La chronique est une bête sauvage, mais il arrive quand même que certaines semaines, elle me mange dans la main. Je n'ai pourtant rien fait de spécial, pas dormi plus ou moins qu'à l'habitude, mais ça marche. Les idées fusent, les phrases caracolent, les mots jouent à saute-mouton et mes doigts arrivent à peine à transcrire le flot des pensées qui s'agglutinent au portillon de ma conscience.
Toute la semaine après la publication, je suis extatique. Le soir, je vais faire mon jogging en pensant à vos réponses, que j'aime partagées, tout en ayant un faible pour vos détestations. En fait, si rien ne me fâche plus qu'une lettre d'insultes provenant d'un con qui a mal lu, rien ne me ravit autant que ceux qui me haïssent et continuent de m'écrire leur désaccord avec une intelligence que j'envie secrètement.
Mais si une semaine, la chronique me mange dans la main, elle peut aussi bien me la mordre quelques jours plus tard. Et sachez que ça se produit souvent. Trop souvent à mon goût, sauf qu'en même temps, une chronique domestiquée devient lassante. On la dresse comme un tigre qui rugit sur commande, qui fait des tours de piste en toisant le public d'un regard menaçant et qui saute dans un cerceau de feu pour que les gens crient: ouf! Tout cela, c'est des trucs, c'est des postures, c'est de la technique. C'est de l'écriture-gadget. Ça n'a aucune âme, et vous savez combien j'accorde de l'importance à la chose.
Les autres semaines, entre le déluge, le cours normal des choses et les morsures, il y a parfois le néant, la bête qui vous regarde et qui se fout de votre gueule. Qui ne veut rien savoir. Le sujet est là, même qu'il s'impose parfois, mais il refuse de s'articuler, de se faire phrase, puis paragraphe. Il s'enroule sur lui-même dans un coin, imperturbable.
C'est un peu le cas cette semaine.
Je voulais vous parler d'une expression que je ne suis plus capable d'entendre: coup de cœur. Je voulais vous dire qu'on a complètement dénaturé ces trois petits mots pourtant fort jolis qui sont plus un élan de l'âme que de l'organe qu'ils désignent. Un élan de l'âme dont on a fait une bête érection qui nous prend n'importe où, n'importe quand, pour un peu n'importe quoi. Un exemple? Même Jacques Duval a nommé son DVD de chars Mes coups de cœur de l'année…
Je voulais aussi vous dire que le coup de cœur, c'est le rétrécissement du fossé entre la critique et la faveur populaire qui, elle, n'est qu'émotion. C'est quand la critique abdique et s'en remet à cet amour inconditionnel qui ne dure souvent qu'un moment pour donner raison au public.
Le coup de cœur, c'est encore la critique, l'analyse et la mise en contexte qui reculent pour faire place à la promotion béate. Pour le meilleur, pour le pire? En fait, je ne sais plus trop. Le public a-t-il toujours raison? En est-il de la culture comme de la politique?
J'en étais à ces réflexions quand la bête s'est mise à me regarder en baillant. Plus rien. Le néant. Que voulez-vous, ceci n'est pas un éditorial pur sang d'Ignacio Ramonet, c'est une chronique bâtarde qui parle de tout et de rien. Et parfois, ça dérape et c'est le rien qui s'en empare, comme dans Seinfeld, mais en moins drôle.
C'est pas bien grave, c'est juste que quand ça se produit, j'aimerais mieux être plombier ou maçon, vendeur de chars ou de piscines hors terre.
Mais heureusement, ça me passe.
ooo
SALUT YVES
T'es parti en fin de semaine et je ne suis pas venu te voir. S'cuse. Au moins, je sais que ta famille était là pour t'envoyer la main, dont mon grand ami depuis tellement longtemps, ton fils aîné. Tsé, quand il m'a appelé pour me dire que t'avais levé les feutres, moi, je ne savais pas quoi dire. Ça me fait ça la mort, ça me ferme la gueule. Moi qui parle tout le temps, je deviens muet, je perds tous mes moyens, je me sens minable. Intimidé. Bon, je sais pas s'il est trop tard, mais je voulais quand même te dire que c'est moi qui avais scrapé la rampe d'escalier de ton ancienne maison, quand ton fils et moi on était ados et qu'on faisait des courses de descente de marches en sacs de couchage. Par ailleurs, le trou dans le mur, je n'avais rien à y voir. Ou peut-être que c'était le contraire et que le mur c'était moi? Je ne sais plus. Ce qui est sûr, c'est que j'ai bu au moins la moitié de ta réserve de bagosse. En fait, je voulais surtout te dire que la façon que t'avais de me saluer, en mettant l'accent sur mon évocateur surnom d'une syllabe que je n'écrirai pas ici, cette manière unique de t'exprimer, ce ton-là, ben, ça m'écœure de savoir que je ne l'entendrai plus. C'est un morceau de mon adolescence qui disparaît avec lui, donc avec toi. Salut Yves.
