La semaine dernière, je vous exposais de long en large mon indignation devant l'ineptie de certains pseudo-journalistes qui, paralysés par une stupidité chronique, n'étaient parvenus à trouver d'autre coupable que le hip-hop pour expliquer l'explosion démographique des gangs de rue.
Vous passionnant pour le sujet, vous avez été très nombreux à réagir, mais ce qui m'a le plus frappé dans vos commentaires, c'est la fréquence à laquelle le terme valeurs apparaissait.
Visiblement, vous êtes nombreux à croire que certaines d'entre elles, primordiales à l'ordre social, se sont perdues. Aussi me suis-je demandé de quoi il était question au juste. Quelles sont ces valeurs? Ont-elles vraiment été évacuées en cours de route? Et si oui, pourquoi tient-on vraiment à les remettre au goût du jour?
En y réfléchissant, une image du passé a ressurgi, sans crier gare, comme sortie des limbes. Un souvenir datant d'une époque pas si lointaine.
Fin des années 80. Québec.
À la bonne petite école secondaire que je fréquentais, certains professeurs avaient malheureusement perdu la vocation. Le plus cynique d'entre eux, un prof de français aigri au possible, avait même pris l'habitude de sauter les plombs devant l'inertie intellectuelle dont nous faisions quotidiennement preuve.
"Vous êtes la génération Teflon", beuglait-il en rougissant comme un cardiaque.
"Rien ne vous colle à la peau, vous n'avez aucune passion, rien ne vous intéresse sauf vos émissions de télévision et votre musique à la con! Vous n'avez pas de morale, pas de valeurs! Comment voulez-vous enseigner à telle bande de crétins?"
Selon ce moralisateur au moral déliquescent, nous n'allions nulle part, sauf au bout de la nuit. Lui et sa génération, par contre, avaient accompli de grandes choses: ils avaient changé le visage du monde, ils s'étaient libérés du joug de l'Église, ils avaient démocratisé le savoir et ils étaient même presque parvenus à faire du Québec un pays… Après eux, le déluge, quoi.
À peu de chose près, on se serait cru dans une scène des Invasions barbares. Un peu plus et il nous citait Primo Levi…
"Vous êtes des petits crisses, des ingrats", rugissait-il encore. Sa colère ne connaissait ni limite ni pudeur. Je me souviens qu'il nous avait obligés à rester en classe pendant l'heure du dîner afin de terminer sa furieuse litanie. Et quelques jours plus tard, ça recommençait.
Le temps lui a cependant donné tort. Car parmi les membres de cette génération de tarés et d'incultes qui souffrirent le cours secondaire en même temps que moi, il y a aujourd'hui des musiciens, des auteurs, quelques comédiens, des graphistes, des peintres, des photographes, des critiques d'art… Et aussi des professionnels que je croise régulièrement au théâtre, dans des galeries, au musée ou dans les salles de concert. Pas de pervers déclarés ni de criminels endurcis, ou si peu. Et bon, il y a peut-être beaucoup d'avocats dans le lot, mais pas encore de politiciens, alors disons que jusqu'à maintenant, la morale est plutôt sauve.
Vous trouvez déplorable l'explosion émotive de ce pleutre qui ne savait plus trop à qui s'en prendre et avait choisi d'atteindre la cible la plus facile? Alors expliquez-moi en quoi elle diffère de notre condamnation épidermique du schéma de valeurs des adolescents et des jeunes adultes d'aujourd'hui?
Sommes-nous vraiment à la hauteur pour pouvoir porter un jugement sur tout un pan de la population en nous élevant comme les défenseurs de la morale et de la vertu? Faites donc votre examen de conscience pour voir.
À ce sujet, j'ai appris il y a quelques années que notre professeur apparemment devenu allergique aux jeunes avait été suspendu ou renvoyé – me souviens plus du verdict exact – pour avoir peloté une étudiante. Une histoire authentique, juré.
Nous étions imperméables et n'avions ni morale ni valeurs, disait-il?
Apparemment, lui, c'est surtout dans les bobettes qu'il avait du Teflon. Pauvre type, va.
S’il est une citation célèbre c’est bien: « Moi, dans mon temps, … »
Les valeurs sont importantes pour les gens mais le « hic » c’est qu’elles ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Chacun a son propre système de valeur, relié à sa personnalité, sa culture et son avenir. La médiatisation et l’expression de chacun permet à ces valeurs de s’entrechoquer. Auparavant, il y avait une structure régulatrice des valeurs, l’Église. Avec sa chute, l’on a relégué la responsabilité du maintien de l’ordre moral à l’éducation. Aujourd’hui, je serais tenté de dire que le régulateur de « l’ordre moral » et donc des valeurs serait la télévision.
