V et qu’il faut retourner 3 ans à l’université, il ne faut pas s’étonner que beaucoup repartent. Le processus d’obtention était très long aussi, examens médicaux couteux pour être sur que nous étions capable de travailler et dire à la délégation Québecoise que les enfants iraient dans une école francophone et le contraire pour la délégation Canadienne, on fait les frais de la guéguerre franco/anglo…les syndicats qui protègent les jobs avec une liste d’ancienneté et des cartes de compétence qui vous empêche de ramasser une planche si vous êtes plombier…pas facile de travailler ici, le bouche à oreille fait son oeuvre, le système de santé aussi, je me souviens d’avoir vu un film « Jésus de Montréal« en 1990,rien n’a changé, j’ai perdu mon médecin de famille l’année dernière et ça devrait prendre 2 ans encore avant que j’en ai un… il y a une grosse job à faire si on désire des immigrants qui ne seront pas que des bouche-trous ou des ramasseurs de fraises.
Wow bravo tres bien le texte et ça relate tout ce que je me tue a dire aux « quebecois de souche » il n’y a plus vraiment de souche aujourd’hui haha
Bonjour M. Taillefer mon héros
Bravo pour cet article. Je veux vous proposer mon aide, à titre d’ex traductrice, pour corriger vos textes avant l’impression. Je fais déjà du bénévolat au CLSC de mon quartier, et c’est à titre de bénévole que je réviserai vos textes. Une erreur de frappe est si vite arrivée, n’ayez crainte je ne vais rien changer sauf corriger.
Monsieur Taillefer,
Du travail doit certainement être effectué pour améliorer la reconnaissance des compétences des professionnels formés à l’étranger et qui souhaitent exercer une profession régie par un ordre. Votre billet identifie toutefois les ordres professionnels comme étant l’obstacle principal à l’intégration des personnes immigrantes.
Je crois que dans la prise de parole publique, il faut avoir le sens des proportions, et surtout s’appuyer sur des chiffres. En voici quelques uns qui apportent un tout autre portrait – nuancé – de la réalité.
1) La proportion des personnes immigrantes qui souhaitent exercer une profession réglementée correspond à 15 % du total des personnes immigrantes admises au Québec, selon les chiffres du ministère de l’Immigration. Le contingent des personnes immigrantes dans l’orbite des professions réglementées est donc minime, très minime.
2) De 2009 à 2015, seulement 6 % des demandes d’accès aux professions par des candidats formés à l’étranger ont été refusées par les ordres. On est loin de l’hécatombe décrié par certains.
Ces données invitent à relativiser vos propos. Et à ne pas passer sous silence d’autres faits documentés, tout aussi troublants: saviez-vous, par exemple, qu’un membre d’un ordre professionnel issu de l’immigration (donc une personne immigrante dont les compétences ont été reconnues par l’ordre), oeuvrant dans le secteur privé (par exemple, un ingénieur, un technologue professionnel, un chimiste, un comptable professionnel agréé), aura plus de difficulté à trouver un emploi dans sa profession qu’un membre formé au Québec, surtout s’il fait partie d’une minorité visible?
Le Québec a besoin de la main-d’oeuvre immigrante. Les ordres professionnels endossent cet objectif, car ils comprennent bien que sans l’apport des professionnels immigrants, il sera difficile de maintenir le même niveau de services professionnels à la population québécoise. Oui, il y a des problèmes. Oui le changements peuvent être lents. Oui, il faut imaginer de nouvelles solutions, à effet rapide dans l’intérêt de la personne immigrante. Mais ces solutions surgiront de la collaboration des acteurs concernés, incluant les employeurs, et non de la recherche de coupables.
Jean-F Thuot
Directeur général
Conseil interprofessionnel du Québec
Bravo Mr Taillefer ! On souhaite que tous les gens(et il doit y en avoir beaucoup) qui partagent votre réflexion à propos de l’immigration au Quebec ; il faut que les choses changent ! Nous sommes sûres que le cynisme et et la passivité du gouvernement n’aident pas le Quebec à relever son plus grand défi qui est De perpétrer la francophonie en Amérique du Nord et de faire face de façons solide et sérieuse aux enjeux économiques mondiaux ! Préfère t il voir ses » pures laines » disparaître et l’anglais prendre tout le terrain?! nous sommes à la croisée des chemins c’est le moment de faire un choix de société important !
