Avant même de pouvoir induire en erreur quelconque lecteur qui ne me connaît pas trop: j’ai une portée virale très limitée. Tellement que le terme «viral» doit être pris dans son sens le plus large. Il arrive que mes vidéos, mes articles ou mes photos se promènent sur les timelines lointains de comptes étrangers, au-delà de mon réseau de contacts et d’amis. Je ne croule pas sous les avalanches de likes et de partages et j’ai encore le temps de lire tous les commentaires qu’inspirent mes différentes interventions. Si Matthieu Bonin, Luc Lefebvre et Marie-Christine Lemieux-Couture s’adonnaient à un tel exercice, il faudrait attendre quelques semaines avant une nouvelle intervention de leur part.
Bref, je lis tous les commentaires, et comme toute personne s’exposant à la douce et addictive lumière des projecteurs de la popularité, je rencontre sur mon chemin l’inévitable passager qui embarquera temporairement sur mon train métaphorique pour me dire que je suis une merde. Et je trouve ça délicieux, pour deux raisons.
Commentateur: caliss-esti, ça fait deux paragraphes que tu parles juste de toi en fausse humilité et t’es même pas encore arrivé à ton point!
La première raison pour laquelle je trouve le tout délicieux, c’est que certains commentateurs semblent prendre un malin plaisir à me montrer la corde avec laquelle ils se pendront publiquement: soit ils n’ont pas compris le ton de ma chronique ou de ma vidéo, soit ils extrapolent follement sur le chroniqueur qui signe l’article. Mes commentateurs préférés sont ceux qui ne se contentent pas de manifester leur désaccord: ils extrapolent. Par exemple, sur une chronique dans laquelle je consacrais quelques paragraphes à l’influence web de Matthieu Bonin, un internaute m’a dit d’arrêter de parler de lui dans le seul but de le taguer pour avoir plus de visibilité.
C’est mal me connaître. Bien que j’adore taguer des groupes ou des artistes qui jouissent de moins de visibilité que moi, je ne tague jamais les personnalités plus influentes quand je parle d’eux ou bien quand nous collaborons. Je les tague quand je fais la promotion personnelle de leur contenu. C’est ma propre netiquette. Je ne veux pas être un parasite. S’ils sont mes amis, s’ils ne se sont pas désabonnés de mes publications, s’ils aiment mon contenu, ils le partageront. Sinon, tant pis. Mon objectif c’est toujours la pertinence, pas les connaissances.
Bref, l’extrapolation est un exercice intellectuel maladroit qui suppose que les impressions créées par mon article dans l’esprit du lecteur sont vérité. Quand on y pense, c’est troublant.
Commentateur: Mais on s’en contre-calisse de comment tu te comportes sur Facebook. C’est quoi ta deuxième raison déjà?
Finalement, j’adore le commentaire négatif et insultant parce que celui-ci tombe dans un piège ironique du web: il apporte du poids statistique à l’intervention qu’il dénonce. Tout commentaire fait temporairement remonter l’intervention à la surface de cette marée infinie de contenu web. Le temps d’un commentaire, ils auront fait la promotion de mon article. La claque, somme toute, est un clic.
À lire: la fin du commentaire?
Ce n’est pas dire que je fais exprès d’enrager. Mon but, encore une fois, c’est la pertinence, pas la provocation. Ce n’est pas dire, non plus, qu’il est impossible de détester mes chroniques intelligemment. C’est très possible. Mes détracteurs les plus intelligents et posés sont probablement ceux qui ont roulé les yeux au ciel en me lisant et qui ont décidé de ne pas s’abonner ou partager. Leur silence est le mépris le plus efficace. Il contribue à noyer mon intervention dans les fins fonds cacophoniques du web anonyme. La haine nourrit, le silence tue.
Commentateur: Caliss, est dont bin longue ton esti de chronique. Elle finit quand?
Là.