Cher David,
Tu sais, il arrive aussi aux commentateurs de Voir.ca, comme moi, d’avoir à surmonter à la bête ou le syndrome de la page blanche. Avant d’écrire une réaction face à l’un de tes textes, un texte de Martineau ou peu importe, il faut entrer dans l’esprit du chroniqueur en question. Chose qui n’est pas toujours facile!
Cette semaine, je t’ai imaginé devant ton ordinateur… ne sachant pas trop comment donner un coup de gueule aux gens qui, coup à coup, utilisent à tort l’expression «coup de coeur». Et là, tu t’es peut-être questionné sur l’utilité d’un tel sujet. Ou alors t’es-tu simplement dit que tu préférais laisser les gens dans leur ignorance face à leur utilisation impropre. Peu importe, le sujet a fini par t’écoeurer lui-même. Ça arrive de perdre une idée ou de l’abandonner. À ce titre, je ne me souviens même plus de comment je voulais terminer ce paragraphe, mais je te jure, c’était très original!
Pour finir, je veux te féliciter pour ton anti-chronique. J’ai eu autant plaisir à te lire cette semaine que la semaine dernière. Tu vois, la bête, elle est bien méchante, mais tu peux abuser d’elle en la prenant comme sujet plutôt que comme obstacle!
Ne sachant pas par où est passé l’ennemi public cette semaine, la réception de l’article m’a un peu ébranlé. Les coups de coeur, peu importe l’endroit ou l’objet, m’apparaissent toujours de mise et remplis d’amour. Nos coeurs ont-ils desséché à force d’aimer les objets (Les Rita Mitsouko), me semble embarrasser l’auteur à l’approche des Fêtes et ce, avec raison.
Il faut accepter le monde de la consommation, nous en sommes les leaders, le moteur et sa raison d’être. Ne sachant plus quoi faire de sa vie, on consomme pour tout et pour rien, pour oublier notre non-sens. Un coup de cour pour l’auto, un autre pour le linge et un autre pour l’objet le plus clinquant et remarquable, voilà où nous en sommes.
Désenchantés par les bombes humaines, les maladies qui ravagent la planète, les crimes de l’humanité, on se réfugie dans notre confort pour oublier les absurdités de la vie. Les mots pour le dire, pour changer des choses et le cours de la vie demeurent toujours bienvenus, mais leur utilisation quotidienne et habituelle nous éloigne souvent de leur essence et de leur volonté. On peut aussi acheter d’autres mots, par coup de coeur ou de raison.
Le sujet était pourtant bon; la surutilisaiton de l’expression « coup de coeur », à toutes les sauces, à toutes les viandes, à toutes les situations. Un sujet qui peut soulever les passions et les débats, alors que certains vont avouer idolâtrer quelqu’un au point de vouloir copier ses coup de coeur dans l’espoir de potentiellement y ressembler alors que d’autres vont complètement dénigrer l’utilisation de ce terme puisque les goûts, au fond, c’est si personnel. Pour ma part, je n’aime pas l’utilisation « publique » de ce terme i.e. de se fier à des coup de coeur de personnages publiques de qui, au fond, on sait très peu de chose.
Mais rien. L’imagination n’a pu vous faire écrire une chronique digne de ce nom. Dommage; le sujet était bon.
Mais ça arrive. Parfois, à trop vouloir la perfection, on manque complètement le bateau. Ou peut-être est-ce justement parce qu’on veut devenir le coup de coeur de quelqu’un que l’inspiration grandiose nous manque parfois? Petite consolation, comme en toute chose, on peut alors se dire que « ça arrive même aux meilleurs »!
Cher M. Desjardins,
Après avoir lu votre article, je suis plutôt déçue de n’avoir pas vraiment matière à vous tenir tête. J’aurais aimé paraître plus brillante.
