Le petit guide de l’apprenti féministe sur Facebook
Il est peut-être difficile pour certains néophytes du féminisme de s’affirmer dans un discours d’épanouissement. Voici quelques conseils.
Entre les féministes accomplis et les misogynes finis, il existe une quantité d’hommes qui sympathisent avec le mouvement, en comprennent l’importance et l’ampleur, mais naviguent mal à travers les eaux sinueuses d’une mare d’informations constamment renouvelées. Ceci sert de petit guide pour l’homme qui, de toute bonne foi, veut exprimer son féminisme sur Facebook. Voici deux cas de figure à considérer.
One of the best feminists of ALL TIME!
La valorisation sexuelle de telle vedette américaine est-elle une instrumentalisation crasse d’une industrie machiste ou bien le renforcement positif d’une entrepreneure forte qui accepte sa sexualité dans le cadre plus complet d’une identité affirmative et fière? En gros, est-ce que je partage le clip de Beyoncé en bobettes?
Au jeune homme féministe qui se pose des questions sur ses droits de partage d’une vidéo de femme plus ou moins habillée, il sera confronté à plusieurs choix d’actions à poser:
1. Attendre que deux ou trois figures féministes importantes de son réseau se prononcent sur cette question. Vidéo sexiste ou féministe? Si t’es incapable de faire la distinction, attends trois minutes sur Facebook. On va te le dire!
2.Faire sa propre idée, potentiellement se tromper.
3. Partager la vidéo sans commentaire. Est-ce que c’est une valorisation ou une dénonciation? Au moins, vous aurez prouvé que vous êtes dans le coup!
4. Dans le cas de certaines artistes comme J-Lo et de Nicki Minaj, c’est plus sensible. Mais avec Beyoncé, vous avez quasiment un passe-droit! C’est d’ailleurs là que réside toute la beauté de Miss Carter: ses affirmations féministes plaisent aux femmes en quête de modèles forts, mais rien dans ce qu’elle présente visuellement ou musicalement ne dissuadera un machiste pervers d’acheter son album ou de regarder ses vidéos en continu! C’est le meilleur des deux mondes, parce qu’au final, tout le monde est enrichi (du moins celle qui RUN THIS MOTHER).
Le piège de l’autorité unique
Le problème avec certaines figures influentes du mouvement féministe est qu’elles inspirent parfois l’adulation sans borne d’hommes plus âgés n’ayant pas eu beaucoup de modèles de féminisme, et voulant se rattraper en accéléré sur le mur Facebook de certaines autorités morales. Il se passera un processus du genre:
1. Statut ou partage de vidéo engagée de la leader d’opinion.
2. Commentaire encourageant mais visiblement un peu niais d’un supporteur du genre «Vous êtes tellement belle à voir aller les filles! Je vous encourage! Xx Raymond.»
3. Réplique assassine de la leader d’opinion qui rappelle que le commentaire encourageant était teinté de mysoginie ou d’ignorance ou d’un ton inapproprié à la situation spécifique.
4. Excuse maladroite suivie d’une tentative de rattrapage tout autant maladroite du supporteur néophyte.
5. Intransigeance continue de la figure d’autorité qui ne se lasse pas d’humilier publiquement un supporteur malhabile.
Le résultat, c’est une forme de tutelle intellectuelle. Tandis que certaines intellectuelles offrent à leurs disciples ou admirateurs les outils critiques nécessaires pour s’épanouir intellectuellement et garder un œil critique cohérent sur des informations différentes, d’autres se présenteront comme les juges moraux ponctuels dont le verdict dictera l’angle avec lequel aborder une situation. Ces centaines d’hommes maladroits ne savent plus où donner de la tête, en s’imaginant qu’il existe un féminisme dominant et vrai, tandis qu’en réalité, et c’est toute la beauté de la chose, il y en a des milliers, dont, potentiellement, les leurs.
Voyez la figure féministe importante de votre réseau comme quelqu’un qui ouvrirait la cage jusqu’ici imperceptible du patriarcat. Prenez cela comme une opportunité de voler de vos propres ailes plutôt que d’y voir une source intarissable de graines de féminisme auquel vous allez vous nourrir régulièrement. Forgez votre pensée critique. Ne dépendez pas d’une seule penseuse, ou d’un seul penseur.
Multipliez vos sources féministes, et vous réaliserez que tout est possible. Et vous pourrez partager des vidéos de Beyoncé en toute sécurité.
Voici d’ailleurs quelques sources variées dans cette liste non-exhaustive et, je l’espère, impossible à définir idéologiquement: Toula Drimonis, Martine Delvaux, Caitlin Moran, Lena Dunham, Aurélie Lanctôt, Je suis Féministe, Léa Clermont-Dion, Sarah Silverman, Germaine Greer. Des milliers d’autres existent. Partez à leur découverte!
Bonne route!
euh… wtf cet article? Être allié ce n’est PAS faire plaisir aux femmes d’influence
…ou Comment se planter en tentant d’ironiser sur les femmes en assumant mal sa difficulté à « naviguer à travers les eaux sinueuses d’une mare d’informations constamment renouvelées »,
LOL
Vous êtes tellement attendrissant à voir aller mon ti-gars! Lâchez pas, ça va venir! Xx Raymond