Vous connaissez ce poème de Nelligan. Comme tout le monde. Dedans, il y a un vers que j'aime bien, c'est celui qui rime avec "jardin de givre". Ce vers, ç'aurait pu être une question, même si ça n'en est pas une: "Qu'est-ce que le spasme de vivre".
Ce n'est pas une question, donc, mais si c'en était une, je répondrais que le spasme de vivre, c'est mourir un peu. Pas nécessairement de la douleur que t'as, que t'as. C'est aussi le moment où, quand t'es enfant, la balançoire termine sa course et, pendant une fraction de seconde, tu lévites, les chaînes se détendent, et tu meurs un peu, puis elles se retendent et tu reviens vers le sol. C'est quand tu joues au ballon prisonnier et que la balle vient vers toi à toute vitesse; c'est quand tu comptes un but au hockey.
Tout petit, donc, t'es tellement vivant que t'arrêtes pas de mourir.
Ensuite, en vieillissant, ces petites morts se transforment, et s'espacent aussi. Elles deviennent exploits sportifs, sauts à ski, courses à pied ou descentes à vélo, orgasmes, amours fous ou révélations intellectuelles. Il y a le rire, dont on meurt souvent aussi. Et faire des enfants vous tord les boyaux au point où vous vous demandez si vous n'allez pas y rester.
Une vie est donc remplie de petites morts, si vous voulez.
Et à quoi je veux en venir avec tout ça? Au fait qu'on meurt si souvent un tout petit peu que la vraie mort, elle, la grande, on la néglige. On a beau la craindre, la voir venir tout le temps comme des paranoïaques, on ne la respecte plus. Quand elle arrive, c'est normal, on fait tout pour l'éviter, mais quand elle devient inexorable, on refuse encore de lui concéder la victoire plutôt que de mener un combat perdu d'avance dans des circonstances inhumaines.
Aussi, on craint souvent que la fin arrive trop vite, mais on pense moins aux fois où elle survient trop tard. C'est pas pire, mais c'est pas nécessairement mieux non plus.
"Je ne suis pas mort, mais les vers me rongent déjà. Je ne veux pas vivre une journée de plus de la sorte. Et j'espère que rien ne me fera changer d'avis", a annoncé Marcel Tremblay aux journalistes avant de rentrer chez lui et de s'enlever la vie.
Marcel Tremblay n'était pas suicidaire. Il n'avait pas perdu sa blonde ni son job. Il n'avait pas de problème de dope ni de jeu. C'était un vieillard souffrant atrocement d'une maladie dégénérative qui le condamnait. Pas seulement à la mort, mais à une mort lente, pénible, vicelarde, que la science ralentissait en lui enlevant par le fait même le goût de continuer à vivre.
C'était un vieux bonhomme qui avait tellement aimé sa vie qu'il voulait qu'elle se termine un peu mieux qu'en une pathétique tragédie.
Et si certains croient qu'il s'est donné en spectacle en convoquant la presse pour annoncer sa fin, ils ont parfaitement raison. En fait, il a offert le spectacle de la seule vraie justice que l'acharnement thérapeutique lui refusait: celui d'une mort digne.
Marcel Tremblay a montré devant tout le monde l'absurdité de son geste, absurdité qui réclame qu'à l'instar des Pays-Bas, nous nous dotions d'une politique de suicide assisté, en toute légalité, avec l'appui de la médecine.
Marcel Tremblay a dit à tous les théoriciens de la vie à tout prix, à ceux qui prétendent que veut mourir celui qui ne peut composer avec la douleur: tu me trouves lâche, viens donc tâter de ma souffrance pour voir si tu composes avec, toi.
Marcel Tremblay a dit: non, je n'irai pas en Suisse pour en finir; non, personne de ma famille n'ira en prison pour abréger mon calvaire.
Il aurait pu citer Nelligan, lui aussi, le même poème que moi, et dire: "pleurez, oiseaux de février, au sinistre frisson des choses". Mais il n'avait pas le sens du drame qu'on a voulu lui prêter.
En public, mais le plus simplement, Marcel Tremblay a fait tomber le rideau en rappelant que le respect de la vie, c'est aussi celui de la mort.
Je lisais cette semaine, sur le blogue de Martineau, une citation qui m’a vraiment touché. Elle vient de Dustin Hoffman alors qu’on lui demandait ce qu’on faisait sur la terre. «We Are All Learning To Die», (Nous apprenons tous à mourir) – voilà ce qu’il a répondu.
De cette citation, je me suis mis à avoir les pensées les plus paradoxales. Si vivre se résume à faire son deuil sur sa propre vie, ça implique qu’il faut penser à la mort régulièrement. Or, en pensant à la mort, c’est la déprime qui s’installe; je n’appelle pas ça vivre! Ainsi, comment vivre sa mort sans ne jamais mourir sa vie? Philosophiquement ennuyant comme réflexion, je vous jure, vous en aurez mal à la tête!
«Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux;
Et plus tard un Ange, entr’ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.»
Si l’on se fie à ces deux derniers tercets du sonnet «La mort des amants» de Baudelaire, la mort c’est aussi apprendre à revivre. Que ce soit pour l’entourage, que pour le défunt lors du bal de son âme. Je ne sais plus trop à quelle théorie me rattacher…
C’est un sujet épineux et qui suscite beaucoup de controverse. Pesonnellement, je suis contre l’acharnement thérapeutique. Je crois que je n’aimerai pas que les gens me voient mourir à petite dose. Je veux que les gens gardent une belle image de moi. Je ne veux pas mourir sénile sans être capable de me bouger par moi-même. Je crois que cela doit être un trop grand fardeau pour ton entourage. Je crois néanmoins que les gens ne sont pas encore prêts à accepter qu’une loi endosse le suicide assisté. Les gens se retrouvent souvent devant une autre vision des choses lorsque cela leur arrive. Ils ont soudainement trop peurs pour mourir. Ils se découvrent un goût de vivre dans les pires conditions de vie. Moi, je trouve que les gens qui ont le courage d’en finir lorsqu’il n’y a plus d’espoir en raison de la maladie , sont très honorables.