Ce qui ressort de votre commentaire, M. Desjardins, est une réalité sans cesse renouvelée: c’est que l’on appelle le choc des générations. Aujourd’hui, nous avons tellement besoin de différencier ces groupes sociaux que l’on leur donne de jolis noms: « Babyboomers », « Génération X », … La confrontation idéologique des valeurs de ces différents ensembles sociaux donne naissance à des remarques négatives sur la génération la plus jeune. « Oh les Jeunes d’aujourd’hui n’ont plus d’allure! » L’on entend souvent cette rhétorique.
Je ne suis pas d’accord avec cela. Oui il est vrai que les gens ou les jeunes d’aujourd’hui changent. Et fort heureusement! Il faut savoir apprécier ces changements, les apprivoiser. Je sais que je ne serai pas pareil que mes enfants et ainsi de suite. Pourquoi? Parce que le monde est voué au changement et qu’il en a toujours été ainsi. Avec l’intense médiatisation de notre société, l’on véhicule une idée erronnée du futur des jeunes et des enfants pensant que nous avions la solution miracle, que nous étions les plus sages…
Erreur. Ce qu’il faut, c’est apporter de la compréhension et de la sagesse. Perpétuer de sacro-saintes valeurs (dictées par je-ne-sais quel medium) est une vision réactionnaire et statique de l’avenir.
Le conflit des générations n’est pas nouveau. Je suis dans la mi-vingtaine et je redoute le jour où je vais dire à quelqu’un la phrase typique : Dans mon temps. Mais je ne sais bien que je ne peux y échapper. La raison je trouve c’est que en général, les gens ont peur du changement. Et souvent le changement passe par les jeunes parce que se sont eux qui ont le moins d’habitudes et qui sont le plus réceptifs aux nouvelles idées. Donc, lorsqu’on voit des gang de rues, ou lorsque l’on trouve que nos enfants font des choses que nous n’aurions jamais fait (mettre un gilet bedaine par exemple) on s’en offusque facilement et on ne comprend pas pourquoi ils ne choisissent pas nos « valeurs ».
Mais dans le fond, c’est tout à fait normal. C’est dans le concept d’être un enfant que de remettre l’autorité en jeu, que de la défier. Je n’aimerais pas vivre dans un monde aseptisé où tout le monde respecterait ce qu’il lui a été enseigné. J’aime voir les gens qui prennent des risques et les gens qui décident de choquer l’ordre établi. Et surtout, je suis bien d’accord avec l’auteur lorsqu’il dit que la génération précédente n’était ni mieux ni pire que celle-ci. Les problèmes étaient ailleurs voilà tout. Par exemple, il y avait la multiplication des divorces, l’apparition du bikini ou encore la musique heavy metal. Alors, est-ce que tout a vraiment changé ? Je ne crois pas, parce que dans mon temps, ce n’était pas rose, loin de là !
Les jugements que les « vieux » portent sur les « jeunes » sont de la nature même de la transmission des valeurs, du patrimoine et sont une projection négative de ce qui a été vécu dans la génération précédente. On reproche aux jeunes de faire tout croche ou bien le contraire de ce que l’on a fait ou souhaité faire…c’est l’incompréhension de la réalité quotidienne de ce qu’ils vivent dans le monde que l’on a façonné pour eux…
Ce monde là, ce n’est pas le leur…c’est ce qui reste de ceux qui les ont précédés jusqu’à ce qu’ils le remodèlent à leur façon….pour ceux qui vont les suivre!
Est-ce qu’on tourne en rond là?
