Quelques résolutions suggérées pour une meilleure présence en ligne en 2014
Une nouvelle année: l’opportunité parfaite pour se débarasser de quelques attitudes virtuelles néfastes.
J’arrêterai de dire que je perds espoir en l’humanité.
Donc, je suis au courant d’Auschwitz, du génocide au Rwanda, des Khmers rouges, de l’enfer syrien des deux dernières années, du Darfour, mais pour une étrange raison, c’est un article mysogine sur un blogue américain lu par 400 personnes qui est capable d’ébranler ma foi (jusqu’ici intacte, apparemment) en l’humanité. Vraiment? Soit je n’étais pas au courant de ces horreurs (ce qui me rend particulièrement inculte en ce temps où l’information circule si rapidement), soit ça ne m’affecte pas autant qu’une anecdote particulièrement déplaisante lue sur le web en entrant au bureau. Peut-être devrai-je, je ne sais, re-vérifier mes valeurs? Ou mes formules?
Je vérifierai le lien avant de m’indigner.
Je le concède. Je suis une personne très occupée. À cause de cela, il m’arrive parfois de lire en diagonale des articles qui traitent de sujets complètement débiles et enrageants, et en tant que citoyen du monde virtuel, il m’est absolument essentiel de partager ces aberrations avec mes cyber-interlocuteurs. Or, je sais aussi qu’il existe des sites parodiques, comme, je ne sais pas, The Onion, qui se spécialisent dans la fabrique de fausses nouvelles choquantes. Ce serait bien embarrassant si, en bon internaute informé, je partageais une fausse nouvelle en m’indignant réellement. Par exemple, quand je vois Axe du Mad, ou La Pravda, ou Le Navet, je peux me douter que ce soit, disons, une blague.
Je réaliserai que ça ne me prend pas une brique pour participer à un lynchage.
Bien que mes antipathies personnelles envers certaines personnalités du web soient totalement justifiées, je réaliserai que le mépris que je ressens envers un individu ou un groupe ne me donne pas soudainement le droit de suspendre mon sens critique et ma compassion humaine. Ainsi, je ne partagerai pas TOUTE manifestation publique de haine envers une cible précise seulement parce que sa conclusion intellectuelle et émotionnelle se rapproche de la mienne.
Dans le même ordre d’idées, il est fort possible qu’un texte du très respectable Devoir défendant la Charte des valeurs soit absolument débile. Dans mon désir de défendre certaines valeurs, j’essaierai de me réfugier vers des argumentaires qui tiennent la route, non pas vers ceux qui arrivent aux mêmes conclusions que moi en empruntant des chemins tortueux.
Je me demanderai si ma propension à me moquer de l’imbécilité ne me rend pas imbécile par moments.
Quand les gladiateurs se tapaient sur la gueule devant une foule enflammée au Colisée, ils n’étaient pas moins coupables du spectacle désolant de la violence inouïe entre esclaves emprisonnés. Ainsi, se moquer de pauvres américains se battant violemment pour une Xbox One parce qu’ils ont ponctuellement droit à un rabais de 15$ sur la machine, ça fait de moi un voyeur complaisant. Quelqu’un a dit «Les gens intelligents qui regardent la télé-réalité pour se moquer des participants ne réalisent pas que les gens stupides le font pour la même raison». Ah oui, mais moi, quand je regarde un film de série B, je le fais avec beaucoup plus d’ironie.
Je ne m’imposerai pas la connerie d’étrangers malveillants.
En 2010, avoir 4000 amis sur Facebook, c’était très cool et ça me permettait de diffuser largement mes idées. Avec les options de like et de partage, je réalise que je peux avoir une aussi grande portée sans avoir à donner mon approbation tacite aux publications simili-racistes d’un ami du primaire que je n’ai pas rencontré depuis plus d’une décennie. Ainsi, ça ne me sert strictement à rien de pourrir mon quotidien avec des individus continuellement négatifs qui croient que leur chialage compulsif est en quelque sorte synonyme à une capacité critique aiguë. Je sais, maintenant, que je peux m’exprimer et être entendu par de nombreux individus sans avoir à tolérer des contacts qui pourraient potentiellement partager un statut que j’ai écrit parce que j’ai liké trois de leurs publications cyniques consécutives. Crois-moi, jeune bambin, le jeu n’en vaut pas la chandelle.
Je ne dévoilerai pas le fait que je suis en train de faire un ménage dans mes amis Facebook, et que par le fait même, si vous êtes encore dans ma liste, vous êtes des heureux élus ayant survécu à une purge rigoureuse et nécessaire.
Quand ça va vraiment mal, je vais prendre des petites pauses du web.
Cela ne sert à rien de mettre en scène sa propore dégringolade sociale en temps réel sur les réseaux sociaux. Prends une pause. Reviens dans une semaine avec un selfie sympathique et un lien comique de chatons adorables.
Si je ne m’appelle pas Gabrielle Lisa Collard, je limiterai mon vaguebooking au strict minimum.
Laissons cela aux professionnels.
Je ne partagerai plus de liens critiquant la dépendance aux réseaux sociaux sur les réseaux sociaux.
Autant organiser des rencontres du AA au pub du coin.
Je ne signerai pas mon nom à chaque intervention virtuelle.
Il y a trois ans, on pouvait pardonner cette pratique aberrante à nos ainés. La période de transition est terminée. Fini.
J’essaierai de comprendre, pas de juger.
«Je ne comprends pas» devrait être le début d’une réflexion, pas son aboutissement complaisant.
Je n’utiliserai pas mes propres statuts comme canevas pour de potentiels articles.
Oups!