Le problème lorsqu’on discute de suicide assisté, c’est qu’invariablement quelqu’un parlera des dangers de dérapage. Comme si inévitablement cela nous amènera vers l’euthanasie institutionnalisée sans tenir compte de l’avis de la personne concernée. C’est le même argument qui est utilisé avec la décriminalisation du pot ou des mariages gais; à écouter certaines personnes on on va tous finir par se piquer et des tordus vont épouser leur caniche!!
Hey! Si je souffre et que plusieurs médecins confirment que mes jours sont comptés et que ma souffrance ne fera qu’augmenter, pourquoi n’aurai-je pas le droit de dire c’est assez, je débarque ici, bonsoir tous le monde!?
Le suicide assisté c’est le désir de mourir dignement, de prendre le temps de dire adieu à ses proches comme on le désire, et non pas finir complètement ammaigri, souffrant et à moitié absent à cause des calmants. C’est un choix personnel qui devrait être respecté par toute société respectueuse des droits individuels!
Ouf !
Cet article dégage une puissance qu’aux premières lignes, je n’escomptais pas.
J’ai, à quelque reprises, guetté de près la mort qui avance à pas de loup, au chevet de mes proches. J’ai pu identifier chez ces êtres défaits, la même motivation, le même irrépressible besoin que chez tous ceux qui envisagent le suicide. Ce n’était pas tant de mourir mais bien de cesser de souffrir.
Aussi, à mon sens, le « spasme de vivre » ce n’est pas tant de mourir un peu. Ce serait plutôt une soudaine, fugace et intense manifestation de l’instinct de survie. Le spasme de vivre, c’est lorsque l’on sait très bien que la partie est terminée, qu’on est malade comme un chien, qu’on n’a plus la moindre parcelle d’énergie et que, malgré tout cela, on espère encore un traitement de chimiothérapie qui, on le sait, nous fera vomir nos tripes.
Je peux concevoir que certaines gens abdiquent et que la mort devienne pour eux la seule avenue pour fuir la douleur. Le suicide assisté devrait alors, selon moi, se résumer à ne leur refuser aucun moyen d’occulter la souffrance. L’héroïne est particulièrement efficace à ce niveau. Elle est toutefois interdite dans notre système de santé. Il est vrai que la drogue pourra contribuer à hâter la venue de la mort. Mais, de toute façon, n’est-ce pas ce qui nous attend tous en bout de ligne ? Autant y parvenir un peu plus tôt mais en atténuant l’intensité du calvaire qui la précède.
Depuis quelques temps (ou peut-être n’avais-je pas remarqué avant) nous semblons, comme société, vouloir à tout prix éviter les débats de fond. Nous nous complaisons dans l’à peu près, dans le non-dit.
Quelque part dans la loi, il est dit qu’une intervention policière est requise lorsqu’un citoyen est un danger pour lui-même ou pour les autres….Cet homme a pourtant publiquement annoncé qu’il allait mettre fin à ses jours et aucune intervention n’a été faite. Ça manque franchement de cohérence !!! Au lieu de discuter sérieusement et d’en venir à adopter des lois plus humaines, on ignore ou on allège les lois déjà existantes en espérant que les choses vont se régler d’elles-mêmes. Est-ce que nous, comme citoyens pouvons aussi choisir quelles lois nous allons respecter et quellques lois nous allons ignorer ?
Je vais essayer de ne pas payer mes impôts cette année et plaider que j’ai cru que cette loi était optionnelle !!
Le même phénomène me semble s’appliquer à la consommation de cannabis….Des milliers de gens en consomment au vu et au su des différents palliers de gouvernement et on fait comme si de rien n’était. On réduit les peines, on détourne le regard de peur d’avoir à en discuter pour de vrai !
Je ne sais pas pour vous, mais moi je n’ai pas l’impression d’être bien représentée au sein de ce fragile édifice qu’est le gouvernement…parce-que si je l’étais, on débattrait des vraies choses, pas du comment faire pour conserver notre belle image publique ou du comment éviter à tout prix de froisser la susceptibilité de nos voisins !
Le débat sur le suicide assisté s’impose absolument, et d’urgence ! Mais il est très important que celui-ci se face avec grande intelligence afin de ne pas donner aux personnes vulnérables le sentiment qu’on cherche à glorifier le suicide, et ainsi à inciter nombre de gens dépressifs à passer à l’acte. Les suicides tels que celui de Monsieur Tremblay ébranlent considérablement la population car ils sont décidés par des grands malades dont les souffrances sont devenues invivables et que le système de santé ne peut soulager. On peut fort bien comprendre que de telles personnes préfèrent partir plutôt que de continuer un combat perdu d’avance qui ne leur apporte rien d’autre qu’horribles douleurs.
Mais parler du suicide ne peut en aucun cas se faire à la légère, et surtout, il serait indispensable que les médias fassent preuve de jugement et d’humanisme en cessant de récupérer ces tristes événements pour faire vendre leurs publications en usant de titres chocs ou mal choisis qui peuvent s’avérer extrêmement dangereux pour les personnes plus vulnérables. Ces dernières semaines, plusieurs suicides ont été hautement médiatisés alors que le mois de février est celui, si je ne me trompe, au cours duquel on recense le plus de cas. Qu’on cherche à trouver un terrain d’entente en ce qui concerne le suicide assisté est une excellente chose, mais il faudra impérativement prévoir de contrebalancer ces débats avec d’autres concernant les ressources offertes aux personnes qui souffrent de l’âme et non du corps, et auxquelles il faut réapprendre à aimer la vie plutôt que de les laisser dans leur solitude choisir de mourir.
Un homme prend le choix responsable de quitter ce monde qui lui est devenu intolérable.
Accâblé par la souffrance physique, il décide de prendre l’ascenceur qui le délivrera de cette insupportable condition.
Cet été, mon chat est devenu malade. J’ai dû le faire euthanasier. Il avait une maladie des reins incurable et souffrait terriblement. J’en ai eu pour deux semaines à pleurer et à le voir partout. Mais, je sais que ma décision l’a libéré d’un corps qui n’était plus fonctionnel. Il y a des situations ou quitter ce monde est un choix logique. Surtout lorsque la maladie est le pire bourreau.