Vous nous avez exposé de façon si charmante et articulée que vous souffrez cette semaine de la panne d’inspiration. Comment vous en tenir rigueur ! J’ai toutefois envie de vous suggérer de vérifier la courbe de vos biorythmes dans ces moments-là. Vous pourriez être étonné.
J’ai également été touchée par votre salut à Yves. Comme je vous comprend d’avoir manqué de temps, de motivation ou, disons-le franchement, de courage pour vous déplacer afin de rendre ce dernier salut. Il est très humain de rester aussi loin que possible de la mort, tant que l’on peut se le permettre. Ça garde le concept plus évanescent. On peut alors, comme vous l’avez fait, ressasser doucement les souvenirs nostalgiques, sans se voir réellement confronté aux douleurs profondes engendrées par la perte ou, pire encore, au grand cirque qui, trop souvent, vient enrober la grande sortie.
Finalement, monsieur David, votre humanité transpire de la totalité de votre chronique de cette semaine. Qui s’en plaindrait ?
Je serai brève, très brève car on ne peut s’épancher longuement sur une absence de sujet.
Malgré tout, j’ai adoré la chronique cette semaine. Franchement bien écrite!
Je ne sais pas qui est Yves, mais je dois dire que c’est le paragraphe qui me marquera le plus… jusqu’à ce que je lise autre chose en tout cas. Mais ça c’est de la franchise, de la vraie, de l’ouverture, de la mise à nue. On ne sait pas qui est Yves, on ne sait pas non plus qui est David quand on y pense, mais on sait qu’Yves a quitté ce monde et que ça a touché David. Tant qu’à redéfinir l’expression coup de coeur, je dirais que cette semaine, David a vraiment eu un coup de coeur dans sa chronique et qu’il a décidé de le partager avec nous de façon presque anonyme et ça m’a touché. Beaucoup!
Le coup de coeur sujet épineux n’est-ce pas? Comment une critique peut avoir un coup de coeur et s’imaginer que tout le monde aura ce même coup de coeur? La réponse est simple la plus part des coups de coeur d’une critique donne un oeuvre aimé que par les pseudo cultivés qui le sont en fait rarement, la moyenne du peuple déteste les coups de coeur des critiques car c’est trop souvent une oeuvre peut divertissante très compliqué et souvent dénué de réels intérêts. Voilà ce qui ramène à l’idée de monsieur Desjardins comme quoi le coup de coeur est vidé de son sens.
On peut avoir assez de l’expression coup de coeur mais je ne crois pas que ça mérite un article. Le vrai coup de coeur est ,comme le dit l’expression,quelquechose qui vient du coeur et qui est difficilement explicable. Je ne comprend pas Jacques Duval d’avoir des coups de coeurs alors que ses choix sont très rationnels et basés sur des données techniques, Il peut parler de ses préféremces mais aucunement de ses coups de coeur. pour avoir un coup de coeur, il faut se laisser bercer par le livre, la chanson, la peinture etc et ne pas ce demander ce qui nous plait. On aime par intuition et on est prêt à pardonner les petites erreurs ou défauts. Un coeur de coeur est loin d’être quelquechose de parfait mais c’est quelquechose qui nous touche, qui nous parle et qui nous procure du plaisir. Un coup de coeur est souvent éphémère mais même une fois oublié, il reste dans nos souvenirs car il est allé vraiment cherchénos sentiments les plus profonds. Un coup de coeur est souvent superficiel car il est le résultat de notre impulsion mais rien ne nous empêche d’aimer sans tout savoir et tout comprendre. Le coup de coeur est intimement lié aux sentiments et il est vrai qu’il serait temps d’utiliser ce mot dans les bons contextes.
Je suis bien d’accord avec tout ce que je viens de lire! Des fois certaines expressions sont tellement mal utilisée qu’on ne sait plus vraiment le sens qu’on a voulu lui donner.
J’aime bien au contraire vos articles, moi tout ce qui dérange, j’adore! Je suis une personne qui a tout le temps des idées différentes des autres. Je me bats souvent pour défendre mon opinion. Je vous comprend tellement, le manque d’inspiration…. est une chose qui arrive à tout le monde, un phénomène tout à fait naturel.
Je ne vous en veux pas de ne pas écrire un article qui frappe!! Vos articles, je les adore!! Quelqu’un avec un aussi grand talent, doit comprendre qu’avoir une panne d’inspiration est dans la nature de l’être humain.
