Gandhi a dit: «Sois le changement que tu veux voir dans le monde.» Le monde, c’est grand en maudit. C’est pourquoi on est toujours mieux de commencer chez soi. Chaque année, au début de janvier, je m’assois et dresse un portrait sans complaisance de l’année qui vient de se terminer. Je note mes bons et moins bons coups et je crée une liste d’objectifs pour la nouvelle année. C’est formidable, cette notion de faire table rase. On arrive en fin d’année comme à la fin du 42e kilomètre d’un marathon: épuisé, pas toujours content de son temps. Puis on se repose un peu et on se permet de remettre le compteur à zéro. Cette jachère est la bienvenue, elle permet d’excuser son laxisme, ses errances. De croire en un soi nouveau, amélioré. Notre ange sort les violons, nos démons se terrent.
Comment avez-vous jugé votre année, vous? Avez-vous comparé vos résolutions avec ce qui s’est réellement produit? Je dois vous avouer dans mon cas avoir trouvé l’année difficile. J’ai brûlé la chandelle par les deux bouts. Étonnamment, mes réalisations dont je suis le plus fier n’étaient pas dans les cartons en début d’année, mais ont nécessité de ma part davantage de travail. Quelques-uns de mes projets n’ont pas exactement fonctionné comme je l’aurais souhaité. Il est vrai que l’on ne révolutionne pas des industries en criant ciseau. Je dis souvent aux jeunes entrepreneurs de se préparer au pire, parce qu’il va arriver. Tout prend toujours plus de temps que prévu, je devrais le savoir à mon âge. Je me suis rendu compte durant mon introspection annuelle que j’avais quelquefois tendance à ne pas suivre ce que pourtant je prêche.
Vous n’êtes pas comme ça, vous? On sait intuitivement ce qui est bon pour nous, ce qu’on devrait faire, comment on devrait le faire, mais on finit souvent par faire le contraire. Comme un mécanisme inconscient d’autodestruction saupoudrée d’un soupçon de farniente.
On se donne des objectifs, on s’imagine meilleur, plus mince, plus sérieux, plus rigoureux, on se met une pression personnelle, probablement l’une des pressions les plus dures qui soient, et on démarre le tout sur les chapeaux de roues. Habituellement, à ce moment-ci de l’année, on est encore dans les temps ou, du moins, il nous reste suffisamment de temps pour rattraper celui qu’on a perdu.
La veille de la date que je m’étais fixée pour remplir mon formulaire des résolutions annuelles, je suis tombé sur cette phrase de Bill Gates: «La plupart des gens surestiment ce qu’ils peuvent accomplir en une année et sous-estiment ce qu’ils peuvent réaliser en 10 ans.» (Je précise que je ne voue aucun culte particulier à ce monsieur. J’ai un malaise croissant avec l’accumulation de la richesse mondiale par une poignée de gens. Ça fera sûrement l’objet d’une autre chronique…)
La pression venait de tomber. C’est, ma foi, vrai. Si je me reporte 10 ans en arrière, la sévérité avec laquelle je me suis jugé pour ma dernière année a soudainement fléchi un brin. Que de chemin parcouru, d’enseignements marquants, de changements profonds dans ma façon de voir la vie et mes priorités. La vie n’est pas que succès, performance, dépassement. Elle est faite de hasards, de rencontres, de discussions bouleversantes, d’échecs, de drames, de vie quotidienne, de toutes ces choses ordinaires et extraordinaires qui nous touchent tous, qui nous moulent, qui modifient notre ADN. J’ai maintenant choisi de remettre en question mes marathons annuels. De toute façon, mes genoux ne suivent plus. Je pars en voilier, les amis. Je n’ai pas de GPS, je ne sais pas quand je vais arriver, mais je connais à peu près la destination et je sais que la route sera longue et que les eaux et les vents auront souvent raison de ma volonté.
Cette longue métaphore pour revenir sur ce qui devrait peut-être guider nos vies. Nous vivons dans une société où jamais l’instantanéité n’a été aussi valorisée, nous nous faisons manipuler par nos nombres de likes, bombarder d’images de ce que nous devrions avoir l’air, nous valorisons nos héros et nos héroïnes, nous encensons les performants, nous nous mettons une pression personnelle incroyable et nous oublions que la vie se conjugue mieux avec être qu’avec avoir. Je ne sais pas quel était le hashtag du père Pops, ou quel est le compte Instagram de Léonie Couture, mais je doute que ces deux-là aient déjà fait une liste de 10 objectifs à atteindre d’ici la fin décembre.
Il existe une convention selon laquelle on ne devrait plus souhaiter la bonne année passé le 31 janvier. Comme l’édition de février sort le lendemain de cette date, je ne devrais donc pas le faire. Mais comme les conventions me font (un peu) bâiller, je vous souhaite à tous une excellente année. Puissiez-vous avoir une année lumineuse et éclairante. Une année pivot qui saura vous orienter, vous aider à trouver un sens à tout ça. Et qui vous permettra d’identifier une direction, sûrement encore floue, pour votre prochaine décennie.
