Néologismes du web
Voici quelques nouveaux termes à utiliser pour illustrer nos nouvelles habitudes technologiques.
Le web génère de nouvelles attitudes. Il faut les documenter et les étiqueter, parce que c’est très important d’éliminer tout sentiment de mystère, de poésie ou d’unicité dans ce bas-monde.
Anticipartage: Avoir cette impression justifiée de connaître à l’avance la nature d’une chronique engagée par son titre, d’en connaître les re-diffuseurs immédiats et d’en prévoir les chroniques opposées dans l’heure qui suit. Processus mental qui dure cinq secondes et qui nous stimule des facepalms préventifs. (Merci à Gab Joncas pour la suggestion du néologisme)
Autopromotion mensongère: Rencontrer un individu dont la personnalité en ligne est éloquente, comique et vive et constater que cette personne est en réalité très drabe.
La petite annonce: Habitude d’adresser ce qu’on croit être une mentalité sociale répandue quand en vérité on ne fait que répondre impersonnellement à cinq amis Facebook qui ont écrit un statut similaire la même journée.
Exemple: « Hey, on va se le dire, des laveuses-sécheuses, c’est des objets, pas des adversaires! #lesgens
La faux-ésie: Un statut. Une phrase. Vivre. Vraiment.
L’immédiapotre: Ayoye, t’as pas vu cette vidéo que j’ai moi-même découvert il y a deux heures? C’est absolument essentiel que tu la regardes à moitié et que tu la partages sur tous tes réseaux!
Le i-soupir: Sentiment d’irritation exacerbée que nous inspire une question à la fois innocente et raisonnable d’un individu connaissant moins bien une nouvelle technologie que nous.
Procrastiversaire: Attendre le bon moment dans la journée pour envoyer un «Bonne fête» expéditif à un inconnu.
Profilage facial: Sentiment qu’il est temps de changer sa photo de profil.
Le réservéauxabonnés: Cycle inévitable qui se produit lorsqu’un individu partage un article réservé exclusivement aux abonnés d’un média. Il devra se faire l’explicateur du contenu initial, paraphrasant une chronique déjà possiblement controversée, faire face aux critiques acerbes de non-lecteurs frustrés et verra un internaute plus ou moins familier inclure l’article au grand complet dans les commentaires. Le fait que l’article cité au complet récoltera davantage de « likes » que le lien initial laissera un goût amer et difficile à déterminer dans la bouche du premier diffuseur. On apprendra aussi par le fait même qu’il a payé de l’argent pour avoir accès à de l’information, ce qui est tout à fait farfelu. (suggestion de Félix Hallée-Théoret)
Scroll-downer: Sentiment mêlé d’impuissance et d’indifférence par rapport à la spirale dépressive ou la dégringolade sociale d’un contact virtuel qu’on ne connait pas assez bien pour inviter à aller prendre une bière et régler quelques affaires.
Le bruit: Sentiment de malaise, archaïque et troublant, lorsque notre téléphone intelligent sonne et qu’on sent qu’une conversation à haute voix suivra.
La surironie: Besoin d’exprimer à quel point notre indifférence par rapport à un phénomène populaire est totalement différent de l’indifférence exprimée par tous nos contacts par rapport à ce phénomène.
Slot-shaming: Le ton méprisant des électeurs actifs envers les abstentionnistes en période post-électorale.
Le webcangle: Sur Skype, ce moment passé à trouver l’angle le plus flatteur possible pour une conversation avec un partenaire potentiel.
To like or not to like? Ce moment passé à hésiter de cliquer “like” sur le contenu d’un compétiteur ou d’une personnalité publique qu’on a l’habitude de détester. En d’autres mots, être complètement inconscient de sa propre insignifiance.
N’hésitez pas à nous suggérer des néologismes du web! On pourrait en récolter les meilleurs pour en faire un petit palmarès dans cette chronique!
Haha! Merci pour ces néologismes! J’aime particulièrement la faux-ésie. Proposition :
Le tease-n’-dodge : statut mystérieux visant à attirer l’attention des autres sur soi et à susciter la pitié. Il crée généralement un malaise et/ou de la frustration chez les récepteurs, puisque son auteur tend contradictoirement à éviter d’expliquer les raisons l’ayant poussé à écrire un tel statut. Ex.: Statut : « Ouin bin, c pas toujours facile la vie… :( » Commentaire : « Kess qui spasse coudon? » Réponse : « Ah laisse faire, jveux pas en parler… »
En fait ça existe déjà, c’est le « vaguebooking »! :)
Ah, je l’ignorais! Merci!
Le http://www.dicodufutur.org/ le fait déjà très bien depuis des années. Belle source d’inspiration !
« On apprendra aussi par le fait même qu’il a payé de l’argent pour avoir accès à de l’information, ce qui est tout à fait farfelu. »
Il y a bien fallu que quelqu’un quelque part fasse un travail pour que l’information existe…
Un néologisme, habituellement, peut autant marquer une évolution qu’une déchéance dans l’expression d’une idée. Évolution lorsqu’aucun mot existant ne décrira une nouvelle réalité, ou déchéance quand un mot adéquat existe déjà mais s’avère très largement inconnu.
Les néologismes du web diffèrent toutefois des néologismes habituels.
Ceux-ci sont de catégorie «patois». Exprimant des notions que partagent et seuls comprennent des initiés. En plus de n’être des concepts nouvellement nommés qui ne sont pas destinés à s’incruster. Ces néologismes vieilliront rapidement, au fil des technologies changeantes, et disparaîtront.
La nouveauté ne dure jamais.