C’est un truisme d’affirmer que les valeurs ou les idéologies ne sont pas les mêmes pour tous et qu’elles évoluent au fil des ans et de l’histoire des sociétés. À cette évidence s’en ajoute aussi une autre qui nous fait constater que des générations ou des groupes sont plus nihilistes que ceux qui les ont précédés et qu’ils contestent par l’absurde leurs valeurs parce qu’ils ont pu en mesurer le dépassement ou parce qu’ils en rejettent l’orientation. C’est une époque de phase négative qui, succédant à la précédente qu’elle conteste, n’en est pas pour autant sans valeur puisqu’elle se définit partiellement par cette négation qui la ramène malgré elle à ces mêmes valeurs, quitte à en élaborer de nouvelles par la suite qui les dépasseraient. Ce qui est plus difficile par contre, c’est de percevoir clairement les nouvelles valeurs émergeantes qui se dissimulent derrière ces comportements dans la mesure où ils ne seraient pas que le passage obligé de générations condamnées pour des temps de plus en plus prolongés à cette phase nihiliste parce que incapables d’escompter ce qui pourrait être leur avenir tout en étant incapable de supporter leur présent. Dans ces conditions, la sortie ne consiste plus à essayer d’imaginer l’avenir, mais à tenter de tuer le temps qui nous enchaîne à un présent sans avenir.
En voici donc un bon exemple de quelqu’un qui se plaint mais qui fait exactement ce qu’il déplore…
De l’hypocrisie, voilà ce que c’est ! Nous vivons dans une ère où les gens veulent faire du bien pour tout le monde, mais pas avant que leur bien être soit comblé. C’est hyper facile de parler du tort des autres sans se parler de nos propres torts.
J’admets que je ne fais pas encore assez pour aider mon prochain, mais j’essaie. En écoutant les problèmes de mes familles, de mes amis, en soyant conscient des problêmes de notre monde et d’en vouloir les soignés… En soyant là simplement.
Ce qu’il manque dans la mentalité de nos jours, comme dans le bon vieux temps du temps de nos grands-parents, qui parlait de la nouvelle génération comme celle des délinquants, comme celle de nos parents qui pensent que nous sommes une génération non de délinquants, mais simplement perdue; c’est de la compréhension.
Les jeunes, de tous temps, font ces gestes dans le but strict de s’identifier, de s’affirmer, de se manifester, de dire: « Eille, je vis moi, écoute moi donc !! »
De traiter de « bandes de crétins » ces étudiants, ce prof était visiblement un sociopathe et que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il sombre dans son monde de délire et de psychose… Alors, ce type n’est pas un exemple à prendre. Mais il y a des gens qui ont vraiment des troubles avec les jeunes, et je crois que c’est de constater l’incapacité de changer le monde merdique dans lequel ils ont vécu et duquel ils ont tant voulu changer. Avec un peu de bonnes volonté, et beaucoup beaucoup de travail, nous serions capable…
Mais avec ça d’accompli, que resterait-il à changer? Les gens veulent de la misère, de la haine, de la frustration car cela leur donne raison de « bitcher » constamment, de se dire frustrés de tout. On semble avoir besoin d’être frustré, de baisser les bras devant l’adversité, et surtout de blamer les autres.
On est donc voué à rien.
Autrefois il y avait l’église et les soeurs à l’école pour aider ceux qui avait besoin de noir ou de blanc. Maintenant, qu’est-ce qui va bien dicter aux autres ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est in et ce qui est out ? C’est parce qu’il y a des gens qui ont besoin de guide pour savoir s’ils sont correct, qu’est-ce qu’il faut agencer comme couleur, qu’est-ce qu’on met en hiver, c’est qui qu’on boycotte aujourd’hui.
Les valeurs aujourd’hui ? Bien sûr qu’il y en a, suffit de lire le journal : le combat de l’axe du mal, la lutte pour la tolérance, la mondialisation, l’anti-mondialisation, la lutte contre le tabac, la lutte pour la légalisation de la mari, l’alphabétisation, le fond de pension, des meilleures conditions pour ceux qui sont loin de la pension… Tout çàareflète des valeurs de notre société.
Pour ce qui est de savoir si on met encore des gants blancs et un chapeau à Pâques, pourquoi pas faire ce qui vous plaît, et oublier le reste…
Bienvenue en 2003 Messieux Dames!
Oui, vous avez bien vu, je vous souhaite la bienvenue en 2003. Car comme j’ai cru remarquer selon certaines personnes ici même, il semblerait que plusieurs croient encore que « dans leur temps », tout était plus beau, plus fin, plus important. Or, je vous ferai remarquer, messieux dames, que ce qu’il se passe aujourd’hui, sont les conséquences d’actes d’hier, de « dans votre temps » comme vous affectionnez tant.