J’ai trouvé ça normal, votre message pour votre grand ami! Il faut dire que je ne suis pas très alaise moins non plus avec la mort…. et surtout quand c’est une personne proche de nous. Je crois que personne n’est alaise!
Prenez du temps pour vous! Je crois que le temps de Noël va faire un bien a tous!!
Parfaitement d’accord avec vous M. Desjardins. Le coup de coeur fait penser à une bouchée dans une chair bien sucrée ou un orgasme dans les bras d’une belle fille qui s’ouvre à vous spontanément, et qui vous tourne le dos une fois que vous avez terminé. Sur le coup, on croque bien fort et on y va avec toute notre énergie. Ça fait du bien et ça nous « remet les yeux en face des trous ». À la longue, on se lasse. On se tourne vers d’autres friandises et on recommence. C’est sur cette quête du plaisir sans effort que le « coup de coeur » fait son nid. Pensons à cette décharge d’adrénaline lorsque nous tombons sur une chanson qui nous plaît sur-le-champ. Quelques mois passent et cette mélodie revient, nous laissant un drôle de goût dans la bouche, comme si on avait salivé pour une chose qui nous semble aujourd’hui insipide.
En revanche, si l’on se procure un disque d’accès plus difficile comme L’imprudence, d’Alain Bashung ou God Says No, de Monster Magnet (oui je sais, le contraste est marqué), on réalise que l’oeuvre n’est pas mâchée d’avance et qu’il nous faudra l’apprivoiser. Ce genre de démarche va à l’encontre de l’idée du coup de coeur, mais a la bonne fortune de connaître une certaine pérennité. Pour les vendeurs de cochonneries, cette entreprise est néfaste puisque leurs présentoirs d’oeuvres à aimer risquent de rester plus garnis que ceux qui regorgent de « tounes » à consommer. Et Dieu sait qu’Archambault, Renaud-Bray et consorts sont tristes à la seule pensée d’une oeuvre qui ne se vend pas.
Mais résistez! Procurez-vous ces pièces d’artistes que les réseaux ne daignent pas faire jouer. Il y en a pour tous les goûts, vous verrez. Vous y découvrirez une voix qui s’adresse directement à vous, porteuse d’émotions plus vibrantes que ces pathétiques « emoticons » que vous propose l’ensemble de l’industrie culturelle.
M. Desjardins, je suis particulièrement étonné que vous fassiez tout un plat pour une simple expression. Car si je ne m’abuse, ce ne sont que des mots, et la signification qu’on en fait dépends en grande partie de l’usage populaire. Je suis d’accord avec vous que cette expression est un peu galvaudée, et reprise à outrance par plein de personnage public. Probablement pour s’attirer l’attention du public ou des acheteurs. Car c’est une expression qui accroche et qui est, ou à tout le moins était, aimée du public parce qu’elle est « cute » comme on dit. Mais à trop l’utiliser, elle perd de son attirance, et devient même, comme pour vous M. Desjardins, objet de répugnance.
En ce qui me concerne, ça ne demeure qu’une expression, et elle veut dire ce qu’elle veut dire. C’est à dire qu’une chose vous a tellement plu que votre coeur s’est mis à cogner très fort, à donner des coups, d’où coup de coeur. Rien de plus. C’est une expression comme une autre et tous ceux qui l’utilisent à tout bout de champs, comme ils le feraient de toute autre expression, ne démontre qu’une seule chose; c’est qu’ils manquent d’imagination, et probablement de culture. La langue française est une langue riche et complexe, et il y a toujours plusieurs façon de dire les choses. Alors pourquoi se cantonner à n’en utiliser qu’une seule? Probablement parce que le bon usage de notre langue se perd, et ce n’est malheureusement pas ceux qui parlent au public (du moins la majorité) qui vont nous aider à mieux parler et utiliser notre langue…
Vous avez réussi Mr. Desjardins ! Félicitations ! Vous avez trouvé la réponse à la
question : » Comment se rendre sympahtique sans se fatiguer? » Et votre solution semble fonctionner à merveille lorsqu’on remarque le ton compatissant des réponses à votre texte. Un malentendu divisant les opinions (votre texte sur Québec), un texte plus ou moins réussi (les danseuses) suivi d’un texte style « piteu-pitou » où vous avouez une faiblesse … recette idéale ! Claude Dubois a même mené toute sa carrière de cette façon là. Rien de plus réconfortant qu’un icône qui dévoile son côté « humain ». Étrange comment ce côté humain est associé à une imperfection. C’est tellement rassurant, et ça nous donne aussi le droit d’avoir des défauts. Merci, merci !