Monsieur Taillefer, je ne sais plus qui croire. J’ai terminé dernièrement la lecture d’un livre qui, sur plus de 300 pages, contredit à peu près tout ce que vous écrivez. Tous les Québécois devraient peut-être aussi lire LE REMÈDE IMAGINAIRE – Pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec -. Au quatrième de couverture de cet essai fouillé écrit en 2011 par un démographe et un philosophe on peut lire: « … les auteurs de ce livre ont la conviction que le public et les décideurs entretiennent une idée fausse de l’effet de l’immigration sur l’économie et la démographie. Ils croient que cela les empêche d’évaluer de façon objective la politique québécoise d’immigration et conduit aussi bien les Québécois de naissance que les immigrants à concevoir des attentes démesurées à l’égard de cette politique, des attentes qui, un jour ou l’autre, seront fortement déçues. » Pour ma part, je dis oui à une immigration pour des raisons humanitaires par un Québec adéquatement préparé, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, et non à une immigration pour des visées politiques ou de « cheap labour ».
J’adhère à cette thèse qui est beaucoup plus réaliste à mon sens. L’immigration doit aussi refléter ce que nous voulons devenir. Des gens qui brandissent sans cesse leur droit à la différence en terme de religiosité ne font pas avancer les choses. Nous avons passé ce stade en sortant de la grande noirceur. Je n’ai pas peur de ces gens mais ils me rappellent cette époque. Juifs, chrétiens, musulmans et autres religieux cessez de nous embêter avec vos lois et coutumes. Avons-nous un projet de société? Établissons-en un d’une façon formelle et que les immigrants y adhèrent en connaissance de cause ou établissez-vous ailleurs.
@Martin Vincent
1) En quoi voir des gens pratiquer une autre religion que le traditionnel catholicisme vous embête ?
2) Aucune des 6 morts, leurs 17 enfants et des nombreux blessés (dont 2 sont encore dans le coma) n’a « brandi leur droit à la différence ». Ils étaient tous bien intégrés, parlant français (certains avec l’accent québécois) et avaient de bons emplois. Rien ne les distinguaient du reste des Québécois, à part le fait qu’ils priaient à la mosquée de tant à autre.
Bien des jeunes (et des moins jeunes) se distinguent pas mal plus par leur habillement et leurs manières (punks, douchbags, …).
Le Japon est aussi un peuple vieillissant mais préfère la cohésion sociale et une diminution du niveau de vie et peu d’immigration..Les premières nations ont fait confiance à nos ancètres imigrants et ils se sont retrouvés dans des réserves.En Afrique du Sud les imigrants se sont acaparés de grands territoires et des richesses et la majorité noire se bat encore pour leurs droits et de bons emploies.Il y a des pays très peuplés avec un niveau de vie très bas et heureux. Moi je suis pour une immigration plus modérée malgré un niveau de vie moindre.
Il faut arrêter de comparer des exemples de colonialisme (Premières Nations et Sud-Africains dépouillés par les colonisateurs européens) avec l’immigration.
La colonisation s’implante avec un appareil militaire et l’installation de structures étatiques et économiques assurant la suprématie d’un peuple.
L’immigration est un flot d’arrivants de diverses origines qui se fondent dans le peuple dominant. Il n’y a pas d’exemple historique de peuple minorisé par l’immigration. Pas la colonisation, en revanche…
Historiquement, à chaque époque, on disait (et dans tous les pays) de chaque vague d’immigrations qu’elle allait « submerger » la population locale, qu’elle apportait le « vice », la criminalité, la violence et des valeurs « incompatibles ».