Lorsqu’on parle de valeurs, on se tourne souvent, sinon toujours, vers les « jeunes ». Qu’ont-ils fait pour mériter tant de dégoût? Parce qu’ils ont leurs convictions ou leurs rêves? Parce qu’ils ne sont pas d’accord avec les idées des « vieux »? J’ai personnellement eu la chance de travailler avec des jeunes, entre 15 et 25 ans, et je peux affirmer qu’ils ne sont pas tous du même moule. Plusieurs ont montré un intérêt ou une passion que les adultes se refusent d’accepter car « dans leur temps » ce n’était pas acceptable. Pourtant, c’est bien ces mêmes personnes qui ont su profiter pleinement « du temps des Peace ». Et on se demande pourquoi des jeunes veulent aussi avoir leur « trip ».
Inutile de se le cacher, la vie d’aujourd’hui est déjà assez dure, alors pourquoi se la compliquer encore plus, ou compliquer celle des autres. Peut-être que les valeurs ont perdu une certaine importance, oui, mais peut-être aussi qu’elles sont bien différentes de ce qu’elles étaient « dans mon temps »! Il serait temps d’arrêter de faire une fixation sur le passé et d’aller de l’avant.
« Dans mon temps… » Mon oeil!
J’ai vu mon âge tourner la fin de semaine dernière. Mes mots se transforment également et ne disent plus aussi souvent « l’an passé », mais plutôt « il y a dix ans, je faisais telle chose », « il y a 15 ans, j’ai reçu telle autre chose ». Du regret? Non pas vraiment. Simplement un regard différent sur mes différents passages et sur ma propre génération.
Je vois mes enfants approcher l’adolescence. Quelle étiquette donne–t-on ou donnera-t-on à mes enfants? Je constate qu’au fond, ce qui change, c’est le masque, le côté extérieur de la personne. Ce qui reste, toute génération confondue, c’est la personne humaine, avec sa dose de souffrance et de joie, son expérience très personnelle de la vie en elle. Et là, il n’y a pas de génération qui tienne, il n’y a pas de jugement possible.
C’est lorsque les références rassurantes ne servent plus à décrypter les faits sous nos yeux que la masse panique. Évoquer le passé, le «bon vieux temps» rassure puisque bien des gens y trouvent le réconfort de références connues, donc moins menacantes. Solution facile mais néanmoins insatisfaisante puisque quelque chose nous dit que rien ne se répète dans son intégrité et que chaque fait ou action possède son identité propre. Alors, la masse réagit en réflexe de repli sur le passé en espérant que ce romantisme (regret et souhait du retour au passé) protège contre les affres du quotidien, du présent. L’actuelle génération n’ayant pas le luxe de référence passées, elle doit adopter, forger ses propres critères, sa propre éthique. La confrontation entre le réflexe de repli sur les vieilles valeurs et l’émergence de nouvelles provoquent le choc générationnel. Pas de quoi fouetter un chat. Si la génération des adultes d’aujourd’hui avait davantage de mémoire collective, elle pourrait se souvenir qu’elle a aussi connu ce type de combat, parfois de façon plus brutale. Mais on sait bien qu’au Québec, les «Je me souviens» passent mais l’aliénation des masses reste. Perpétuel recommencement ? Pas vraiment puisqu’à chacune de ces confrontation, des acteurs nouveaux, des angles différents se combinent, des discours éclairent différemment et en bout de ligne, de nouvelles façons de voir les choses se matérialisent et sont adoptées par la majorité jusqu’au prochain choc.
Le prof dont vous parlez n’était bien sûr pas en mesure de donner des leçons de morale. Je me demande d’ailleurs quel mot serait plus juste que celui de « morale » quand il s’agit de discuter d’un problème comme celui du comportement des profs et des étudiants… (Je suggèrerais d’ailleurs au chroniqueur de jeter un coup d’oeil au « jeu de la morale » dans l’édition Montréal. Facile de s’y perdre!)
Ce que je retiens toutefois de cette histoire, c’est la difficulté ces années-ci d’être un enseignant. Non pas que la génération actuelle – celle qui fréquente encore le réseau d’éducation – ne recèle pas de potentiel, il s’agirait plutôt d’une mauvaise préparation, dans beaucoup de cas, à la vie sociale. Ne connaît-on pas l’expression des « enfants se promenant la clé au cou »?
Ceux qui s’en sortent ont eu beaucoup de chance ou encore une volonté supérieure de s’en sortir. Plusieurs d’entre eux arrivent à l’école, il me semble, sans avoir eu le support affectif des parents. Plus tard, ils ne savent pas interagir avec autrui et ils sont facilement désemparés au moindre problème émotionnel. Les profs n’ont pas seulement à faire de l’enseignement mais aussi de l’éducation, ce que beaucoup de parents n’ont pas eu le temps de faire. Le défi du prof serait donc de combiner ces deux aspects à l’intérieur d’une seule tâche d’enseignant. Beaucoup d’entre eux craquent à la tâche.