Trève d’ironie, bien désolée pour le père de votre ami. C’est vrai que la mort nous « coupe le sifflet ». C’est bien ce que j’ai trouvé de plus réconfortant dans votre texte. Mes sympathies.
Pour avoir à écrire des dizaines de textes chaque semaine en réaction aux vôtres, certains participants de cette tribune doivent parfois aussi ressentir votre angoisse. C’est en tout cas mon cas quand les textes qu’on nous sert sont moins inspirants.
Si vous avez parfois de la difficulté à trouver un sujet qui saura intéresser vos lecteurs, sachez que c’est aussi souvent difficile pour nous de réagir à des sujets qui ne nous touchent que très peu.
Malgré tout, c’est un exercice que je m’impose à chaque semaine. Pour le plaisir d’écrire. Pour le plaisir de me faire une opinion et de la formuler dans des mots qui sauront capter l’attention des lecteurs et me valoir quelques points que je dépenserai allègrement en allant voir un bon spectacle.
Et vous savez quoi? Il m’arrive de vivre des moments fort exaltants quand à partir d’un sujet qui parraissait moins m’intéresser, j’arrive à composer un texte qui se tient et qui atteint un niveau de qualité qui me satisfait.
Et comme il s’agit ici d’une espèce de jeu où on est évalué par nos pairs, il arrive que la note attribuée ne corresponde pas à nos attentes. C’est parfois très décevant. Mais en bout de piste, on finit toujours par y trouver son compte.
Alors ne vous en faites pas trop avec ces passages à vide mon cher Desjardins. Vous aurez bien l’occasion de sentir encore cette lumière vous envahir. Et nous aurons encore l’occasion de vous critiquer et de nous opposer à certaines de vos prises de position. En attendant, permettez-moi de vous féliciter pour l’ensemble de votre oeuvre. Quand on a votre talent pour l’écriture et une tête aussi solide que la vôtre, ce n’est qu’une question de temps pour que la magie opère à nouveau. C’est, en cette période des fêtes, la grâce que je vous souhaite à vous, bien sûr, mais aussi à nous qui aurons peut-être un peu plus de matière pour alimenter nos réactions.
Allez, passez un joyeux temps des fêtes et revenez-nous avec vos coups de gueules bien sentis.
Ce qui est bien dans votre chronique de cette semaine, c’est que vous n’aurez pas à prendre la moitié de celle de la semaine prochaine pour nous expliquer à quel degré il fallait la lire.
Même moi, avec mon quotient « contre-la-fermeture-d’un-poste-de-radio », je pense que je l’ai bien saisi.
Blague à part, Monsieur Desjardins, je vous souhaite un retour en force de l’inspiration. Que la bête sauvage vous assaille et que vous ayez la force de la mater temporairement, juste le temps de la coucher sur l’écran pour nous l’offrir en pâture. Vous pourrez alors faire de folles envolées, de grandioses dérapes en choisissant parmi vos sujets « coups de coeur »!
Et puis, vraiment, votre chronique, moi un mec qui avoue une ou deux faiblesse, je trouve ça craquant…
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Se tenir loin de la mort? Difficile à faire si on veut réconforter ceux qui restent…ils veulent pleurer, se rappeler de beaux moments, parler des morts. Nous qui souffrons moins, on peut être là et écouter.
Bonsoir M. Desjardins,
Ignacio Ramonet ? Je vais devoir me renseigner.
D’ici là, je vais continuer de vous lire et, ne vous en déplaise si je fais partie de ces cons qui vous fâchent (ces damnés Pico Le Clown ou Comiques sans humour), je vais continuer de vous répondre.
Parce que j’aime m’en prendre à vos propos.
Parce que le titre de votre chronique m’a interpellé. »Il veut se faire mon ennemi? », me suis-je demandé le 26 août dernier, »alors d’accord ! » me suis-je répondu quelques jours plus tard.
Et depuis ce temps je vous traque. Pour rire. Pour le sport. Aussi parce que ça me tient sur mes gardes ; avant de critiquer un raisonnement, faut d’abord s’assurer que le nôtre ne soit pas celui d’un sot.
