Desjardins

Fillion strikes again!

Ah et puis merde!Ça fait trois jours que j'essaie de trouver un autre sujet. De tout faire pour éviter d'en parler.

J'ai même pensé aborder les inquiétantes dérives de certains nationalistes qui souhaiteraient qu'on ne désigne plus les athlètes olympiques québécois comme étant canadiens, ou pire, vous endormir lentement mais sûrement en vous baratinant sur le financement du système de santé.

Rien n'y fait, je suis obsédé par une chose: les damnés X.

C'est qu'il paraît qu'il y en a des vrais et des faux.

Vous ne savez pas de quoi je parle? Je n'en suis pas trop sûr moi-même puisque j'écoute CHOI comme j'écoute les autres stations: je loge à leur fréquence jusqu'à ce qu'elles m'ennuient, me tombent sur le casque ou dépassent mon seuil de tolérance en dilatant indûment le log publicitaire.

Mais chaque fois que j'y atterris, j'entends parler des X.

Si j'ai bien saisi, il s'agirait d'auditeurs de CHOI, de gens qui partagent les idéaux libertariens de Fillion, d'amateurs de sports professionnels, de détenteurs du sacro-saint sticker, ou mieux, du t-shirt, et de gens qui n'ont que faire de la secte rivale: celle de la gang de chums de l'ADISQ, de Radio-Canne, du Journal de Mourial et de tout Quebecor, de Radio-Énergie, de Cogeco, du Devoir, de la grosse Presse et du Soleil, du Voir, bref, de tout ce qui reste ou presque en termes de médias.

Jusque-là, pas de problème. On peut bien adhérer à une ligne de pensée ou à une autre, on peut bien trouver qu'il existe une sorte de pensée unique au Québec et en dénoncer les inepties, je n'en ai rien à battre.

Là où ça se gâte, c'est quand on commence à départir les vrais des faux dévots, comme lundi matin, alors que Fillion jugeait que n'étaient pas de vrais X ceux qui avaient écouté Tout le monde en parle plutôt que de se taper la game de football. Z'y pensez pas, écouter la station d'État, la gang de Montréal qui vomit sur Québec et sa radio numéro uno!

Remarquez, dans un sens, il avait bien raison de faire cette sortie, puisque je peux vous nommer quelques inconditionnels de la liberté d'expression à tout prix qui ont fléchi les genoux en entendant les extraits diffusés à l'émission de Guy A. Lepage. Pas qu'ils aient choisi de renier leurs principes, mais ils ont constaté, comme le dit mon ami Fred, qu'"il faut savoir jusqu'où aller trop loin".

Mais attendez, ce n'est pas à ça que je souhaite en venir.

En fait, ce qui me révolte dans cette histoire de clans, c'est de voir quelqu'un renier ses propres principes pour sauver sa peau. Au diable, la liberté d'écouter ce que vous voulez, si vous ne faites pas ce que je dis, vous n'êtes plus dans la gang, dit-il?

Je sais pas pour vous, mais moi, je trouve que la liberté des X commence à sérieusement s'étioler, et que cette fois, ça n'a rien à voir avec le CRTC.

Quand on oppose à la pensée unique une autre pensée cloisonnée, on se retrouve devant un gouffre. Un fossé idéologique où il n'y a plus de débat ni de solution envisageable, mais un inévitable conflit. Une guerre.

Et comme chaque guerre s'accompagne de son lot de propagande, Fillion remonte tranquillement ses troupes, allant désormais jusqu'à leur refuser le droit de faire partie de ses supporters et d'aller voir chez le voisin si le gazon est plus vert, ou même d'aller constater si l'information qu'on y diffuse en vaut la peine.

En voulant défendre sa cause, il aura finalement cédé à l'envie d'être le gourou qu'il se refusait pourtant de devenir, formant une véritable secte de yes men qui recrachent toutes ses assertions, formant non pas des libres penseurs, mais des perroquets auxquels il interdit désormais toute volonté contradictoire à ses desseins.

Faudrait savoir ce qu'il veut: des gens libres et allumés qui réfléchissent, qui ne prennent pas pour du cash les dogmes syndicaux-nationalistes de la société québécoise, ou une autre gang de suiveux qui, sans suggérer de solution, ne ferait que s'inscrire en faux devant toute proposition venant des démoniaques institutions en place?

Tout le monde peut changer d'avis, c'est même plutôt sain, mais on ne peut pas entretenir deux idées contradictoires à ce point-là en même temps.

Ça, ce n'est pas une question de liberté, c'est de la schizophrénie.