Aussi, le prof en question avait trouvé le beau prétexte de la génération « Téflon » pour se cacher derrière sa propre connerie.
On peut passer des heures à se demander « quelles sont les valeurs que j’ai pu transmettre à mes enfants ou aux jeunes avec qui j’ai été en contact. » À mon avis, ça donne rien parce que souvent l’impression que l’on a de nous même est complètement différente de celle que l’on fait sur les autres. Les valeurs que l’on transmet ne sont pas toujours les même que celles que l’on a l’impression de transmettre. Par exemple, j’ai beau dire à mes enfants que la rigueur au travail est importante, si cette rigueur n’est pas perceptible dans ce que je fais moi-même au quotidien, l’enfant comprendra que cette rigueur n’est pas si importante que ça. Il y a de fortes chances que c’est aussi ce que l’enfant conservera et transmettra plus tard.
Les jeunes ont besoin d’être encadrés par des personnes significatives. Ce ne sont pas des personnes qui parlent nécessairement beaucoup, mais ce sont des personnes qui montrent l’exemple sans se faire moralisateur. Peut importe la génération, il y aura toujours des imbéciles qui parlent trop, agissent peu et ne transmettent pas grand chose. Heureusement, il y aura toujours aussi ce que j’appelle les « héros marquants de notre vie, » c’est-à-dire des gens qui façonnent tout ce qu’il y a de meilleur en nous. Maintenant, que cette personne soit le père, la mère, le beau-père, la belle-mère ou le demi-frère du troisième mariage, cela importe peu. Que cette personne écoute du rap ou du Black Sabbath n’a aucune importance non plus sur la qualité des valeurs transmises. Tout est dans la qualité de la relation et dans l’exemple dont sait faire preuve le tuteur.
30 ans. Lorsque j’avais 15 ans, je trouvais que c’était vieux. Et maintenant quoi? Mes valeurs ont changé je crois. Ou plutôt : évolué. Je ne sais pas vraiment. Chose sûre, je ne me trouve pas vieux aujourd’hui. Être vieux biologiquement ou mentalement?
Les valeurs que j’ai aujourd’hui, elles viennent sûrement de mon jugement par rapport aux choses que j’ai vécues dans ma vie, de ce que j’ai vu, et entendu. Mais mon jugement lui? Qu’est-ce qui fait que je vais juger qu’une chose est positive ou négative. C’est là que ça se complique. Est-ce que finalement je juge d’après mes valeurs, ou bien le sens moral qui m’habite? Et mon sens moral lui, il vient de mes valeurs aussi ou quoi? Le sens moral dans le fond, ce doit être des valeurs qu’on applique sans même se poser de questions, des valeurs qui nous habitent et qu’on croit être les seules plausibles. Des valeurs qui nous ont été inculquées dès notre plus jeune âge, par exemple. À 2 ans, notre père nous explique que ce n’est pas bien de mordre les gens, et on s’en rappelle et on finit par avoir une notion de ce qui est bien et mal d’après ce qu’on nous apprend.
L’éducation. Les informations que l’on ingère tout au long de notre vie nous dictent des valeurs. Mais l’avancement de l’évolution, l’arrivée de nouvelles inventions, la découverte de faits nouveaux. Tous des facteurs qui forcent certains hommes à réviser leurs points de vue sur différentes manières de penser et de faire. Et comme on le sait, la nouveauté fait souvent bien plus peur aux personnes plus âgées qu’à la jeune génération.
Juger les autres, dans le fond, c’est de s’attaquer aux valeurs des autres qui ne sont pas comme les siennes. Se juger soi-même, c’est essayer de comprendre pourquoi on croit en nos valeurs. Nos valeurs ne sont pas meilleures que celles d’une autre personne. Chaque personne possède sa personnalité, ses opinions et ses valeurs propres.
Avant de juger les autres, jugez-vous donc!
Je ne crois pas que l’on doive comparer les générations de cette façon. Chacun a son propre vécu et c’est plus facile d’avoir des » valeurs » quand la vie est plus simple. C’est très difficile aujourd’hui pour les jeunes. La vie ne leur fait pas de cadeaux. Ils ont tout eu étant jeunes et ont été plus gâtés que la normale car leurs parents qui travaillaient tous les deux ont compensé leur absence par du matériel. Et à l’adolescence, ils se retrouvent devant des choix de carrière plus difficiles dans une société dure envers eux. S’ils ont moins de valeurs, c’est peut-être nous qui leur en avons moins donné. C’est trop facile d’accuser les jeunes de tout.