Par contre, le suicide échu de dépressions, de lassitude et de solitude me boulverse. Le goût de mourir des gens qui se sentent seuls et sans issue est désarçonnant. Vouloir s’enlever la vie parce que les épreuves s’acharnent et que les échecs semblent s’accumuler n’est pas une solution. Comment font ces gens pour en arriver là ? Selon moi, la solitude est coupable. Le manque de support émotionnel, de compréhension, de compassion.
Il est facile de juger, d’accuser, de médire sur les circonstances d’une personne dont la vie est en plein milieu d’un »roller-coaster ». Surtout quand la nôtre continue de voguer paisiblement sur une rivière calme. Ce qui est exigeant, c’est de s’approcher de ceux qui souffrent, les regarder dans les yeux, prendre le temps d’entendre le cri muet de leur détresse.
Pourquoi juger l’acte d’un vieil homme malade et en faire toute une histoire ?
Et les génocides dans des pays comme au Rwanda ? Ces morts atroces sont imposées et injustes. C’est ça qui devrait être médiatisé pour que des mouvements fassent pression et aident à diminuer la misère camouflée volontairement par le silence.
Peut-on avoir l’entier contrôle sur quelque chose au cours de notre vie sans avoir à se faire dicter la morale ou « whatever »??? Si il y a bien un moment où je veux choisir le où…le comment…le quand et le… avec qui c’est bien celui de mon départ…
Quand ceux qui sont près de nous sont préparés…il n’y en a pas de problèmes…pas plus que ceux qui meurent du cancer! Pour le reste…les conséquences ou les dommages collatéraux et l’opinion publique…je n’y serai plus!
Enivrez-vous
Il faut être toujours ivre. Tout est là: c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Quelle triste réalité que de prendre conscience qu’un jour nous aurons tous à vivre cette finalité. Tout au long de notre vie nous en arrivons à prendre certaines décisions. Ces décisions sont le résultat de nos choix personnels. Mais hélas lorsque vient le temps de partir cela ne vient nullement de nos choix. Parce qu’aucune législation ne nous le permet ou que notre destinée nous fauche trop rapidement. Nous avons parfois l’impression d’être dans la peau d’un enfant tellement la politique nous donne peu de choix, mais nous impose les leurs. Donnez nous le choix de prendre les décisions nous concernant, donnez nous le choix à notre propre dignité…cher gouvernement donnez nous le choix de vous surprendre par des décisions empreintes de maturité…
On ne choisit pas de naître, mais on peut choisir de partir quand notre vie n’est plus que dépendance et souffrance. Je crois que le législateur doit encadrer cet acte ultime, mais l’individu souffrant et sans avenir doit pouvoir couper les ponts, cela dans la dignité et le respect.
En cela, le magnifique film «La mer intérieure» est éloquent : liberté, sobriété, dignité.
La mort,
simplicité volontaire obligatoire
pour nous,les trop malades,les trop vieux,
les trop jeunes trop vite,
les trop seuls trop longtemps,
les trop laids jamais vus,
les trop belles mal regardées,
les jamais entendus qui ne se parlent pas,
les bavards qui ne s’écoutent pas,
la mort c’est les morts qu’on invente,
les seuls que l’on peut rescussiter,
la mort,c’est simple comme bonjour,
ça recommence tout le temps
qui ne finit jamais,
c’est le lit où l’on se meurt à défaut de pouvoir se finir.
Dans le cadre de mon travail j’ai eu à suivre plusieurs formations sur le suicide et j’ai même oeuvré sur l’Équipe Prévention Suicide . On se demande pourquoi on se suicide : par peine d’amour , par découragement etc . Un formateur a répondu à la question en nous disant :’ le suicide c’est quand tu ne peux vivre le prochain quinze minutes ‘ . Je dois dire que mon expérience a fait qu’il avait bien raison . J’ai eu beaucoup de victoires , mais on se pose toujours la question à savoir si les gens voulaient réellement se suicider ou si il ne s’agissait pas de manipulations pour obtenir des faveurs ou des médicaments . J’ai eu aussi des défaites et laissez-moi vous dire que cela fait mal quand vous pensez avoir controlé la crise et que la personne se pend quelques heures plus tard .
Vendredi dernier nous avons eu droit à une leçon de courage . On dit souvent que le suicide est un acte de lacheté . Un vieil homme , malade et souffrant , qui avait probablement prié le Bon Dieu de venir le chercher pour abréger ses souffrances , annonçait publiquement qu’il se rendait fêter sa dernière soirée sur Terre avec sa famille et ses amis et qu’ensuite il mettrait fin à ses jours . Certains intervenants en suicide ont dit , avec raison , qu’il ne pouvait plus reculer au risque de passer pour quelqu’un qui recherchait son ‘ quinze minutes de gloire ‘ pour passer à la télévision . Non monsieur Tremblay voulait nous sensibiliser sur ce grave problême de ceux qui veulent quitter ce monde de souffrances dans la dignité , loin de l’acharnement thérapeuthique .
Est-ce qu’un jour on permettra l’euthanasie dans nos murs ? Il faudrait aller voir ce qui se fait ailleurs , car il parait que ce n’est pas automatique comme on le pense et qu’il y a plus de gens refusés que d’acceptés dans ces pays qui le permettre .
Un long débat qui fera appel à nos émotions et à nos convictions les plus profondes .
Respect de la vie ou de la mort?
Difficile de parler de la mort sans parler de la vie, de ses joies et de ses peines.
Chaque personne désire mourir sans souffrir et au milieu de sa famille et des amis qui l’aiment. Juger du moment et de la façon d’en finir devrait appartenir à chacun.
Que la loi permette à ceux qui le désirent de terminer leur voyage dignement, et, de le faire
assistés de leur famille et amis sans crainte de représailles .
Quel bel article. Si bien écrit et allant droit au but. La mort est-elle un droit? La vie l’est-elle?
On serait tenté de répondre théoriquement que vivre et mourir sont des droits. Ne condamne-t-on pas ceux qui tuent? Mais dans la pratique, on ne condamne pas tous ceux qui tuent. On ne punit pas ceux qui se suicident. On permet l’avortement. Que faut-il penser de la mort volontaire dans la perspective humaniste. De mes proches sont morts. J’ai vu des personnes prier Dieu de les emporter. De faire cesser cette trop longue attente. Quand la vie n’est plus la vie, peut-on en finir? C’est ça la question.