Et ça, c’est bon. C’est sain. Car il en va des neurones comme des capacités physiques : seul l’effort permet d’en améliorer la performance. (Ici, pour me faire taire, on pourrait me rappeler la chimie dont certains athlètes usent, mais ça ne marcherait pas, je continuerais de dire.)
Pour cette semaine, l’âme probablement ennoblie par l’esprit de Noël et, assurément, ramollie par cette chicane que j’ai eue avec la tempête de mardi, je vais vous faire mes compliments.
Car je suis d’accord avec vous : coup de coeur est utilisé à gauche et à droite et pour toutes les sauces. On peut parler de slogan.
Exactement aussi ennuyant que la page blanche. Trop a été dit à son sujet. Par contre, vous avez su aborder ce sujet éculé avec adresse. L’image de la bête m’a plu.
Donc, mes compliments !
Mais si vous souhaitez que notre conversation se continue, faites que votre mollesse de cette semaine ne soit que passagère. Je suis à la recherche d’un ennemi, pas d’un ami. De ça, un autre slogan disait qu’on pouvait en trouver dans certaines pharmacies…
(Là, je blaguais !)
Mes sympathies à votre copain.
Est-ce que j’ai écrit un propos choquant? Ignacio Ramonet écrit sur des questions internationales dans un journal gauchisant pour alter-mondialistes et autres esprits critiques. Monsieur Desjardins, Vous n’êtes pas Ignacio Ramonet, mais vous n’êtes pas non plus le dernier des analphabètes. votre sens de la rhétorique vous và à merveille. Trève de flatterie et de Monsieur « Géopolitique du Chaos », les termes et expressions de la langue française sont souvent utilisés à tort. Que le terme « coup de coeur » se déforme avec le temps tient à l’évolution des choses. Laissons les termes évoluer pour nous offrir des opportunités de néologisme et de polysémie.
David (tu me permet de te tutoyer j’espère), cette semaine ta chronique n’est aucunement à la hauteur de l’homme que je lis habituellement. Elle sent le manque d’idée, la facilité genre scrabble et on s’arrange avec les lettre qu’on tire. Mais puis je t’en vouloir, aucunement. Chronique facile pour temps difficiles, suffit de la lire pour constater.
Mais d’un autre côté, cette même chronique masque à peine celle que tu ressens présentement, la peine des départs trop souvent soudains. La passage à vide qui suit le départ d’un être à qui on à que trop peu souvent dit qu’on l’aimait. La mort ça ne s’annonce que très rarement, elle s’invite habituellement au moment de son choix et elle t’embrasse.
C’est pas rien de gérer son intérieur, on demeure sans aucune ressource avec comme seul ami soi-même et le temps. Aucun mot, aucune parole ne peut faire disparaitre le boulet que la peine apporte avec elle. On le traine et on ferme sa gueule, on repense aux moments, on est seul, on vivote tel un poisson rouge dans son bocal.
La mort c’est un peu l’antidote à l’inspiration, au goût de vivre. T’est aucunement malade mon cher David, t’est simplement un mec qui choisit de vivre ses sentiments.
David, je suis un des premiers à condamner mais je suis aussi un des premiers à reconnaitre et cette semaine t’es pas David, cette semaine t’est Goliath. Y’a trop peu de mecs qui optent pour le côté sentimental, aujourd’hui la majorité de ceux-ci les cachent, hé ho un mec ça pleure pas, bull…
Aller mon ami, comme disait Félix « C’est grand la mort, c’est plein de vie dedans ».
Les coups de coeur de Renaud Bray, ceux de Duval et ceux d’Occupation Double. autant d’arguments pour échanger sentiments contre un peu d’argent.
Dans le premier cas, les gens achèteront un roman (est-ce que Renaud-Bray vend la catégorie Coup de coeur aux maisons d’édition ou s’agit-il vraiment de coups de foudre pour certains romans?). Dans le deuxième, les novices prendront l’avis de Duval pour du « cash » et achèteront l’ami sur quatre roues recommandé. Dans le dernier, les filles auront choisi le dernier candidat en fonction qu’elles font bien partie de ses coups de coeur pour avoir une chance de gagner la maison. et le public aura subi les pubs de Métro et Épiderma ou acheté le 7 jours pour connaître les coups de coeur des candidats!
Une belle invention que cette utilisation de l’expression Coup de coeur! Une formule gagnante pour beaucoup d’argent en perspective!
Oui mon cher David , je suis comme vous , je me demande souvent ce que les coups de coeur viennent faire dans la vie .