Les personnes d’un certain âge ont tendance à idéaliser le passé. C’est vrai que le problème des gangs de rue et de la drogue n’existaient pas. Mais ils oublient que leur génération a connu d’autres problèmes tout aussi graves. Les gens prenaient parfois des chemins hérétiques. Parlons des bonnes années 40 et 50 que tous les aînés idéalisent. Nous étions supposés d’être une société chrétienne et sans préjugé où tous devaient aimer leur prochain. Tous les gens allaient à l’église et semblaient pratiquer leur religion. Oui, ils allaient à l’église. Mais comprenaient-ils réellement la religion et la pratiquaient-ils dans la vie de tous les jours avec les valeurs profondes que cela implique. La réponse est non. Des gens jetaient leurs filles sur le trottoir en la traitant d’indigne et en la condamnaient à l’enfer mais aussi à la pauvreté parce qu’elle avait une grossesse en dehors du mariage. C’était cela l’ouverture d’esprit. Les prêtres se cachaient derrière un paravant en étouffant les scandales de pédophilie dans leur église et en prétendant enseigner l’amour et le pardon. Les problèmes étaient différents mais la haine, la jalousie, le mensonge et le désir de protéger des criminels pour ne pas entacher des institutions ont toujours existé. Il ne faut pas idéaliser le passé et le regarder avec réalisme. Chaque génération a eu ses problèmes et il ne faut pas juger les autres générations. L’homme fait toujours la même erreur, c’est de se penser mieux que ceux qui l’ont précédé et ceux qui sont plus jeunes. Il n’y a eu aucune époque parfaite. Chaque époque avait ses avantages et ses inconvénients. L’important est de profiter de son époque et de faire ce que l’on pense qui est le meilleur pour soi et la société. Le vrai problème, c’est qu’à chaque changement de génération, les valeurs changent et les personnes plus âgées ne s’adaptent pas aux nouvelles coutumes. Un jour, ce sera notre tour d’être dépassé par les générations suivantes.
Les valeurs et les principes dérangeront toujours.
Dans notre enfance,on nous les a impliquées,afin de nous donner les outils nécessaires,
pour faire notre chemin dans la vie.On ne peut pas rester toujours indifférents à ce qui se passe autour de nous,on est pour ou contre. On doit s,adapter au présent, difficile pour nous de ne pas comparer au passé, mais on doit se tourner vers l,avenir, les jeunes. Il est temps que l,on cesse de les accuser de les juger,il faut leur faire confiance.
Nous avons été jeunes nous aussi, on a fait des erreurs mais on s,est relevé , maintenant à leur tour de le faire…
En gros je suis d’accord avec l’idée maitresse de votre article. Il y un cependant petit bout de phrase qui m’agace au plus haut point: « … il y a peut-être beaucoup d’avocats dans le lot, mais pas encore de politiciens, alors disons que la morale est plutot sauve. » Vous parliez alors de ce que sont vos confrères et consoeurs de classe devenus.
Ce genre de commentaire est tout à fait typique d’un gars qui a grandi dans un village qui depuis d’innombrables années est gazé par les propos délétères d’Arthur. Je vois, dans votre façon d’appréhender et de considérer le monde politique, et ceux et celles qui y oeuvrent, une certaine filiation idéologique qui vous relie à Arthur. N’allez pas me dire que c’était une boutade. Il y a trop de monde à Québec qui font ce genre de boutage pour que ce soit le fruit du hasard ou de la drôlerie. Qu’on le veuille ou non, que l’on en soit conscient ou non, bien des gens à Québec ont été contaminés par Arthur. Ce sont ce que j’appelle les batards d’Arthur. Dommage. C’est une belle ville. Sans la culture arthurienne, ce serait une belle communauté agréable à cotoyer.
Un montréalais qui habite Québec depuis 2 ans.
Il est vrai que nous avons une forte tendance à idéaliser le passé… Personnellement, je me rappelle plutôt ma jeunesse avec un certain dépit, j’ai commencé mon adolescence avec l’arrivée du sida, la dépression post-référendaire, la hausse vertigineuses des taux d’intérêt, l’égocentrisme à outrance, la recherche du profit à tout prix… Pour moi, ce n’était pas vraiment le bon temps.