On l’a dit, à travers toute l’Amérique du nord, des Irlandais, des Italiens, des Allemands, …
Et bien sûr du mythique Péril Jaune, qui a fait trembler des générations d’Occidentaux de la fin du XIXe siècle à la seconde guerre mondiale. Comme avec la peur actuelle des musulmans, on parlait de « valeurs impossibles à concilier », de vague menaçant de « submerger » les Blancs et de faire disparaître sous le nombre les cultures occidentales et même de « complot » motivé par la haine de notre civilisation, … Prenez les discours islamophobes et mettez « chinois » et « asiatiques » à la place de « musulmans » et vous aurez une idée du délire du Péril Jaune.
Merci M. Lagassé de ce rappel historique, on oublie trop vite qu’à chaque époque il y a eu des phénomènes similaires. Ma mère m’avait parlé des Italiens qui faisaient peur aux Québécois durant les années 40-50 je pense, il y avait même eu des émeutes et des morts parce que les Québécois ne voulaient pas se faire « voler » leurs jobs…
Très clair et tellement pertinent ! Merci. Il faut répéter encore et encore… et peut être qu’un jour, que l’on se souhaite pas si lointain, nous aurons de quoi faire une tuque, des mitaines, un foulard et un chandail!
Du côté humanitaire, OUI à l’immigration.
Du point de vue économique, ce n’est pas sensé d’augmenter l’immigration si nous ne pouvons pas leur offrir un travail convenable.
Avec l’automatisation, la robotisation et l’intelligence artificielle il va y avoir de moins en moins de travail.
Le problème grandissant qui attend nos sociétés industrielles dans un avenir proche (10 à 20 ans) est: comment gérer une population vieillissante avec une jeunesse sans travail rémunéré?
Ce n’est pas l’immigration Monsieur Tallefer qui me rend mal-à-l’aise , ce sont tous ces signes ostentatoires religieux . J’ai 69 ans et je me souviens de cette bouffée d’air à la mort de Duplessis et des banderoles » Maîtres chez nous de Jean Lesage qui ont suivies . La société maillée en intégristes catholiques n’a pas été chouette …J’aimerais tant que les règles du jeu soient claires , quitte à mettre un peu d’eau dans mon vin …S’entendre sur le religieux sphère privée m’apparaît une voie pacifique et respectueuse des multiples formes du sacré .
Aucun des 6 morts, de leurs 17 enfants maintenant orphelins et des nombreux blessés (dont 2 sont encore dans le coma) de la tuerie de Québec ne portaient de signes « ostentatoires ».
D’ailleurs la notion même « d’ostentatoire » est une invention de l’extrême-droite française (FN vers 2003). Qui permettait de détourner la notion de laïcité de son sens* pour s’approprier ce vieux cheval bataille de la « gauche ». Le tout en ciblant les signes religieux « étrangers » (un en particulier, ai-je besoin de préciser lequel?), en épargnant les signes chrétiens. Donc de cibler les musulmanes en épargnant la partie de la clientèle vieux catho du FN.
Avec cette notion absurde, les 4 300 infirmières portant une croix sont tout ce qu’il y a de plus acceptable, alors que les 300 portant hijab sont un « problème grave » et vécu comme une « agression » par certains.
*Neutralité de l’état en terme de croyances religieuses: ne pas favoriser une croyance au-dessus des autres). Pour permettre à tous d’exercer librement sa religion et d’afficher ses croyances.
La rareté de main d’œuvre est préoccupante dans plusieurs régions du Quebec. Elle freine le developpement de plusieurs entreprises. Il n’est pas rare de voir des affiches sur les murs des édifices des entreprises un peu partout au Quebec « Nous embauchons ».
Sans les programmes des travailleurs étrangers temporaires et des travailleurs saisonniers, la situation en agriculture serait catastrophique. Ces programmes fonctionnent bien pour répondre à l’enjeu précis de la rareté de main d’œuvre dans notre secteur. Les règles du jeu sont claires pour les employeurs et les travailleurs. Les fermiers du Quebec ont d’ailleurs une très bonnes réputations dans les pays d’où proviennent ces travailleurs. Ces travailleurs n’ont pas l’ambition de migrer au Canada et de déplacer leurs familles. C’est simplement un match, entre emplois disponibles et travailleurs migrants intéressés.