On ne parle pas ici de gens dépressifs qui peuvent, s’ils sont aidés, surmonter leur désaroi et reprendre goût à la vie. Il s’agit de personnes qui attendent la mort, trop passivement à leur goût. Ce n’est pas, non plus, une fixation morbide. C’est seulement le choix de ne pas faire durer ce qui est intolérable. On abat bien les chevaux titrait un film. Mais la question se pose. Tuait-on les chevaux par compassion ou parce qu’on éliminait les bêtes qui ne pouvaient plus rien rapporter et qu’il fallait quand même nourrir et soigner? Tant qu’à faire, aussi bien nourrir et soigner un cheval qui vaut quelque chose qu’une bête tarée ou handicapée.
Il ne faut pas aller jusque là. Nous en convenons tous. Il ne faut pas banaliser le geste, ça aussi on le sait. Alors est-ce qu’on peut gérer ça de manière éthique et respectueuse de la volonté des gens et des familles? La réponse est oui. Est-ce que c’est ce qu’il faut faire? La réponse est encore oui. Allons-nous le faire? Ça c’est pas certain. Avec la montée des religiosités et de tous les intégrismes moraux, on risque de passer des années à tourner tous les fers dans toutes les plaies. Il faudra que ça fasse mal ou un gouvernement responsable prendra la sage décision d’encadrer tout ça. Les débats sociaux ont toujours la fâcheuse habitude de compliquer les choses. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?
La vie est cruelle, injuste et sans pitié. On peut en dire ce que l’on veut mais il reste que la plupart des êtres humains veulent vivre. D’autres ont le potentiel de vivre décemment mais ont baissé les bras et ils voient la vie en brun, foncé de surcroît. C’est sur eux que l’on devrait s’acharner à donner l’espoir et non sur ceux en phase terminale qui n’ont aucune porte de sortie de leurs souffrance et aucune force pour les abolir. Le cas de Marcel Tremblay nous force à considérer ce fait comme une realité bien tangible que l’on ne peut ignorer. Il a agit pour son bien avant d’en être totalement incapable.
Le débat sur le droit à l’euthanasie refait donc surface, une fois de plus. Et pendant que l’on repart à zéro (ou presque) sur ce débat, des gens continuent de souffrir inutilement. Certains souffriront même encore lors de sa prochaine remontée médiatique si rien n’est fait pour au moins aborder le coté legal et moral de la chose, ne serait-ce que pour baliser le débat et faire avancer un tant soit peu cette cause.
En ce qui concerne le suicide, j’ai une fois de plus entendu une absurdité de la part d’un animateur au nom anglais à un poste frisé. Au lendemain (si je me souviens bien) du suicide du président de la compétition internationale de natation de montréal, il s’interrogeait à savoir si le suicide de personnalité connues influencait des gens à commettre l’irréparable. Dans les circonstances, il aurait été plus pertinent de se demander si la surmédiatisation d’un échec d’ordre public et l’acharnement à le dépeindre comme tel peuvent contribuer à poser un geste funeste. Pour moi, cela ne fait aucun doute.
D’après moi, la désignation « suicide-assisté » ne me semble pas appropriée puisque cette expression entraîne le débat sur la légalisation de cette « option thérapeutique » dans la mauvaise direction. Celle de la mort. Alors que ce qui est au coeur du problème, c’est la souffrance intolérable et immuable.
À mes yeux, le « suicide-assisté » n’est pas un simple suicide (et vice versa). Et l’on « accompagne » pas complètement quelqu’un vers la mort. Il reste toujours un bout de chemin à parcourir seul. Et ce trajet reste encore aujourd’hui obscur et inconnu.
Ce qui m’amène à l’idée de présomption, qui est au coeur du « suicide-assisté ». Car nous présumons que la souffrance s’arrête avec la vie. Ce qui soulève donc l’aspect religieux du problème.
Ainsi, cette option qu’un professionnel de la santé ne peut tout simplement pas envisager pour son patient (le serment exigé au début de sa profession excluant totalement cette éventualité), elle est également exclue par le prêtre. Mais cette idée lancinante ne tarde pas à venir à l’oreille d’un parent, d’unE conjointE ou d’unE amiE voyant un proche subir de l’acharnement thérapeutique.
Un acharnement paradoxal car il se pratique au mileu d’un triple vide: juridique, thérapeutique et moral. Et que ce vide est ressenti pourtant par celui qui devrait être au centre des préoccupations de tous: l’individu qui essaie de « prendre son mal en patience ».
Et si l’on envisage acceptable le choix du « suicide-assisté » assez aisément dans des circonstances particulières; on ne peut s’empêcher de voir le débat à venir s’engager sur la même voie que celui emprunté jadis par l’avortement.
Car le droit au « suicide-assisté » et celui à l’avortement partagent (à différent degré) une incertitude morale. Et dans les deux cas, la personne principalement concernée par l’impact de sa décision est placée dans une position très délicate. L’une cherchant à mettre un terme à une grossesse non désirée; l’autre, à une souffrance démesurée.
Savez-vous que Nelligan commettait des fautes de français?
-Chaque coup d’archet trouait mon coeur de brèches-
Trouvez l’erreur!.
Il s’agit tout simplement d’un pléonasme dit vicieux.
-Pleurez, oiseaux de février…
Je ne crains pas la mort. C’est la fin de la vie. Entre le berceau et la tombe, c’est tout simplement un séjour sur le plancher des vaches.
Pour être vaches, ils sont vaches, les hommes.
Choisir l’heure de sa mort est un privilège.
Entre le meurtre gratuit à petits feux et ce privilège, il a aussi l’instinct de conservation. L’homme refuse de mourir, alors que c’est sa destinée. Fatale, vous dîtes? Inéluctable!
Les médias nous parlent de suicide comme ils parleraient d’un fait divers. Attention, je ne parle pas de tous les médias, mais bien de ceux qui ne recherchent que le sensationnalisme (ils se reconnaissent).