Je me trompe peut-être, mais le hip-hop, dans sa forme la plus violente (car il ne faut pas généraliser, certains groupes ne donnent pas dans cette veine), est l’envers de la médaille du rêve américain. On peut remarquer que la plupart des leaders dans ce type de musique provient d’un milieu assez défavorisé. Quand on naît pauvre et surtout noir aux États-Unis, les chances de devenir riche sont assez minces et quand on a peu d’éducation sur le marché, alors, là, les chances sont quasi inexistantes… Le crime semble la réponse toute trouvée alors pour se remplir les poches et accéder à un mode meilleur. Je ne suis pas pour ou contre cette musique, je déplore seulement que la violence et le crime y soit sublimés et que les jeunes en quête de réponses à leur mal-être y trouve des réponses.
Je ne crois pas que le hip-hop soit à l’origine du phénomène des gangs, c’est une réponse trop facile (comme de dire que les jeux vidéos engendrent la violence), le problème est ailleurs. La question qu’il faudrait se poser est plutôt: pourquoi les jeunes trouvent-ils une réponse à leurs questions dans ce genre de musique? Arrêtons de trouver des boucs émissaires pour tous les problèmes sociaux, faisons votre examen de conscience et arrêtons de considérer les jeunes comme des bombes à retardement… Notre monde est de plus en plus dur et les jeunes s’y adaptent du mieux qu’ils le peuvent et souvent sans beaucoup de soutien. Essayons de trouver d’autres réponses au mal-être de certains jeunes.
Il est vrai de dire que certaines choses étaient mieux avant… mais il est aussi juste de dire que d’autres sont beaucoup mieux aujourd’hui. Les gens sont beaucoup plus ouverts d’esprit et acceptent certaines réalités que l’on préférait cacher autrefois… Avant, tout était défendu, maintenant, l’humain semble avoir tous les droits et parfois la liberté de l’un brime la liberté de l’autre. Je pense qu’au cours des prochaines années, les mentalités vont beaucoup changer et qu’on finira par trouver un juste milieu. Les gens sont de plus en plus tannés de la surconsommation et ont envie d’un peu de spiritualité dans leur vie. On a voulu que l’humain vive de plus en plus confortablement et on a inventé toute sorte de trucs pour y parvenir… mais maintenant, on se demande parfois à quoi tout cela rime. Je pense qu’on verra un juste retour du balancier… certaines valeurs d’autrefois ressurgiront, mais à la sauce des années 2000. J’espère être encore de ce monde pour voir cette évolution tant attendu. Avez-vous lu « La prophétie des Andes »? Je le commence à peine, mais déjà je me rends compte que les humains ont vraiment envie d’un changement… en espérant que cela se produise le plus rapidement possible!
Je vous le dis mon grand-père a dit à mon père ce que mon père m’a dit : Vous n’êtes rien, vous avez tout cuit dans le bec, dans notre temps c’était beaucoup plus difficile. Dans notre temps, on souffrait bien plus, on n’avait pas de quoi nous faciliter la vie.
C’est humain je crois de croire que ce que l’on a vécu est toujours pire que ceux que les autres peuvent bien vivre. Je crois que les comparaisons entre générations sont difficiles, car chaque époque a ses caractéristiques mais soyons réalistes… c’est normal. Si tout le monde acceptait tout le temps facilement ce qui est nouveau, ce qui est le progrès, on serait sûrement bien plus avancé.
Les baby-boomers ont mis une maison à terre pour une fenêtre mal faite. Nous tenterons probablement de faire la même chose.
Les époques changent, les valeurs changent et c’est tant mieux! Et à vrai dire, vous vous en êtes pas si mal sortis que ça votre génération (les babyboomers) et nous nous en sortirons tout aussi bien.
C’est un débat, que dis-je, une discussion qui alimente et nourrit nos esprits. Que vous soyez de tout statut, il est de votre devoir de femme ou d’homme de prendre position. Bon nous parlons toujours des valeurs et de la morale entre le vieux prof et ce jeune apprenti. C’est un portrait que j’aime bien ce vieux prof qui de son expérience tente, je dis bien tente d’inculquer son savoir à cet apprenti assoiffé et écervelé. Mais ce vieux prof, vous avez raison, est un être humain, fragile et avec ses défauts et ses fautes. Vous savez aussi que ce jeune écervellé ne l’est pas toujours. Il est naïf, tranquille, sociable et distrait quelquefois… Bof, vous savez, ils s’entendent bien malgré ce que vous en dites. Et ne m’embarquez pas dans votre vieux débat de «nous avons démocratisé la bière et sorti les manteaux de fourrures des églises !» Ben oui…c’est cela ! Et les jeunes nous ont fait redécouvrir les jeans et les polos Hillfiger ! Ils sont tombés dans le panneau et nous l’avons planté sur le bord de la route de toute façon.
