Dans le rétroviseur, les gyrophares bleu et rouge d'une voiture de police pulsent en suivant une rythmique à la précision inhumaine. Les gorges se nouent, les vessies se contractent et les synapses frétillent, mues par une poussée d'adrénaline inattendue.
Les flics inspirent la peur, même lorsqu'on est innocent. Comme les détecteurs à la sortie des magasins. On retient son souffle en les passant, par crainte qu'ils ne déclenchent l'alarme, par erreur.
C'est justement cette crainte de la police qui donne à la société son apparente droiture. Son illusoire honnêteté. Elle nécessite cependant que celui qui l'impose soit aussi pur qu'un paladin, plus vertueux que Mgr Ouellet, incorruptible comme Eliot Ness. Crédibilité de régulateur du chaos oblige.
Mais comme le disait un auteur scandinave dont j'ai oublié le nom, les gardiens de la morale sont toujours soucieux pour le compte des autres, jamais pour eux-mêmes.
C'est exactement cette citation qui est revenue me hanter alors que je lisais le compte rendu du jugement contre Jean-François Côté, mercredi dernier.
Enquêteur au Service de police de Mourial, Côté a vraisemblablement menacé de mort l'arbitre d'un match de hockey de catégorie atome (pour des joueurs de 10-12 ans!!) une fois la partie terminée. Une attitude sauvage, dénuée de civisme et de bon sens, démontrant une totale absence de jugement. Comme un caniche hargneux qui essaierait de mordre le mollet du facteur qui amène les factures.
Pourtant, notre sympathique police devrait comprendre les arbitres. Eux aussi font partie de cette étrange espèce qui comprend aussi les huissiers et les Schtroumpfs distributeurs de tickets. Justiciers sadomasochistes qui gagnent leur vie en faisait suer les autres et dont on comprend bien mal comment ils parviennent à se regarder dans la glace le matin. Ne vous êtes-vous jamais demandé comment se sent un "mal nécessaire"?
"Si ton ref sort de l'aréna, je le tue", aurait aboyé le gardien de l'ordre, oubliant donc qu'il avait affaire à un collègue, en quelque sorte.
Venant de n'importe quel citoyen lambda, on aurait crié à l'imbécile. De la part d'un flic comme Côté, on aurait plutôt tendance à vouloir lui mettre une ou deux baffes, histoire de s'abaisser à son niveau pour qu'il saisisse. Ce n'est toutefois pas ce que le juge Denis Lavergne a cru bon faire, déclarant Côté coupable, mais lui accordant l'absolution inconditionnelle, ce qui lui laisse ainsi une chance de rejoindre les rangs du SPVM.
Une sentence molle prononcée par une justice inepte qui accepte sans trop broncher qu'un de ses chiens de garde soit porteur de la rage.
Espérons seulement que le syndicat des policiers ne s'en mêlera pas trop en forçant le service à reprendre son brillant enquêteur. Car ils risqueraient de gâcher des années de travail à changer la perception qu'a le public du flic moyen, passé de brute épaisse à brute civilisée. Du genre qui vouvoie les pauvres types comme Richard Barnabé avant de leur en câlisser une. Ce qui n'est pas rien en termes de décorum constabulaire.
Et comme me le disait un collègue: ce sont les plus abjects braconniers qui font les plus efficaces gardes-chasse. Une raison suffisante pour reprendre Côté dans le service tant qu'à faire puisque avec son expérience de l'autre côté du miroir sans tain, il saura mieux discerner les coupables des innocents. En se regardant dans la glace pour comparer.
Le juge a bien fait de simplement réprimander l’agent. Quel message pervers aurait-il donné à la société en punissant un policier exemplaire pour si peu quand on sait tous que les récidivistes violents et les prédateurs sexuels québécois font du va-et-vient en prison avant d’être punis efficacement après avoir mutilé une enième petite Juliette innocente. Votre article est une perte de temps majeur. Avouez-le, puis faites un effort pour nous pousser à plus intéressantes réflexion et réactions svp.