J’ai côtoyé le suicide à maintes reprises et je suis toujours un peu surpris quand on nous dit d’être à l’écoute des moindres signes précurseurs au suicide d’une personne. C’est toujours un peu plus facile quand la personne donne une conférence de presse pour l’annoncer, non? En dehors de cette dénonciation faite par M. Tremblay, il est extrêmement difficile (et je pèse mes mots) de reconnaître ces signes. On a toujours quelqu’un dans notre entourage qui « file » moins que les autres, mais est-ce une raison pour le bombarder de questions sur ses intentions? On dit toujours par la suite qu’on aurait dû prévoir le coup, mais c’est là qu’on se trompe. Comme dit le dicton : Mieux vaut prévenir que guérir. Donc, ça ne sert à rien de combler d’amour quelqu’un au bord de la dépression.encore faut-il le combler d’amour quand tout va bien! Avec nos rythmes de vie effrénés, on se rend compte toujours trop tard qu’il aurait fallu être là au bon moment. Ce bon moment est peut-être maintenant, non? Si se changer les idées est bon pour une personne dépressive, pourquoi ne le serait-il pas pour une personne en pleine forme!
C’est ici que le rôle des médias prend tout son sens. Il faut plutôt parler des choix qui s’offrent aux personnes songeant au suicide que de tapisser les unes des journaux avec l’arme ou la corde qui auront servi à mettre fin aux jours d’une personne. Mais ça, c’est plus facile à dire qu’à faire.
Alexandre Jardin, dans une entrevue, livrait un témoignage intéressant sur le sujet. La réflexion sur la mort, la prise de conscience d’une fin à venir, peut créer un sentiment de vivre intensément, un besoin de réaliser dans sa vie ce qui nous tient vraiment à coeur, avant de disparaître. La mort donne un sens à la vie.
La mer intérieure, un film espagnol actuellement à l’affiche, relate la vie d’un homme qui ne pouvait plus vivre dans un lit sans bouger, sans pouvoir subvenir à ses besoins, après 28 ans de réflexion sur le sujet.
Devenu une raison de vivre pour sa famille, un poids également, puisque son frère, son épouse et leur fils, lui consacraient tout leur temps et leur énergie pour combler ses besoins vitaux. Très touchante, cette histoire nous sensibilise grandement à toutes les dimensions, souvent oubliées, par ce contexte de vie trop loin de nous.
Il est difficile de juger, sans être concerné et conscientisé à ce que les autres vivent. Tant pour l’avortement, comment se prononcer sur le sort des autres, sans être concerné? Les droits doivent permettre aux personnes de choisir, ce qu’ils croient préférable pour leur vie ou leur mort, les seules choses qui leur appartiennent vraiment.
La réponse est simple , celle d’avoir le pouvoir de décider ne notre propre sort . Marcel Tremblay a fait un geste extraordinaire et courageux . En toute lucidité il a décidé de choisir l’heure de sa mort en se permettant de tout planifier et de réunir tous ceux qu’il aimait autour de lui pour leur montrer une dernière fois son affection . On voyait que cet homme était triste et affligé mais sa décision était irréversible et plutôt que de vivre une longue agonie et de faire subir ça à toute sa famille , il a préféré mourir dans la dignité .
Possiblement que si la loi était la même qu’aux Pays-Bas on préviendrait de suicides inutiles en fournissant des ressources nécessaires (psychologue, psychiatre etc.) à ceux qui veulent mettre fin à leurs jours .Par après celui qui veut se suicider aura au moins eu recours à de l’aide lui offrant d’autres possibilités . Si il décide de continuer sa démarche , ça veut dire qu’il n’y a pas d’autres issues . Alors pourquoi ne pas faciliter leur décision en leur fournissant des moyens en douceur de terminer leur vie . Un coup de feu , une pendaison et d’autres moyens violents pour mettre un terme à ses jours laissent une image traumatisante aux proches , mais une mort planifiée à la Marcel Tremblay amène bien plus une paix intérieure qu’un choc émotif . La justice se lave les mains en disant que rien dans la loi n’interdit le suicide en autant qu’il ne soit pas assisté . Le gouvernement fait la même chose en ne discutant pas sérieusement du problème . Pourtant il n’y a pas de questions plus importantes qui existent .
Quand la nature se meurt, ce qu’elle souffre d’un manque…les plantes se meurent du manque d’eau, du froid, ou du manque d’entretien. L’homme se meurt quand sa trop grande souffrance l’empêche de s’épanouir. J’ai entendu un homme malade crier sa mort, tellement sa souffrance prenait trop de place,il a été obligé d’endurer quelques jours une douleur insupportabe avant de mourir et pourquoi souffrir? ne sommes-nous pas déjà mort quand nous n’avons plus notre réalité de la vie….Pouquoi avons-nous si peur de la mort pour ne pas être capable d’en parler tout naturellement, naturellement est la mort, ce qui nous fait peur c’est l’inconnu. NOus n’avons pas demandé à venir au monde mais nous voulons chosir notre mort, pour certain c’est la mort assisté et pour d’autres ne jamais mourir ou mourir de vieillesse. Si on prend le temps de se demander pourquoi la mort nous fait si peur on trouvera des réponses nous surprenant nous mêmes……moi c’est la souffrance qui me fait peur et non la mort.
Quoiqu’en pensent les législateurs, les prêtres, les égides de toutes sortes en passant par les gérants d’estrades de l’aréna de l’opinion publique.
Quoiqu’en disent les Bruneau, Galipeau, les voisins, les Mongrain, les colons les Fi…
Quoi que fasse la police, les juges les avocats et autre légumes de tous acabits.
S’il n’est une chose qui m’appartienne dans la vie, c’est bien ma vie. J’ai le contrôle et personne ni peut rien. Par conséquent, je n’ai aucun droit sur celles d’autrui.
Dans ce débat sur l’application de l’ultime véto, je ressens une grande liberté devenue rare dans notre société. Et vous savez quoi, j’ai décidé de rester… juste pour voir…24 heures à la fois et Dieu que c’est beau la vie.