J’ai regardé ce soir en direct sur RDI l’émeute au centre-ville de Montréal. Un show punk annulé parce que certains musiciens sont restés au Douane à Dorval…Toute une coupure dans mon texte et toute une coupure de la Télé-réalité de matante, cette petite émission tranquille et sans lendemain, enfin ! pour moi…Je regardais donc ces jeunes débordant d’énergie canaliser leurs forces jusqu’à renverser les automobiles. Je ne crois pas qu’ils fredonnaient les succès de Jacques Brel et il ne faut pas leur en vouloir, voyons. C’est tellement frustrant de se faire dire que le spectacle est annulé. je ne vois pas d’autres solutions que de fracasser les vitrines, cracher au visage des passants, mettre le feu partout jusqu’à s’entêter à vouloir flamber le béton du trottoir. Et que dire de la réaction de tous ces jeunes quand ils ont su que leurs billets seraient remboursés ! C’en était trop ! C’est le chaos, il faut tout arracher. Bonne nuit !
Avoir des valeurs dans notre monde aujourd`hui est considéré pour plusieurs qu`il faut être déconnecté de la réalité actuelle pour les entretenir. Mais cette réalité qui est devenue notre vie quotidienne n`est-elle pas un peu de la fiction au présent. A vouloir toujours évoluer, à rechercher toujours le maximum des personnes qui nous entourent nous reculons au lieu d`avancer en tant qu`être humain. A regarder certaines personnes je me demande si le trajet les menant à leur naissance n`a pas bifurqué de leur trajectoire les ayant destinés au préalable au règne animal. Je devrais m`excuser auprès des animaux car certains d`entre eux sont mieux éduquéss qu`eux.
Les générations qui nous ont précédés avaient peut-être des idées préconcues et qui dataient de bien avant elles de générations en générations. Ce n`était certainement pas des idées qui n`avaient aucun sens. Qui sommes nous » notre génération » pour vouloir que tout change. Pour qui nous prenons nous. Et si il fallait que notre jugement soit totalement mauvais ( dans les deux sens du terme).
Je trouve que David Desjardins saute un peu vite aux conclusions dans son article. Il parle de valeurs. Bien! Mais immédiatement après, il nous explique que les gens de sa classe sont devenus… « des musiciens, des auteurs, quelques comédiens, des graphistes, des peintres, des photographes, des critiques d’art… Et aussi des professionnels que je croise régulièrement au théâtre, dans des galeries, au musée ou dans les salles de concert ». Bien aussi!… mais quel lien avec les valeurs? De plus, il nous donne justement l’exemple inverse d’un enseignant (profession noble) qui n’avait pas de valeurs puisque s’en prenant sexuellement aux jeunes.
M. Desjardins, ce n’est pas de devenir acteur ou comédien qui fait que vous avez des valeurs; mon grand père, cultivateur, était habitué à recevoir chez lui des quêteux pour les héberger, les nourrir et ce, sans porter de jugements. De vos acteurs, comédiens et musiciens, combien sont bénévoles et supportent des causes humanitaires, au lieu de regarder de haut le vendeur de l’Itinéraire qui se tient à côté de sa SAQ favorite?
Aussi, si les gens d’aujourd’hui avaient plus de valeurs, laisseraient-ils les grands parents finir dans des maisons pour personnes âgées ou feraient-ils comme dans les temps plus anciens ou l’un des membres de la famille hébergeait le grand-parent? Si nous avions plus de valeurs, ne verrait-on pas vos musiciens et comédiens divorcer moins souvent et ainsi ne pas jeter l’éponge dès que l’un des membres du couple ne fait pas ce que l’autre veut? Verrait-on autant d’individualisme et une baisse importante du taux de natalité?
Malheureusement, M. Desjardins, la morale et la religion sont des grands fournisseurs de valeurs. Et comme les deux prennent le bord présentement, je crois que globalement, nos valeurs prennent aussi le bord. De grâce comparons des poires avec des poires et non pas avec des concombres!