L’immigration est beaucoup plus complexe. L’immigration est nécessaire. Il faut ouvrir nos portes aux gens qui veulent venir chez nous. Pour des raisons humanitaires bien sûr, mais aussi pour soutenir notre démographie.
Les immigrants choisissent le Canada, le Quebec et Montreal. Peu d’entre eux vont choisir Thetford Mines ou Montmagny, même pour un emploi. Ils choisissent d’abord un pays. Il y a eu bien des tentatives pour amener les immigrants dans les régions et pour l’instant peu de succès. On ne doit pas abandonné.
L’immigration n’est pas une solution, à court terme du moins pour répondre à la rareté de main d’œuvre. Ce sera toujours difficile d’arrimer les besoins de main d’œuvre et l’immigration. Le grand projet des uns (les immigrants) n’est pas de répondre aux singuliers besoins des autres. (Les employeurs)
Je n’apporte pas de solution, simplement mon avis à cette intéressante question.
Bien vu M. Taillefer!
Quant à moi je suis arrivé au Québec il y a déjà 25 ans !
Arrivé un 9 février je me suis vite rendu compte qu’on avait besoin de beaucoup laine pour se tenir au chaud avec nos hivers. Quelques années après, j’ai rencontré une Québécoise qui est devenue ma femme et la mère de mes trois belles petites filles issues de ce métissage nord-sud.
Je suis un de ces immigrants qui s’est promené dans toute la province pour le travail, j’étais conseiller en publicité pour la plus grande entreprise publicitaire dans le temps et j’ai rencontré environ 2000 entrepreneurs québécois œuvrant dans toutes sortes de domaines. J’ai vraiment aimé faire des affaires avec tous ces hommes et ces femmes passionnés par leur métier à tel point que j’en suis devenu un entrepreneur à mon tour et je possède maintenant une petite agence web.
Durant toutes ces années où je me suis promené dans la belle province, j’ai vu des gens avec toutes sortes d’opinions sur toutes sortes de sujets, mais jamais je n’ai senti une onze de jugement dû au fait que j’étais un immigrant issu des minorités visibles. Au contraire lors que je racontais que j’avais passé une partie de mon enfance dans un petit village sans électricité et eau potable je me sentais compris et personne ne m’a pas fait sentir que je n’étais pas chez moi.
J’ai grandi à Montréal entouré de Québécois nés ici et ailleurs dans le monde. Et cela n’a fait que m’enrichir culturellement en tant qu’être humain de cette planète terre. Car pour moi il est clair que c’est une grande richesse que de pouvoir partager, mais aussi d’apprendre sur la vie avec des gens qui ont d’autres connaissances que les miennes.
Or, je trouve dommage de constater présentement un certain discours d’incompréhension. Mais je reste optimiste et je crois que la société québécoise est une société qui a démontré à maintes reprises sa capacité de résilience et nous n’allons pas laisser les terroristes gagner. Car au fond les terroristes ce qu’ils veulent, qu’ils soient ici ou ailleurs, c’est de semer la terreur. Ils veulent voir la société divisée au milieu de la peur les uns des autres. Et ce qui est le plus inquiétant c’est quand on voit des politiciens très en vue se faire gagner par la peur, car à leur tour ils deviennent les véhicules de communication parfaits pour le message des terroristes. Donc face à la peur c’est le courage qu’il faut préconiser. Donc au lieu de juger l’autre, il s’agit d’avoir le courage de l’aborder dans sa différence et d’apprendre à se connaître. C’est aussi le courage que d’offrir la chance de travailler ensemble dans le respect, c’est le fait de prendre la parole et de se défendre contre les discours de haine, c’est aussi le fait de ne pas nous laisser intimider collectivement par une minorité qui veulent semer la terreur. Je veux que nos enfants grandissent dans une société bâtie par des hommes et des femmes de courage et ainsi nous allons leur léguer une société prospère dans ce XXIe siècle où je crois, justement qu’il est très important de savoir bâtir des ponts de toutes sortes entre les différents peuples de la terre pour être prospères.