C’est presqu’inconcevable de constater que dans notre société occientale moderne, une personne n’a pas le droit de choisir de mourir dignement lorsqu’elle le peut. Je ne parle pas de ceux qui veulent se suicider sans raisons valables, peu importe qu’ils considèrent que la vie n’en vaut plus la peine. Mais je parle de ceux dont la qualité de vie est tellement basse, ou qui savent pertinamment qu’elle le deviendra sous peu, que vivre devient plus une expérience dégradante qu’autre chose. Un enfer sur terre. Pour ces gens, pourquoi n’auraient-ils pas le droit de mettre un terme à une existence misérable? Et pourquoi ne pourraient-ils pas avoir le droit de pouvoir compter sur d’autres personnes pour les assister afin de pouvoir terminer leurs jours de la façon la plus douce et la moins souffrante possible? Je sais que ça ouvrirait la porte à toutes sortes d’abus possible, mais ça ne demeure que des exceptions. De toute façon, si on ne permettait que les choses où il ne peut y avoir de cas problèmes ou qui sortent de l’ordinaire, on ne permettrait absolument rien! Je crois que le suicide assisté, si il est bien encadré et bien suivi, et surtout permis seulement après une bonne évaluation de chaque cas, ne sera que profitable pour tout le monde, et particulièrement pour ceux qui ont décidé de mourir dignement!
Bonsoir M. Desjardins,
La poésie m’ennuie.
Que Baudelaire n’a-t-il écrit d’un trait »Le wagon enragé peut bien écraser ma tête coupable ou me couper par le milieu, je m’en moque comme de Dieu, du Diable ou de la Sainte Table! », plutôt que de mesurer son texte et de le structurer tel un escalier conçu pour chaussures à ventouses ?
Question de choix j’imagine.
Et tout autant que la poésie, m’ennuient ces gens qui volontairement médiatisent leur mort. Dans quel but ? Pour le débat ? Mais ce débat sert qui ? Eux qui ne sont plus, ou les médias, aux prises avec tout cet espace publicitaire à combler ?
Mourir dans la dignité ? Certes ! Mais pourquoi pas aussi dans la discrétion ?
Question de choix j’imagine.
Malgré le fait que je retienne toujours la problématique du suicide comme devant d’abord poser celle de la vie au préalable, soit celle de la nécessité de durer malgré les absurdités et les douleurs, je crois qu’il est plus humain et intelligent de poser les bornes de ce qui doit être le support à apporter à ceux dont la vie se terminera à courte échéance et quoiqu’ils fassent. D’ailleurs cette problématique est déjà inscrite dans les fait et ne pas savoir la reconnaître témoigne d’un certain aveuglement. Dans nos hôpitaux, comme dans ceux d’ailleurs, il y a déjà des pratiques qui consistent à adoucir le sort des mourants, comme celles de leur administer des sédatifs qui inhibent les mécanismes des instincts de survie. Alors, ce que certains désignent comme devant être des procédures de suicides-sassistés concernent donc autre chose que la mort à court terrme, et c’est là que la problématique doit se faire attentive aux contaminations de sens qui pouraient intervenir dans ce débat. Le suicide-assisté ne peut en aucun cas être destiné à soulager la douleur, car il y a des médications qui doivent prendre ce relais qui ne passe aucunement par la mort. Il ne peut pas non plus être décidé par quiconque d’autre que la personne malade ou souffrante, car on s’acheminerait ainsi vers des comportements plus ou mois euthanasiques, puisque seraient acceptés d’abord les grands malades qui débarrasseraient ainsi le système de santé et les payeurs de taxes de leur fardeau, et qui d’autre ensuite. Pour un athée, cela est complètement inacceptable et a fortiori pour un croyant, aussi bien dire pour tout le monde, sauf pour ceux qui en font un article de leur programme politique. Il ne reste donc qu’une petite fenêtre, très limitée par le temps certain de vie qu’il reste aux malades chroniques, pour faire une ouverture dans cette direction et qui pourrait regarder vers les Pays-Bas pour s’en inspirer.
Le geste de M. Tremblay nous démontre une fois de plus l’importance de légiférer dans le domaine du suicide assisté, et ce, dans les meilleurs délais. Ce n’est, en effet, qu’avec un cadre législatif solide qu’on évitera les dérapages et surtout la transposition des souhaits de la famille au patient même. Imaginons en effet qu’une personne souffre d’une maladie dégénérative importante et que ses proches ne puissent plus supporter la situation. Ils pourraient insister auprès de la personne pour qu’elle demande une euthanasie et commenceraient alors les dérapages. Il faut pouvoir s’assurer que la personne elle-même désire bien mettre fin à ses jours et la seule façon de garantir cela c’est, comme dans certains pays d’Europe, une rencontre entre le médecin et le patient, en tête à tête, pour qu’il y ait véritablement dialogue sur la situation et son issue. Et la meilleure façon d’avoir un processus sérieux et fiable, c’est de l’encadrer par une loi.
M. Tremblay en toute conscience a décidé qu’on ne s’acharnerait pas pour qu’il vive malgré lui. Ce geste qu’il a voulu public, accompli en toute conscience, fût courageux et nous livre un message: qu’est ce que la vie lorsqu’elle n’est que souffrance? Pourquoi s’acharner alors qu’on n’a que malheur de notre existence. Les hôpitaux regorgent de ces êtres à demi vivants à qui on impose la survivance. On opère, on triture, on rafistole des portions de vie en sachant pertinemment qu’on n’offre que misère au souffle du vivant.
La bioéthique n’a accompli que la moitié de son oeuvre pour inculquer une froide morale à nos thérapeutes. Formés pour prolonger la vie, encore tout imprégné de morale judéo-chrétienne, ces derniers, répugnent à laisser couler doucement la vie vers ses derniers soubresauts.
L’euthanasie assistée demeure très controversée car notre société , ou la souffrance se présente sous différent aspects n’a pas encore déterminé clairement les points de non retour. La souffrance psychologique n’attire pas la compassion qu’on attribue à la sclérose en plaque. L’individu qui, à plusieurs reprises, tente de s’enlever la vie n’a pas l’attention du cancéreux. L’éthique sur se point n’a pas d’énoncé clair et des demi suicidés, qui n’ont réussi que partiellement leurs actes, ont plus encore de raison au désespoir. Les potins, de Dernière Heure, ne révèlent-ils pas qu’il y a 4 suicides par jour au Québec.
Ce qui manque désespérément c’est une conception de la mort, à laquelle on préfère ne jamais penser, tant la science tente de nous promettre la vie éternelle sur terre.
Laissons le bon trépas nous conduire aux Érèbes. Hiver sentimental, Nelligan.