Je lis Alexandre Taillefer, je médite , je plie l’échine .
Bonjour Alexandre,
Je me souviens du kid avec sa casquette à l’envers qui lançait Intellia aux garçons coiffeur. Si sur 10 ans, on mesure mieux le chemin parcouru, sur 20 ans c’est encore plus édifiant. À l’époque, je n’aurais jamais pu imaginer que je te citerais comme modèle aujourd’hui. C’est pourtant le cas. Merci d’être une source d’inspiration à la fois sur l’humanité, sur la conscience sociale, sur la vulnérabilité qu’un homme et qu’un entrepreneur devrait avoir.
Merci!
Belle réflexion sur la vie et le temps qui passe, notre société où la performance est toujours au premier plan. Ouf!
Prenez le temps de vivre la vie, notre vie qui passe si vite.
Je vous souhaite le meilleur Alexandre et la paix…xxx
À lire et relire sans date car l’année en fin de compte, elle commence à chaque jour de notre vie… Merci de ce sage rappel que le temps n’est pas une course et par expérience, quand je cours je ne peux voir la beauté qui m’entoure, les gens qui auraient besoin de moi et les signes que la vie me donne.
Se ressourcer, savourer et reconnecter permet de poursuivre de nouvelles avenues de vie ! Bonne route… c’est un plaisir de vous lire.
Bonjour Alexandre,
L’homme de ma vie me manque toujours, 10 ans plus tard.J’avais 48 ans.
Il n’a pas « perdu » son combat contre la maladie, il est mort des suites tout simplement. Depuis ce temps, je me fais une liste de « souhaits, désirs,envies,changements » au début janvier que je glisse dans une enveloppe cachetée à ouvrir l’année suivante à la même date; comme pour me faire une surprise !
Cette année, j’ai renoncé. Histoire d’indulgence envers moi-même. J’ai l’impression de ne pas être dans le bon siècle. Je l’ai toujours dis !
C’est banal comme commentaire mais votre texte m’a touché et m’a donné envie de partager avec vous mes « petits aléas »
Bonne journée à vous !
Andrée
Bonjour M. Taillefer,
»Vous n’êtes pas comme ça, vous? On sait intuitivement ce qui est bon pour nous, ce qu’on devrait faire, comment on devrait le faire, mais on finit souvent par faire le contraire. Comme un mécanisme inconscient d’autodestruction saupoudrée d’un soupçon de farniente::
Oui, moi j’avoue que je suis comme ça, c’est l’idée de vouloir être parfait en tout ? Ce qui est merveilleux c’est d’en prendre conscience et c’est ce qui vous arrive. Je suis contente pour vous et merci de votre belle transparence, c’est une grande qualité qui est rare de nos jours. Prenez le temps de bien prendre soin de vous (sans vous sentir coupable) Je vous souhaite la plus belle des années et qu’elle se renouvelle pour le futur.
Très bon, merci pour l’inspiration !
une belle sagesse; que de belles vérités merci vous êtes un bel être humain
oui, un bel être humain inspirant.
Je t’admire, tu es un modèle d’intellig Et de force de vivre j’esp Un jour croiser ta route pour te voir et te saluer ?
Vous avez tout à fait raison. Entrevoir notre vie uniquement en objectifs nous met une pression incroyable et nous empêche d’apprécier La vie, d’être en vie . Un privilège…on s’autoflagelle parce que le regard négatif qu’on pose sur nous est dévastateur. Pas mal loin de notre objectif premier !
Quelle bienveillance Monsieur Taillefer Belle Publication ❤️ À partir d’une phrase puissante : sois le changement que tu veux voir dans le monde. & mets y beaucoup beaucoup d’amour !! …Meilleur souhait que j’ai reçu. Merci.
Excellent texte! Merci!
De très nombreuses réflexions qui me rejoignent…. vraiment!
Cette liste d’objectifs que l’on souhaite atteindre et que l’on surligne en jaune je l’ai remplacée par » recherche de la sérénité » parce pour moi « la sérénité » c’est la recherche de l’équilibre en tout.
Dur dur …très dur! mais on peut y arriver.
C’est la grâce que je me souhaite de tout coeur ?
… et à vous également.
BONNE ANNÉE! ?
Autant pour moi, monsieur Taillefer! Je vous souhaite une année de grâce!
Merci à vous…
Bonjour Alexandre, je me reconnais bcp dans votre texte, un entrepreneur veut avancer et rapidement ! Il est possible d’oublier au passage une partie de l’essentiel… il faut parfois ce remémore que on doit vivre un jour à la fois, bâtir de belles relations, amour, famille, amitié et autres, ces richesses sont inestimables !
La liberté de vivre et de choisir. Bonne Année!!!
Wow, quel belle prise de conscience. Merci ?
Merci, excellente réflexion!!!
Comme le disait Nelson Mandela:
‘Je ne perds jamais, soit je gagne, sois j’apprends.’