Ce que j’aime des collaborateurs de VOIR c’est que se sont des gens du bon peuple qui vont nous donner eux leur véritable coup de coeur et sans attendre rien en retour . Si un film n’est pas bon , les collaborateurs qui ont payé huit ou neuf dollars pour un navet ne se gêneront pas pour le dire . Je pense à l’un des pires films québécois des dernières années et j’ai nommé le tristement célèbre Immortel avec Caroline Néron . Comme ce film est en partie subventionnée par TVA , la critique télévisée ménageait ce navet monumental , mais les lecteurs de VOIR ne se sont pas gênés pour dire les vraies affaires .
Que Jacques Duval ait un coup de coeur pour la Mercedes XYZ 250 c’est bien pour lui , mais si moi j’ai un faible pour Ford ou GM ou Chrysler et bien nous n’aurons pas le même coup de coeur et puis je m’interroge toujours à savoir si un coup de coeur de quelqu’un de connu ne lui rapporte pas une petite gratification par en dessous . Louis-José Houde fait-il sa commande chez Loblaws ?
Ignacio Ramonet n’avait pas votre âge à la naissance de sa plume si prolifique et à l’adolescence de ses grandes qualités de critique litéraire. Peut-être qu’il a comme vous débuté dans un hebdomadaire de qualité ! Bon ma plogue est faite, passons aux choses sérieuses.
Je ne vous connais pas, mais votre remarque pour Yves est touchante. Aucune marque de sympathie n’est aussi grande que lorsque qu’elle souligne des instants où un être particulier a traversé notre vie. ceux qui marquent la mémoire restent, les autres non.
J’aime la finesse de votre texte et le comment vous vous sortez du bourbier. Vous n’avez rien à envier à personne selon mon humble avis.
Monsieur peine. Monsieur a des sautes d’humeur. Monsieur garroche des pelures de clémentine sur l’écran. Monsieur pique des crises, comme une femme. Monsieur connait des ratés devant une page blanche. Ou plutôt devant l’écran de son ordi. Monsieur se met sur la touche. Comprenez, ce sont les fêtes. On a beau être agnostique ou athée. On a beau piétiner de la marde de Pape. Mais voilà, Noël, c’est Noël. C’est Minuit, Crétins. C’est Minuit, Chrétiens. Vous avez tué Dieu, mais vous êtes incapables de tuer Noël. Vos histoires de bêtes, vos exercices de style raccoleurs vous ont attiré bon nombre de lecteurs compatissants.
Je me demanderai toujours pourquoi certains ont toujours le crachoir. Et que d’autres, supérieurs, sont muets. Heureusement, je n’ai rien à foutre des villages. Je me congratule. Je m’encense. Je me sublime.
Oui, je suis un patricien de la pensée. Tenez-le -vous pour dit!
Les habitants de la belle ville de Québec, eh! bien, je ne les ai pas à la bonne. Ils devraient émigrer au Texas, au Colorado, à l’Ohio.
Québec delenda est!
Car, ils sont des habitants.
Tout à coup, parce que je me sais lu, je me sens obligé de devenir intelligent. Devrais-je me lancer dans la critique articulée, pour plaire à M. Desjardins ou devrais-je l’encenser d’avoir écrit cette petite chronique de la vie quotidienne.
Les commentaires que je préfère écrire sont ceux qui touchent des opinions. La chronique de M. Martineau, celle de M. Desjardins. Parce qu’elle force notre propre réflexion. Réfléchir implique pour moi qu’on ne se retrouve pas toujours du même côté de la barrière. Je me méfie un peu de ces gens qui, à chaque fois, trouvent le moyen de critiquer un chroniqueur. Comme je me méfie de ceux qui, à chaque fois, encensent le même chroniqueur d’avoir dit tout haut ce qu’ils pensent tout bas. La réflexion devrait être la capacité d’enregistrer le propos, le digérer (à vitesse plus ou moins rapide) et d’y réagir.
Alors comme ça, M. Desjardins, cette semaine, vous êtes en panne sèche! Aucun sujet controversé! Je trouve ça extrêmement décevant! Et comment pourrais-je vous critiquer, vous vilipender, vous insulter, si vous ne me donnez même pas de matière solide pour le faire? Moi qui, en plus, était en grande forme! J’exige qu’on me rembourse le prix payé pour mon journal! C’est inadmissible!