L’annonce de Marcel Tremblay m’a estomaqué. Quel culot, il annonce à tous par les médias; c’est fini, terminé. Adieu, aurevoir, ailleurs et c’est tout, c’est si simple!
Marcel Tremblay a joué « La Dernière Cène », version 2005. Il s’est servi d’un des tableaux les plus connus de l’histoire universelle. Il a réuni sa famille autour d’un dernier repas, leur a confirmé son amitié et son amour. Ensuite, en toute simplicité, il leur a annoncé son départ vers la paix et la tranquillité: le jardin des délices enfin.
Vous me direz : il y manquait certains acteurs! Oh que non ,vous répondrai-je! Pensez à nos décideurs, ils n’étaient pas loin! On se cache lorsque, pour des raisons mercantiles et politiques, on traficote pour faire accepter notre indifférence à toute une population!
David Desjardins, tu viens de te commettre! Ton texte, un mélange de prose et de poésie. Il va, il vient, il meurt, il vit, combien vrai combien réel réel réel! Je me suis revu sur la balançoire, suspendue à une branche, juste là, juste au-dessus du ruisseau qui coule; elle s’arrête, je glisse, je retiens mon souffle, ça y est, c’est fini, je tombe, mais non ça repart, ouf! j’ai cru mourir! Ton commentaire est prenant, chargé d’émotion et en même temps léger, respirant d’espoir, libérateur de tabous incrustés.
Félicitations monsieur Desjardins, super la réflexion! Bravo monsieur Tremblay, que vos délices soient éternels.
Le suicide n’est plus un crime…mais est-ce bien?
Ma mère a 93 ans; elle est vielile ,très vieille.À quel âge sommes nous trop vieux pour vivre?
Mon beau-père est décédé il y a un an. Il souffrait d’Alzheimer et de Parkinson. À la fin ces deux maladies causent une perte de contrôle de tous les muscles et de tout le corp…mais cela se passe graduellement ,morceau par morceau,organe par organe, muscles par muscle…
Et là, un tout petit muscle qui nous permet d’avaler au lieu de respirer cesse de fonctionner…
Et la famille doit faire un choix:sera-t-il nourri par un tube à l’estomac ou le laissera-ton mourir tranquillement de soif!
Mon beau-père est mort après quatorze jours sans manger ni boire.C’était dur ,très dur!
Tous ses enfants et ses petits enfants ont eu un temps privilégié avec lui. Et lui avec eux!
Des soins constants par des infirmières réduisaient sa douleur à un minimum mais il voulait vivre.Il voulait boire et demandait à manger mais on savait que s’il buvait ou mangeait que cela irait dans ses poumons.
J’ai penser lui mêtre un sac de plastique sur le visage pour en finir …mais il voulait vivre.
Je sais que si l’on laissait mourir un chien de soif parce qu’il est trop vieux que l’on serait envoyé en prison.
Je ne sais pas la réponse!
Ce monsieur Tremblay est chanceux parce qu’il a eu la capacité d’appliquer sa décision une fois qu’elle a été prise. Je pense à tous ces malades dont l’intelligence est intacte mais prisonnière dans un corps que la médecine (l’industrie médicale)réussit à garder en vie.
Je pense aussi à ceux dont le corps fonctionne très bien mais que la tête, le cerveau, la pensée, la personnalité, que-sais-je, a un jour déserté. Un jour, ils ont atteint le point de non-retour et depuis leur vie ne leur appartient plus. Elle appartient à la médecine et, par extension, au gouvernement.
En médiatisant son acte, Monsieur Tremblay a forcé la réflexion au sujet de tous ces gens qui n’ont plus de pouvoir sur leur vie. Mais ces gens ont su, un jour, en début de maladie, qu’ils en viendraient à ne plus être capables de prendre de décisions. S’ils avaient pu faire un contrat quand ils le pouvaient encore, décider officiellement et légalement du moment où leur vie devrait se terminer en cas de maladie grave, je suis sûre que plusieurs d’entre eux (plusieurs d’entre nous) le feraient. Il y aurait quelqu’un, un infirmier peut-être, désigné pour appliquer les décisions de ces gens et c’est là que les mots « exécuteur » testamentaire prendraient tout leur sens…
PS: franchement, Monsieur Desjardins, le rire, l’amour, avoir des enfants, léviter au bout de la chaîne de balançoire, l’orgasme, des petites morts? Plutôt des bonnes grosses bouffées de vie bien crue…
Encore ce perpétuel débat de la vie et la mort! Pourquoi en discuter comme étant deux choses distinctes alors que les deux se complètent si bien! Autant que la pluie et le beau temps, l’été et l’hiver etc.
Car l’on apprécie vraiement l’un que lorsque l’on a connu l’autre. Il fait toujours plus beau après trois jours de pluie qu’après une semaine de soleil!
Car il faut se regarder en face et cesser de se cacher derrière nos paradygnes religieux qui nous connjurent de rester en vie! Par le fait même, le monde médical, aussi omnipotent qu’il peut -être, est l’enfant de l’éducation chrétienne et son serment d’Hippocrate arrive quand même de l’antiquité. Il faudrait remettre en place cette idolâtrie accordée aux médecins et revenir à l’essence même de l’existence soit l’humain. Car que l’on soit un médecin, ou un cireur de chaussure à Calcutta, tu nais et tu meurs humain non?
Alors le débat stérile d’opinion devrait prendre en compte notre besoin de la vie. Quant à moi, j’ai trouvé Marcel…..non Monsieur Tremblay (il le mérite) d’une clarté et d’une sagesse inouïe. Moi, je n’aurais pas vécu sa maladie comme lui l’a vécue et en plus, je n’aurais surement pas pris cette décision par manque de ….courage ou de peur appelez ça comme vous le pensez, mais pour lui, il a pris la bonne décision et c’est pour ça que je le respecte.
Je ne crois pas que nous soyons sur terre pour servir de cobayes à la science ni pour se laisser souffrir comme des masos!! Voyons donc! Cessons de voir le suicide comme étant un acte barbare et inhumain! Je pense que le fait de laisser les gens souffrir alors qu’aucune possibilités médicales ne peuvent le sauvé et qu’en plus, lui-même ne veut plus se battre est autrement plus sadique. Pis lâchez-moi les miracles!!