Très inspirant pour la jeunesse et très rassurant pour moi d’y croire! Merci!
La force d’une vision…La patience de s’en rapprocher…L’audace de garder la cible active…La gratitude de ressentir le point d’arrivée bien avant que ce dernier n’advienne! Vivre pleinement le processus comme une aventure d’aimer…De s’aimer…De se réaliser. Merci!
Un baume sur mon cœur ce matin, merci! Cela, je connais…tout comme lorsqu’un artiste peint une œuvre abstraite. Je ne sais pas où je m’en vais mais je sais comment y arriver. Liberté! Vive les voiliers.
Merci Alexandre
M. Taillefer, je vous l’ai déjà dit, vous m’inspirez.
Très beau texte.
Les constats de fin d’année…
Oui, on sait intuitivement ce qui est bon pour nous, ce qu’on devrait faire, comment le faire ( la recette quoi! ) mais tellement de choses demeurent hors de notre contrôle.
Pour atteindre nos objectifs on n’a pas le choix, il nous faut lâcher prise…sans jamais renoncer.
Je vous souhaite le meilleur en 2018.
Comme c’est beau! Merci M. Taillefer de cette belle réflexion, au bout de laquelle on s’aime un peu plus. À conserver près de son coeur.
La vie est simple, vivre le moment prèsent au quotidien. Prendre des dévions selon nos valeurs et donner sans attente. Facile à écrire, mais pas toujours facile à concrétiser. Cette façon de voir la vie nous permet de ne pas faire de listes et nous donne la souplesse au quotien de revoir nos attentes envers soi-même et les autres.
Toutefois, il est primordial de s’éloigner des gens destructeurs qui ont la science infuse et qui ont comme seul objectifs dans la vie soit » Tout pour moi, juste pour moi ». Des gens pauvre sans moral et toxique pour l’humanité. Mais un jour le balancier fini toujours par leurs revenir en plein visage. La vie fait toujours son œuvre.
Bonne Année , M. Taillefert, surtout laisser faire la rédaction de listes et vivez pleinement votre vie au quotidien selon vos valeurs. Ainsi les déchirements seront moins présent.
Monsieur
Je souhaite depuis un temps vous écrire pour vous faire savoir que vos chroniques me touchent par la sincérité et votre façon d’expliquer les gros titres qui sont en fait loin des réalités. Je suis aussi émue et sensible à votre parcours de vie et vos observations. Je comprends dans votre dernière chronique la façon de projeter l’avenir et de penser bien naïvement la contrôler. La vie m’a aussi appris que les situations familiales et professionnelles font entraves à notre vouloir.
Je vis une situation difficile et vous êtes inspiration de courage par votre générosité de partager, merci à vous et quoique je sais que la mémoire et le coeur n’oublie pas je vous souhaite mille et une petites douceurs qui adoucissent la vie.
Merci pour vos belles réflexions très appréciées.
Francine Prévost
Très bon texte, merci!
« Le mieux est l’ennemi du bien. »
― Voltaire
Bonjour M. Taillefer,
Un jour, la compagnie pour laquelle je travaillais remettait des prix de performance de vente dans le cadre de son meeting annuel. Une collègue était en larmes et j’entendais ses amies la réconforter par des paroles comme : » L’an prochain, tu l’auras ton moment de gloire… » ou » c’est injuste que le prix ne t’ait pas été attribué… », « c’est toi qui méritais cette récompense… » etc. L’année suivante, j’ai reçu un prix d’excellence pour mon travail. Six mois plus tard, je souffrais d’une dépression majeure. En arrêt maladie, j’ai été absente pendant presque deux ans, pour quitter définitivement quitter la compagnie deux mois après un retour progressif au travail. Je me suis dit, quels cadeaux empoisonnés que ces prix-là ! Le jour où je mourrai, c’est ma famille et non les dirigeants de la compagnie qui viendront pleurer sur mon cercueil… Remettre les pendules à l’heure ainsi que nos priorités, je crois qu’un jour ou l’autre on y fait face. Merci pour votre article cher M. Taillefer.
Ça fait du bien d’entendre un entrepreneur remettre en question sa planification qui semble trop rigide. Avec le temps on va l’essentiel ( les personnes) le reste suit plus ou moins selon les contraintes.
Je vais me laisser voguer un peu plus moi aussi.
Est-ce que le fait de ne pas avoir payer en totalité vos sous-entrepreneurs qui ont travaillés comme des fous et en toute bonne foi sur votre projet de Au Sommet Place Ville-Marie fait partie de vos mauvais coups! Des sous-entrepreneurs ont dû hypothéquer leurs maisons pour rejoindre les deux bouts. Vous avez fait des demandes additionnelles que vous avez par la suite refusé de payer. Vous avez presque mis à la rue des entrepreneurs honnêtes. Sachez que des hommes et des femmes ne s’en sont pas remis. Des enfants n’ont pas eu de belles vacances en familles car vous n’avez pas payer des sous-entrepreneurs. Alors vous ne nous faites pas pitié du tout Mr Taillefer.