Dans le monde hyper-performant dans lequel nous nous trouvons, je ne comprends même pas que votre employeur ait laissé passer une telle chronique vide de fiel ou de sarcasme. Franchement, il y a un manque de contrôle de qualité chez « Voir »! J’espère qu’une note sera portée à votre dossier pour fainéantise intellectuelle! Le syndrome de la page blanche, ce n’est pas mon problème, c’est le vôtre… (surtout au salaire que vous faites! – tiens! ça ferait certainement un bon sujet d’article, ça!) et organisez-vous pour le régler! Non, mais! Et puis quoi encore? Bientôt vous dessinerez un mouton au lieu d’écrire un article!
Je veux bien passer l’éponge pour cette fois-ci (ce doit être le temps des fêtes qui me ramollit), mais qu’on ne vous y reprenne plus! Pour 2005, j’espère que vous prendrez la résolution de toujours écrire une chronique qui suscitera la polémique et le clivage très net des scribes du journal. Une chronique qui polarise tous les lecteurs dans un sens ou l’autre n’est tout simplement pas acceptable et digne de vous. Et tâchez de ne plus décevoir vos milliers de lecteurs attentifs et affamés de controverse. Déjà qu’ils ont la lourde tâche d’essayer de comprendre les méandres de votre raisonnement, ce qui n’est pas toujours évident vu les divers degrés d’interprétation auxquels vous nous avez habitués! Et si jamais, à l’avenir, il vous reprenait un syndrome de page blanche, je vous suggère la méditation transcendantale… ou un texte de Raël. Je suis convaincu que l’une ou l’autre des méthodes réveillera votre intellect!
Je ne vous salue pas, Môssieur!
Cette année le David de Michel Ange a été restauré à neuf, il est beau à voir, le David de Voir se momifie en ennemi public sombrant dans la nostalgie, un peu de cran, comment allez-vous saccager des jardins en 2005 en faisant la mine de rien, piétinant l’amertune sans courriels cruels, numero uno ressemblera-t-il à Franco Nuevo, c’est la grâce que je ne vous souhaite pas et si les Coups de Coeur, trois maux qui vous écoeurent ne suscitent plus la vigueur de vos envolées critiques, prenez un break syndicable serviable et aller servir au banquet de Noël pour souligner l’existence des Petits Frères des Pauvres qui ont besoin d’encouragement comme vos écrits à venir et récupérer les restants de table, compostez-les pour retrouver l’énergie de la création à dévaster sans juste mesure, rien n’est impossible, même si c’est possible de se retrouver devant rien à se mettre sous la dent en attendant le mordant de vos accros au repos.
Il m’a semblé, en lisant cet article qui détonne par rapport à la verve habituelle de notre chroniqueur, que cette semaine le coeur n’y était pas, justement parce qu’il en aurait pris un sacré coup le coeur, certainement à cause de la disparition d’un être cher qui emporte avec lui des morceaux de la mémoire de ce qui fut l’enfance ou l’adolescence. Le coup de coeur est alors tout à fait à l’inverse de ce que nous lui faisons dire la plupart du temps, puisqu’il est l’expression de ce que le sort nous fait subir, au lieu que d’exprimer béatement ce que l’on ressent comme petit bonheur, sans questionnement. Il est alors plutôt du côté du malheur que de celui du bonheur, si petit soit-il. Nous plongeant dans notre passé, ces coups de coeur à l’envers nous invitent au questionnement, à la remise en question de nos choix, à l’évaluation du poids des valeurs que l’on a jusqu’àlors défendues, bref à la relativisation absolue de notre existence. Il n’en faut en général pas beaucoup plus pour que les coeurs, mêmes les plus solides , en prennent un sacré coup dans les ventricules. Cette descente aux abysses est pourtant de courte durée, tous les plongeurs de fond le savent. La grande bleue de la mémoire a beau faire appel à toutes ses sirènes, l’appel de l’air libre finit par être le plus fort et notre plongeur rêve bientôt de s’en mettre plein les poumons. Il suffit de respecter quelques paliers de décompression et la tête qui émerge bientôt à l’air libre est toute pleine d’un oxygène qui lui fait péter toutes les neuronnes. Je ne doute pas que c’est ce plongeur-là que nous retrouverons bientôt, avec sa tête toute refaite sur les affiches de tous les poteaux télégraphiques de l’est à l’ouest et nous signalant qu’il est toujours l’ennemi public # 1.