Je suis pour la liberté d’autonomie de l’individu dans son sens large! Tant que cette liberté ne place un autre humain en péril. Dans les fond, c’est la 1ere loi de la robotique d’Asimov que l’on devrait respecter rien de p
J’espère sincèrement qu’il est en paix maintenant car il le mérite. Est-ce que son geste va finalement ouvrir un débat de société sur le problème? J’espère qu’il n’a pas fait ça pour rien. Cet homme était très courageux, il s’est levé et est allé à l’encontre des lois. Je trouve par contre très dommage que ces gens soient dans l’obligation de mourir seul à cause de lois rudimentaires et ridicules. Nous devrions en tant qu’être humain, avoir le droit de décider si ont veut encore vivre et endurer notre douleur. Quand la vie est devenue un fardeau et qu’il ne reste aucun espoir de guérison, qu’est-ce que ça donne de continuer à vivre s’il n’y a plus de qualité de vie.
L’année dernière mon vieux chien s’est mis à avoir de la difficulté à bouger. Étant donné qu’il souffrait beaucoup et qu’il n’avait plus aucune qualité de vie, j’ai dû me résoudre à le faire euthanasier. Cela m’a fait beaucoup de peine étant donné que je l’aimais beaucoup, mais il ne faut pas être égoïste dans la vie et savoir lâcher prise lorsqu’il est temps.
J’ai beaucoup de sympathie pour sa famille et j’espère qu’ils ne seront pas jugé par certaines personnes encore trop bouchées pour réaliser qu’ils l’ont laissé faire par amour. Car c’est le plus grand geste d’amour que de s’oublier pour ne penser au bien-être de l’autre.
Alors, j’espère que nous allons bientôt pouvoir débattre de ce sujet trop longtemps boudé.
Nelligan…Soirs d’hiver…un suicide…Vie d’hiver ! Vie d’hiver.
Ah! Comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! Comme la neige a neigé!
Qu’est ce que le spasme de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai!
Tu as extirpé ta douleur Comment un père peut-il survivre
Tu as du coup créé la mienne Quand il a perdu son enfant ?
Je reste là plein de rancoeur Comme l’ivrogne qui n’est plus ivre
Tu ne m’as pas confié tes peines! Je déteste passé et présent!
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire : Où vis-je ? Où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés :
Je suis la nouvelle Norvège
D’où les blonds ciels s’en sont allés.
Le blond du ciel s’en est allé Je suis habillé de noirceur
Avec tes beaux cheveux dorés Certains pensent que c’est confortable
Je ne veux plus en voir le bleu Si j’étais vêtu de bonheur
Qui me replonge dans tes yeux! Ils m’en feraient sentir coupable !
Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.
Mon arbre a perdu une branche Tu étais mon jardin de roses
De son coeur s’écoule sa sève Il n’en reste que les épines
Les vers le savent et le mangent Trouverai-je la paix si j’ose
Mon âme réclame une trêve! Aller rejoindre mes racines ?
Ah! Comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! Comme la neige a neigé!
Qu’est ce que le spasme de vivre
À tout l’ennui que j’ai, que j’ai!.
Je ne sais plus pourquoi j’existe Tu n’avais pas encore vingt ans
Je suis ravagé par l’ennui! Et tu as choisi ton naufrage
La vie m’accable d’injustices Comme la fait plus lentement
Tu es morte et je suis en vie! Émile Nelligan à ton âge.
Les soirs d’hiver restent figés
Depuis cette journée d’automne
Les printemps n’annoncent plus l’été
Toutes les saisons sont monotones.
Je t’en veux mais je te pardonne..
Monsieur Tremblay, vous avez ici toute mon admiration. Loin de moi l’idée du petit homme choisissant la sortie facile afin de vous décrire. Que diriez vous à ceux qui d’ici bas vous jugent, ici je vous donne la chance de la réponse.
Mais qui êtes vous exactement ?
Pourquoi les cris de honte et les accusations gratuites ? Plusieurs qualifient mon geste de lache, pourquoi ? Ressentez-vous les souffrances accumulées et les larmes versées ? Avez-vous la moindre idée du courage qui se doit d’habiter celui qui sciemment décide de saluer une dernière fois ceux qu’il aura aimés tendrement.
Quand la vie n’est qu’un mot parmi tant d’autres est-elle vraiment la vie. Quand celle-ci s’emploie à fleurir dans ma souffrance, et que sa fleur n’est qu’épines, est-elle vraiment si magnifique ?
La vie, tout comme l’horloge ,peut être arrêtée. La société fait preuve de zéro tolérance envers les mauvais traitements subis par les animaux mais embrasse l’euthanasie de ceux-ci pour mettre fin aux souffrances. Suis-je vraiment si loin de la vérité ou vais-je à l’encontre d’une pseudo-moralité ?
Je n’ai pas choisi de naitre, je choisis par contre de mourir, je choisis ma fin. Le train arrive bientôt en gare et je le quitte le plus sereinement du monde avec comme seule déception l’incompréhension sociale face au suicide assisté.
Lorsque l’on aime mieux pleurer les souffrances que pleurer la mort sommes-nous vraiment honnêtes socialement ?
Et puis de toute facon, comme disait Félix, c’est grand la mort, c’est plein de vie dedans.
J’ai souvent pensé en ces termes aux personnes qui ont sauté du 80e étage du World Trade Center. Sérieusement, il faut vraiment que ce soit la merde où on est pour sauter dans le vide sans protection aucune.
La mort, c’est un peu comme le vide. Ça donne le vertige, ça fait peur parce que c’est inconnu. Aller volontairement vers la mort, c’est prendre un risque. Les condamnés à mort veulent absolument l’éviter alors que c’est peut-être une récompense! Les désespérés veulent s’en approcher alors que c’est peut-être l’enfer!
Bref, difficile de statuer si la mort est la solution, autant dans la peine de mort que dans le désespoir de sa vie ici sur terre. Toutefois, comme on ne saura jamais ce qu’est la mort avant d’y avoir passé, il faudra toujours vivre avec les zones grises qu’elle comporte dans cette vie.
Disons que la vie est faite d’embûches et de joies et qu’il faudrait décider de ce qui peut être une embûche acceptable pour aller tenter sa chance du côté de la mort.